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La famille Rostain est originaire de Neffes (05). D'après Jean Grosdidier des Matons, le mariage d'Ardoin Rostain avec Isabeau de Bataille est souche de cette branche installée à Ancelle. On peut suivre sans encombre leur généalogie du XVIe au XIXe en consultant les minutes notariales et le BMS d'Ancelle.
Guillaume, fils d'Ardoin et d'Isabelle, passe diverses transactions et obligations chez Mtre Jean Leblanc, notaire d'Ancelle dont il ne reste qu'un répertoire aux archives départementales des Hautes-Alpes. Il rédige son testament en 1672 et meurt peu après. Il avait épousé Catherine Leblanc fille de Jacques, notaire d'Ancelle.
Gaspard, fils du précédent, est dit "Sieur de Bataille". Il épouse Marie Céas, d'Embrun, en 1674. Il solde plusieurs quittances devant Mtre Jean Leblanc d'Ancelle à propos des dotes de ses soeurs. Il est présent au contrat de mariage que sa cousine Marguerite Brochier passe avec Jean Brochier le 3 février 1700 (1 E 2791). Marie Céas, sa veuve, fait son testament devant Mtre Vacher (1 E 3705) en 1727 et meurt une dizaine d'années plus tard.
Joseph Rostain de Bataille, fils du précédent, est bourgeois au Château d'Ancelle. Il apparait dans les minutes notariales dès le décès de son frère Ignace en 1719 (1 E 2444).
Le 1 novembre 1723, Joseph Rostain de bataille épouse Elisabeth Vial de Saint Pierre, fille de Jacques, seigneur de Saint Pierre d'Argenson, et d'Henriette de Flotte, flirtant ainsi avec la petite noblesse des Hautes-Alpes (1 E 5164 Mtre Claude JEAN d'Aspres).
Joseph et Elisabeth mettent au monde une douzaine d'enfants dont quatre au moins seront mariés. Plusieurs garçons porteront l'uniforme et se mettront au service du roi.
En 1754, devant Mtre François Leblanc, Isabeau Vial de Saint-Pierre femme de Joseph Rostain de Bataille, bourgeois du Château, se départit d'une plainte contre sieur Benoit Espitallier f Antoine du Château pour terminer le procès entre eux au sujet des injures, attaques et calomnies proférées par ce monsieur qui l'a maltraitée avec un bâton sur les bras et sur sa personne. Benoit, repentant, regrette ses paroles blessantes prononcées sous le coup de la colère et déclare tenir Isabeau pour une femme de bien et d'honneur. Il s'est emporté et s'excuse de l'avoir bastonnée. Il lègue 10 L à la chapelle du Château pour faire amende honorable. Toutefois, le procès lui coute 70 L (1 E 2449).
Joseph est père d'une fille naturelle dénommée Marie que sa grand-mère Marie Céas n'oublie pas dans son testament. La demoiselle, fille naturelle de Joseph et de Jeanne Espitallier, est mariée à Jacques Lombard en 1734.
Joseph décède le 13 mars 1758 après avoir rédigé un testament le jour précédent (Mtre Leblanc) et son épouse meurt le 18 décembre 1792 à 82 ans.
Antoine Augustin Rostain de Bataille, fils du précédent, est né le 28 août 1735 à Ancelle. Il convole, avant 1772, avec Eléonore Ricord du Clos fille d'Augustin, capitaine d'infanterie, et Catherine de Rochon de Montceau. Il teste une première fois en 1759 puis le 11 avril 1772 (1 E 1449). Il appartient au régiment des volontaires de la légion de Flandre.
Le 15 août 1792, une assemblée se réunit à la Batie-Neuve pour décider du choix des citoyens qui doivent s'engager pour participer à la défense de la nation. Pour une raison qui nous échappe, peut-être par simple patriotisme, Antoine Augustin s'y rend. Il est apostrophé dès son entrée par un certain François Arnaudon, 36 ans, cordonnier à Ancelle, fils de Jean François et de Françoise Meynier. Rostain de Bataille est sérieusement chahuté. On lui repproche son frère inscrit sur la liste des émigrés. On le traite d'espion... Bref, les esprits s'échauffent !
La suite, nous ne la connaissons qu'à travers le compte-rendu du procès qui a suivi le décès d'Antoine Augustin, assassiné dans un coin du bois de Sappey, sur la route entre la Batie-Neuve et Ancelle.
Le 16 décembre 1792, François Arnaudon est condamné à la peine de mort par contumace pour provocations et homicide sur la personne d'Antoine Augustin de Bataille. Jean Courbon, comparse du délit, est condamné à 20 ans de fers par le tribunal criminel de la Drôme.
Le premier fructidor an V, presque trois ans après l'homicide, François Arnaudon réclame et obtient, dans la salle du prétoire d'Embrun, l'application de la loi d'amnistie du 4 brumaire an IV pour des faits uniquement relatifs à la révolution. Courbon bénéficie du même article de loi...
Notons que le grand-père maternel de François Arnaudon, Jean Meynier est, lui aussi, décédé de mort violente. Il a reçu un coup de fusil mortel devant sa maison, plus de quarante ans avant les faits présentés ici.
Louis Magloire Rostain, fils du précédent, épouse successivement Marguerite Pellissier puis Marie Anne Espitallier. De ses deux mariages, Louis Magloire enfante plusieurs filles. Ainsi se termine cette branche de la famille Rostain de Bataille...
lu
Bibliographie :
Armorial Haut-Alpin 2003 Jean Grosdidier des Matons
Série AA Le père Guillaume Archives départementales des Hautes-Alpes
Les minutes notariales et le BMS d'Ancelle Archives départementales des Hautes-Alpes