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Gilles de Rais/Rays/Retz est un personnage qui retient l'attention par les meurtres d'enfants qu'il a perpétré dans les années 1430 - 1440. Pour des raisons que ses historiens ont essayé d'expliquer, il est souvent présenté comme le modèle de "Barbe-bleue" mais, fidèles à nos thèmes, nous insisterons moins sur ces crimes qui, par ailleurs, ont été maintes fois décrits, que sur les liens de parenté qui le lient à la plupart des grandes familles de l'Ouest du royaume de France.

 

Ruines du château de Machecoul

 

Le pays de Retz est situé au sud de Nantes, sur la rive gauche de la Loire, coincé entre la mer, la Vendée et la Bretagne. Ce territoire, qui avait attiré les convoitises de divers personnages à la fin du XIVe siècle (Jean IV de Bretagne, Guy Brumor de Laval et Catherine de Machecoul), échoie dans les mains de Gilles en 1415, au décès de son père, alors qu'il n'est encore qu'un enfant.

 

Gilles est né en 1404 au château de Champtocé en Anjou. Il est fils de Guy II de Laval et de Marie de Craon. Après avoir été élevé par ses grands-parents maternels, il entre au service du roi et participe à la fulgurente campagne de Jeanne d'Arc. Promu maréchal au sacre de Charles VII (1429), il se lasse très rapidement de la guerre après le procès et la mort de la Pucelle, abandonne les armes et retourne sur ses terres.

 

C'est à cette époque que s'ouvre la période noire de sa vie (1432 - 1440). Ses besoins en argent sont particulièrement importants et, après avoir dilapidé une bonne partie de ses biens, il a recours à l'alchimie dans l'espoir de transformer le plomb en or puis, avec quelques compères, à l'incantation du diable et des démons. En parallèle, il organise des rapts d'enfant qu'il utilise pour ses plaisirs personnels. En 1440, il est arrété, jugé et condammé à la pendaison. Il obtient que son corps soit retiré des flammes avant qu'il ne soit brûlé afin de bénéficier d'une sépulture décente.

 

La bibliographie pour un tel personnage est riche et fournie. Nous avons plus particulièrement consulté :

  • L'abbé Bossard et Matei Cazacu pour Gilles de Rais et sa famille proche ;
  • Louis Sendret pour la famille Chabot ;
  • Artur Bertrand de Broussillon pour les familles de Laval et de Craon ;
  • Le cartulaire des sires de Rais et Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne pour les chartes.

 

Une ascendance très riche :

On retrouve des traces des seigneurs de Rais dès les années 1000. De Gestin I à Eustachie, une dizaine de générations se succèdent en ligne masculine.

 

Le dernier de cette dynastie, Raoul II, marié à Salvagie de la Motte-Achard, n'engendrent que des filles, dont Eustachie, mariée à Girard I Chabot, un cadet poitevin qui hérite de la seigneurie.

 

Les Chabot :

Nous avons déjà rencontré cette famille lorsque nous avons étudié celle de Montsoreau. Il s'agit là d'une autre branche, celle des Girard. Les Chabot sont originaires du Poitou et leur famille est aussi ancienne que celle des Rais.

 

Girard I, fils de puiné de Sebrand II, épouse Eustachie de Retz, héritière de la seigneurie de même nom.

 

Sceau de Girard Chabot II (Source de l'mage : Louis Sendret)

 

De père en fils, la seigneurie de Retz passe de Girard I à Girard V (1344 - 1371) qui meurt jeune et sans postérité. La sœur du dernier baron, Jeanne dite la "Sage", hérite des biens de sa famille. Avant 1375, la jeune femme épouse Roger de Beaufort alors prisonnier des Anglais puis, lassé d'attendre son promis, Jean l'archevêque de Parthenay (contrat de mariage le 8 juin 1379 à la Roche-sur-Yon). Les autorités ecclésiastiques ne valident pas ce deuxième mariage pour cause de bigamie et de consanguinité. Les époux recoivent une sentence d'excommucation et sont obligés de se séparer.

 

En 1381, Jean IV de Bretagne persuade Jeanne (seule et encore sous l'effet de l'anathème) de lui céder ses immenses territoires mais la dame de Rais refuse. Le duc s'empare alors de ses biens par la force, dédomageant sa vassale par un échange nettement en sa faveur. Plusieurs années passent (en 1687, le pays de Retz fait partie de douaire de Jeanne de Navarre, troisième femme de Jean) avant que Jeanne demande une restitition de ses biens que son suzerain ne lui accorde pas. Elle s'adresse alors au parlement de Paris qui, après tergiversations, rend son verdict en faveur de la plaignante. Jeanne reprend possession de ses biens qu'en 1399, surtout que Jean IV meurt à la Toussaint de cette même année.

 

Accord entre Jeanne de Navarre, duchesse de Bretagne,veuve de Jean V, et Jeanne de Retz, le 16 juillet 1400. La duchesse approuve la restitution des biens et des châteaux à Jeanne la "Sage" de Rais (D Morice col 706).

 

Avant de poursuivre, revenons trois générations en arrière, celle de Girard Chabot III et de Marie Clémence de Parthenay. Outre Girard, grand père de Jeanne la "Sage", le couple a enfanté une fille, elle aussi prénommée Jeanne, arrière grand-mère de Gilles de Rais. En 1333, Girard III sévit contre sa fille Jeanne (que la postérité surnommera la "Folle" par opposition à sa petite nièce) qui a clandestinement épousé un gentilhomme de petite noblesse, Jean de la Muce. Il l'a déshérite et lui fait signer une renonciation de droits. Par les hasards cruels de la vie, Jeanne se retrouve veuve en 1335...

 

 

Revenons à Jeanne la "Sage" qui, en 1400, désigne un de ses petits neveux pour héritier, Guy de Laval-Montmorency, petit-fils de Jeanne la "Folle" qui adopte le nom et les armes de Rais, au détriment de ses cousins sires de Craon et plus particulièrement de Catherine de Machecoul qui tente de casser le testament de Jeanne la "Sage" en évoquant la renonciation de droit de Jeanne la "Folle". Il semble finalement que Jeanne revienne sur sa décision et adopte Catherine pour héritière. Un procès entre les deux maison débute...

 

Les Laval :

La généalogie de la maison de Laval a été étudiée en détail par Arthur Bertrand de Broussillon. Guy I de Laval, vassal du comte du Maine Herbert Eveille-Chien est le fondateur de cette maison.

 

L'étude très récente de Sébastien Legros rattache Guy I de Laval aux racines carolingiennes de l’aristocratie locale : Guy n’avait certainement rien d’un chevalier de médiocre extraction, élevé dans la hiérarchie féodale par les opportunités offertes par une époque prétendument anarchique. Il était plutôt vraisemblablement un héritier (parmi beaucoup d’autres) d’une famille anciennement implantée dans cette longue zone de contact entre Maine et Bretagne, au sein de laquelle il mènera d’ailleurs une politique active (S Legros).

 

Astucieusement, cet auteur propose de rattacher le père de Guy I aux Widonides installés à Nantes au VIIIe siècle. Guy est un prénom widonide (avec Lambert) et Guy I de Laval est détenteur de biens de l'église du Mans. Or, deux évêques de cette ville, Lambert et Gunhérius (branche perdue des Widonides ?), pourraient être à l'origine de ces appropriations.

De même, l'auteur a remarqué que le fils puiné de Guy I de Laval se nommait Hamon. Ce prénom étant totalement inconnu dans la famille de la femme de Guy, il suppose  qu'il provient de sa mère qui appartiendrait à un groupe de parenté dont le marqueur anthroponymique serait Hamon (Hamon de Château du Loir est probablement un autre maillon de cette chaine). Ce groupe se serait installé dans l’ouest de la Neustrie à partir du IXe siècle par l’entremise d’agent(s) du pouvoir carolingien (En 806, une avoué de l'abbaye de Saint-Denis semble lié aux Rogornides du Maine).

 

De Guy I à Guy VI, les seigneurs de Laval règnent de père en fils. Emma, soeur de Guy VI et héritière de la seigneurie, épouse Mathieu de Montmorency qui fonde la maison de Montmorency-Laval. Son arrière petit-fils, Foulques, est le second mari de Jeanne Chabot dite la "Folle".

 

Foulques de Montmorency-Laval x Jeanne la Folle :

Foulques de Laval-Montmorency épouse Jeanne la "Folle", fille de Girard III Chabot et veuve de Jean de Muce. Jeanne est rétablie dans ses droits héréditaires en 1336 par une sentence d’Olivier de Clisson.

 

Avril 1336, déclaration d'Olivier de Clisson reconnaissant nulle la renonciation faite par Jeanne de Rays à l'héritage de ses père et mère (CR n° 142).

 

Jeanne ayant été réabilitée dans ses droits, ses héritiers, 30 ans plus tard, peuvent normalement recevoir la seigneurie de Rais, même si Catherine de Machecoul, elle aussi descendante de Girard Chabot et d'Eustachie de Retz comme nous l'avons déjà signalé, revendique la seigneurie.

 

Le 15 novembre 1334, accord entre Guy X et ses frères Rasses, Jean, Pierre et Foulques fixant la part de ceux-ci dans le patrimoine de Laval (Cartulaire de Vitré n° 87 BB 622).

 

D'après le père Anselme (tome III p 681), Foulques est fait prisonnier avec 400 chevaliers en défendant le parti de Charles de Blois, duc de Bretagne, au mois de septembre 1350 (guerre de succession entre les Penthièvre représentés par Charles de Blois époux de Jeanne de Penthièvre et les Montfort).

 

En 1351, Foulques est capitaine souverain au nom du roi dans la vicomté de Thouars, à Belleville et à Retz. En 1356, il est capitaine souverain en Anjou et dans le Maine.

 

Paris, le 4 décembre 1355, quittance de 200 L délivrées à Foulques de Laval, chevalier, pour services militaires faits en Anjou et Maine, sous Amaury IV de Craon (BB Laval n° 683).

 

Jeanne la "Folle" meurt vers 1340. Son mari lui survit au moins jusqu'en 1358.

 

Guy "Brumor" x Thiphaine de Husson :

Guy "Brumor", fils de Foulques, épouse successivement Jeanne de Montmorency sa cousine au cinquième degrés (contrat de mariage le 29 septembre 1358 à Paris BB Laval n° 701), puis Thiphaine de Husson, nièce de Bertrand du Guesclin. C'est un guerrier, héros de sa famille. Son fils Guy II nait de son second mariage.

 

En 1355, Guy Brumor et Guillaume d’Ivry marié à Marie de Montmorency se disputent la possession de Blaison dans le Saumurois. Un accord est trouvé en 1368 (BB Laval n° 681, 722 et 733).

 

Guy Brumor de Laval sert contre les Anglais ; il est fait prisonnier par Guy de Graville, capitaine d'Évreux. Bertrand Du Guesclin ayant pris, en 1360, Guillaume de Graville, père de Guy, à la bataille de Cocherel, l'échange contre Guy, son neveu.

 

Le 7 décembre 1370, à Saumur, montre de Brumor de Laval. Sa compagnie est de 2 chevaliers, 41 écuyers et 5 archers (BB Laval n° 750).

 

Le 28 juin 1373, au siège de Brest, quittance de gages de Brumor de Laval, pour services sous les ordres de du Gesclin (BB Laval n° 764).

 

Le 6 Août 1377, Guy de Laval, seigneur de Pacy-sur-Marne et des Brévières, fait hommage à madame de la Suze pour les Brévières et Vieille-Eglise, tenus de la terre des Essarts (BB n° 837).

 

Le 9 janvier 1381, à Nantes, Jean, duc de Bretagne, à la requête de Brumor de Laval, décide que la saisie qu’il a exercée sur Retz ne saurait préjudicier aux droits de Brumor, qui se prétend héritier de la dame de Retz (CR n° 174).

 

Guy Brumor et sa seconde femme ont au moins deux fils :

  • Foulques décédé après 1402 (BB Laval n° 971) ;
  • Guy qui suit.

Guy est mort en 1383.

 

Guy II x Marie de Craon :

Guy II est le père de Gilles de Retz. Il épouse Marie de Craon afin de terminer la guerre que se mènent les deux familles au sujet de la seigneurie de Retz.

 

17 octobre 1405, à Machecoul, mandement de Guy de Retz au châtelain de Pornic de payer aux religieuses de Buzay une rente de dix sous (BB Laval n° 1033).
 

Le 21  mars 1406, mémoire de Guy de Laval-Retz contre la dame de Suze au sujet des droits usrpés par elle à Bourgneuf et dans l’ile de Bouin (CR n° 212).

 

Le 22 mars 1406, déclaration de Guy au sujet du rachat de ses terres (Morice col 783 voir ci-contre).

 

Le 12 octobre 1409, aveu rendu par  Guy de Laval-Retz à Pierre d’Amboise , vicomte de Thouars pour la Motte-Achard et la Maurière relevant de Talmont et pour Faleron et le Fief-Mascla relevant de Brandois ; le rachat de ces fiefs est fixé à 200 écus (CR n° 72).

 

En 1410-1411, Aveux et dénombrements, déclarations, fois et hommages rendus à Guy, sire de Rays et de Blazon, à cause de la terre de Bourgneuf, qu’il tient en vertu du rachat à lui échu par le décès de Catherine de Machecou, dame de la Suze et de la Bénate… (CR n° 221).

 

Le 1er mars 1411, reconnaissance par Guy de Laval-Retz d’une dette de 56 L du à Alain de Beaumont, son oncle, reliquat de celle de 276 francs, contractée le 28 juin 1375 par Brumor de Laval (BB Laval n° 1102).

 

Guy et Marie ont eu deux fils :

  • Gilles de Rais  ;
  • René x Anne de Champagne-au-Maine hérite de la baronnie de Retz après sa nièce Marie. Sa fille Jeanne est mariée à André de Chauvigny, vicomte de Brosse en 1457.

Guy meurt en 1415, quelques mois seulement après son épouse, laissant orphelins Gilles et René.

 

Les Craon :

La longue généalogie que nous avons consacrée à la famille de Craon s'est arrêtée à Amaury III marié successiveemnt à Isabeau de Sainte-Maure et à Béatrix de Roucy. C'est le fils de sa seconde épouse, Pierre, qui est la souche de la maison de la Suze.

 

 

Pierre x Catherine de Machecoul :

Pierre est né en 1315 d'Amaury et de Béatrix de Roucy. La terre de Suze, dans la Sarthe, lui vient de sa mère qui la tenait elle-même de sa grand mère Béatrix de Dreux. Il est d'abord marié avec Catherine de Pons avant d'épouser, entre 1355 et 1361, Catherine de Machecoul.

 

Le 15 février 1395, à Brissac, assignation à Catherine de Machecou, dame de la Suze et de Benate, de 300 L de rente sur la terre de Brissac, en vertu de l’arrêt du parlement de Paris obtenu par elle le 20 juillet 1392, contre Berthelon de la Haye, sire de Passavant, Louise de la Haye, femme de Gui Aménard et Aliette de Chemillé (CR n° 184).

 

La seigneurie de Retz, est convoité par Catherine, descendante des Girard Chabot, qui espère que son fils Jean sera désigné comme héritier de droit de Jeanne la "Sage" : fragment d’un mémoire tendant à établir comment la succession de Jeanne de Rays, dame de Bousseville, doit être dévolue à Jean de Craon, seigneur de la Suze, et non pas à Gui de Laval, seigneur de Blazon. Jeanne, sœur du premier Girard, mariée à Jean de Machecou, en a trois enfants : Girard et Louis, morts sans héritiers et Catherine, mère du susdit Jean de Craon. Ce dernier prétendait hériter à l’exclusion de Gui de Laval, attendu que Jeanne, fille du premier Girard avait renoncé à la succession de ses parents (CR n° 203). Attention ! la généalogie  de Jean de Craon a fait l'objet d'un curieux racourci dans ce mémoire.

 

Pierre et Catherine ont mis au monde :

  • Pierre décédé après 1389 ;
  • Jean qui suit.

Pierre est mort en 1376 et Catherine est décédée en 1410 après avoir longuement contesté le testament de Jeanne Chabot dite la "Sage". Elle apporte la seigneurie de la Bénaste à son mari.

 

Jean x Béatrix de Rochefort :

Jean est chevalier en 1382. Il épouse Béatrix de Rochefort à cette époque.

 

Le 10 décembre 1389, arrêt du parlement de Paris confirmatif d'un traité fait entre Jean de Craon, seigneur de la Suze, se faisant fort pour Catherine de Marchecoul, sa mère et, Pierre de Craon son frère, d'une part, et Isabelle, dame de Craon et de Sulli, Gui, seigneur de la Trémoille et de Sulli et Marie de Sulli sa femme, de l'autre par lequel Isabelle, Gui de la Trémoille et sa femme, pour mette fin aux démélés qu'ils avaient pour droits successifs, accordent au seigneur de Suze le château et la Châtellenie de Briolai (Tables des manuscrits de D Fonteneau).

 

Jean apparait souvent au début du XVe siècle dans les registres de la chambres des comptes, parmi les seigneurs présents au conseil du roi de Sicile (Histoire de Sablé : Ménage p 289).

 

Il est nommé Chevalier Banneret en 1411 (Ménage).

 

Jean de Craon (Source de l'image  : site dédié au téléfilm Catherine de Montsalvy)

 

En 1415, Jean devient tuteur de Gilles et de René, ses petits-enfants. D'après certaines pièces du procès de Gilles, il n'a pas su déployer à l'égard de son petit-fils toutes les sévérités nécessaires pour réprimer les appétits de sa mauvaise nature.

 

En 1420, Jean de Craon se rapproche du camp du duc Jean V de Bretagne, prisonnier de Jean de Blois, héritier des Penthièvre. Il participe aux négociations pour la libération du duc. Il est récompensé pour ses services : Le 10 Juillet 1420, à Oudon, Jean V de Bretagne confirme le don du 6 juin 1420 fait par Jeanne, son épouse, à Jean de la Suze (CR n° 241).

 

Béatrix de Rochefort est fille de Thibaud et de Jeanne d'Ancenis, elle-même descendante de la famille de Craon. Elle est décédée en 1421. Jean se remarie en 1422 avec Anne de Sillé, la seconde femme du grand-père maternel de l'épouse de son petit-fils Gilles.

 

 

Le 31 mars 1424, lettre de Louis III d’Anjou portant procuration à Jean de la Suze, Guy de Laval et Estienne Filastre pour traiter de son mariage avec Isabelle de Bretagne (BB n° 925).

 

En 1427, Jean est nommé par Yolande d'Aragon, reine de Sicile et duchesse d'Anjou, lieutenant-général sur le fait de la guerre, dans les provinces d'Anjou et du Maine, avec injonction à tous les capitaines des forteresses de ces deux provinces de lui obéir comme à elle même.

 

Jean et Béatrix ont enfanté :

  • Amaury de Briolay, mort à Azincourt en 1415 ; Sa femme Marie est la fille d'Ingelger II et de Jeanne de Craon. Ils étaient donc liés par une étroite parenté (voir 1ier tableau de cet article).
  • Marie qui est la mère de Gilles de Rais.

 

Jean teste en 1432.

 

La famille de Gilles :

Nous ne savons rien de précis sur la petite enfance de Gilles. Ses parents meurent, à un an d'écart, alors qu'il est à peine âgé d'une dizaine d'années. Il est vraissemblable que son éducation a été soignée. Son intelligence est vive et reconnue de tous et il aime les arts. Très jeune, il apprend le métier des armes comme il sied aux jeunes hommes de sa condition.

 

En 1417, son grand-père maternel s'occupe de le marier à une jeune Normande âgée de trois ans qui se nomme Jeanne Peynel mais les Anglais confisquent les biens de la fillette et le projet est abandonné. Un an plus tard, le 28 novembre 1418, est établi un contrat de mariage entre Gilles et Béatrix, fille d'Alain de Rohan et de Béatrix de Clisson (D Morice col 975) mais la jeune fille meurt avant que le mariage soit consommé.

 

Gilles s'éprend de Catherine de Thouars, fille de Milles II et de Béatrix de Montjean, sa cousine au quatrième degrés canonique (voir le 1ier tableau de cet article). Il enlève la jeune fille et l'épouse aussitôt mettant ainsi l'église et sa famille devant le fait accompli (1420).

 

Béatrix de Montjean, agée d'une trentaine d'années au décès de Milles II, se remarie avec Jacques Meschin. Jean de Craon et Gilles de Rais lui accordent les châtellenies de Tiffauges et de Beaurepère en douaire. Quelques temps plus tard, regrettant leurs gestes, ils séquestent Béatrix afin qu'elle renonce à ses terres et ses châteaux. Jacques Meschin s'adresse alors au parlement afin que sa femme récupère ses biens (1423).

 

Gilles et Catherine ont une fille unique :

  • Marie femme de Prigent II de Coëtivy puis de André de Lohéac (sans descendance).

 

Après la mort de Gilles, Catherine du Thouars se remarie à Jean II de Vendôme d'où Jean et Jacqueline de Vendôme.

 

La guerre de cent ans :

Très tôt, Gilles entre dans le métier des armes. Dans la lutte que se mènent les Penthièvre et les Monfort pour le duché de Bretagne, les ancêtres de Gilles appartenaient traditionnellement au parti des premiers cités. Sur fond de la guerre de 100 ans, la Bretagne entière se soulève contre les Penthièvre lorsque ceux-ci, par trahison, font prisonnier le duc Jean V à l'initiative de Marguerite de Clisson, femme de Jean I de Penthièvre.

 

Cette peinture d'Eloy Firmin Féron représentant Gilles de Craon en armure n'atteste pas des traits du personnage car aucun portait de lui est parvenu jusu'à nous. (source de l'image : Wikipédia)

 

Le 14 février de 1420, Gilles assiste aux états généraux de Bretagne à Vannes. Il aiguise alors ses premières armes dans le camp du duc Jean V, auprès de son grand-père Jean de Craon (ligue des seigneurs avec le duc contre les Penthièvre le 16 octobre 1420 D Morice col 1060).

 

Le 11 juillet 1420, à Nantes, Jean V de Bretagne donne à Jean de la Suze et à Gilles de Laval-Retz toutes les terres que les Penthièvre possèdent dans leurs fiefs (BB n° 916).

 

Le décès du roi Charles VI, en 1422, change le paysage politique de la France. Yolande d'Aragon, belle-mère du Dauphin, le futur Charles VII, cherche habilement les appuis du duc de Bourgogne et d'Arthur de Richemeont, frère du duc de Bretagne, tous les deux appartenant à la mouvance anglaise. Jean de Craon, vassal des ducs de Bretagne et d'Anjou, est naturellement approché par le camp du Dauphin pour mener des négociation avec le Breton.

 

Au cours de ces années, la guérilla entre Français et Anglais perdure. Arthur de Richemont, soutenue par Yolande d’Aragon, reçoit l’épée connétable en mars 1425. En octobre de la même année, la Bretagne retourne dans l’alliance française. Jean de Craon et son petit-fils Gilles embrassent eux-aussi le parti du Dauphin (1425). Dès cette année là, Gilles jouit de la faveur du roi qui ordonne à son connétable de rendre aux seigneurs de Retz certaines terres situées en Bretagne.

 

Richemont, ayant reçu de son frère le commandement des troupes bretonnes, met le siège devant Saint-Jean-de-Beuvron. Gilles mène, à cette occasion, son premier combat pour la France (1426).

Jean de Craon devient conseiller de Yolande d’Aragon, belle-mère du Dauphin, qui le nomme son lieutenant général en Anjou et dans le Maine le 19 juin 1427. A cette époque, le nom de Gilles de Rais commence à être enregistré par les chroniques du temps aux côtés des plus vaillants capitaines du futur Charles VII.

 

Gilles parait être spécialement préposé à la garde du Maine et de l’Anjou ; c’est sur leurs frontières, en effet, que pendant deux ans, il combat chaque jour, d’abord auprès de duc de Richemont puis, après la disgrâce du connétable, en 1427, avec deux valeureux capitaines nommés Ambroise de Loré et Beaumanoir.

 

Au cours de l'hiver 1428-1429, Gilles rejoint le futur Charles VII à Chinon. C'est alors que Jeanne d'Arc se présente au Dauphin le 6 mars et le persuade de lui confier une armée afin qu'elle délivre le pays des Anglais et le mène se faire couronner à Reims. Un mois plus tard, le 8 avril, Gilles s'engage à servir Georges de la Trémoille, conseiller influent du roi depuis la disgrace du connétable de Richemont.

 

Quand Charles VII se décide à tenter d’expédition d’Orléans, il confie la conduite de la Pucelle et de l’armée à Gilles de Retz, sur la demande de Jeanne elle-même si on en croit un chroniqueur de l’époque. Gilles de Rais participent, aux côtés de Jeanne d’Arc et des autres capitaines, à la prise des villes de la Loire, Jargeau, Sully, Meung et Beaugency (juin 1429).

 

Le 17 juillet 1429, Charles est sacré roi de France à Reims. Le même jour, Gilles est fait maréchal. le roi lui accorde même le privilège d'adopter la fleur de Lys dans son blazon. Gilles, à 25 ans, est au faîte de sa gloire.

 

En 1430, Jeanne d'Arc est capturée et vendue aux Anglais. Gilles poursuit ses efforts contre l'occupant britanique. En décembre, il est à Louviers, en Normandie. En aout 1431, il met le siège sous Sainte-Suzanne. En automne de la même année, il est en Bretagne...

 

En mai 1432, Le prévôt de Paris met le siège devant Lagny dont les habitants, aidés des Anglais, coupent les voies de ravitaillement de la ville. Gilles de Rais participe à la victoire de l'armée française.

 

Huit années terribles :

15 novembre 1432, Jean de Craon meurt après avoir dicté son testament dans lequel sont nommés ses plus proches parents morts (sa femme Béatrix, son frère Pierre, son fils Amaury) ou vivants (Gilles et René ses petits-fils et Jean de Montjean, fils d'Anne de Sillé). Gilles héritent des biens de son grand-père.

 

Dès 1432, de jeunes enfants (en particulier des garçons) commencent à disparaître dans les villages autour du château fort de Champtocé-sur-Loire, où Gilles s'est installé. Le baron dispose de plusieurs rabatteurs, dont les fameux Henriet Girart et Poitou.

 

Le 25 janvier 1433, Gilles de Retz liquide les droits de René, son frère dans les successions de sa famille (CR n° 247).

 

Le mode de vie dispendieux de Gilles l'amène à brader ses nombreux domaines (voir mémoire des héritiers de Gilles de Raiz pour prouver sa prodigalité D Morice col 1336). Ses historien se sont interrogés sur ses immenses besoins de liquidités (l'armée qu'il a entretenue pendant une dizaine d'années, une chapelle construite à Machecoul, un personnel abondant, une passion pour le théâtre...). Sa famille s'inquiète, en appelle à Charles VII qui lui interdit de poursuivre la vente de ses terres françaises.

 

Le 5 Septembre 1435, serment fait au duc Jean V par les capitaines des places de Gilles de Rais de les garder fidèlement pour le service du duc (D Morice col 1294). 

 

Les finances de Gilles donnent toujours des signes de faiblesse. Aussi accueille-t-il avec joie, en 1439, un jeune alchimiste florentin nommé Prelati, qui affirme pouvoir l'initier à son art en seulement trois mois. L'or espéré servira à éponger ses dettes. Ensemble, ils implorent les démons.

 

La fin :

Tout commence par la vente de son château de Saint-Étienne-de-Mer-Morte à Geoffroy Le Ferron, trésorier de Bretagne. Comme il a trouvé un meilleur acheteur, il décide de reprendre son bien par la force. Le 15 mai 1440, il se présente à Saint-Étienne-de-Mer-Morte et, apprenant que Jean Le Ferron qui gère le château pour le compte de son frère célèbre la messe, il pénètre dans l'édifice à la tête d'une troupe armée. Il interrompt la cérémonie, s'empare de Jean qui cède à la force avant d'être jeté dans une oubliette. En interrompant la messe, Gilles est sacrilège et peut être excommunié.

 

Le duc de Bretagne, Jean V, exaspéré par son vassal, diligente une enquête secrète confiée à l'évêque de Nantes, Jean de Malestroit qui enquête avec d'autant plus de sérieux qu'il y a toutes ces rumeurs de disparition d'enfants dans le sillage de Gilles de Rais.

 

Le 29 juillet 1440, l'évêque de Nantes rend au duc ses conclusions. Gilles est accusé d'avoir abusé de nombreux enfants avant de les avoir tués. Le 19 septembre, le duc de Bretagne, avec l'accord de Charles VII, fait arrêter le compagnon de Jeanne d'Arc, à Machecoul.

 

Le 8 octobre, Gilles comparaît en audience solennelle devant le tribunal ecclésiastique présidé par Jean de Malestroit. Le procureur laisse croire à l'accusé que le procès dressé ne concerne que la banale affaire du château de Saint-Étienne-de-Mer-Morte. Gilles l'accepte mais comprend son erreur lorsque l'acte d'accusation lui est lu : meurtres, alchimie, sorcellerie, pédophilie... Le nombre de petites victimes est estimé à 140 (nombre qu'on estime aujourd'hui sous évalué). 

 

Le 25 octobre, Gilles de Rais est déclaré par le tribunal ecclésiastique hérétique, apostat, invocateur de démons, sodomite et sacrilège. Le tribunal civil prononce dans la foulée sa condamnation à mort.

 

Le 26 octobre 1440, Gilles de Rais est tiré de sa prison de Nantes pour être conduit sur le lieu de son supplice, la prairie de l'île de Biesse, suivi de la foule en procession. Il demande à être exécuté le premier pour donner l'exemple à ses deux complices (Henriet Girart et Poitou) eux aussi condamnés à mort.

 

Bibliographie :

Jeanne de Rais dans Bulletin archéologique de Nantes 1869 p 123

Girard VI Chabot dans Revue de Bretagne et de Vendée 1870 Semestre 2 p 378

Cartulaire des Sires de Rais dans société historique du Poitou 1898

Observations sur quelques dates du cartulaire des Sires de Rais  877 R Blanchard

L’origine du premier seigneur de Laval : reprise d’une enquête 2013 Sébastien Legros

Gilles de Rais maréchal de France dit Barbe-bleue 1885 (référence 1 et référence 2)  Abbé E Bossard

Catherine de Thouard Merlet dans Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou 1891

26 octobre 1440. Pédophile sodomite, tueur en série, Gilles de Rais danse enfin au bout d'une corde le point c'est arrivé aujourd'hui (publié le 26 10 2012)

Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne tome 2 Par Pierre Hyacinthe Morice

Histoire de la maison royale de France et des grands officiers de la Couronne tome 3 1728 Père Anselme

Histoire de Sablé 1683 Gilles Ménage

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