Les échos du site

Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

Dernières minutes

Actes à gogo

 

 
25 BMS
220 minutes notariales

Navigation

L’histoire des comtes héréditaires de Nevers commence au cours de la seconde partie de Xe siècle avec Landry (repéré par la postérité sous le nom de Landry IV), beau-fils du comte de Bourgogne Otte-Guillaume. Ses descendants en ligne masculine conservent cet honneur pendant plus de deux siècles. Guy, dernier comte de Nevers de cette dynastie, est père d’Agnès mariée à Pierre de Courtenay, élu empereur de Constantinople à l’extrême fin de sa vie. Pierre perd le comté de Nevers au profit de son gendre, l’intrépide Hervé de Donzy, marié à sa fille unique Mahaut.

 

Blason comte de Nevers

 

La généalogie des comtes de Nevers est parfaitement établie. Par contre, les historiens ont rarement cherché à déterminer les ancêtres de ce lignage alors même qu’une "Origine et Brève Histoire des Comtes de Nevers" [1] écrite au XIIe siècle fournit quelques éléments de généalogie.

 

Les Nevers ont été généreux pour les monastères qui ont été construits sur leurs terres (parfois à leur initiative) mais plusieurs documents montrent qu’il s'est élevé des conflits récurrents entre eux et les dignitaires ecclésiastiques et plus particulièrement les abbés du Vézelay. Ils ont aussi payé un lourd tribu aux croisades (le comte Guillaume IV et son oncle Renaud ne sont pas revenus de Terre Sainte).

 

Les chroniques rapportent les nombreuses rivalités entre les comtes de Nevers et leurs homologues de Champagne et de Bourgogne ainsi que celles avec leurs voisins plus immédiats tels que les seigneurs de Donzy et de Toucy.

 

Nous avons consulté de nombreux ouvrages et articles et nous recommandons :

  • Les origines des comtes de Nevers [2] ;
  • Les origines des premiers comtes hérédidaires de Nevers [3] ;
  • la chanson de Landry [4] ;
  • L’aristocratie laïque au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe - XIe siècle) [5] ;

afin de se forger une opinion sur l'origine de cette famille et

  • Le Nivernais et les comtes de Nevers [6] ;
  • Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse [7] ;

pour découvrir les faits et gestes des descendants de Landry IV.

 

Enfin, pour approfondir cette étude, nous pouvons nous appuyer sur les innombrables chartes stockées dans les cartulaires des abbayes du Nivernais et de l’Auxerrois et, plus généralement, dans ceux de Bourgogne.

 

Les ancêtres des comtes de Nevers :
"L'Origine et la Brève Histoire des Comtes de Nevers" a été écrite au cours du XIIe siècle au Vézelay par un auteur anonyme. Ce récit plus ou moins légendaire (c'est bien là le problème !) fournit, entre autres, trois informations capitales sur les ancêtres de Landry IV, premier comte de Nevers de cette maison :

  • Son père, seigneur de Monceaux, se nomme Bodon ;
  • Son grand père paternel, prénommé lui aussi Landry (II) est le neveu (nepos) de l’évêque d’Autun Hildegaire et son épouse appartient à la famille d'Anjou ;
  • Hildelgaire/Hildelgar/Augier est d'ascendance poitevine. Nous savons par ailleurs qu'Hildegaire a été chapelain du roi Charles le Chauve et évêque d’Autun entre 873 et 895. Il se rallie à Boson, roi de Mantaille (il est présent à son élection en 879), avant de revenir auprès des Carolingiens puis il est chancelier du roi Eudes entre 892 et 893. Selon Léon Mirot, il a eu une grande influence sur la politique de son temps.

Dès le début du vingtième siècle (1903), Ferdinand Lot met en doute l’origine poitevine de l’évêque d’Autun Hidegaire et lui préfère une origine mâconnaise (En 950, Bodon donne à Cluny des terres en Mâconnais). D’ailleurs, d’après cet historien, Landry est d’origine assez médiocre.

 

Un peu plus tard (1945), Léon Mirot revient sur l’origine poitevine des Nevers en s’étonnant de l’analyse de son ainé….

 

Enfin, pour Claude Hohl [8], le seul élément à prendre en compte de la "Brève Histoire..." est le prénom du père de Landry (1982).

 

Sur le tableau ci-contre (E de Saint Phalle [9]), est présentée la généalogie de Landry IV selon la tradition. Remarquons la longévité exceptionnelle des générations !

 

Origine des comtes de Nevers :
En 2000, Christian Settipani reprend cette généalogie en tenant compte, cette fois, des indications fournies par la "Brève Histoire..." et, entre autres, l’origine poitevine de l’évêque Hildegaire. En partant de ce principe, l’auteur met en exergue quelques points essentiels :

  • Deux personnages du nom de Landry sont titulaires d'un comté au IXe siècle : Landry, comte en Velay avant 833 et Landry, comte de Saintes, qui meurt au combat face à son cousin Emenon de Poitiers en 866, probablement le même que celui marié à Hildesinde, fidèle de Charles le Chauve qui lui donne des biens en Maconnais en 842.
  • Dans une litanie du Liber Memorialis de Reichenau énumérant des parents proches du comte de Poitiers Ramnulf I sont repérés les noms de Landry et d’Hildegaire.
  • Plusieurs Landry et Hidegaire apparaissent dans les chartes des cartulaires du Quercy et du Limousin.

 

Par ses recherches et les liens qu’il effectue entres ces individus, l'auteur efface une ambigüité. Landry et son oncle Hildegaire possèdent bien des attaches dans le pays poitevin et, plus largement, dans le Quercy et le Limousin. Reste maintenant à reconstituer une famille autour de ces personnages.

 

Généalogie des comtes du Quercy :

La généalogie des comtes du Quercy a été reconstruite par divers historiens (J Martingale [10], F Aubel [11], S Fray…) qui parviennent tous aux mêmes conclusions. Ces auteurs ont surtout utilisé les chartes de l’abbaye de Beaulieu [12] dont les Quercy sont les bienfaiteurs. En voici quelques extraits :

  • En 823 : apparition de Raoul et Aïga et deux de leurs enfants : Immena et Raoul (Beaulieu n° CLXXXV) ;
  • Il est fait mention, dans une charte sans date, des enfants de Raoul, comte de Cahors, et Aïga : Raoul, clerc, Geoffroy, Robert, Landri et Immenon (Beaulieu n° CXCIII) ;
  • En 860, charte dans laquelle les signataires sont : Aïga, Rodulfus épiscopus, Godofredus, Landricus, Immo, Raimondo comite, puis Aïga, Godofredus et Rodulfus. Christian Settipani interprète ces trois derniers noms comme ceux de la fille de Landry et des fils de son frère le comte Geoffroy (Beaulieu n° I) ;
  • En 880, Adalgar et son épouse Aïga font une donation (Beaulieu n° XLV) ;
  • En 882, Radulf/Raoul fils d’Adalgar et de Aïga fait donation avec sa femme Bertildis pour le repos de ses parents et de ses frères Landeric et Eldegar (Beaulieu n° LVII) ;

 

Deux générations apparaissent clairement par l'analyse de ces chartes. Raoul, comte du Quercy avant 842, et son épouse Aïga ont six enfants dont Geoffroy qui succède à son père, Raoul archevêque de Bourges et Landry. A la génération suivante, Hildegaire et son épouse Aïga ont au moins trois enfants dont un Raoul et un Landry.

 

Ajoutons qu'il y a de fortes présomptions pour qu'Aïga, femme de Raoul, appartienne à la famille du comte Wicfred de Bourges. Par ce biais, les Nevers auraient pour ancêtres les Pépinides.

 

Les comtes de Limoges utilisent aussi le prénom Hildegaire et il faut croire à une parenté entre eux et les comtes du Quercy mais C. Settipani et S. Fray ont des avis divergeant quand à la façon de l'envisager.

 

Identification des différents Landry :
Sans qu'aucune preuve irréfutable ne soit apportée, la proposition de C. Settipani semble solide par l'association des prénoms Landry et Hildegaire aussi bien dans le Quercy que dans le Maconnais. Il faut donc relier les Landry du Quercy à ceux du Nivernais.

 

Chronologiquement, Landry fils d'Hildegaire et d'Aïga est le héros de Metz-le-Comte. Dans cette hypothèse, on peut soulever un petit souci qui n’est pas rédhibitoire. En effet, si Landry nait vers 870, il est seulement âgé d'une vingtaine d'années lorsqu’il délivre Metz-le-Comte de la bande de brigands qui détrousse les voyageurs passant à proximité alors que son petit-fils se marie en secondes noces avec Mahaut fille d’Otte-Guillaume vers 990.

 

Toujours suivant C. Settipani, Landry fils d’Aïga et père d’autre Aïga s'identifie probablement au comte de Saintes, mari d’Hildesinde, mort en 866. Il est surtout celui à qui le roi Charles le Chauve donne des biens en région mâconnaise en 842 que sa femme et lui abandonnent à l'évêque de Macon entre 864 et 873.

 

Il est difficile de placer sur cet échiquier  l’évêque d’Autun, Hildegaire, oncle de Landry II. Il pourrait s'agir d'un grand-oncle paternel de Landry.

 

Landry, comte du Velay avant 833, appartient à la génération de Raoul, comte du Quercy, peut-être un frère d'Aïga et probablement le témoin de la charte de Beaulieu en 823 (Beaulieu n° CLXXXV).

 

Landry II x Ne d'Anjou :

Le mystère entourant Landry II (né vers 870) n'est que partiellement levé. Il devient le héros de Metz-le-Comte en aidant son oncle Hildegaire à débarasser la région d'une poignée de brigands. Il a alors une vingtaine d'années.

 

Carte du domaine primitif de la famille de Landry en Nivernais (Mirot)

 

En novembre 922, un Landry, époux d’Ilda, fait donation à l’abbaye de Saint-Etienne de Limoges. Hildegaire, vicomte de Limoges souscrit (Saint-Etienne [13] n° XXXIV) ; Les deux prénoms Landry et Hildegaire sont encore associés dans cette charte mais nous n'avons aucune certitude que ce Landry soit celui qui a délivré Metz-le-Comte.

 

En 923, Landry, frère de Raoul, donne des terres à l’abbaye de la Grasse (La Grasse [14] n° 49).

 

Entre 910 et 927, donation à Cluny de biens en Autunois par Landry et son épouse Ada (CLU [15] n° 134).

 

Dans une charte de Cluny datée de 950, une certaine Adalgarde, fille de Landry et d'Emma, fait donation à l'abbaye. Son mari Milon et ses trois fils sont cités dans l'acte (CLU n° 794). Pour le site FMG [16], Adalgarde est la fille de Landry II et Milon est comte de Tonnerre. Après Ilda et Ada (peut-être la même) apparait Emma comme (seconde) femme de Landry. Il est difficile de se prononcer.

 

D'après la "Brève Histoire...", l'épouse de Landry (née vers 880) appartient à la sippe angevinne. Christian Settipani suppose qu'elle descend d'une branche cadette de cette famille et note que le prénom Renaud y est usuel.

 

Les enfants de Landry  sont :

  • Landry III (Mirot) ;
  • Bodon (Mirot) qui suit ;
  • Adalgarde x Milon de Tonnerre (FMG).
     

Bodon :

Bodon/Bodo/Bouin est né vers 910 et mort après 950. Son prénom est donné par la "Brève Histoire...". Nous ne savons pratiquement rien sur ce seigneur de Monceaux.

 

Dubouchet [17] dit de lui qu'il fit batir le château de Monceaux dans un fond que lui donna Bodo des Monts, quelques temps après lui avoir imposé son nom de baptême. Il serait intéressant de connaitre la provenance de ce prénom que nous ne retrouvons pas dans sa famille paternelle.

 

En novembre 950, Bodon, parent et héritier de Renaud, fait don à l’abbaye de Cluny de manses en mâconnais (CLU n° 783 ci-contre).

 

Les enfants connus de Bodon sont :

  • un fils qui devient moine en 950 (CLU n° 783) ;
  • Landry IV qui suit.

 

Les comtes de Nevers :

Landry IV devient comte de Nevers par alliance avec la fille du comte de Bourgogne Otte-Guillaume. Son fils Renaud marié à la fille de Robert II, roi de France, ajoute à son domaine déjà conséquent le comté d'Auxerre. Enfin, son petit-fils, Guillaume le magnifique, par son union avec la fille unique du comte de Tonnerre, agrandit encore le territoire familial.

 

Les comtes de Nevers de cette maison se succèdent ainsi pendant près de 200 ans. De Landry IV à Guillaume V, les Nevers ont été très actifs en participant aux guerres capétiennes, aux croisades et en défendant leurs intérêts face à leurs voisins et aux prélats régionnaux.

 

Landry IV x Mahaut de Bourgogne :
Le premier comte héréditaire de Nevers appartient à l'histoire mais aussi à la légende car il doit sa réputation de fier guerrier, d'intriguant et d'homme d'aventure, à la "chanson de Landry" dont il est le personnage principal et qui se diffusait encore 200 ans après sa mort. Il figure aussi dans l'épopée de Gérard du Roussillon et dans celle des Aymeri de Narbonne.

 

Landry est né vers 950. Il apparait d'abord comme un fidèle du duc de Bourgogne Henri II (Mirot). C’est en épousant en secondes noces la fille d’Otte-Guillaume (fils de l'épouse d'Henri II) qu’il devient comte de Nevers et qu’il établit la puissance de sa branche.

 

En avril 986, Landry, gloriosus miles, Otte-Guillaume et sa mère Gerberge souscrivent à un acte de l’évêque de Nevers Roclen (GC XIII [18] col 320-321).

 

C’est entre 986 et 990, à son mariage avec Mahaut, que Landry reçoit de son beau-père Otte-Guillaume, le comté de Nevers.

 

En 990, Landry défend le pays nivernais contre Archambaud de Bourbon (RHGF [19] X p 317). Nous ne connaissons de cette guerre entre Loire et Allier que sa date donnée par la chronique de Vézelay.

 

En mars 992, Landry souscrit à la charte de Gautier, évêque d'Autun, qui restaure la règle monastique à l'abbaye de Flavigny : Landricus comes Nevernensis (Flavigny [20] n° 28).

 

En 993, Landry est auprès Hugues Capet et dénonce un complot tramé par l’évêque de Laon, Adalbéron, et le comte de Blois, Eudes, qui projettent de livrer le royaume de France à l’Empereur Otton III. Le roi lui confie alors la fonction de sénéchal. Adalbéron se venge en composant un poême satirique : le "Rithmus satiricus" où il raille son adversaire (Lot p 6).

 

Vers 997, Landry pourrait être celui qui a rapproché le roi Robert II de Berthe de Bourgogne (Lot). Berthe est la fille de Conrad le Pacifique, roi de Transjurane, et de Mathilde de France, et la veuve d'Eudes, comte de Champagne. Landry pensait en tirer avantage...

 

En 1001, Landry donne les prieurés de Saint-Sauveur-en-Puisaye et celui de Saint-Pierre de Decize à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. C'est encore lui qui accorde à la même abbaye le privilége d'exemption des droits de garde pour le prieuré de Mazilles situé dans le Nivernais (Lebeuf III p 57).

 

Le 28 juillet 1002, le comte Landry donne des biens à l'abbaye de Flavigny. L'acte est signé par ses fils Bodon et Landry (CLU n° 2678).

 

En 1002, à la mort du duc de Bourgogne Henri II, s'ouvre une guerre de succession ayant pour enjeu la Bourgogne. Le roi de France Robert II et Otte-Guillaume, fils adoptif d'Henri, se déchirent. L’attitude de Landry envers la royauté et Robert II se modifie sensiblement et on le retrouve défendant Auxerre auprès de son beau-père.

 

Landry n’a pas été comte d’Auxerre mais, par contre, il a pu s’implanter en divers lieux de ce comté à la faveur du duc Henri (avant 1002) ou à l’issue de la guerre de 1003-1005 où le comté d’Auxerre revient à Robert II. Renaud fils de Landry n'en est investi qu’après son mariage et n’apparait en tant que comte d’Auxerre qu’en 1032 (Y. Sassier [21]).

 

En 1019, Landry signe à Autun l’acte d’union du prieuré de Couches à l’abbaye de Flavigny (Lespinasse p 216 et Duchesne [22] p 62).

 

L'historien de la vie de Saint Bercaire raconte, à propos du concile d’Héry en 1022/1023, comment Landry, comte de Nevers, qui a eu des difficultés avec les moines de Montierender, tente de s'emparer des reliques de ce saint, en attaquant l'escorte qui les accompagnait sur les bords de l'Armançon et se dirigeait sur Saint-Florentin.

 

En 1027, Landry, attiré par les richesses de l'abbaye de Vézelay visitée par de nombreux pèlerins généreux, entre en conflit avec l’abbé qui proclame son indépendance en s’appuyant sur des privilèges pontificaux très anciens. Landry chasse l’abbé Herman de son monastère. Il s'agit des prémisses d'un long différend qui opposera les comtes de Nevers et les abbés de Vézelay pendant plus d'un siècle.

 

La comtesse Mahaut est probablement née vers 975. Fille d'Otte-Guillaume et d'Ermentrude de Roucy, ses ancêtres immédiats sont bien identifiés comme le montre le tableau ci-dessous.

 

Les enfants de Landry et Mahaut sont :

  • Bodon (CLU n° 2678) marié avec Alix d’Anjou fille de Foulque Nerra, comte d'Anjou ; Il est comte de Vendôme ;
  • Renaud qui suit ;
  • Landry (CLU n° 2678) ; Il est seigneur de Monceaux ;
  • Guy (CLU n° 2811) décédé après 1029 (Lespinasse) ;
  • Robert (CLU n° 2811) qui donne l'église Sainte-Cécile de Châtillon à Saint-Germain d'Auxerre (Lespinasse).

 

Mahaut est inscrite dans les obits de Saint-Etienne d'Auxerre en date du 5 decembre 1005.

 

Landry meurt le 11 mai 1028 au château de Gourdon comme l'indique le nécrologe de la Cathédrale d'Auxerre (Mirot). La "Brève Histoire..." raconte que Landry a été tué par le duc de Bourgogne.

 

Renaud (°990) x Advise de France
Probablement né vers 990, Renaud est presque âgé de 40 ans au décès de son père qui l’associe à son pouvoir de son vivant. Selon Yves Sassier, c’est à lui et non à son père que revient l’honneur d’ajouter le comté d’Auxerre au patrimoine familial.

 

Renaud parait au siège d’Avallon, dans la deuxième expédition militaire du roi Robert en Bourgogne. Il y signe une charte le 5 septembre 1005 : S Comiti Renaldi (Pérard [23] p 171).

 

Dès l'an 1015, et du vivant de son père, ce jeune seigneur se trouve présent en qualité de comte de Nevers à la souscription d'un titre dans lequel le roi Robert II confirme les biens de l'abbaye de Saint-Benigne de Dijon à la prière de la reine Constance (E Petit [24] p 95).

 

En décembre 1029, le comte Renaud signe l'accord entre l'évêque Hugues II et les chanoines pour la construction du côté sud de la cathédrale de Nevers (Saint-Cyr [25] n° 59).

 

En 1030, Renaud comparait dans une charte en faveur de Saint-Hypolyte de Beaune avec la famille royale, les évêques et les seigneurs bourguignons pour nommer l’évêque de Langres (Pérard p 179).

 

Un prieuré bénédictin, sous le vocable de Saint-Pierre, existait à Decize dès les premières années du XIe siècle. En 1032, Renaud confirme la donation du prieuré à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre faite par son père Landry (Lebeuf III p 59).

 

Nous rencontrons Renaud à Autun en 1033, au milieu d'une grande assemblée de seigneurs et d'évêques, réunis pour assister Hézelin, ancien archidiacre de cette ville, nommé évêque de Paris et, la même année, à Dijon où il signe
une charte pour Saint-Bénigne, avec un grand nombre de seigneurs bourguignons (Anfray [26] p 17).

 

En juillet 1036, Renaud est à Tonnerre où il assiste, avec son fils Guillaume, à une donation en faveur de l'abbaye Saint-Michel par Renaud, comte de Tonnerre (Anfray).

 

En 1038, Renaud, comte de Nevers, donne à l'abbaye de Cluny, pour le repos de l'âme de son père Landry, de sa mère Mathilde, de sa femme Advise, de ses fils et de ses fidèles, les domaines de Beaumont et de Gerannis dans le Nivernais, avec toutes leurs dépendances. Son fils Guillaume et de deux de ses frères, Gui et Robert sont cités (CLU n° 2811 et E Petit preuves n° 26).

 

En 1038, Renaud rend le monastère de Saint-Sauveur en Puisaye à l'église Saint-Germain d'Auxerre (Y Sassier).

 

Advise est la fille d’Hugues Capet pour la "Brève Histoire..." mais celle de Robert le Pieux pour Raoul Glaber. Cette dernière hypothèse semble confirmée par la gesta des évêques d’Auxerre qui fait de Guillaume, fils de Renaud et d'Advise, le neveu du roi Henri. D’après Yves Sassier, Advise est née entre 1004 et 1006 et est l’ainée du couple royal.

 

Renaud et Adélaïde se sont mariés vers 1016 (Lespinasse p 220). Ernest Petit (p 90) justifie ce mariage par  les arrangements qui résultent de la guerre de succession qui a eu lieu après le décès de Henri de Bourgogne en 1002 et celle de Brunon de Roucy, évêque de Langres en 1015.

 

Les enfants de Renaud et d'Advise sont :

  • Guillaume I qui suit ;
  • Aelis x Geoffroy de Semur d'après la généalogie des seigneurs de Semur en Brionnais inclus dans le cartulaire de Marcilly sur Loire [27] ;
  • Robert le Bourguignon x Avoise de Sablé, descendante des vicomtes du Maine ; ils fondent la deuxième maison de Craon. Robert est mort en Terre Sainte en 1098 ; Entre 1056 et 1060, Rotbertus Burgundus et Heinricus et Wido tres fratres sont témoins d'une notice rélatant l'acquisition d'une terre par l'abbaye de Saint-Aubin d'angers (Saint-Aubin [28] II n° DCLXXVII) ;
  • Henry, religieux, mort en 1067 (Saint-Aubin II n° DCLXXVII) ;
  • Guy (CLU n° 2811 et Saint-Aubin II n° DCLXXVII) qui est mort après 1056.

 

Sur la fin de ses jours, Renaud soutient une guerre contre Robert, duc de Bourgogne, frère de sa femme, au sujet du comté d'Auxerre. Robert et son beau-frère Renaud s'affrontent à Sainte-Vertu dans le Tonnerrois. Le comte de Nevers meurt au combat le 29 mai 1040.

 

L'abbé Lebeuf raconte qu'à la suite du meurtre de Renaud, son épouse fonde l'abbaye de Crisenon. En fait, en 1040, Advise ne dresse qu'une chapelle modeste au lieu de Crisenon et ce sont les frères Ithier, Hugues et Narjot de Toucy qui sont les véritables fondateur de cette abbaye [29].

 

Advise vivait encore en 1063 (Lespinasse p 227).

 

Guillaume I :
Guillaume I est né vers 1020. Il s’est montré d’un naturel assez batailleur et semble avoir passé la plus grande partie de son règne à guerroyer contre ses voisins, que ce soit le duc de Bourgogne ou celui de Champagne (Fromageot [30] p 21). Guillaume montre aussi un grand empressement à relever de nombreuses abbayes en ruine et à faire restituer les biens dont elles ont été dépouillées (Anfray p 17). Enfin, Guillaume et ses descendants assistent aux expéditions militaires, prêtent leurs concours aux solemnités capétiennes et souscrivent aux diplômes royaux (Lespinasse p 129).

 

Guillaume assiste en 1036 à la donation du village de Pimelles à l'abbaye Saint-Michel.

 

En 1048, Guillaume accompagne le roi Henri au concile de Sens. Son sceau est apposé sur une charte de donation du comte de Champagne à l'église Saint-Ayoul de Provins (E Petit p 155).

 

En 1057, Guillaume revendique ses droits sur l'Auxerrois et la guerre de succession qui s'était soldée par le décès de son père Renaud une quinzaine d'années plus tôt se rallume. Robert de Bourgogne assiège Saint-Bris et y met le feu. En 1058, avec l'aide du comte de Champagne, le duc Robert met le siège sous Auxerre mais, malheureusement, son fils Hugues y trouve la mort. L'année suivante, son allié Thibaud de Champagne ravage Toucy par le feu mais il semble que, dès cette époque, Robert cesse de revendiquer des droits sur l'Auxerrois.

 

En 1058, à  Auxerre, Guillaume abandonne toutes ses prétentions sur le monastère de la Charité-sur-Loire, et s'en réserve seulement la garde et la protection (Lebeuf III p 63).

 

Le 5 mars 1063, Hugues, évêque de Nevers, restaure l'abbaye Saint-Étienne de Nevers. Le comte Guillaume donne différents biens à ce monastère (CLU n° 3388).

 

A Vézelay, vers 1064, le jour de la fête de la Sainte-Madeleine, Eudes duc de Bourgogne et son frère Robert, Guillaume comte de Nevers et son fils Robert évêque d'Auxerre, assistent avec Philippe, roi de France, à la donation faite par Guibert de Châtel-Censoir aux religieux de Molême, de la terre et du manoir de Nitry (E Petit preuves n° 64).

 

En 1068, l'évêque Malguini et le comte Guillaume donnent à l'abbaye de Cluny l'église Saint-Étienne de Nevers avec toutes ses dépendances. La charte est signée par Renaud et Guillaume fils du comte Guillaume (CLU n° 3417).

 

Le 1 mai 1083, l'évêque de Nevers Hugues III et le chapitre de Saint-Cyr donnent une terre à l'église Saint-Etienne. Le comte Guillaume donne en retour au chapitre ce qu'il posséde à Parigny, en terres et en hommes. Il signe l'acte avec ses fils Renaud, Guillaume et Robert, évêque d'Auxerre (Saint-Cyr n° 79).

 

A une date indéterminée, Guillaume I, comte de Nevers, confirme à l'abbaye de Molême tout ce qu'elle posséde à Saint-Moré et, après sa mort, Guillaume II, son petit-fils, ratifie ce même don vers 1110 (CY [31] I n° CXVI).

 

Le 14 novembre 1099, avec l'approbation de Guillaume, comte de Nevers, et l'accord du duc de Bourgogne Eudes, de qui Etienne tient l'abbaye en bénéfice, le comte Etienne de Champagne et sa femme Adèle soumettent l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre à Cluny (CLU n° 3717).

 

Guillaume est marié à Ermengarde de Tonnerre, fille et héritière de Renaud II et d’Helvise de Troyes. Cinq enfants sont nés de cette union :

  • Renaud qui suit ;
  • Guillaume mort après 1089. Il devient seigneur de Mailly en Auxerrois (Lebeuf III p 66). Entre 1089 et 1096, Guillaume, comte de Tonnerre fait une donation à l'abbaye de Molême à la prière de son père et de sa mère, comte et comtesse de Nevers et de son frère Renaud (Molême [32] II n° 28) ; Sa fille Lucie épouse Archambaud Vaire-Vache de Bourbon ;
  • Ermengarde femme d'Hubert vicomte du Mans (Lebeuf III p 66) ;
  • Helvise épouse de Guillaume Crespin, comte d’Evreux (Lebeuf III p 66) ;
  • Robert, évêque d’Auxerre dès 1076 et comte de Nevers (La Charité [33] n° XXIII).

 

Guillaume est mort le 20 juin 1100 d’après le nécrologue de la cathédrale d’Auxerre.

 

Renaud II (° vers 1050) :

Renaud est né vers 1050 mais il est mort avant son père en 1089. Il n'a donc jamais été à la tête du comté et les livres d'histoire rapportent bien peu sur lui. Renaud apparait dans plusieurs chartes de son père Guillaume (1068, 1083).

 

Selon la "Brève Histoire..." Renaud s’est marié en premières noces avec Ide, fille d'Artaud II, comte du Forez, et de son épouse Raimonde d’où

  • Elisabeth/Ermessende, dame de Tanlay, mariée avant 1085 à Miles de Courtenay fils de Josselin et d'Elisabeth de Montlhéry ;

Après divorce (?), Renaud s’est remarié avec Agnès de Beaugency fille de Lancelin II d’où :

  • Un fils ou une fille dont le fils Hugues est le neveu de Guillaume II (CY I n° CCCXXXVIII) ;
  • Robert (FMG) ;
  • Guillaume qui suit.

 

Selon le nécrologue de la cathédrale d'Auxerre, Renaud est mort le 5 août 1089.

 

Guillaume II (°1075) x Adélaïde :
Guillaume II est né vers 1075. C'est un tout jeune homme lorsqu'il est propulsé à la tête du comté par la mort de son grand-père. Il était tenu en haute estime par Suger qui le qualifie dans ses écrits d'egregius comes, le terme désignant aussi bien l’homme pieux que le soldat soutien de la couronne (Fromageot p 31).

 

Guillaume II, comme ses prédessesseurs, a eu de graves démêlés avec le monastère du Vézelay. Les agressions continuelles du comte ont pour motifs le droit de juridiction et les redevances qu'il prétend avoir sur l'abbaye et les bourgeois de Vézelay (Léon Bastard d'Estang [34]) ; Il se rend au Vézelay en 1106 pour sauvegarder ses prérogatives et s'opposer à l'élection, comme abbé, de Renaud de Semur. En 1119, ses vassaux se livrent à des actes de violence contre le couvent où il est convoqué pour faire amende honorable.  Enfin, il intervient en 1137 pour mettre un terme au conflit entre les bourgeois de la ville et l'abbé où il fait partie, avec plusieurs seigneurs de sa suite, d'un conseil d'arbitrage (Anfray).

 

En 1096, le comte Guillaume, du consentement de sa femme la comtesse Adélaïde, fait remise à l'église Notre-Dame et Saint-Etienne, à Humbaud, évêque d'Auxerre et aux chanoines de cette église, d'une mauvaise coutume que ses prédécesseurs exerçaient sur la maison et le mobilier de l'évêque, après sa mort. Ils s'emparaient de tout ce qui s'y trouvait comme étant leur chose propre (CY I n° CII).

 

Entre 1098 et 1101, Guillaume, comte de Nevers et de Tonnerre, au mépris d'une excommunication certaine, ne craint pas de se saisir de Molême et de dévaster le village par le feu.

 

En l'an 1100, Guillaume lI, donnant l'église Saint-Aignan de Tonnerre à l'abbaye Saint-Michel, nous instruit de son projet de se rendre Terre Sainte (CY I n° CVI).

 

Le 17 juin (1101), le comte Guillaume  ayant emmené en guerre des hommes de l'évêque, avoue son abus et se déclare prêt à satisfaire l'évêque de Nevers Hervé (Saint-Cyr n° 96).

 

Guillaume prend la Croix avec 15 000 hommes en février 1101. Si une première bataille avec les Turcs demeure indécise celle d'août se solde par un désastre pour son armée. Il parvient toutefois, avec quelques rescapés, à rejoindre le port d'Antioche pour prendre le chemin du retour (Fromageot).

 

Un anniversaire est accordé par l’abbaye de Molême au comte de Nevers Guillaume II pour son père Renaud II, comte de Nevers et d'Auxerre, pour son grand-père et ses oncles (Molême II C).
 

En 1103, le pape Pascal II enjoint Guillaume II, arrière-petit-fils de Landry, de mettre un terme aux vexations qu'il impose au monastère du Vézelay, et charge par une autre lettre l'archevêque de Sens, les évêques de Nevers, d'Autun, de Langres et d'Auxerre, de faire respecter les droits de l'abbaye (Léon Bastard d'Estang).

 

En 1108, le comte Guillaume, étant venu à Molême afin de trouver un accord avec le duc de Bourgogne, est reçu honorablement par les moines. Après la conférence, il reconnait leurs bons procédés et leur fait abandon du droit qu'il exerçait sur leurs vignes de Tronchay. Il leur accorde aussi le droit de pâturage dans ses seigneuries de Caunacum et de Lannia pour eux et pour leurs hommes (CY I n° CXIV).

 

Sceau de Guillaume II (Lebeuf III)

 

Vers 1110, à la mort de l'évêque de Nevers Hervé, et en présence de son successeur Hugues IV, le comte Guillaume renonce à la mauvaise coutume de s'emparer des biens diocésiens et d'un jouir pendant la vacance du siège. Il déclare engager dans cette voie ses successeurs (Saint-Cyr n° 108).

 

Le 14 avril 1112, le comte renouvelle le don de l'église de Saint-Aignan de Tonnerre, avec les chapelles en dépendant, fait à l’abbaye de Molême par ses auteurs. Cette libéralité est accordée pour le repos de son âme et des âmes de son père, Renaud, de sa mère Agnès, et de ses oncles le comte Guillaume et l’évêque Robert (CY I n° CXX).

 

Vers 1112, donation faite par Guillaume II, comte de Nevers, à l'église d'Autun de tout ce qu'il possède dans l'étendue de la seigneurie de Marigny (Autun [35] n° VI).

 

Entre 1112 et 1114, Hugues le Manceau, peut-être coseigneur de Cosne, retient injustement l'église d'Oisy avec ses droits et ses dîmes et décide de construire un château à Annay sur les terres de l'abbaye Saint-Germain. Hugues et Guillaume se disputent alors une terre relevant de Thibaud de Blois. Guillaume demande de l'aide au roi de France et assiège Cosne, ville où Hugues s'est retranché. Les comtes de Blois et d'Anjou viennent porter secours à Hugues. Le roi, apprenant l'arrivée conjointe de Thibaud et de Geoffroy, lève le siège. L'armée nivernaise est taillée en pièce et Guillaume est fait prisonnier à Annay et livré au comte de Blois qui le garde dans ses geoles plusieurs années (Lebeuf III p 75).

 

En 1121, traité de Guillaume, comte d'Auxerre, avec Gervais, abbé de Saint-Germain, sur leurs droits réciproques dans le bourg et château de Saint-Germain (Lebeuf preuves n° 21).

 

En 1123, Guillaume II, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, tient un plaid à Lézinnes, pour juger d'une contestation élevée entre Atton, prieur de Molême, et Hugues le Gros, de Mailly, et ses cousins, au sujet de la terre de Lucy (CY I n° CXXXVI).

 

En 1134, le comte Guillaume, petit-fils par sa mère de Lancelin de Beaugency, annonce renoncer à certaines mauvaises coutumes qui grêvent l'abbaye Saint-Michel. Il reconnaît que les hommes qui habitent le bourg de Saint-Michel appartiennent aux moines et ne sont justiciables de sa justice qu'à la requête de l'abbé ; cependant, il sera l'exécuteur des jugements. Le comte renonce également à ses droits sur la foire de la veille et du jour de la Saint-Michel. Il concède à l'abbaye le droit de ban-vin pendant un mois chaque année. Il fait remise de la coutume qu'il avait de faire marcher les hommes de Saint-Michel au service de son armée ou pour la construction ou la défense de ses châteaux. Les étrangers qui viendront à Tonnerre et déclareront, dans le mois, vouloir être hommes de l'abbé, le seront en effet. Cette donation est rattifiée par Adélaïde, femme du comte, et par ses fils Rainaud et Robert (CY I n° CLXXIV).

 

En 1140, échange entre le comte Guillaume II de Nevers et les moines de Pontigny de terres à Ligny-le-Châtel. (CY I n° CCV).

 

Guillaume donne à Guillaume du Thil une terre appelée Giri et le château de Lurcy avec ses dépendances, à la réserve de Bolon en échange de la terre de Forges, et pour le récompenser des services qu'il lui avait rendus. L'acte porte expressément que Guillaume tenait Giri et Lurcy de son grand-père, le comte Guillaume (Lebeuf III p 79 d'après le cartulaire de Crisenon).

 

En 1143, Guillaume II entre en religion. Il est remplacé à la tête des comtés par ses deux fils Guillaume et Renaud.

 

Guillaume, comte de Nevers, sur le point d'entrer à la Chartreuse, donne son consentement de toutes les acquisitions que les religieux de La Charité pourront faire dans le comté. II renonce à tous droits de péage et d'hôtellerie dans leurs habitations et à toute suseraineté sur le monastère et la ville de La Charité (La Charité n° LV).

 

En 1144, le comte Guillaume rapporte que les religieux de l'ordre de Prémontré ayant été établis à Auxerre, dans l'église de Saint-Marien, sur sa demande et par le conseil de l'évêque Hugues, ont été dotés pour le repos de son âme avec le consentement de son épouse, la contesse Adélaïde, et de ses fils Guillaume et Renaud (CY I n° CCXXXVIII et Lebeuf preuves n° 35 ).

Quatre enfants de Guillaume et Adélaïde dont on ne connait pas l'origine sont nés :

  • Guillaume qui suit ;
  • Anne x Guillaume comte d’Auvergne ; Alberic des Trois-Fontaines rapporte qu'Anne, soeur de Renaud de Nevers, est le mère du comte d'Auvergne Robert (1130 - 1194) ; 
  • Renaud, comte de Tonnerre ; Il accompagne le roi Louis VII le Gros à la seconde croisade et meurt le 20 août 1148 sous les murs de Laodicée (Fromageot p 38) ;
  • Robert décédé après 1134 (CY I n° CLXXIV).

Guillaume est mort le 20 août 1147.

 

Guillaume III (° 1100) x Ida de Carinthie :
Le nouveau comte, Guillaume III, ne règne que 14 ans sur son immense domaine, de 1148 à 1161 (Fromageot p 39). Il est né vers 1110 et il est présent dès 1121, à la transaction passée entre son père et l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre (Lebeuf preuves n° 21).

 

Malgré les liens de parenté qui unissent l'abbé de Vézelay Pons de Mont-Boisin à la comtesse Ida, les relations demeurent difficiles entre les Nevers et l'abbaye. Vers 1150, jaloux de son droit de justice, Guillaume demande que l'abbé reconnaisse la juridiction de sa cour, mais, encouragé par l'évêque d'Auxerre Henri et son frère Eudes, duc de Bourgogne, Guillaume III reprend la lutte qui se poursuit jusqu'en 1155 (Léon De Bastard D'estang).

 

En 1147, Guillaume III confirme toutes les donations que son père et sa mère ont faites aux religieux de l'église de Notre-Dame d’Auxerre et aux religieuses qui en dépendent (CY I n° CCLXXVI).

 

En 1147, Guillaume III, comte de Nevers et d'Auxerre, et son frère Renaud, comte de Tonnerre, prennent la Croix avec le roi Louis VII et une foule de barons, d'évêques et d'abbés à l'assemblée de Vézelay. Ils participent au désastreux combat de Laodicée. Renaud tombe aux mains des infidèles et ses compagnons perdent à tout jamais sa trace. Les siens n'eurent jamais connaissance de sa mort dont ils doutaient encore en 1156.

 

En 1149, donc après son retour de la croisade, Guillaume rattifie les donations de ses parents au prieuré de Crisenon (Lebeuf III p 83).

 

Le 10 juillet 1153 (?) charte de Guillaume III, comte de Nevers, contenant échange de biens avec l'abbaye de Molême (CY I n° CCCL).

 

Guillaume s’oppose à l’élection d’Etienne de Toucy à l’évêché d’Auxerre en 1051 et c’est finalement l’abbé de Rivour, Alain, qui occupe le siège de la ville à partir de cette date sans que ce choix n’agrée à Guillaume qui s’opposera toute sa vie au prélat.

 

Guillaume III et Geoffroy de Donzy s'affrontent au sujet la seigneurie de Gien. Guillaume prétend que Gien doit lui revenir. Le roi Louis-le-Jeune favorise la prétention de Geoffroy et ne peut mettre fin à leur démêlé que par un duel (Lebeuf III p 87).

 

Entre 1150 et 1160, Guillaume soutient une guerre contre Narjot de Toucy, Gibaud de Saint-Verain et Guillaume de Dampierre. L'abbé Lebeuf ne nous informe pas sur les raisons de cette querelle de voisinage (Lebeuf III p 88).

 

Le 2 juillet 1153, Guillaume III étant à Ligny, atteste avoir donné à l'église Saint-Michel deux moulins situés au Bourg-Berault. En échange, les moines lui cèdent une terre et un bois situés depuis le chemin de Poilly à Lichères et de Sainte-Vertu à Vaucharme, près du grand chemin de Noyers à Auxerre (CY I n° CCCLIV).

 

En 1158, Guillaume de Nevers accorde des droits de taxation à l'église d'Autun avec le consentement de la contesse Ida et de son fils Guillaume (Autun n° XI).

 

Entre 1154 et 1161, le comte fait abandon à l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre de certaines mauvaises coutumes qu'il exercait sur les villages de Diges et d'Escamps du temps de la guerre qu'il a eu avec Narjot de Toucy, Guillaume de Dampierre et Gibaud de Saint-Vérain (CY I n° CCCLXV).

 

En 1156, échange entre Guillaume III, comte de Nevers, et l'abbaye de Pontigny (CY I n°CCCLXXVIII).

 

Le comte Guillaume fait don à l'abbaye Saint-Germain en 1159, du consentement de son épouse Ida et de son fils Guillaume, qu'il qualifie dès-lors du titre de chevalier (Lebeuf preuves n° 48),

 

A Nevers, en 1159, le comte Guillaume reconnait que ses troupes étant en guerre ont logé sur le terrain des chanoines. En indemnité, il leur donne une terre à Parigny (Saint-Cyr n° 112).

 

En 1159, accord entre Guillaume, comte d'Auxerre, et Ardouin, abbé de Saint-Germain d'Auxerre, pour des serfs (Lebeuf preuves n° 48).

 

Vers 1160, concession de Guillaume au Chapitre de vendanger ses vignes quand il lui plaira, cette faveur lui ayant été accordée par les autres comtes malgré les protestations des chanoines qui prétendaient la posséder (Saint-Cyr n° 101).

 

Guillaume et son épouse Ida de Carinthie ont eu au moins trois enfants :

  • Guillaume IV x Eléonore de Saint-Quentin (La Charité p 156) ; Il est comte de Nevers de 1161 à 1168.  Il fait une donation à l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre en 1161 (Lebeuf preuves n° 56). Les guerres qu'il mène contre les comtes de Joigny et de Sancerre ne tardent pas à le brouiller avec Alain, évêque d'Auxerre. Ce sont ces deux comtes qui attaquent Guillaume, et il en revient victorieux. Etienne, comte de Sancerre, est entièrement défait près de La Marche, entre La Charité et Nevers et Guillaume rentre avec triomphe dans Nevers, suivi d'un grand nombre de prisonniers, le mercredi 17 avril 1163 (Lebeuf III p 91). En 1166, Guillaume IV donne aux religieux de La Charité plusieurs maisons situées près de Nevers, d'un rapport moyen de mille sous par an, dans lesquelles les merciers sont tenus de dresser leurs étals avant de s'établir ailleurs. Si la place de foire est changée, les maisons y seront reconstruites. Pour les reparations d'incendie ou de vetusté, on prendra le bois dans la foret de Faye. Les religieux s'engagent à célébrer une messe d'anniversaire pour le comte et pour son père (La charité n° LXV). Guillaume part en 1167 pour aller à la guerre contre les infidèles après en avoir fait publiquement le vœu dans l'église du prieuré de La Charité. Il meurt en Terre Sainte le 28 octobre 1168.
  • Guy qui suit ;
  • Renaud x Alix de Beaujeu.

Guillaume est mort le 21 novembre 1161 (Lebeuf III p 90).


Ida est la fille d'Engelbert de Carinthie et d'Uta de Passeau, la belle-fille de Thibaud de Champagne.

 

Sceau d'Idda de Carinthie (Lebeuf III)

 

Ida ratifie en 1175, un don du comte Gui, son fils, aux moines de Saint-Germain d'Auxerre (Lebeuf III p 90).

 

Ida est probablement décédée après 1178.

 

 

Guy (°1150 – 1175) :
Guy parait avec sa mère Ida dans une charte de 1163 de l'abbaye de Reigny en qualité d’enfant : Ida comitissa et Guido puer films ejus. Il est auprès de son frère Guillaume lorsque celui-ci décède à Betlhéem. Il poursuit la lutte traditionnelle que les comtes de Nevers et l'abbaye de Vézelay se mènent depuis plusieurs décénies (E Petit II p 191).

 

Avec l’aide du roi Louis, il attaque Geoffroy, baron de Donzy, et le 11 juillet 1170 le château de Donzy est pillé et rasé par leurs troupes, sans qu'on en connaisse la raison (Lebeuf III p 105).

 

Le 24 octobre 1170, Guy, comte de Nevers, fait donation à l'abbaye de Molême avec le consentement de sa mère Ida, de sa femme Mathilde et de son frère Renaud (Molême II n° 270).

 

Gui, comte de Nevers, et Mathilde de Bourgogne, sa femme, donnent à l'abbaye de Molême les tierces de Crusy, ou plutôt confirment la donation que Guillaume, son frère, avait faite avant de mourir en Terre-Sainte le 24 octobre 1161. Ida, mère de Gui, et Renaud, frère de ce dernier, approuvent (molême n° 271 et E Petit preuves n° 509).

 

En 1170, Gui fait un don à l'abbaye de Saint-Marien d'Auxerre (Lebeuf preuves n° 62).

 

En 1171, Guy, du consentement de son épouse Mathilde et en présence de sa mère Ida, fait donation à l'abbaye de Corbigny en citant son frère Guillaume (Corbigny [36] n° VIII).

 

En 1171, Gui, comte de Nevers, avec l'approbation de Mathilde de Bourgogne sa femme, de son frère Renaud et de sa soeur Ermengarde, donne à l'abbaye de Molême des biens à Channes,Villon, Artonuay, Laigues, Griselles (E Petit preuves n° 511).

 

En 1171, Guy confirme des privilèges à l'église Saint-Etienne de Nevers. Il nomme son arrière-grand-père Guillaume, comte de Nevers, et Guillaume son frère, mort à Bethléem (CLU V n° 4239).

 

Guy est excommunié en 1173 par l’évêque d’Auxerre pour vouloir frapper la ville d’une dîme sur les vins. Il tombe malade la même année puis, revenant sur ses décisions, s'accorde avec les chanoines de la cathédrale d'Auxerre pour les dédommager des biens qu'il leur avait enlevés par violence (Lebeuf III p110).

 

En 1173, Guy donne aux religieuses de Crisenon, un bichet de grain qu'il percevait chaque semaine sur leurs moulins des Prés proche d'Auxerre (Lebeuf III p 110).

 

En 1173, à Coulanges-la-Vineuse, Guy, comte de Nevers, accorde à l'évêque Bernard l'autorisation de fortifier Prémery, sous la promesse qu'il n'en aura à aucune époque, le moindre désagrément (Saint-Cyr n° 111).

 

Gui, comte de Nevers, déclare la guerre à Hugues, duc de Bourgogne, car ce dernier lui refuse foi et hommage pour
certains domaines lui appartenant, tant de son chef que de celui de sa femme, Mathilde de Bourgogne, cousine du duc (E petit II p 192). Il est battu et fait prisonnier le 21 avril 1174. On croit, dit Lebeuf III p 111, que c'est pour payer sa rançon qu'il vend son fief de La Charité à Geoffroy prieur et aux religieux, pour 500 marcs d'argent. Un  traité de paix est signé à Beaune par les deux seigneurs (Perard p 247).

 

Guy est marié avant 1170 à Mathide de Bourgogne fille de Raymond et petite-fille de Hugues II duc de Bourgogne. Sa mère Agnès de Montpensier, dame de Viteaux en Auxois, est fille de Gui de Thiern, seigneur de Montpensier. Mathilde avait épousé en premières noces Eudes seigneur d'Issoudun en Berry, dont elle a eu un fils appelé Eudes, qui est nommé comme présent avec sa mère, dans le titre d'aliénation que Gui son beau-père fait, en 1174, du fief de La Charité-sur-Loire (Lebeuf III p 114).

 

En 1175, Guy donne à l’évêque de Nevers la terre de Prémery (Lebeuf III p 110).

 

En 1175, fondation de la comtesse Ida, à l'occasion de la maladie de son fils Gui.

 

Guy et Mathilde ont enfanté :

  • Agnès (°1165 – 1193) x Pierre de Courtenay ;
  • Guillaume, mort en 1181 ; Cette même année, Guillaume, fils du comte Guy, donne des biens à l'abbaye de Jully les-Nonnains. Sa mère Mathilde et sa soeur Agnès confirment ce don (Jullly-les-Nonnains [37] 1181 p. 24).
  • Ida morte avant 1181.

 

Guy est mort le 18 octobre 1175 à l’âge de 26 ans (Lebeuf III p 114). Son fils Guillaume lui succède jusqu’en 1181. Les comtés de Nevers, Auxerre et Tonnerre tombent ensuite dans la maison de Courtenay, par le mariage d’Agnès avec Pierre, petit-fils du roi Louis VI le Gros.

 

En 1178 (?), confirmation par Gui, comte de Nevers, et sa femme Mathilde de Bourgogne, des donations que feu Guillaume, comte Nevers, a faites à l'abbaye de Quincy, sur le finage de Laignes d'une place pour bâtir une grange et diverses pièces de terre (E Petit preuves n° 625).

 

En 1176, reconnaissance de Mathilde, comtesse d'Auxerre, au sujet d'un legs faits à l'abbaye de Crisenon (Lebeuf preuves n° 70).

 

Mathilde se remarie un an après le décès de Guy à Pierre de Flandres (d’où Ida) puis à Robert de Dreux.

 

En 1179, Mathilde de Bourgogne, comtesse de Nevers, avec le consentement de ses enfants Eude, Guillaume, Agnès et Ida, fait don à Cîteaux pour le repos de l’âme de son père Raymond de Bourgogne de soixante sous de revenu annuel sur les coutumes de Vitteaux, qui s’ajouteront aux quarante sous offerts précédemment par sa mère, Agnès de Montpensier   (Cîtaux [38] n° 237).

 

En 1182, Mathilde de Bourgogne, comtesse de Nevers, rappelle la donation faite à Cîteaux par son père Raymond de Bourgogne d’une rente de quarante sous sur les coutumes de Vitteaux. Désirant participer pour elle-même et ses maris défunts, Gui de Nevers, Pierre de Flandres et Eudes d’Issoudun, aux bénéfices et aux prières de l’Ordre, elle ajoute soixante sous à la rente susdite (Cîtaux n° 248).

 

Mathilde prend l’habit de Fontevraud en 1192 et meurt après 1219 (Lebeuf III p 115).

 

 

Bibliographie :

[1] Origine et Brève Histoire des Comtes de Nevers (Origine et Historia Brevi Nivernensium Comitum) dans recueil des historiens de Gaule et de France (RHGF) tome X p 258

[2] Les origines des comtes de Nevers  Christian Settipani dans Onomastique et parenté 2000

[3] Les origines des premiers comtes hérédidaires de Nevers 1945 Leon Mirot dans Annales de Bourgogne t XVII

[4] La chanson de Landri 1903 Ferdinand Lot dans Romania 31e année

[5] L’aristocraitie laïque au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe - XIe siècle) 2011 Sébastien Fray

[6] Le Nivernais et les comtes de Nevers (1909 – 1914) R Lespinasse

[7] Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse 1855 Lebeuf tome III et V

[8] Le comte Landri de Nevers dans l'histoire et dans la geste de Girart de Rossillon 1982 Claude Hohl dans la chanson de geste et le mythe carolingien mélages René Louis II

[9] E de Saint Phalle dans Héraldique & Généalogie 1991 p 295

[10] The Non Immena and the fondation of the Abbey of Beaulieu 1979 Jean Martigale dans Studies in church history (non consulté)

[11] Les comtes du Quercy ( fin VIIIe-début du Xe siècle) 1997 François Aubel dans Annales du Midi n°109

[12] Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu (désormais Beaulieu) Maximin Delroche

[13] Cartulaire de Saint-Etienne de Limoges (désormais Saint-Etienne) 1922 dans Bulletin de la société archéologique et historique du Limousin tome LXIX

[14] Recueil des chartes de l'abbaye de la Grasse (désormais La Grasse) E et A.M. Magnou

[15] Recueil des chartes de Cluny (désormais CLU) Alexandre Bruel

[16] Burgondy duchy nobility sur le site de Fondation of Médiéval Genealogie (FMG)

[17] Histoire généalogique de la Maison royale de Courtenay 1661 Dubouchet

[18] Gallia Christiana (désormais GC) n° XIII

[19] Recueil des historiens de Gaule et de France tome X p 319

[20] The Cartulary of Flavigny (désormais Flavigny) 1991 Constance Brittain Bouchard

[21] Recherches sur le pouvoir comtal en Auxerrois du Xe au début du XIIIe siècle 1980 Yves Sassier

[22] Histoire généalogique de la maison de Vergy 1625 André Duchesne

[23] Recueil de plusieurs pièces servant à l'histoire de Bourgogne 1664 Etienne Pérard

[24] Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne 1885 Ernest Petit

[25] Cartulaire de Saint-Cyr (désormais Saint-Cyr) 1916 R de Lespinasse

[26] L'architecture religieuse dans le Nivernais au moyen-âge 1951 Anfray

[27] Le cartulaire de Marcigny-sur-Loire (1045-1144) : essai de reconstitution d'un manuscrit disparu 1953 Jean Richard

[28] Cartulaire de Saint-Aubin II désormais Saint-Aubin

[29] Extrait de l'annuaire historique de l'Yonne 1844 (abbaye de Crisenon)

[30] Tonnerre et son comté 1973 Jean Fromagot

[31] Cartulaire général de l'Yonne (désormais CY) I et II

[32] Cartulaire de Molême (désormais Molême)

[33] Cartulaire de la Charité-sur-Loire (désormais La Charité) 1887 R Lespinasse

[34] Recherches sur l'insurrection communale de Vézelay, au XIIe siècle 1851 Léon De Bastard D'estang Bibliothèque de l'école des chartes volume 12 numéro 1

[35] Cartulaire de l'église d'Autun (désormais Autun) 1865 A de Chamasse

[36] Chartes de l'abbaye de Corbigny (désormais Corbigny)1889 A de Chamasse

[37] Cartulaire de Jully-les-Nonnains désormais Jully-les-Nonnains 1881 Ernest Petit

[38] Chartes et documents concernant l’abbaye de Cîteaux (désormais Cîtaux) 1098-1182

 

LU

Il y a actuellement 1 utilisateur et 0 invité en ligne.