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Notre curiosité nous a éloignés de notre Provence natale et nous nous sommes intéressés, un peu par hasard, aux seigneurs du Maine. C’est un article de K. Keats-Rohan [1] déniché sur le site Francia qui nous a interpellés par sa complexité et qui nous a dirigés vers des lignées que nous n’avions jusqu’alors jamais explorées.

Naturellement, et comme pour chaque article, nous nous sommes appuyés sur un certain nombre de documents d’historien. La plupart sont assez anciens et les généalogies ont sans doute besoin d’être sérieusement dépoussiérées.
  • Recherche sur la chronologie des vicomtes du Maine [2] (Depoin) ;
  • Les vicomtes du Maine [3] (Angot) ;
  • Les seigneurs de Braitel [4] (Menjot d’Elbenne) ;
  • L’abbaye d’Etival et ses abbesses [5] (Léon Guilloreau) ;
  • Les premiers vicomtes du Maine [6] (Robert Latouche).
Nous avons complété cette bibliographie par quelques articles de moindre importance mais de la même époque.
 
Dessin tiré de l'article de Monuments funéraires et Sigillographiques des vicomtes de Beaumont au Maine 1882 Hucher (Bulletin historique et archéologique du Maine)

 

Deux ou trois auteurs modernes confirment la trame de ces généalogies datant du début du vingtième siècle, même si, eux aussi, divergent sur quelques points.

 
Nous avons donc consulté utilement :
  • La noblesse du midi carolingien [7] (Settipani tableau p 282) ;
  • Politique et parentèle : les comtes, vicomtes et évêques du Maine (K Keats Rohan).
  • La société aristocratique dans le Haut-Maine: XIe-XIIe siècles [8] (B Lemesle).
 
À la lecture de ces différents documents, nous avons la sensation que si l’essentiel des lignées présentées ci-dessous est parfaitement connu et bien documenté par les chartes des différentes abbayes et prieurés de la région, il n’en est pas de même pour l’origine de ces familles.  
 
Les historiens ont naturellement recherché les preuves des liens familiaux qu’ils exposent dans les différents et nombreux cartulaires du Maine et de l’Anjou. La plupart des chartes évoquées sont aujourd’hui à la portée de tous, grâce notamment aux numérisations de Gallica. Toutefois, il n’est pas toujours aisé de les retrouver et quelques-unes nous ont échappées.
 
 
Les origines :
Bien évidemment, les premiers degrés de la généalogie des vicomtes du Maine est ardue à déterminer et les résultats particulièrement décevants. C Settipani et K Keats-Rohan donnent malgré tout le prénom de Raoul à la souche de cette dynastie. On peut supposer avec eux que le premier Raoul est né vers 850. Keats-Rohan suggère une implantation locale de ces seigneurs à une époque antérieure au titre de vicomte, s’appuyant notamment sur l’anthroponyme Yves qui ne s’est pas diffusé dans la lignée mais qui pourrait appartenir à son stock onomastique. Sans preuve, les anciens laissaient sous-entendre que comtes et vicomtes appartiennent à une même souche.
 
Une des difficultés avec cette dynastie est de lui imposer une chronologie. La plupart des chartes rapportées par les historiens ne sont pas datées et, de plus, les vicomtes du Mans portent le prénom de Raoul de père en fils si bien que nous ne savons plus très bien à qui attribuer tel ou tel acte et de nombreuses confusions sont à prévoir.
 
Remarquons que, sur les premiers degrés, les médiévistes ne donnent aucune preuve de la filiation, si ce n’est la propagation de l’anthroponyme Raoul et la transmission héréditaire du titre de vicomte du Mans qui sont toutefois deux arguments de poids à défaut d’attestation formelle.
 
D’autre part, il semble que certains érudits aient, par le passé, été gênés par un vicomte prénommé Roscelin qui apparait dans plusieurs chartes et qu’il est difficile de placer dans la généalogie de cette famille. Finalement, il est probable qu’il faille le confondre avec Raoul IV (erreur des copistes ou identification des prénoms ?). Cet écueil s’est diffusé à travers plusieurs articles créant ainsi un obstacle supplémentaire à une reconstruction moderne et fiable de cette dynastie.
 
Enfin, notons encore que, selon l’abbé Angot, à la fin du Xe siècle, les vicomtes du Maine possédaient les territoires de Sablé, de la Charnie, de Sainte Suzanne, d’Evron, de la forêt du Pail…  À l’image des autres seigneurs de la région, ils ont édifié une forte ligne de défense constituée de châteaux forts allant du nord-est au sud-ouest de Fresnay, Bourg le Roi, Beaumont, Sillé à Courtalieu, Evron, Sainte-Suzanne et Thorigné-en-Charnie. Cette impressionnante suite de forteresses devait les défendre contre les agressions des Normands et de tout autre ennemi. 

 

 
Raoul I :
Un Raoul que Joseph Depoin identifie avec l’ancêtre des vicomtes du Maine apparaît dans l’entourage de Roger, père d’Hugues I, mari de Rotlinde et gendre de Charles le Chauve dans les dernières années du IXe siècle.
 
Une lettre de l’évêque du Mans Gontier montre que le Maine fut troublé par Roger entre 895 et 898 (Les Actus [9]).
 
Raoul aide Roger à prendre le contrôle de la ville vers 896. Rien ne permet, aujourd’hui, d’infirmer ou de confirmer l’hypothèse de Joseph Depoin apparemment reprise par Keats-Rohan. Rappelons qu'à l’époque carolingienne, le vicomte était un fidèle du comte qui le secondait dans ses tâches administratives, ce qui semble être le cas du vicomte Raoul.

 

 

Raoul II :
Raoul II est forcément né 20 à 30 ans après son père et joue le rôle d’une deuxième génération nécessaire à la chronologie. En 948, Mainard, frère du vicomte du Mans, d’après les Actus, devient évêque du Mans et siège plus de vingt ans jusqu’en 968. Auparavant, il avait été marié et était père de plusieurs enfants. Nous suggérons donc qu’il soit né au début du Xe siècle ou un peu avant tout comme son frère Raoul. Il s’agit avec assez de vraisemblance des petits-fils de Raoul I.

 

D’après Joseph Depoin, Raoul, vicomte, accompagne Hugues du Mans à Poitiers en 936, où ce comte exerce momentanément le pouvoir. En 936 ou 937, le comte du Mans Hugues et son vicomte Raoul souscrivent à un acte de Sénégonde, femme d’Almaric de la famille des vicomtes d’Aulnay (Setippani p 285).

 

Raoul II, qui n’a pas laissé plus de souvenirs précis, est le père de :

  • Mainard, évêque du Mans ; pendant son épiscopat, il dote abusivement son bâtard Aubri de Coulongé, de Sorcé et de Maule (Saint-Vincent [10]).
  • Raoul, vicomte du Mans qui suit ;
  • Hildebourge, mère de l’évêque Seifrid, lui-même neveu de l’évêque simoniaque Mainard.
 
Raoul :
Ce Raoul comble un vide généalogique et permet que les vicomtes du Mans ne soient pas tous centenaires à leur décès.
 
En mars 967, …Rodulfi vicecomitis… est témoin de la donation d’une propriété par le chanoine Girardus fils d’Archambaud et Ingelrade à Saint-Julien de Tours (Fragments de chartes du Xe siècle provenant de Saint-Julien de Tours [11] n° 21, p. 60). 
 
En février 971, Hugonis comitis, Hugonis et Fulchonis filiorum eius…Rodulfi vicecomitis… sont témoins dans une charte de donation dans laquelle l’évêque du Mans Seifrid donne la villa Vallis Boana à Saint-Julien de Tours (Fragments de chartes du Xe siècle provenant de Saint-Julien de Tours n° 23, p. 63). La signature du vicomte Raoul est située dans la seconde colonne en deuxième position. 
 
Il est le père de Raoul III marié à Godehilde.
 
la charte n° XX du catalogue Angot cite, d'après les annales bénédictines VI 221, Heldiardis (Heudiarde), femme de Raoul III, vicomte du Maine, ses deux fils Raoul et Geoffroy et sa brue (Godehelt) comme témoins de la confirmation du domaine de Longueville-sur-Mer à saint-Ouen de Rouen par Richard II de Normandie. La date de l'acte est 1012. Ne tient-on pas l'épouse de ce vicomte Raoul ?
 
 
Raoul III x Godehilde :
Il est probable que Raoul III ait débuté sa carrière politique à la fin du Xe siècle. Il est cité en 990 avec son fils Geoffroy dans la donation du Gué Bernisson à l’abbaye de Saint-Pierre de la Couture (Angot n° VIII d'après le cartulaire de l'abbaye de la Couture).
 
Le comte du Maine Hugues III, du consentement du vicomte Raoul et de son fils et à la demande de l’évêque Siefred, accorde aux moines d’Evron en 994 une remise de toutes les mauvaises coutumes qu'il a perçues sur les domaines de l’abbaye (Gérault [12]).
 
Entre 985 et 996, Raoul est allé à Rome pour demander au pape Jean XVI, une confirmation de sa fondation d’Evron (Angot).
 

Vers 994, Raoul se rend en pélerinage au Mont Saint-Michel, accompagné de son épouse Godehelt et de son fils. À cette occasion, les moines reçurent une vigne située dans les faubourgs du Mans (Saint-Victeur [13] n° 1 ci-contre).

 

Le 12 août 997, il est témoin de deux chartes en faveur du mont Saint Michel données par Yves et Guy (Angot n° XII et XIII d'après le cartulaire de l'Abbayette ).
 
Les enfants de Raoul III sont :
  • Geoffroy de Sablé x Aélis (d’après F Keats-Rohan) fondateur du prieuré de Solesme;
  • Eudes qui signe lui aussi la charte de fondation de Solesmes ;
  • Odeline x Hugues de Lavardin filleul d'Hugues Capet à qui le comte d'Anjou Geoffroy Grisegonelle confie la garde de la place de Bazouges sur le Loir. Auparavant, il avait épousé Helpes, l'héritière de la seigneurie de Lavardin.
  • Raoul qui suit ;
Il semble décédé avant 1010.
 

Les parents de Godehilde ne sont pas connus. Les érudits du XIXe

siècle avaient conclu un peu hâtivement qu’elle était fille d’Yves de Bellême mais, dans ce cas, Godehilde, grand-mère de Guillaume Talvas II serait aussi la trisaïeule de son épouse Hildebourge.
 
En fait, la chronologie des Bellême est, elle aussi, difficile à établir. Si on s'en tient à la thèse classique, Guillaume I Talvas avait une trentaine d’années au décès de son père en 1006. On peut donc penser que sa mère, âgée de 45 à 50 ans, est née autour de 955. Par contre, l’épouse de Raoul III est née dans la décennie précédente, ce qui permet de fixer la date du mariage de son petit fils Raoul avec Emeline vers 1020. Dans ces conditions, Guillaume II Talvas ne peut pas être né bien après 1000. Il faut donc admettre une différence d'âge d'environ 20 ans entre Halberge (?), fille de Raoul V et d’Emeline, seconde épouse de Guillaume de Bellême et son mari.
 

Quoi qu'il en soit, une proche parenté entre la femme de Yves de Bellême et celle de Raoul (tante et nièce, cousines…) demeure tout à fait envisageable.

 
 
Raoul IV x Widenor du Thouard :
En 1010, Raoul figure avec son frère Eudes parmi les témoins de la fondation du prieuré de Solesmes par Geoffroy de Sablé et son épouse Aélis. La charte est signée S Radulfus vicecomitis S Odinis frater ejus (Cartulaire de La Couture n° 8).
 
Entre 1012 et 1016, Raoul est témoin d’un acte du comte du Maine, Hugues, en faveur des moines de Tuffé : S Radulphi ipsius civitatis viccomitis (Saint-Vincent n° 186).
 
Avant 1015, Rodulfus Cenomanensium vicecomes donne deux serfs (Durand et sa sœur Isemburge) à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, en présence de conjuge mea Widenore et filiis meis Rodulfo, Gosfrido, Ivelino et Huberto. La charte est signée par Ivelini clerici, primogeniti sui, Gosfridi et Rodulfi et Huberti filiorum eius (Saint-Florent [14] n° 3).
 
L’église et le domaine de Solesme appartenaient à Raoul de Beaumont, vicomte du Maine, au moment où les comtes du Maine, pour fortifier leurs frontières angevines, inféodent le château de Sablé à Geoffroy, le propre frère de Raoul.
 
Raoul est témoin, entre 1012 et 1016, de confirmations par le comte Hugues de donations effectuées par Hugues Doubleau en faveur de l’abbaye Saint-Vincent. Le pape Benoit VIII est présent à la signature de l’acte (Saint-Vincent n° 186).
 
Diplôme de 1014 lequel Hugo Cenomannensis comes donne la terre de verdobris à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. La charte est signée par Roscelini vicecomitis, Hameli de Leido Castello, Haymonis de Medano, Herberti fratris comitis, Droci filii Milonis, Odilarii Drudi (Saint-Victeur n° 4). C’est l’une des chartes où le prénom de Raoul est substitué par celui de Roscelin.
 
À l’image de son père, Raoul est allé à Rome entre 1012 et 1024, sous le pontificat de Benoit VIII, afin de faire confirmer la fondation d’Evron (Angot).
 
 
Avant 1016, Raoul et son frère Geoffroy ratifient l’abandon aux moines de la Couture par Guy, fils de Lonon, d’une portion de tenure dont ils avaient la jouissance et qui faisait enclave dans le domaine de l’abbaye à Joué en Charnie Yvo archidiaconus vicecomes radulfus atque Gaufridus (La Couture n° 4).
 
Entre 1022 et 1024, Raoul est témoin, en présence de l’évêque d’Angers Hubert, de l’affranchissement d’un serf par le comte d’Anjou Foulque Nerra à Marmoutier (Livre des serfs de Marmoutier [15] n° 52).
 
Les enfants de Raoul IV et Widenor sont :
  • Geoffroy x Helvise de Braitel ; l’identification du fils du vicomte Raoul avec le premier seigneur de Sablé résulte de la charte de confirmation de la fondation du prieuré de Solesme, dans laquelle Geoffroi cite son frère Raoul (Cartulaire de la Couture n° 9).
D’après Hucher [16] (p 325), Geoffroy a été le tuteur d’Hubert, son neveu, après le décès de Raoul son frère.
Dans le Saosnois, il partage avec les maisons d’Anjou et de Bellême, le haut domaine sur les territoires de Saosnes et de Courgains. À ce titre, il reçoit six livres de deniers lors de l’acquisation de l’église de Courgains par les moines de Saint-Vincent (Saint Vincent n° 545). On peut s’interroger, à propos de ce dernier témoignage, de la proche parenté des vicomtes du Mans et des seigneurs de Bellême, notamment à travers les Godehild.
  • Yves, archidiacre ; ce prénom peut encore être le gage d’une union avec la famille de Bellême ;
  • Raoul V qui suit.
On considère généralement que Widenor est issue des vicomtes du Thouard car son fils Raoul nomme un des siens Savaric, anthroponyme provenant incontestablement de cette lignée poitevine.
 

Au cours de l’épiscopat de Gervais (1035-1055), un chevalier Eudes donne l’église de Saint Pierre de Noyen à l’abbaye de Saint Vincent …S Roscelini vice comitis… (Saint-Vincent n° 357).

 
Gaufridus filius Roscelini vicecomitis vend Ecclesias de Sogona à Saint-Vincent du Mans par une charte datée vers 1060 (Saint-Vincent n° 590).
C’est la troisième charte qui prénomme le vicomte du Mans Roscelin. D’après R Latouche [17] qui s’appuie sur un exemple puisé dans le cartulaire de Saint-Père de Chartres (…est Roscelinus ore vulgri vocitatus, et in lavachro baptismatis a patrinis Radulfi nomen est impositum), Raoul et Roscelin ne sont que deux formes d’un même prénom.
 
 
Raoul V x Emeline :
En 1035, on voit paraître Raoul comme vicomte, sous l’évêque Avesgaud, confirmant des dons au monastère de Tuffé (Nouveau cartulaire de Saint-Vincent n° 185).
 
Entre le 21 juin 1040 et le premier avril 1046, Herbert Bacon et son petit neveu Hugues IV ainsi que le vicomte du Mans Raoul souscrivent à la donation du torrent de Brionneau [affluent de la Sarthe] et d’autres biens faite par Geoffroy Martel aux moines de Saint-Nicolas d’Angers sur le conseil de la veuve du comte d’Anjou Foulque Nerra (Recueil des actes de Philippe I 1908 Prou n° 157).
 
Radulfo vicecomite, Guillelmo vicecomite, Erfredo vicecomite, Herveo vicecomite de Bleso… sont témoins d’une charte de 1039 qui rapporte que miles…Walterius…filius Hamelini de Lingaii est obligé de renoncer à une propriété confisquée par Geoffroy II Martel comte d´Anjou pour avoir tué cognatum predicti comitis…Mauricium. Le comte Geoffroy donne cette propriété à l’abbaye de la Trinité de Vendôme (Cartulaire de La Trinité I n° 14 p. 34). 
 
Les intérêts du couple ramènent souvent Raoul et son épouse en Anjou dont Emeline est originaire. Ainsi autorisent-ils l’abandon de divers fonds de terres à Marmoutier par Hubert, oncle d’Emeline.
 
De même, Tescelin de Montrevault ne dispose de l’église de Saint-Aubin-en-Mauges qu’avec leur assentiment : Tescelmum de castro Rebelli vocato, donasse… ecclesiam Sancti Quintini in Andecavensi pago…autorizante Rodulfo Cenomannensi vicecomite cum sua conjuge Amelina…(Cartulaire de Marmoutier Ms lat 5441/1 p 37).
 
Vers 1047, Raoul, vicomte de Vendôme, est témoin de la confirmation accordée par Foucher fils d’Hugues, chevalier de Vendôme et d’Adèle, portant sur des biens donnés à Marmoutier par ses parents (Marmoutier pour le Vendômois [18] n° 100).
 
Emeline désigne les assesseurs d’un plaid qui se tient apud Lisdum castrum entre Guillaume de Trèves et le moine de l’obédience de Sarcé au sujet de dons rétractés par le premier (Saint-Vincent n° 316).
 
Aremburge, veuve de Thetvin Strabon (= Tescelin de Montevrault ?), s’étant retirée au Ronceray avec sa fille Hildegarde, donne à ce monastère sa terre de Courthanon, ainsi que les colons qui la cultivaient, avec l’assentiment de l’évêque d’Angers, Hubert, d’Emma sa nièce et de son mari Raoul vicomte du Mans (Cartulaire de Ronceray n° 391).
 
Raoul de Beaumont et sa femme Emeline vendent pour 500 sous aux moines de saint Aubain l’église de Luché et pour être admis  in societatem congregationis , ils donnent l’autel et les oblations, le droit complet de sépulture, la terre autour de l’église et la dîme de quatre bordages, avec la faculté de faire d’autres acquisitions (Archives départementales de la Sarthe H 267 et cartulaire de Saint-Aubin d’Angers n° 355)
 
Emeline fait le 3 mars 1048 une fondation pour ses parents. Elle est dite vicomtesse du Mans, nièce de l’évêque d’Angers Hubert.

 

La famille d’Emeline :
L’union entre Raoul et Emeline revêt une importance capitale pour l’histoire de cette famille car les vicomtes du Mans vont se tourner désormais vers l’Anjou. Raoul, fils d’Emeline, hérite de sa mère et fonde une branche de cette lignée dans le pays des Mauges.
 
Le vicomte du Maine Raoul apparaît en vendômois dès 1025, aux côtés de l’évêque Hubert dans une charte délivrée par Foulques Nerra. D’après O Guillot [19], Raoul était déjà uni à Emma de Vendôme à cette époque, alliance qui semble avoir été encouragée par le comte d’Anjou lui-même.
 
Essayons de cerner la famille d’Emeline de Montrevault :
  • Elle est la fille d’Etienne de Montrevault et d’Aldeberge de Vendôme ; Elle est décédée le 12 septembre 1058 et repose en l’abbaye Saint-Serge d’Angers auprès de son oncle l’évêque Hubert, de ses parents Etienne et Aldeberge. Pour obtenir cette faveur, son mari restitue à l’abbaye la moitié d’un domaine à Saint Rémy en Mauges (Arch de Maine et Loire H 1242). Le résumé de l’acte (voir ci-contre) est l’œuvre de J Boussard [20] ;
  • Les parents de l’évêque Hubert sont Hubert, vicomte de Vendôme et Emeline. Le 8 septembre 1030, avec l’accord de ses parents, Hubert vicecomes Vindocinensium et Emma sa religiosa mater, Hubert rend aux chanoines de Saint Maurice des coutumes et des domaines qui leur avait été enlevés par ses prédécesseurs (BN Collection Baluze vol 39 fol 63) ;
  •  Hubert, vicomte de Vendôme serait le gendre de Foucher dont le petit-fils Vulgrin, consanguineus d’Hubert, évêque d’Angers, était évêque du Mans de 1055 à 1066. Il descendrait des vicomtes d’Angers sur lesquels nous n’avons pour l’instant aucune précision ;
  • Foucher (ou Fulcrade) de Vendôme semble appartenir à la maison des vicomtes de Chartres qui quittèrent la ville après que Thibaut le Tricheur s’en soit emparée (il est possible qu’il soit un parent d’Elisabeth de Melun femme de Bouchard le Vénérable, comte de Vendôme).
Nous ne connaissons pas, non plus, l’ascendance d’Etienne de Montrevault. Célestin Port [21] (rapporté par J Boussard), nous le présente comme un fils de Renaud Torench, puissant seigneur des Mauges au cours de la seconde partie du Xe siècle. Tout le pays faisait partie du patrimoine de Renaud Torench, mari de Richilde dont un fils devint évêque d’Angers et un autre, Etienne, mari d’Aldeberge, eut en partage Montrevault que sa fille Emma a apporté en dot à Raoul de Beaumont.
Il est légitime de concevoir qu’Etienne, bénéficiaire d’une grande partie des Mauges, soit le fils de Renaud, mais les historiens modernes expliquent différemment l’héritage du père d’Emeline.

D’après O Guillot suivi par T Véron [22], la région des Mauges (pays situé entre la Loire et la Sévre nantaise, à l'ouest du confluent de la Mayenne et de la Loire) a été le théâtre d’une longue lutte pour sa domination et Hubert, évêque d’Angers n’y a pas joué le meilleur rôle.

Voici les faits :

  • Renaud Torench, vicomte d’origine inconnue (les uns, comme J Boussard, y voit le descendant de la famille du comte d’Herbauges Renaud et les autres, Brunterc’h [23], Guillot, Véron, un poitevin installé par le comte d’Anjou), passe un accord avec le comte Geoffroy en vue d’obtenir l’épiscopat d’Angers pour son fils homonyme ;
  • Renaud Torench abandonne son titre de vicomte vers 994 et se retire à l’abbaye poitevine Saint-Jouin de Marnes. Il serait mort autour de 1001. Le vicomte qui lui succède Foucois n’est sans doute pas son fils comme a essayé de le démontrer T Véron. Par contre, Renaud avait au moins deux enfants : Renaud l’évêque et Hugues qui est peut-être mort avant son père. L'évêque Renaud, dans un diplôme de Robert le Pieux datant de l’an 1000 environ (Histoire de France X p. 583), dit restaurer l'abbaye de Saint-Serge pro anima sua et patris sui equivoci et matris suae Richildis et fratris sui Hugonis et Gaufredi comitis et Fulconis filii sui et pro animabus suorum succossorum episcoporum... Nous remarquons qu’il n’est nullement question d’un Etienne dans ce diplôme…
  • Des études montrent que l’héritage paternel échoit à l’évêque Renaud qui le lègue en grande partie à la Cathédrale Saint-Maurice et aux moines de Saint-Serge. Foulque Nerra intente alors un procès à l’évêque, affirmant que tous les biens dont Renaud avait hérités de son père, auraient dû lui revenir à la mort de Renaud Torench suivant l’accord entre Geoffroi Grisegonelle et le vicomte, pacte qui avait permis au prélat d’accéder à l’épiscopat  (Guillot). Suivant la justice de l’époque, l’évêque gagne son procès…
  • Le 12 juin 1005, Renaud, parti en Terre Sainte pour prier sur le tombeau du Christ, meurt à Embrun.

Fin du premier épisode. Renaud a défendu l’héritage paternel contre le comte d’Anjou mais il semble que ce ne soit que partie remise.

  • À la mort de l’évêque Renaud, Hubert, vicomte de Vendôme réclame à son tour l’aide du comte d’Anjou pour l’élection d’Hubert, son fils, à la tête de l’évêché d’Angers. Il fait abandon de la villa et de l’église de Mazé à Foulques (Cartulaire de la Trinité de Vendôme n° 44). L’intégration du pays des Mauges au comté d’Anjou est probablement une conséquence de ces tractations ;
    Vers 1000, Foulque fonde le château de Montrevault qu’il inféode à Etienne, beau-frère de l'évêque Hubert (Charte de Saint-Serge d'Angers, copiée dans la collection Dom Housseau, vol. 11), il rappelle que Foulque Nerra a, pour construire son château de Montrevault, enlevé à l’église Saint-Maurice d’Angers des domaines donnés par l’évêque Renaud et situés dans les Mauges. Les droits et attenants au château de Montevrault que la famille vicomtale a reçus par l’intermédiaire d'Etienne seraient la rémunération de la responsabilité du prélat dans l’accaparement politique de l’héritage de Renaud au profit du comte d’Anjou. Les autres biens ont été  inféodés par le prélat à différents chevaliers qui sont à l’origine de la plupart des seigneuries maugeoises (Halphen [24] p 159).

 

Les auteurs précités donnent des précisions intéressantes au sujet de la succession d'Emeline que nous avons tenté de résumer en quelques lignes.  Cette épreuve de force des comtes d'Anjou pour accaparer le pays des Mauges nous ouvre des perspectives généalogiques pour cette vicomtesse...

 

Eugène Vasseur [25] fournit un début de généalogie pour Etienne de Montevrault. Nous ne connaissons pas exactement la source de ce généalogiste. L’essentiel est résumé dans le stemma ci-contre.


Au décès d’Emeline, Raoul convole avec Cana de Saumur, fille de Gilduin de Pontleroy. Les époux sont présents à la fondation du prieuré de Vivoin par Geoffroy de Braitel et son épouse. La charte mentionne les fils de Raoul prénommés Hubert et Raoul.

 
Raoul V est qualifié de Rodulfus Vicecomes Cenomannensis dans l’acte de 1061 où Geoffroy le barbu, comte d’Anjou, donne à Marmoutier le pêcheur Jean et sa famille (Archives départementales d’Indre et Loire H 270).

 

En 1063, le chevalier Herluin de Vendôme, du consentement de sa femme, vend à Saint Martin, la terre du Mas. Tous ceux qui ont des droits sur cette terre donnent leur consentement dont Ranulfe/Raoul vicomte de Lude pour un muid d’orge et son fils Hubert pour vingt sols de deniers (Marmoutier pour le Vendômois n° 90).

 
Les enfants du premier lit de Raoul sont :
  • Raoul Payen marié à Agathe, issue de la famille des comtes de Vendôme dont Bouchard le Vénérable est la souche ; il conteste aux moniales du Ronceray les droits et terres en Contigné, qui avaient constitué la dot de ses sœurs à leur entrée au monastère. Les religieuses lui comptent dix livres pour le désintéresser (Cartulaire de Ronceray). Il obtient en partage avec son frère Hubert le Vendômois.
En 1070, Radulfus vicecomes concède la foire de Notre-Dame à l’abbaye de la Trinité de Vendôme (Cartulaire de La Trinité I n° 223 p. 356). 
En 1071, le vicomte Raoul enlève le butin aux moines auxquels il revendique le Mès de Bezay et la terre de Nourray qu’ils avaient eus d’Otbert sans son autorisation. Comme il les menace de faire pis, ils lui donnent cinquante sols et, à sa femme Agathe, un denier d’or pour avoir cette autorisation (Marmoutier pour le Vendômois n° 114).
  • Hubert époux d’Ermangarde, vicomte du Mans, seigneur de Sainte-Suzanne, célèbre par ses luttes opiniâtres contre Guillaume le Bâtard, duc de Normandie (1067-1086). Il était, dit Ordéric Vital, plein de mérite, de courage et d’audace et ses grandes qualités avaient porté loin sa renommée ;
  • Godehilde religieuse au Ronceray (Guilloreau) ;
  • Theophania religieuse au Ronceray (Guilloreau) ;
  • Halberge (?) x Guillaume II Talvas issus de la maison de Bellême .
Cana ne lui donne qu’un fils :
  • Savaric qui fait souche en Angleterre marié à Muriel de Méry, fille de Richard seigneur de Bohon.
Dans un don (sans date) effectué par le prêtre Robert, on voit figurer le vicomte Raoul, sa femme Cana et son fils Hubert avec le jeune frère de ce dernier nommé Savary.
Entre 1067 et 1080, …Savaricus filius vicecomitis Radulfi… est témoin d’une charte de donation par Johannes de Guirchia de l’église sancti Cornelli de Banniolo à Saint-Vincent du Mans (Saint Vincent n° 115). 
Savericus filius Cane… est témoin d’une donation de Robert, fils de Guillaume I, roi d’Angleterre (J.H. Round [26], n° 423, p. 142). 
Savaric est aussi témoin dans la donation de l’église Sainte Corneille par Jean de la Guerche … Savaricus, filius vicecomitis Rodulfi…
 
On trouve dans le cartulaire de Vivoin, la mention du don de l’autel de Vivoin par Vulgrin, évêque du Mans, du consentement de Raoul, vicomte de Beaumont. La charte n’est pas datée mais est rédigée entre 1055 et 1065 (Catalogue des actes des évêques du Mans [27] n° 26).
 
 
Hubert x Ermangarde de Nevers :
Dès 1061, Hubert, vicomte, assiste comme témoin à une charte confirmant tous les dons faits par son père Raoul à Marmoutier.
 

Vers 1060, le vicomte transige avec les moines de Luché et ceux de Vivoin (Cartulaire de Vivoin p 221) au sujet de donations consenties par son père. Otbian et Garin, abbé et prieur de Luché, versent 100 sous à Hubert pour qu’il se désiste de ses prétentions (Saint Aubin n° 364).

 

En 1058, alors que le comte d’Anjou occupe le Mans, Herbert, comte du Maine prête hommage à Guillaume le Conquérant. Il est alors fiancé à une de ses filles et consent au mariage de sa sœur Marguerite avec Robert Courteheuse, fils du duc. À son décès en 1062, Guillaume le Conquérant franchit la Sarthe pour prendre possession du Maine au nom de Robert. Immédiatement, le parti anti-normand et angevin, surtout représenté par Geoffroi de Mayenne, fidèle vassal du comte d'Anjou, mais aussi par le vicomte du Mans, Hubert de Sainte-Suzanne, lui opposent un prétendant de son choix, Gautier, comte de Mantes et de Pontoise, époux de Biote, sœur d’Hugues III. Appuyé par le comte d'Anjou Geoffroi le Barbu, et grâce à l'avance qu'il a sur son adversaire, Gautier se rend maitre du Mans mais la lutte est ardente et la victoire revient à Guillaume qui  ravage le Maine. Gautier et son épouse tombent entre ses mains et, emmenés prisonniers à Falaise, ne tardent pas à y mourir empoisonnés, pendant que les Manceaux et Geoffroi de Mayenne sont contraints de faire leur soumission (1063).

 

Entre 1067 et 1069, Huberti vicecomitis, Gaufridi avunculi sui… est présent à une charte de donation à Saint-Vincent du Mans par Willelmus cognomento Osoenus  (Saint-Vincent n° 23).

 
Vers 1075, Hubert, vicomte du Mans, ratifie le don des églises et des coutumes de Saint Longis, qui font partie de son fief (Saint Vincent).
 
 
Entre 1081 et 1095, Hubertus vicecomes donne capellam…Sancti Floscelli martiris…in urbe Cenomannica au monastère de Saint-Vincent du Mans, pour les âmes de uxoris Ermengardis et filiorum suorum Radulfi, Huberti atque Guillelmi en présence de uxor eius Armengardis et filii eorum Radulfus, Hubertus atque Willelmus, Goffridus suus patruus…
 
 
Hubert de Sainte-Suzanne ne désarme pas et continue à résister au duc de Normandie. Il perd Fresnay et Beaumont mais s’enferme dans Sainte-Suzanne vers 1083 et inflige des pertes lourdes à son adversaire. Il fait la paix avec le roi Guillaume après un siège de 4 ans et sort de Sainte-Suzanne comblé d’honneurs (Orderic Vital).
 
 
Vers 1090, une notice rend compte de la sentence rendue par Hubert, vicomte du Maine, et Robert le Bourguignon au profit des moines de Saint-Aubin, contre Arembourge veuve de Vivien de Luché, au sujet de vignes autrefois vendues par Jean de Luché (Saint Aubin n° 364).
 
 
Vers 1090, Hubert a des démélés avec Jean de Lude et, de concert avec Robert de Sablé, il doit asiéger ce seigneur, retranché dans le donjon de son château.
 
 
Le 17 octobre 1093, il assiste à la translation des reliques de Saint-Julien dans la cathédrale du mans (Angot).

Une confirmation du don est faite par Raoul fils d’Hubert, alors que son père est mort : post mortem patris in tempore quadragesimo…Radulfus cum matre Ermingarde et fratre Huberto Cennomannis (Saint-Vincent n° 36).

   
Les enfants d’Hubert cités sont :
  • Guillaume qui, comme ses frères, a signé une charte en 1090 de son père en faveur de Saint-Aubin d’Angers : Hucbertus…Cenomannensium vicecomes confirme la possession de la chapelle de saint-Aubin de Lude à l’abbaye de Saint-Aubin d´Angers, avec le consentement d’Hermengardis vicecomitisse, Radulfi, Herberti, Guillelmi, Dionisii (Saint-Aubin n° 823, p. 302).
  • Raoul x Ne de Laval fille de Guy qui suit ;
  • Hubert cité avec son père, sa mère et ses frères pour la confirmation de la chapelle Saint-Aubin.
  • Denis cité avec son père, sa mère et ses frères pour la confirmation de la chapelle Saint-Aubin.
  • Godehilde abbesse d’Etival dès 1109 (G Ménage [28])

Orderic Vitalis rapporte qu’Hubert est le gendre de Guillaume comte de Nevers sans toutefois donner le prénom de son épouse (Orderic Vital, Vol. IV, livre VII, p. 47). La date du mariage entre Hubert et Ermengarde est connue par la souscription de Guillaume de Nevers à la donation de l’église de Saint Martin de Bellême : S Guillelmi, comitis nevermensis, ipso die filiam suam donavit Usberto vicecomoti Cenomanorum… (Prou [29] n° 50).

 

 

Vers 1005, Ermangarde siège en cour de Lude avec son fils Guillaume et approuve une donation faite aux religieux du dit lieu par les enfants d’un bourgeois nommé Lancelin (Cart de Saint-Aubin n° 828).
 
 
Entre 1082 et 1106, Ermangarde abandonne aux moines de Saint-Aubin la dîme de son bois des Loges : Vicecomitis de Lusdo, Ermengardis nominé, donavit Deo et sancti Albini monachus decimam de Bosco de Logis… (Saint Aubin n° 370).
 
 
Le titre de vicomte du Mans disparait avec Hubert.
 
 
 
Raoul x Adhénor ( ?) de Laval :
En 1087, du vivant de son père, Raoul confirme à Saint-Martin de Seez des exemptions de coutumes (Angot).
 
Un an plus tard, il souscrit à une charte de Robert Courteheuse en faveur de l'abbaye du mont Saint-Michel (Angot n° LXXXI).
 
Le 17 octobre 1093, Raoul, vicomte, assiste à la fête de la translation des reliques de Saint Julien dans la basilique reconstruite (Angot n° LXXXV)
 
Le 24 mai 1095, après la mort du vicomte Hubert, le vicomte Raoul [son fils] confirme à l’abbé Raoul, à la prière d’Hugues de Juillé et de Guillaume de Doucelle, tous les dons faits par Guillaume de Juillé et par ses prédécesseurs à Piacé (Saint-Vincent).
 
D’abord partisan d’Elie de la Flèche dans le conflit avec les Normands, il se réconcilie, en 1098, avec Guillaume le Roux, duc de Normandie et lui remet ses places fortes, immédiatement imité par d’autres seigneurs.
 
À une date comprise entre 1082 et 1107, le vicomte Raoul restitue le canonicat de Resnay à l’abbaye Saint-Aubin d’Angers (Saint-Aubin II p 255).
 
Dans les dernières années du XIe siècle, Raoul donne au prieuré de Vivoin dont Guarin est prieur, toute la dîme des vignes de Beaumont qu’il posséde, du consentement de ses fils Roscelin et Raoul et de Guillaume son oncle (Chartes Cenom. de Gaignières n° 257).
 
Vers 1100, Raoul, vicomte du Lude, conteste au Ronceray, puis reconnait la possession de la terre de Fay, du bois de Vergal et de toutes les autres terres à Contigné, moyennant 10 livres données par l'abbesse Richilde (Cartulaire du Ronseray n° 254)
 
On doit à Raoul la fondation de l’abbaye pour religieuses d’Etival en Charnie (1109) en faveur de Saint Alleaume. L’ermite faisait partie d’un groupe de solitaires qui s’installe dans le Maine à cette époque. Nous ne savons rien de la famille et de l'origine d'Alleaume. Raoul de Beaumont ne tarde pas à devenir son ami, et pour qu’il puisse se consacrer entièrement à la vie contemplative, lui fait abandon de l’emplacement sur lequel s’élevait son ermitage, ainsi que les terres et les bois des alentours. Il y joint la dîme des revenus sur le moulin et le four seigneuriaux de Sainte Suzanne et plusieurs autres avantages. Raoul confie la direction de l’abbaye à sa sœur Godehilde.
 
En 1112, il ratifie à Beaumont, la restitution des églises de Champfleur, de Notre-Dame et de Saint-Léonard de Fresnay dont il s’était attribué les revenus temporairement au détriment des moines de Saint-Aubin d’Angers (Saint Aubin n° 338 et 765).
 
Entre 1112 et 1115, il se rend à Jérusalem et rapporte plusieurs reliquaires, un d’entre eux contenant un bout de la vraie croix que lui avait remis un chanoine du Saint-Sépulcre pour l’église Saint-Julien du Mans (Angot).
 
En 1115, il est de retour de Terre Sainte. Il donne son consentement à l’acquisition que venaient de faire les moniales d’Etival de deux moulins sur l’Ervre, au dessous de Sainte-Suzanne (Archives de la Sarthe H 1371).

 

Les enfants de Raoul et de son épouse, fille de Guy II et Denise de Mortain (le mariage a eu lieu en 1095) sont :
  • Roscelin qui suit ;
  • Raoul aussi cité en 1112 (Saint-Aubin 338) et en 1156 dans une notice relatant le don de la dîme d’un Moulin fait par Roncellin, vicomte de Beaumont à l’abbaye Saint Aubin : Roscelinus vicecomes Bellimontis…cum Radulpho fratre suo  et pro filiis suis Richardo et Guillelmo(Saint-Aubin d’Angers II, n° 832, p. 307).
  • Gervais, cité en 1112 comme ses frères (Saint-Aubin n° 338)
  • Godehilde religieuse à la charité ;
  • Tiphanie religieuse à la charité ;
  • Guillaume cité par son frère Roscellin en 1156 ( Saint-Aubin n° 832).
 
D’après Angot, le dernier acte souscrit par Raoul est daté du 20 janvier 1131. Il est en faveur du prieuré du Pont Neuf, près de Beaumont (ms 23 fol 91 à la bibliothèque du Mans).
 
 
Roscelin x Constance d'Angleterre :
Roscelin est cité en 1112 dans une restitution par son père à Saint-Aubin avec ses frères Raoul et Gervais (Saint-Aubin n° 338). Il est alors un enfant...
 
Roscelin prend les intérêts d'Henri I, roi d'Angleterre, dont il épouse une des filles naturelles nommée Constance. En retour, son beau-père le traite avec bienveillance.
 
Le 15 juillet 1145, R[oscelin], vicomte de Beaumont, est le premier témoin laïque de la fondation de l'abbaye de Perseigne (Angot n° CXXVIII d'après le cartulaire de Perseigne).
 
En 1156, Roscelin, vicomte de Beaumont et Raoul son frère avec ses fils Richard et Guillaume, donnent au prieuré du Lude un moulin sur l'étang de Rioi (Saint-Aubin II p 307).
 
Entre 1161 et 1172, Roscelin de Beaumont, vicomte du Mans et de Sainte-Suzanne, et la vicomtesse Constance donnent à Cluny l'église de Pont sur Sarthe près de Beaumont, pour fonder un prieuré (CLU [30] V p 552)
 
Entre 1145 et 1176, Roscelin, vicomte de Beaumont, donne à Perseigne toute franchise dans ses possessions (Angot n° CXXXIV d'après le cartulaire de Perseigne).
 
Avant 1178, Roscelin et Richard I de Beaumont, leurs femmes Constance et Lucie, sont cités dans une charte pour saint-André de Goffern (Angot n° CXXXVII)
 
Il épouse successivement :
  • une fille de seigneur de Crépon d'où :
    • Odeline x Richier III de Laigle frère de Lucie.
  • Constance, fille naturelle du roi d’Angleterre Henri I Beauclerc, d'où :
    • Richard qui suit ;
    • Raoul, évêque d'Angers (1177 - 1197) qu'Henri II d'Angleterre qualifie de dilectum cognatum nostrum (Ms lat 17126) ;
    • Guillaume cité en 1156 ;
    • Constance mariée à Hugues de Silly.

Roscelin est mort autour de 1176.

 

Richard x Lucie :

Entre 1181 et 1183, Richard de Beaumont signe le don d'Henri II, roi d'Angleterre, de l'écluse qu'il avait fait construire à l'hôpital d'Angers (Angot n° CXLVI d'après le cartulaire de l'aumonerie d'Angers n° V).

 
Vers 1190, Richard I fonde l'anniversaire de ses parents, Roscelin et Constance, à saint-Etienne de Caen (Angot n° CLVI d'après les archives du calvados H 1883).
 
En 1194, Richard, vicomte de Beaumont, donne aux religieuses d'Etival le dixième jour des coutumes de la ville et de la châtellenie de Fesnay et ce que possédait sa soeur Constance (Angot n° CLIX).
 
Les Beaumont restent attachés aux intérêts des Plantagenêt. D'après Odolant-Desnos [31] (non consulté), Richard se trouve en 1189, à la conférence tenue à la Ferté-Bernard, entre Henri II d'Angleterre et Philippe-Auguste. Ces princes n'ayant pu se réconcilier, le roi de France ravage le Ferté-Bernard, Montfort, Bonnétable, Beaumont le Vicomte... dont il se rend maitre. Ce même auteur suggère que Richard favorisa la révolte des enfants d'Henri II contre ce prince et qu'il fut une des cautions de la paix signée entre eux.
 
Dessin de la statue tombale de richard I tiré de l'article de Monuments funéraires et Sigillographiques des vicomtes de Beaumont au Maine 1882 Hucher (Bulletin historique et archéologique du Maine)
 
Lucie de Laigle, fille de Richer III et de Beatrix, a donné 7 enfants à son mari :
  • Raoul qui suit;
  • Guillaume évêque d'Angers de 1202 à 1240 ;
  • Geoffroy qui, sur le point de partir pour Jérusalem, fait un don à l'abbaye de Tiron en 1241;
  • Richard mort en 1202 ;
  • Ermangarde mariée à Guillaume, roi d'Ecosse (Angot n° CXLIX) ;
  • Constance femme du seigneur de Toëny d'où Constance mariée au comte de Fiff, puissant d'écosse ;
  • Pétronille femme d'Alain d'Avaugour fils d'Henri et de Mahaut de Vendôme.
Le 23 1 1203, Jean sans Terre ratifie un traité sur la répartition des amandes provenant de la population du Lude, fait entre Lucie, vicomtesse de Beaumont et Brice, sénéchal d’Anjou.
 
Lucie se remarie avant 1205 à Thibault de Mathefelon. Ce couple reste sans enfant.
 
 
Raoul x Agnès:
Raoul remplace son père en 1197. Il est du parti du duc de Bretagne, Arthur, contre Jean sans terre, mais une paix est signée avec le roi d'Angleterre avant 1201.
 
Le 6 janvier 1202, le roi Jean a recourt au concourt de Raoul de Beaumont et de Guillaume des Roches pour emprunter 500 marcs d’argent qu’il doit envoyé en cour de Rome pour faire avancer ses affaires p 172. Dubois suggère qu’en réalité, le roi Jean prête son concours au vicomte de Beaumont qui veut faire élire son frère à l’évêché d’Angers. Le roi espère, par cette opération, s’attacher les services du vicomte (Recherche sur le vie de Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou, du Maine et de Touraine Gaston Dubois BEC 1871 p 122).
 
Le 6 mars 1202, Jean sans Terre déclare que le Vicomte de Beaumont, son cher parent, a cru mal à propos que sa fidélité lui était devenue suspecte.
 
A la reprise de la guerre entre Philippe-Auguste et les Anglais, le roi de France assure la possession de Domfort et du Passais à Raoul de Beaumont qui en fait hommage au roi en 1210. Il renouvèle ses serments de fidélité en 1216 et consent même à livrer Richard, son fils ainé, à la garde du roi et de Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou. Enfin, Raoul demande à tous ceux qui gardent les forteresses de la vicomté de Beaumont de ne les rendre qu'au roi ou à son commandement (Actes de Philippe-Auguste [32] n° 1691).
 
En 1212, il renonce, en faveur des moines d'Ebron, afin qu'ils prient pour sa santé et celle de sa femme Agnès, à exiger un repas qu'on devait lui servir dans une maison dépendant d'eux (Depoin d'après Ms lat 17124 p 177).
 
Raoul se croise en 1218. Il participe au siège de Damiette et tombe aux mains des infidèles en 1219. Il rentre en France en 1223/1224.
 
En 1217, Raoul, vicomte de Beaumont et seigneur de la Flèche, donne à l'abbaye de la Mélinais ses droits sur la rivière du Loir, depuis le moulin de Polers jusqu'au port Chevalier (Angot n° CCXXVII d'après Bilard archives de la Sarthe H 57/2).
 
En 1223, Raoul, vicomte de Beaumont approuve le don de 10 livres sur les moulins de la Flèche, fait par Richard, roi d'Angleterre (Angot n° CCXL d'après Bilard archives de la Sarthe H 57/3).
 
En 1226, Raoul accompagne Louis VIII dans sa croisade contre les Albigeois. La même année, pour le salut de son épouse Agnès, sa femme, il exempte le prieuré de Vivoin des coutumes et procurations (Angot n° CCXLVII).
 
 

Raoul est unie à Agnès (certains auteurs supposent sans preuve formelle qu'elle est fille naturelle d'un roi d'Angleterre) dont :

  • Richard II qui suit ;
  • Guillaume décédé avant 1042 ; Le 12 août 1237, Guillaume de Beaumont, fils de Raoul, frère de Raoul et d'Agnès femme de Louis de Brienne, rattifie un don fait à Saint-Pierre de la Cour (Angot n° CCLXXXV d'après le cartulaire de saint-Pierre de la Cour) ;
  • Raoul décédé avant 1239, est cité comme frère de Guillaume (Angot n° CCLXXXV) ;
  • Agnès femme de Louis de Brienne. Elle hérite après son frère Richard de la vicomté de Beaumont qui passe ainsi dans la maison de Brienne.

Raoul est décédé en 1237.

 

Richard x Mahaut d'Amboise
Richard épouse Mathilde fille de Sulpice III d'Amboise avant 1218.
 
En avril 1221, Richard emprunte 1000 marcs d'argent au roi Philippe-Auguste pour le rachat de la part à sa charge de la terre d'Amboise et de Montrichard qui lui est échue du chef de sa femme, fille unique de Sulpice et d'Elisabeth de Chartres (Actes de Philippe-Auguste).
 
En 1228, Richard de Beaumont, seigneur d'Amboise et Mahaut, sa femme, s'accordent avec les religieux de Villeloin au sujet de l'étang de Montpopun (Angot n° CCLII d'après le cartulaire de Villeloin).
 
En 1235, il rattifie une donation faite par sa femme Mathilde et une autre de Guillaume d'Amboise son oncle (Pancarte blanche de St Martin).
 
En 1237, Richard de Beaumont, seigneur du Lude, donne au Ronceray la dîme de tous les moulins situés près du Lude (Angot n° CCLXXVIII).
 
En mai 1240, Richard de Beaumont, pour lui et Mathilde sa femme, pour son anniversaire à Etival, abandonne tous ses droits sur le manoir de Livet, près le bois de Salvia (Angeot n° CCXCV)
 
En 1242, Richard fait une donation à l'abbaye d'Etival pour l'anniversaire de sa femme (Mabille d'après Bilard archives de la Sarthe).
 
Richard est mort le 17 septembre 1242. Sa femme Mathilde se remarie avec Jean de Soissons. Elle est décédée en 1256.En avril 1254, Mathilde, vicomtesse de Beaumont, dame d'Amboise et de Montrichard, s'accorde avec les religieux de Saint-Julien de Tours (Angeot n° CCCIX d'après cartulaire de Saint-Julien de Tours).
 

[1] Politique et parentèle : les comtes, vicomtes et évêques du Maine Francia 1996 K Keats-Rohan.
[2] Recherche sur la chronologie des vicomtes du Maine bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques 1909 Joseph Depoin.
[3] Les vicomtes du Maine commission historique et archéologique de la Mayenne 1914 Alphonse-Victor Angot.
[4] Les seigneurs de Braitel Société historique et archéologique du Maine 1876 Menjot d’Elbenne.
[5] L’abbaye d’Etival et ses abbesses Société historique et archéologique du Maine 1902 Léon Guilloreau.
[6] Histoire du comté du Maine le Xe et le XIe siècle 1910 Robert Latouche.
[7] La noblesse du midi carolingien C Settipani.
[8] La société aristocratique dans le Haut-Maine: XIe-XIIe siècles 1999 Bruno Lemesle.
[9] Actus Pontificum Cenomannis in urbe degentium 1902 publiés par l'abbé G. Busson et l'abbé A. Ledru désormais Actus.
[10] Cartulaire de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans 1905 L Barrau Dihigo et R Poupardin.
[11] Fragments de chartes du X siècle provenant de Saint-Julien de Tours 1886 Grandmaison.
[12] Notice historique sur Evron : son abbaye et ses monuments 1907 Abbé Girault.
[13] Cartulaire de Saint-Victeur, au Mans, prieuré de l'abbaye du Mont-Saint-Michel (994-1400).
[14] Chartes mancelles de l´abbaye de Saint-Florent près de Saumur, Revue historique et archéologique du Maine Tome III.
[15] Le livre des serfs de Marmoutier publié par André Salmon suivi de chartes sur le même sujet et précédé d'un essai sur le servage en Touraine par M. Ch. L. Grandmaison
[16] Monuments funéraires et sigillographiques des vicomtes de Beaumont au Maine 1882 Hucher
[17] Revue historique et archéologique du Maine 1909 Latouche
[18] Cartulaire de Marmoutier pour le Vendômois publié sous les auspices de la Société archéologique du Vendômois par M. de Trémault.
[19] Le comte et son entourage 1972 Olivier Guillot.
[20] Les évêques en Neustrie avant la réforme grégorienne Journal des Savants 1970 J Boussard.
[21] Dictionnaire du Maine et Loire II Célestin Port.
[22] L’intégration des Mauges à l’Anjou au XI siècle Cahiers de l’institut d’anthropologie juridique n° 15 Teddy Véron.
[23] L’extension du ressort politique et religieux du Nantais au sud de la Loire Essai sur les origines de la dislocation du pagus d’Herbauges (IXe siècle – 987) Jean-Pierre Brunterc’h.
[24] Le comté d’Anjou 1906 Louis Halphen.
[25] Les aïeux de trois nobles Rouergats 2000 Eugène Vasseur.
[26] Calendar of Documents preserved in France illustrative of the history of Great Britain and Ireland Volume  I 918-1206 J. H. Round 1899.
[27] Catalogue des actes des évêques du Mans Léonce Cellier Revue historique et archéologique du Maine 1908.
[28] Histoire de Sablé 1683 G Ménage.
[29] Recueil des actes de Philippe I Maurice Prou.
[30] Cartulaire de Cluny désormais CLU.
[31] Mémoires historiques sur la ville d’Alençon et sur ses seigneurs Odolant Desnos.

 

 

Commentaires

recherche descendance Odeline épouse de Richard III de Laigle

Bonjour,
Dans votre travail, vous avez mentionné Odeline épouse de Richard III de Laigle. Ils auraient eu une fille Adeladis qui aurait épousée Alain de penthièvre vers 1203. Avez-vous des informations pour infirmer ou confirmer cette relation.
Par avance merci.
Cordialement
Xavier Carré

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