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Anne de Bretagne, duchesse en sabots afin de parodier une célèbre chanson, est la seule femme ayant épousé deux rois de France. Elle est née, le 25 janvier 1477, au château de Nantes de François II de Bretagne, de la branche des Montfort, et de Marguerite de Foix.

 

Au cours de son enfance, Anne est au centre d’un enjeu capital pour les rois de France de l’époque : l’annexion du duché de Bretagne.

 

Statue d'Anne de Bretagne devant l'entrée du château de Nantes.

 

Titulaire à 11 ans de la terre de ses ancêtres, elle lutte à la fois contre son tuteur (Jean de Rieux) qui veut lui faire épouser le sire d’Albret et les français qui ont pour objectif l’annexion du duché. Elle est obligée de céder devant la force déployée par Charles VIII.

 

Devenue reine de France, elle sait se faire apprécier des deux souverains dont elle a été la compagne. Femme de caractère, souvent jugée avec sévérité, elle a été accusée d'être "mauvaise française" mais aussi de contrôler son image d'épouse et de femme. Sans doute que l'absence de dauphin a joué un rôle non négligeable dans sa vie et dans celle de ses deux époux. En effet, aucun de ses fils n’a atteint l’âge de trois ans et la couronne de France passe successivement des Valois au Valois d’Orléans puis aux Valois d’Angoulême.

 

La bibliographie sur Anne est abondante mais contrastée. Citons quelques ouvrages qui se trouvent dans beaucoup de bibliothèques :

  • Les mémoires d'Anne de Bretagne de Marie-France Barrier ;
  • Anne de Bretagne de Philippe Tourault ;
  • Anne de Bretagne de Didier Le Fur ;
  • Anne de Breatagne de Georges Minois.

Si les faits historiques sont souvent incontestables et maintes fois vérifiés, il en va tout autrement en ce qui concerne les caractères et tempéraments des différents personnages historiques et les interprétations sont nombreuses, parfois aléatoires et variables avec l'époque. Anne ne déroge pas à la règle et les historiens ne se sont pas forgés une seule et même opinion de cette Bretonne qui, de tout temps, a frappé l'esprit de son peuple et celui de la France.

 

François II de Bretagne :

Les ducs de Bretagne de la maison de Dreux descendent en ligne masculine de Louis VI le Gros, roi de France, et d’Adélaïde de Savoie (voir ci dessous).

 

 

Avant d’hériter du duché de Bretagne, le père d’Anne, François II de Bretagne, réside à la cour du roi de France. Il a pour maîtresse Antoinette le Magnelais, cousine d’Agnès Sorel, à laquelle elle a succédé comme favorite du roi Charles VII le Victorieux. François et Antoinette ont eu plusieurs enfants dont François d’Avaugour et dame Françoise, tous deux arrivés à l’âge adulte. Antoinette meurt en 1475.

 

François II devient duc de Bretagne au décès de ses cousins François I, époux d’Isabeau d’Ecosse, et Pierre II, marié à Françoise d’Amboise fille de Louis, et de son oncle Arthur, duc de Richemont et connétable de France. Il est le dernier représentant de la branche des Montfort.

 

Selon le vieux traité de Guérande datant de 1365, la couronne ducale devait revenir à la branche colatérale des Penthièvre en cas d'absence de descendance mâle chez les Montfort. En 1480, Louis XI, en fin stratège, achète ces droits à Nicole de Blois, femme de Jean de Brosse, héritière des Penthièvre.

 

De sa première femme Marguerite de Bretagne, sa cousine, François n’a qu’un garçon, Jean, mort en bas âge. Il épouse Marguerite de Foix en 1471, six ans avant la naissance d’Anne. Ce mariage est probablement dirigé contre Louis XI qui poursuit inlassablement sa politique d'affaiblissement des grands féodaux.

 

Le 15 mars 1486, Anne qui vient d’avoir 9 ans, perd sa mère. De ses deux épouses, François II n'a pas eu de descendance mâle et la succession du duché ne tarde pas à se poser...

 

Faible de caractère, François II ne peut en imposer ni à ses conseillers (Chauvin, Landais...), ni à sa cour. Usé avant l'âge, il est la cible d'une rébéllion des Grands de Bretagne qui veulent la tête de son principal conseiller nommé Pierre Landais. Le parti des barons, gagné à la France (Rieux, Rohan, d'Albret), n'hésite plus à reconnaître les droits du roi à l'héritage ducal, voire à promettre son concours actif aux armées que le roi viendrait à envoyer dans le duché à l'appui de ses prétentions (mars 1487).

 

Bientôt, Charles VIII, poussé par sa soeur Anne de Beaujeu et fort des droits sur la Bretagne achetés à Nicole de Brosse, envahit la péninsule et fait le siège de Nantes. Henri VII d'Angleterre reste sourd aux sollicitations de François. Il offre sa médiation à plusieurs reprises, mais refuse tout appui militaire aux Bretons (hiver 1487-1488). Le duc ne réussit qu'à lever irrégulièrement en Angleterre un corps de volontaires et d'aventuriers qui est écrasé avec les Bretons à Saint-Aubin-du-Cormier (27 juillet 1488). Le traité de Sablé (20 août 1488) marque la « fin du duché » ; le duc François n'y survit que de quelques mois (9 septembre 1488).

 

Louis d'Orléans, futur mari d'Anne sous le nom de Louis XII, en rébellion contre Charles VIII s'est réfugié à la cour de Bretagne (il espérait obtenir la régence à la mort de Louis XI). Il est capturé et demeure 3 ans dans les geoles françaises.

 

Au cours de cette période difficile, la jeune princesse est l'instrument de la politique paternelle. Contre une aide militaire et financière, Anne est promise à différents princes français ou étrangers (En 1481, elle est fiancée au fils du roi d'Angleterre puis, en 1483, à Maximilien d'Autriche roi des romains). Conscient de sa piètre situation, François prend soin de nommer Anne à sa succession alors que, précédemment, la loi salique s'appliquait dans le duché.

 

Quelque temps avant sa mort, le duc François contraint sa fille ainée à promettre le mariage à Alain d'Albret (son cousin par alliance du côté matetnel et demi-frère de Françoise de Dinan) mais le 8 décembre 1488, Anne conteste publiquement contre cette promesse extorquée par une violence morale (Trésor des chartes de Bretagne, arm T Cass B, n° 18).

 

Anne, duchesse de Bretagne :

Au décès de François II, le parti breton de s’empresse de reconnaître sa fille aînée comme duchesse. Le 19 février 1489, la jeune fille entra dans la ville de Rennes et prête serment.

 

Entrée du château de Nantes

 

Dès son  avènement au trône, à moins de douze ans, la jeune duchesse se trouvent en butte avec des périls de tout genre. D’abord les nations étrangères puis la division des bretons et, enfin, les trahisons. Le parti de Rieux prétend faire d’Alain d’Albret (un cousin éloigné du côté maternel) le nouveau duc de Bretagne en contraignant la duchesse de l’épouser.

 

La plupart des grandes familles bretonnes suivent le parti de Rieux, la bourgeoisie et  la petite noblesse celui de la duchesse, qui a pour chancelier de Bretagne, Philippe de Montauban, un guerrier et ami dévoué.

 

La nation française et les divisions intestines des Bretons ont, outre leurs effets immédiats, de désastreuses conséquences.

 

De cet héritage, l'enfant courageuse et tenace sauve tout ce qui peut être sauvé. Épouse par procuration de Maximilien d'Autriche dont elle espérait l'aide, devenue par nécessité épouse de fait de Charles VIII, son vainqueur, Anne signe un contrat qui livre une Bretagne ruinée et endettée à la France.

 

Reine de France et femme de Charles VIII :

Le mariage d'Anne et de Charles a lieu le 6 décembre 1491. Le contrat de mariage rédigé pour l'occasion officialise l’annexion du duché de Bretagne au domaine de la couronne qui n’a cessé de s’agrandir depuis l’affaire de la guerre de 100 ans. En contrepartie, Charles trois s’engagent à payer toutes les dettes contractées par le parti breton et elles sont nombreuses.

 

Charles est un mari aimable et très attentionné mais, au cours de ses nombreuses campagnes, il ne s'interdit pas de rejoindre des maitresses dont on ne sait à peu près rien. Par contre, il refuse catégoriquement que sa femme se mêle de politique et conserve l’entière responsabilité du duché de Bretagne au cours de leurs huit années de mariage.

 

Jeune et ambitieux, Charles est attiré par le mirage italien. Il espère récupérer le royaume de Naples, héritage laissé par René d’Anjou.

 

Anne tente de mettre un peu d’animation dans la cour austère qu’a laissé le roi Louis XI mais les nombreux décès qui se succèdent dans son entourage, en particulier ceux de sa soeur Isabeau, et des cinq enfants qu'elle a eu avec Charles, modèrent durablement sa gaïté.

 

D’après M.F. Barrier, Charles VIII et Anne se sont aimés. A la fin de sa vie, Charles renonce même à son mode de vie débridé. Ils ont eu cinq enfants, tous morts avant l’âge de 3 ans :

  • Charles Orland (1492 - 1495);
  • Une fille mort-née (1494 - 1494);
  • Charles (1496 - 1496) ;
  • François (1497 - 1497) ;
  • Anne (1498 - 1498).

 

Le 7 avril 1498, Charles VIII meurt accidentellement en heurtant violemment un fronton au château d’Amboise. Anne est effrondée à la mort de Charles VIII. Une page se tourne...

 

Reine de France et femme de Louis XII :

Le contrat de mariage de Charles et d’Anne stipule qu’en cas de décès du roi sans descendance, Anne doit prendre son successeur pour époux. Or, Louis est déjà marié à Jeanne de France, sœur de Charles. Toutefois, l'avenir du duché de Bretagne est lié à celui d'Anne...

 

Anne de Bretagne et son époux Louis

 

Au décès de Charles, Anne réorganise l'administration de son duché en fonction de son bon vouloir.  Elle ne détruit pas forcément des innovations de Charles en Bretagne lorsqu’il lui semble utile au bon fonctionnement de son gouvernement.

 

En 1498, Anne fonde l'ordre de la Cordelière dédiée à Saint-François d'Assise. L'emblème était déjà utilisé dans la maison de Bretagne. Pour mériter cet ordre, il fallait faire preuve d'une moralité exigente et avoir certaines vertus. En fait, il ne fallait pas que le remariage d'Anne puisse laisser soupçonner des moeurs légères.

 

D'après M.F. Barrier déjà citée, le mariage entre Louis et Anne que le roi surnomme « ma Brette » n’est pas uniquement un mariage de raison. L’auteur insiste sur la longue amitié qui les lie et qui date de la dernière guerre entre Français et Bretons. L’union est célébrée en 1499 au Château de Nantes dans l’intimité. Les époux s'entendent bien et se donnent des marques d'affection inhabituelles entre souverains. D'ailleurs, Anne est rapidement enceinte...

 

Louis a 36 ans lorsqu'il épouse Anne. Il ne brille pas forcément par son intelligence politique. Trois ans de prison pour cause de rébellion envers son prédécesseur et une vie débridée ont altéré sa santé mais au cours des douze années de vie commune, il reste fidèle à son épouse qui semble profiter de sa faiblesse pour lui arracher ses volontés.

 

Le mirage italien attire autant Louis XII que Charles VIII et les guerres d’Italie, qui ont débuté sous Charles, perdurent sous Louis. Après des débuts victorieux, les défaites s'enchainent et obligent Louis à de nombreux déplacements vers la péninsule.

 

Se sentant malade et toujours dépourvu d'un fils, Louis décrête les fiancialles de sa fille Claude, agée de quelques années seulement à son cousin et futur roi de France, François d'Angoulême contre l'avis d'Anne, qui ne peut pas souffrir Louise de Savoie, la mère du jeune prince. Anne ne peut pas aller contre la volonté du roi mais à sa guérison, et sous le prétexte d'un pélerinage, elle s'éloigne de la cour pour un voyage triomphal en Bretagne au cours de l'été 1505, rappelant ainsi sa position indépendante.

 

Louis et Anne ont enfanté :

  • Claude, née en 1502, mariée à François I, roi de France ;
  • François né le 21 février 1505, décédé trois jours plus tard ;
  • Enfant mort né Janvier 1508 ;
  • Renée né le 21 10 1510 ;
  • Enfant mort né 23 1 1512.

 

Les dernières années d'Anne sont éprouvantes. L'absence de dauphin plombe le couple royal et de nombreux décès les attristent. Anne est souffreteuse et Louis souvent absent, aspiré par de nombreux revers en Italie. Le pape Jules II organise lui-même la défense contre les Français et menace d'excommunier le roi s'il persiste dans ses erreurs.

 

Anne meurt le 9 janvier 1514 de la gravelle. Les médecins, impuissants, ne peuvent lui apporter leur concours.

 

La personnalité d'Anne de Bretagne :

Probablement d'une beauté médiocre, Anne boite légèrement à cause d'une jambe plus courte que l'autre. Elle est petite et plutôt ronde. Les nombreux portraits que nous possédons d'elle idéalisent ses traits que l'on devine un peu lourd. Par contre, elle a usé de son charme auprès de ses maris et des ambassadeurs venus la saluer.

 

Elle possède, dès son plus jeune âge, une bonne dose d'énergie et de volonté qu'elle transforme peu à peu en autorité.

 

Source de l'image : Wikipédia

 

Son éducation a été soignée mais Anne n'est pas une femme savante. C'est Françoise de Dinan, dame de Chateaubriand et de Laval, sa tante par alliance, qui est chargée de son éducation. En fait, de ses premières années, les textes ne disent presque rien. Très pieuse, elle évolue dans une cour où les principaux conseillers sont essentiellement des hommes d'église.

 

Les historiens concèdent généralement à Anne, le sens du devoir, un esprit vif, et une grande finesse. Ils soulignent aussi sa jalousie et son égoïsme. Elle affirme son rang avec hauteur, elle poursuit ses ennemis avec une rancune tenace (Pierre de Rohan, Louise de Savoie...) et se montrent impitoyable envers ceux qui la contrarie.

 

Anne possède une santé fragile qui altèrent ses traits. Outre ses grossesses et fausses couches continuelles, de nombreux malaises l’obligent à rester coucher et à se déplacer en litière. A la fin de sa vie, elle souffre de la gravelle, affection due à la présence de petits calculs dans la vessie.

 

Disposant d’une fortune considérable, Anne de Bretagne aime le luxe. Son cadre de vie est somptueux. Elle est entourée d'une trentaine de jeunes filles de bonne maison. Elle entretient une troupe de musiciens, des peintres, des poètes, des sculpteurs… Une centaine de personnes travaillent à son service : des sommeliers, des commis de bouche, des écuyers, des maîtres d’hôtel, des médecins… Elle est déjà une princesse de la Renaissance. Elle commande même une histoire de Bretagne destinée à réaffirmer l’identité bretonne.

 

A la mort du roi Charles VIII, elle se comporte en souveraine dans le duché de Bretagne. Elle procède aux nominations en Bretagne et affirme ses droits sur les églises bretonnes.

 

La sucession du trône de France de Charles VIII à François I :

Malgré ses nombreuses grossesses, Anne de Bretagne n’a finalement pas donné de Dauphin à la France.

 

Charles VIII est le dernier Valois direct. De Philippe VI à Charles VIII, presque deux siècles se sont écoulés et 7 rois ont régné de père en fils. Entre temps, La France a été ravagée par la guerre de cent ans gagnée par Charles VII et Louis XI a lutté et éliminé la plupart des grands féodaux afin de créer un état central. 

 

Louis XII, le père du peuple, est le seul représentant des Valois-Orléans, branche qui n'aura régné qu'une quinzaine d'années.

 

La nouvelle dynastie, les Valois d’Angoulême,  forte de trois générations, débute avec François I.

 

Anne de Bretagne est le trait d’union (involontaire) entre ces différentes maisons. Epouse de Charles VIII et de Louis XII, elle est la belle-mère de François I (voir tableau ci-dessus).

 

Bibliographie :

Choix de documents inédits sur le règne de la duchesse Anne en Bretagne 1866 (facicule 1 et 2) Arthur de la Borderie

L'hermine de lumière : les mémoires d'Anne de Bretagne 1992 Marie-France Barrier

Anne de Bretagne 1990 Philippe Tourault

Anne de Bretagne 2000 Didier Le Fur

Anne de Breatagne 1999 Georges Minois

 

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