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Adélaïde /Azalaïs, princesse angevine, fille de Foulque le Bon, comte d’Anjou, est née vers 945 et décédée en 1026.  Malgré sa haute naissance et ses quatre maris, sans compter Otte-Guillaume de Bourgogne qu’on lui attribue à tord comme époux, elle n’est sortie de l’ombre que depuis quelques décennies. Sa fille Constance est la femme de Robert, second roi de France de la race des Capétiens.

 

Abbaye de Montmajour où a été entérrée Azalais

 

Le double prénom d’Adélaïde-Blanche a longtemps porté à confusion et intrigue encore. Dans les sources littéraires, elle est prénommée Blanche alors que dans les chartes, elle se nomme Adélaïde (T Stasser [1]). Toutefois, dans une bulle du pape Benoit VIII, son surnom est accolé à son prénom, éliminant ainsi toute ambiguïté :…omni etiam reverentia et veratione dignissime dome Adelaidi comitisse cognomento Blanche nuruique eius domne Gerberge comitisse… (J.P. Poly [2] n° 81).

 

Pour retracer les évènements liés à la destinée d’Azalais, il faut se replacer dans le contexte politique de l’époque. Les derniers carolingiens sont jaloux de la montée en puissance des Robertiens, maitre de la Neustrie, leurs alliés mais aussi leurs concurrents. Les Guilhermides qui dominaient l’Aquitaine ont été déchus. Le dernier d’entre eux, Acfred comte d’Auvergne, est mort au début du Xe siècle (927) et leur puissance dans les régions méridionales s’est reportée sur d’autres familles, notamment les ducs d’Aquitaine et les comtes de Toulouse.

 

Les Ingelriens, ancêtres des Anjou, ont grandi à l’ombre des Robertiens. Les études récentes de K. F. Werner ont permis de grandes avancées sur cette famille [3]. Dans le premier tiers du Xe siècle, les Anjou ont difficilement échangé leur titre de vicomte d'Angers contre celui, plus prestigieux, de comte (929) puis se sont doucement installés comme de puissants seigneurs qui mènent une active politique d’expansion.

 

Les ascendances des proches d’Azalais ne sont pas toutes bien déterminées. Les lignages, avant l’an mil, sont difficiles à établir et portent à polémique. Ainsi, la famille de sa mère est encore discutée tout comme la place de son second mari dans la suite des comtes de Toulouse. Nous connaissons le nom des cinq fils d’Azalais mais, en revanche, la liste de ses filles n’est pas établie avec certitude. On lui en attribue probablement plus qu’elle n’en a eu. Les reconstructions généalogiques que les historiens montent sont, bien sûr, hypothétiques. Elles évoluent très vite et les médiévistes eux-mêmes révisent parfois ou rejettent même leurs propres arrangements à la faveur de nouveaux indices ou de nouvelles pistes ouvertes par d’autres. Nous recommandons la prudence et les tableaux généalogiques sont tous à prendre avec précautions.

 

Même s’il est difficile de saisir la personnalité d’Azalais – les sources ne nous en disent rien – plusieurs auteurs modernes nous éclairent sur le parcours qui la mène du cœur de la Neustrie au comté de Provence. Citons :

  • Thierry Stasser qui lui consacre un long article dans « Le Moyen-âge » ;
  • Christian Lauranson-Rosaz [4] qui insère son propos sur Adélaïde et son frère Gui, évêque du Puy, dans le contexte politique de la fin du IXe siècle en Auvergne ;

On retrouve la trace d'Adélaïde dans certains ouvrages ou articles consacrés aux comtes de Toulouse :

  • L'autre nom du comte Raymond de Jean-Pierre Poly [5] ;
  • Le comte de l’an mil sous la direction de M. de Framond et H. Debax [6] ;
  • La succession des comtes de Toulouse autour de l'an mil de M. de Framond [7] ;
  • La noblesse du midi Carolingien de C Settipani [8] ;

... et biens d'autres.

 

Les parents d’Adélaïde :

L'ascendance d'Adélaïde a été définitivement éclaircie à la fin du XIXe siècle.  La Chronique d'Anjou faisait de la reine Constance, femme de Robert le Pieux, une nepta de Foulque Νerra et, par conséquent, Adélaïde, mère de Constance, une soeur de ce même Foulque, donc une fille de Geoffroi Grisegonelle. Mais, d'après la généalogie de Saint-Aubin, il faut considérer Blanche comme fille de Foulque le Bon et Gerberge, soeur de Geoffroi Grisegonelle, et traduire nepta par  petite-fille (Poupardin [9]).

 

Foulque le Bon :

L’avènement de Foulque le Bon date de 942. A ces débuts, il est un fidèle du Robertien Hugues le Grand auprès duquel nous le retrouvons à plusieurs reprises.

 

Le 7 mai 942, à Fontaines, Foulque le Bon, comte d’Anjou, est premier témoin laïc confirmant une charte d’Hugues le Grand pour Saint-Julien de Tours (Piel [10]).

 

Les chroniques de ces temps anciens louent la piété et les bonnes relations que Foulque le Bon entretient avec l’église romaine.

 

Foulque le Bon a peut-être essayé de jouer un double jeu entre le puissant Hugues et le roi des Francs Louis IV. En effet, son frère Gui, évêque de Soissons, participe à tous les grands évènements touchant le règne de Louis IV. En particulier, il se livre en tant qu’otage lorsque ce dernier est détenu par les Normands. C’est aussi à Soissons que se tient un plaid où Louis, le Carolingien, et Hugues le Grand, le Robertien, se jurent fidélité le 13 mars 953.

 

Un faisceau d'indices porte à croire que Foulque II a largement tenté de porter son pouvoir vers la Picardie, région à la rencontre des territoires des Robertiens et des Herbertides (élection de son frère à l’évêché de Soissons et mariage de sa fille Adèle avec Gauthier du Vexin). Il a aussi étendu son pouvoir vers la Bretagne en épousant la veuve du duc Alain Barbetorte et en devenant le tuteur de l’héritier Drogon mais en 958, à la mort de ce dernier, Foulque abandonne le duché de Bretagne en proie aux raids normands.

 

En marge de leurs activités aux confins de La Neustrie, les Anjou ont tendance à enrichir leur influence de tentatives plus méridionales que ne le laisserait penser au premier abord leur positionnement géographique initial. Ces rapprochements conduisent les comtes d'Anjou à se déclarer plusieurs fois vassaux du duc d'Aquitaine (Piel). C’est peut-être dans ce contexte qu’est conclu le mariage d’Adélaïde avec Etienne du Gévaudan.

 

Gerberge du Gâtinais :
L’ascendance de la mère d’Adélaïde, Gerberge fille de Geoffroy, n’est donnée par aucun document mais les historiens, depuis Maurice Chaume [11], la rattachent aux seigneurs du Gâtinais. D’autres propositions ont été avancées, en particulier une ascendance viennoise, mais sans avoir été validée.


L’apparition, à la génération suivante, du Leitname Geoffroy qu’on donne à l’ainé des fils est un acte politique qu’il faut évidemment prendre en compte et qu’il faut retrouver comme prénom principal dans une famille proche du pouvoir royal. Denis Piel pense même qu’une ascendance carolingienne de Gerberge est nécessaire pour justifier l’union de sa fille avec le roi des Francs. 

 

En conclusion de ce chapitre, les dix-huit années de règne de Foulque le Bon représente véritablement le passage progressif pour le comte d'Anjou du statut de vassal du Robertien à celui d'un prince territorial qui mène sa propre politique.

 

Les enfants de Foulque et de Gerberge sont :

  • Geoffroy Grisegonnelle, comte d'Anjou ;
  • Azalais-Blanche qui suit ;
  • Gui, abbé de Cormery puis évêque du Puy mort vers 996 ;
  • Adèle x Gautier du Vexin

Fouque le Bon meurt en novembre 960 et c'est à cette époque que se scelle le destin d’Azalais-Blanche.

 

Nous n’avons, bien entendu, aucune donnée sur l’enfance d’Adélaïde, qui a du être élévée comme une jeune noble de son époque.

 

Adélaïde dame du Gévaudan :
C’est entre 12 ans et 15 ans qu’Adélaïde part pour le Gévaudan et qu’elle épouse, entre 960 et 965, le comte Etienne de Brioude.

 

A cet âge là, Adélaïde est le jouet de sa famille et son mariage cimente probablement un accord ou une alliance entre les Anjou et une partie de la noblesse auvergnate. Comment pourrait-il en être autrement ?

 

Etienne est le fils de Bertrand et d'Emilde (CB [12] n° 105). Il appartient à une famille de fidèles aux Guilhermides et est apparenté par sa mère à la dynastie des Dalmas qui portent le titre vicomtal de Brioude. D’après Lauranson-Rosaz, Etienne est l’héritier en Auvergne du Sud (de Brioude à Mende) de la puissance Guilhermide.

 

Cette analyse a sûrement convaincu Christian Settipani qui, d’après une de ses reconstructions généalogiques, fait descendre les Dalmas du comte d’Auvergne Bernard marié à Leugarde, dont le gendre n’est rien moins que Bernard Plantevelue. Remarquant encore que le prénom Emilde / Emilgarde, rare en Auvergne, se propage aussi bien chez les Gévaudan que chez les Toulousain, il lie les deux familles faisant ainsi d'Etienne le cousin germain par alliance du puissant comte de Toulouse Raymond-Pons.


Etienne a eu une première femme, Anne, avec laquelle il apparait dès 943 et, en conséquence, on peut envisager sa naissance peu après 920. Azalaïs est donc mariée à un homme qui a presque trois fois son âge. Ils n’interviennent dans aucune charte ensemble mais la Chronique de Saint-Pierre du Puy est formelle et deux chartes de Brioude confirment ce mariage (dont la n° 331 ci dessous).

 

Ce mariage d’Etienne avec une princesse angevine renforce son autorité mais permet aussi aux Angevins une intrusion dans la France méridionale avec, en toile de fond, leur lutte contre leurs voisins et ennemis, les comtes de Poitiers.

 

Les enfants d’Etienne et d’Azalais sont :

  • Pons, comte du Gévaudan et du Forez. Il épouse Teutberge, d’origine inconnue, veuve du comte Artaud du Forez puis Leugarde de Rodez (C Lauranson-Rosaz). Avec son frère Bertrand, il aide son oncle maternel Gui d’Anjou dans la lutte contre les seigneurs qui pillent les biens d'église. Il est assassiné par son beau fils Artaud du Forez entre 1016 et 1018.
  • Bertrand mort après 1011. Avec son frère Pons, il porte secours à son oncle maternel Guy d’Anjou.
  • Etienne, élu irrégulièrement en 996 sur le siège du Puy avec l’aide de son oncle maternel Gui d’Anjou, son prédécesseur. Il est déposé en 998 ;
  • Ne épouse d'Herbert de Troyes qui introduit le prénom Pons dans cette famille (sur une proposition récente de Raymond Bur [13]) ;
  • Ermengarde, épouse de Robert de Clermont (d'après C Settipani), ou Humberge femme de Guillaume de Clermont (thèse de T Stasser) ; Si l'on s'en tient à ce que nous apprend Yves de Chartres (1040 – 1116), la reine Constance et et la comtesse Ermengarde sont sœurs, toutes les deux filles de Blanche, comtesse d’Arles (RHF [14] Vol 15 p 177 ci-contre).

 

Il semble qu’Etienne n’ait jamais porté le titre de comte. D’après C Lauranson Rosaz, il est mort peu avant 1075.

 

Adélaïde, comtesse de Toulouse :
Adélaïde épouse Raymond, comte de Toulouse, vers 1075. Leur union est très courte mais nait de ce mariage Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, entre 978 et 1038.

 

Nous n’avons aucune information sur le troisième époux d’Adélaïde, probablement le marquis de Gothie qui apparait en 972 à Nimes. Il se fait battre en 978 par le comte de Carcassonne Roger le Vieux et meurt à la suite de cette défaite. Il était sans doute très jeune.

 

L’époux d’Adélaïde est presqu’un inconnu et sa place dans la liste des comtes de Toulouse reste encore aujourd’hui à déterminer. Pour les bénédictins, de Vic et Vaissette [15], auteur de l’histoire générale du Languedoc, Guilhem Taillefer était le fils de Raymond-Pons, faisant ainsi régner Guilhem pendant près de 87 ans.

 

Dans la seconde moitié du vingtième siècle, les historiens, peu satisfait du résultat précédent, ont cherché à démêler les liens de famille qui relient les différents comtes de Toulouse régnant à cette époque.

 

Deux branches des comtes de Toulouse se séparent à partir des enfants Eudes, l'ainée restant maître de Toulouse et la cadette faisant souche dans le Rouergue. Il semble qu'il y ait eu union entre les deux branches mais les médiévistes hésitent et tergiversent (Framond, Latour [16], Debax [17], ...). Quelques indices, sans être déterminants, donnent des solutions. Voici les principaux :

  • J.P. Poly  a mis en évidence que Guilhem Taillefer était le fils de Raymond et d’Azalais et qu’il agissait à partir du début du onzième siècle ;
  • Raymond-Pons de Toulouse est mort en 942 ;
  • Raymond de Toulouse, mari de Berthe de Toscane, est mort en 961. Il a au moins deux fils Raymond et Hugues ;
  • Garsinde, femme de Raymond Pons ne cite aucun fils dans son propre testament en 978. Raymond, fils de Guidinilde son neveu ;
  • Le Codex de Roda nous apprend qu’un fils de Raymond-Pons, se nomme Raymond ;
  • Raymond Pons est l’ancêtre (proavus) des frères Raymond IV et Guilhem IV de Toulouse (HLG V CCXCVIII).

 

Martin de Framond a proposé une alternative à celle de J.P. Poly. Il part du principe que Raymond-Pons est mort sans héritier et sa succession passe à son cousin germain Raymond I mort sur le chemin de Compostelle en 961 date à laquelle Raymond, son fils ainé avait déjà deux fils Raymond (x Adélaïde d’Anjou) et Hugues. Mais, dans cette théorie, les deux derniers points compilés ci-dessus ne sont plus respectés.


Plus récemment, Christian Settipani a repris le dossier en considérant que Raymond-Pons avait pu se marier deux fois. Garsinde, issue de la branche collatérale du Rouergue, est considérée comme sa seconde épouse et sans enfant. D’autre part, Raymond-Pons étant décédé vers 942, l'auteur suppose que deux générations le séparent de Guilhem III Taillefer. De plus, remarquant le passage de prénom Hugues d'une branche à l'autre, il suggère qu'Emilde, fille d'Hugues d'Albi et petite fille d'Adélaïde soit l'épouse de Raymond, fils de Raymond-Pons.

 

Enfin, dans les annexes de la thèse de Sébastien Fray [18] publié en 2011, un tableau généalogique des comtes toulousains propose, avec les mêmes sources mais un raisonnement différent, une version modifiée de celui de C Settipani. Pour lui, le mari d'Adélaïde est Raymond comte dans le Nimois, peut être nommé Raymond Hugonis. L'union des deux branches s'effectue au niveau d'Hugues d'Albi que l'auteur marie à une certaine Guidinilde...Les neveux de Garsinde seraient Hugues et Raymond marié à Adélaïde d'Anjou. Raymond fils de Raymond et de Berthe aurait perdu leur héritage toulousain au profit de leurs cousins germains.

 

Il est clair que les nombreuses différences qu’on rencontre dans ces quelques tableaux ne permettent pas de refermer définitivement le dossier. Le lecteur se fera sa propre idée sur cet ensemble de propositions en attendant qu’un historien en fasse la synthèse.

 

Raymond et d’Adélaïde, seulement mariés quelques mois, ont enfanté :

  • Guillaume Taillefer ; on sait peu de choses du comte Guillem III Taillefer, fils de Raimond. il se marie deux fois: une première fois avec Arsinde, fille de Guilhem le Libérateur et sa première épouse aussi nommée Arsinde, dont il a deux garçons, Raimond et Henri. Il épouse en secondes noces Emma de Provence, fille de Roubaud, nièce de Guillaume le Libérateur qui lui donne également deux garçons, Pons et Bertrand. Guillem a aussi enfanté une fille connue pour être la mère de l'évêque réformateur de Comminges, Saint Bertrand. Comte de Toulouse, de Nîmes, du Quercy et de l'Albigeois, Guillem apparait surtout dans le contexte provençal. D'après certains textes, il aurait "régné" de 998 à 1037 (Le comte de l'an Mil).

 

Adélaïde reine des Francs :
Après le décès de son second mari, Adélaïde Blanche gouverne une partie du Midi de la France au nom de ses enfants Pons et Guillaume alors mineurs. Cette position  devait favoriser la politique de son frère alors comte d’Anjou, en lutte contre le comte de Poitiers.

 

En effet, d’après l’historien Richer, contemporain des évènements, c’est Geoffroy Grisegonelle qui arrange le mariage de sa sœur avec le futur Louis V le Fainéant. Il fait espérer au roi Lothaire, père de Louis, en conflit permanent avec le futur Hugues Capet, que ce mariage amènerait la soumission de l’Aquitaine et de la Gothie à l’autorité de son fils, quand celui-ci possèderait, du chef de sa femme, les villes les plus fortes du pays. Ce projet avait en outre l’avantage de prendre à revers Hugues Capet, dont les domaines se trouvaient ainsi enfermés entre ceux de son fils et les siens. Lothaire accepte ses propositions (F Lot [19]). Il est possible que Geoffroy Grisegonelle, instigateur de ce plan machiavélique, avait pour arrière pensée l’affaiblissement du comte d’Aquitaine et de Poitiers, allié d’Hugues Capet.


Antoine Vernières [20] p 10 résume en quelques lignes l'échec des noces entre Louis, dernier des Carolingiens, et la princesse angevine : Accompagnés d’une nombreuse chevalerie, le roi et son fils se dirigèrent sur l’Auvergne où le mariage eut lieu à Vieille-Brioude en 982. Adélaïde y fut couronnée reine par les évêques de Clermont, du Puy et l’archevêque de Bourges. Grâce à cette union, Lothaire comptait assurer sa souveraineté sur l’Aquitaine, la Gothie et la Marche d’Espagne.
C’est à lui que les abbés des monastères de ces pays s’adressèrent pour la confirmation de leurs privilèges. La mauvaise intelligence ne tarda pas à régner entre Louis et Adélaïde qui, bientôt, se séparèrent. Lothaire alla chercher son fils à Brioude, moins de deux ans après l’y avoir installé ; les rêves de domination sur l’Aquitaine s’évanouirent
...

 

Il était question de reconstituer la principauté des Guilhermides en faveur de ce fils de roi. En réalité, Louis comprend très vite qu'il est victime d'une illusion et que sa femme de tient aucune des places qui devaient le rendre puissant (R Bur).

 

Louis V meurt d’un accident de chasse le 21 avril 987, moins d’un an après son père. Des soupçons d’empoisonnement ridicules ont pesé sur les épaules d’Adélaïde et de sa belle-mère Emma (F. Lot p 166). Les Carolingiens laissent le champ libre à Hugues Capet et à ses descendants…

 

Adélaïde comtesse du Provence :
Après l’échec de son mariage royal Adélaïde, se sentant menacée, se réfugie à Arles. Quelques mois plus tard, en 981 ou en 982 d’après Richer (Historiarum Libri Quatuor III), elle épouse le comte de Provence Guillaume le libérateur, fils de Boson et de Constance.

 

Nous remarquons que Roubaud, frère de Guillaume le libérateur est l’époux d’une Emilde, prénom que nous avons déjà rencontré dans les familles de Gévaudan et de Toulouse : Entre 993 et 1002, donation près d'Orange faite par Rotbald et Eilmidis pour l'abbaye de Cluny (CLU  [21] n°1987). Ce n’est peut-être pas par hasard qu’Adélaïde-Blanche apparait en Provence après son troisième mariage. On peut reconnaitre dans Emilde, femme de Roubaud, la fille d’Etienne, premier époux d’Azalais, précédemment marié à Anne (C Settipani).

 

Guillaume a débarrassé, en 972, la région provençale des Sarazins installés dans le massif des Maures et son aura lui permet de prendre le titre de marquis dès 979.


L’ascendance de Guillaume n’est pas connue avec assurance. Son père Boson est probablement apparenté à l’éphémère roi de Mantaille et sa mère pourrait être la fille de Charles-Constantin de Vienne. D’après C Settipani, cette famille descend aussi des Guilhermides.

 

La première épouse de Guillaume, Arsinde de Carcassonne (?), a donné naissance à plusieurs filles dont Emma, seconde épouse de Guillaume Taillefer de Toulouse.

 

A la suite de son exploit contre les Sarazins, Guillaume distribue les terres libérées à ses proches et à ses fidèles créant ainsi une nouvelle aristocratie en Provence.

 

Guillaume arbitre quelques conflits (entre autres, entre les Marseille et les Fos) et poursuit une politique de donation aux abbayes de la région (Psalmody, Montmajour et saint-Césaire d’Arles).

 

A partir de 982, Adélaïde, nouvelle comtesse de Provence, assiste régulièrement son quatrième époux au cours des 10 années de leur vie commune (T Stasser).


Le 6 mars 990/991, à Arles, plaid devant Guillem, comte de Provence, et des juges Audibert et Alleaume, et donation de ce même Guillem et sa femme Azalais à Riculfe, évêque de Fréjus, de la moitié de cette cité avec le port, les redevances et les pêcheries, et la ville du Puget. Souscription du comte Roubaud (Poly n° 32).


Arles, en 992, restitution par Guilhem, prince et marquis de Provence, sa femme Azalaïs et son fils Guillem au monastère Saint-Césaire, de l'église Sainte-Marie de la mer. Souscription du comte Roubaud (Poly n° 35).

 

Les enfants de Guillaume et d’Adélaïde sont :

  • Guillaume III, comte de Provence, époux de Gerberge. Il est mort en 1019, avant sa mère, dans une guerre contre les seigneurs de Fos. En aout 1001, donation par Azalais, son fils le comte Guillem et sa fille Constance, au monastère de Montmajour et aux églises Saint-Vincent et Saint Julien, de ce que tient le chevalier Aubert dans la villa Uleris, avec le conssentement de celui-ci (Poly n° 54).
  • Constance femme de Robert II le Dévot, roi de France. En 1001 ou 1002, mariage de Constance fille de Guillem comte d’Arles et de Blanche Azalais, nièce de Foulque d’Anjou, avec Robert, roi de France (R Glaber et Poly n° 85).

Guillaume est mort en 993.

 

Après la mort de Guillaume, Adélaïde reste en Provence et participe avec l’aide de son beau-frère Roubaud, au gouvernement de la Provence, au nom de son fils Guillaume puis de son petit fils Bertrand.

 

En 997, Azalais se mêle de l’élection de l’abbé de Monmajour qui, finalement échappe temporairement au contrôle des comtes.


Entre octobre 1003 et octobre 1004, concile d’évêque et de nobles sur la réédification du monastère de Psalmody. Souscriptions de la contesse Azalïs, de Guilhem, comte de Toulouse, du comte Pons, de Guilhem comte de Provence et du comte Roubaud (Poly n° 63).

 

Certains auteurs, à la suite de Poupardin [22], ont marié Azalais à Otte-Guillaume de Bourgogne, fils de d’Adalbert et de Gerberge, mais il s’agit finalement d’une mauvaise interprétation d’une bulle papale.

 

En 1015, donation par Azalais, comtesse, au monastère de Saint Victor, de la part qu’ele avait dans l’église Saint Martin de Monosque (Poly n° 77).

 

Entre 1012 et 1019, lettre du pape Benoit VIII au comte Guilhem et à sa mère la contesse Azalais, leur interdisant de disposer des biens de l’abbaye de Saint-Gilles (Poly n° 81).

 

Entre le 4 et le 24 mars 1019, donation par l’illustre comtesse Azalais, mère du défunt comte de Provence Guilhem et Gerberge, femme du dit prince, au monastère Saint-Victor, de la ville de Font-Saut au pays de Provence au comté de Riez (Poly n° 83).

 

Octogénaire, Azalais est décédée en Provence en 1026 et enterrée à l’abbaye de Montmajour.
 

Bibliographie :

[1] Adélaïde d'Anjou, sa famille, ses unions, sa descendance Etat de la question 1997 Thierry Stasser dans Le Moyen-âge : revue d'histoire et de philologie»

[2] Catalogue des actes des comtes de Provence Jean-Pierre Poly annexe de sa thèse La Provence...

[3] Enquêtes sur les premiers temps du principat français (IXe - Xe siècles) K.F. Werner

[4] L'Auvergne et ses marges 1987 Christian Lauranson-Rosaz

[5] L'autre nom du comte Raimon Jean-Pierre Poly 1991 dans Catalunya i França meridional a l'entorn de l'any mil p. 66-95

[6] Le comte de l'an mil 1996 sous la dir. de É. Crubézy et Ch. Dieulafait ; avec la collab. de D. Cardon, H. Débax, M. de Framond... [et al.]

[7] La succession des comtes de Toulouse autour de l'an mil reconsidérations (940 - 1030) Martin de Framond 1993 dans Annales du Midi

[8] La noblesse du midi carolingien 2004 C Settipani

[9] Généalogies Angevines du XIe siècle 1900 Poupardin René dans Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 20,  pp. 199-208.

[10] Le pouvoir de Foulque le Bon comte d'Anjou de 941 à 960 ; Etude sur la puissance angevine au mileu du Xe siècle 2010 Denis Piel

[11] Les origines du comté de Bourgogne 1925 Maurice Chaume

[12] Cartulaire de Brioude désormais CB1863 Henry Doniol

[13] A propos du prénom Etienne Raymond Bur dans Annales du midi 1990

[14] Recueil des historiens des Gaules et de la France désormais RHF Vol 15 VVV

[15] Histoire générale du Languedoc désormais HGL

[16] A propos de la contesse Garsinde P de Latour dans Annales du Midi 1996

[17] Féodalités languedociennes 2008 Hélène Debax

[18] L’aristocraitie laique au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe - XIe siècle) 2011 Sébastien Fray

[19] Les derniers Carolingiens Ferdinand Lot

[20] Itinéraires des rois de France et des papes dans l’Auvergne et le Velay 1898 Antoine Vernière

[21] Recueil des chartes de Cluny desormais CLU

[22] Le royaume de Bourgogne 1907 René Poupardin

 

 

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