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Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

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D'après la chanson de geste de Girart de Roussillon, le héros, fils de Drogon, a convolé avec Berthe, soeur de l'épouse de Charles Martel nommée Hélissent et fille de l'empereur de Constantinople. Les deux beaux-frères se chamaillent au sujet du fief de Roussillon, en haute Seine, car Charles Martel exige un hommage pour cette terre alors que Girard estime que Roussillon lui appartient en propre. Peu à peu, la querelle s'envenime et c'est une véritable guerre en plusieurs épisodes que se mènent les deux protagonistes, jusqu'à la victoire finale de Charles (Meyer [1]).

 

Le mariage de Girart et de Berthe (image Wikipédia)

 

La chanson qui s'est constituée autour du personnage historique de Girart de Roussillon l'a transplanté dans une autre époque que la sienne, lui a donné des parents qui ne sont pas les siens et l'a mis aux mains de Charles Martel en lieu et place de Charles le Chauve. Difficile de tirer des faits historiques de cette saga qui, probablement, a fait divers emprunts à la réalité sans se soucier d'en conserver un souvenir exact, d'autant plus que plusieurs versions qui ne concordent pas entre elles ont été écrites de l'épopée de Girart. De nombreux auteurs ont analysé ces chansons de geste, et tous s'accordent à reconnaitre que le modèle historique de Girard est relativement différent du héros épique (Meyer [2], Lot [3], Louis [4] non consulté...).

 

En réalité, le Girart de Roussillon historique a vécu à l'époque de Lothaire I, dont il est le beau-frère, et de Charles le Chauve dont il est l'un des adversaires. La fable qui s'est emparée de son nom l'a tranformé en un personnage mythique, à l'instart de Roland de Roncevaux et de Guilhem d'Orange.

 

Laissons la légende, difficile à cerner, pour nous concentrer sur l'histoire et lisons Yvon Lacaze [5] qui résume bien la situation politique de Girart : écartelé entre le Midi, le comté de Paris et le royaume burgundo-provençal (ne s' implante-t-il pas dans cette région de Vézelay où sied Pothières, cadre de son futur culte ?) ; récompensé de son ralliement à Lothaire I, son beau-frère, par la cession des comtés de Lyonnais et de Viennois, régent à la mort de ce dernier ; partisan de Lothaire II contre Charles le Chauve lors du partage de 863 (il recourt alors à l'alliance des Aquitains, rebelles à la domination française) ; il succombe devant le fils de Judith lors de la conquête de 870.

 

Girart de Roussillon (il serait certainement plus judicieux de le nommer Girart de Vienne) est un élément essentiel de la famille des Girardides, une de ces dynasties venues d'Austrasie qui se sont developpées à l'ombre des pépinides auxquels, d'ailleurs, elles sont apparentées. En effet, Gérard, premier comte de Paris, est le neveu par alliance de Pépin le Bref et le beau-frère de Guillaume de Gellone.

 

Citons les principaux médiévistes qui se sont penchés sur la famille des Girardides au cours du siècle dernier :

  • Joseph Depoin [6] (Les comtes de Paris sous la dynastie carolingienne) ;
  • Léon Levillain [7] (Les comtes de Paris à l'époque franque) non consulté ;
  • Régine le Jan [8] (Famille et pouvoir dans le monde franc);
  • Christian Settipani [9] (La noblesse du Midi carolingien).

Un historien a retracé la carrière de Girart de Vienne :

  • A Longnon [10] (Girard de Roussillon dans l'histoire).

 

Les ancêtres de Girart :

Que sait-on sur les ancêtres de Girart ? Possède-t-on une bonne vision de sa généalogie ? Si la légende a quelque peu brouillé les cartes, et s'il a longtemps été confondu avec Gérard d'Auvergne auquel il est sûrement apparenté, les historiens ne discutent plus, aujourd'hui, de sa place dans la famille des Girardides. La seule difficulté qui reste à trancher, si ce n'est pas déjà fait, est de savoir si son père Leuthard est le fils de Bérenger (thèse Depoin) ou son frère (Le Jan). Nous adoptons cette deuxième solution, plus moderne et acceptée par la plupart des médiévistes.

 

Girart est né vers 800 et décédé en 877. Son père Leuthard, sa mère Grimilde, son épouse Berthe et ses parents Hugues et Bava, ainsi que les colatéraux Liutfrid et Adhalard sont cités lors de la fondation de l'abbaye de Pothières en Bourgogne en 858/859. Sa fille Eve signe l'acte.

 

Les Girardides sont apparentés aux Carolingiens, aux Guilhermides, aux Ethiconides, prouvant ainsi qu'il s'agit d'une des dynasties les plus puissantes et les plus proches du pouvoir.

 

Adalhard x Irmentrude :

D'après Léon Levillain [11], le couple Adhalard et Ermentrude, bienfaiteurs de l'abbaye de Liessies, sont les parents d'Adaldrude épouse d'Eberard et les grand-parents maternels de Girart de Roussillon. Christian Settipani (p 193 note 1) développe une proposition relativement similaire en suggérant qu'Adaltrude soit la soeur de Gérard. En combinant les deux hypothèses, Adhalard et Ermentrude sont les biaïeux de Girart de Vienne.

 

Gérard I x Rotrude :

Gérard figure comme un des juges d'un plaid tenu par le roi pour rendre à Saint-Denis des biens à Mareuil, réclamés par Roger, avoué du monastère (J Depoin).

 

Gérard est présent le 1 mars 752 à un plaid présidé par Pépin le bref qui confirme à Fulrad, abbé de Saint-Denis, des biens contre Giselmar qui les détenait injustement (J Depoin).

 

Gairehardus comes Parisii est ainsi désigné dans le diplôme de Pépin du 8 juillet 753, pour le champ de foire accordé à saint-Denis (J Depoin).

 

Gérard est qualifié de comte de Paris dans un jugement rendu à Compiègne, le 23 octobre 759, au sujet des droits de tonlieu qu'il exigeait indument aux marchands se rendant à la foire de Saint-Denis (J depoin).

 

Il est encore cité dans le diplôme du 13 aôut 762 accordant à l'abbaye de Prüm la protection royale (J Depoin).

 

Carolus…rex Francorum et Langobardorum accorde le monastère de Plaisir à l'abbé Fulcrad de Saint Denis le 28 juillet 775 en présence de fidelibus…Ghaerardo, Bernardo, Radulfo, Hilderado, Ermenaldo, Hebroino, Theudbaldo, Agneone comitibus, Haltberto, Laumberto, Haererico et Anselmo comite palatio nostro (Foundation for Medieval Genealogy).  

 

L'ascendance de Rotrude, épouse de Gérard I, est déduite des anthroponymes Thierry et Bertrada qui se diffusent dans cette famille. Rotrude est probablement la fille de Thierry et soeur et Guilhem de Gellone (voir : Qui sont les Guilhermides ?).

 

Les enfants de Gérard et de Rotrude sont :

  • Etienne, comte de Paris, mort en 815, époux d'Amaltrude ;
  • Leuthard, comte Fézensac époux de Grimilde qui suit ;
  • Bégon/Béranger dont on ne sait exactement s'il est le fils ou le neveau de Gérard I. Bégon épouse Alpaïs, probable soeur de Louis le Débonnaire ;
  • Thierry (Settipani p 193) ;
  • Chrothilde (Le Jan p 442).

 

Leuthard de Fézensac x Grimilde :

Vers 781, Leuthard est envoyé par Charlemagne dans le duché d'Aquitaine où il demeure dans l'entourage proche de Louis le Pieux, roi d'Aquitaine (781-814).

 

En 801, Leuthard suit le fils de Charlemagne dans son expédition en Espagne et participe à la prise de Barcelone. Il se distingue en tuant l'émir Uriz. En récompense, il reçoit le comté de Fézensac dans le duché d'Aquitaine. Cette nomination entraîne une révolte des populations vasconnes du pays d'Auch.

 

En 809, Leuthard accompagne Louis le Pieux dans une autre de ses campagnes militaires et participe au siège de Tortose.

 

D'après Auguste Longnon, on perd sa trace en 811. Toutefois René Poupardin [12] p 11 affirme que Leuthard a fini ses jours dans son comté de Paris.

 

Leuthard signe la charte de donation du domaine de Sucy à l'église cathédrale de Paris par son frère Etienne mais cet acte est suspecté d'être un faux (Poupardin p 11).

 

L'ascendance de Grimilde fait actuellement l'objet d'une question sur notre site. D'après l'étude de Léon Levillain (1947), et en tenant compte de la modernisation de la généalogie des Ethiconides, elle est une descendante d'Aicho époux de Ganna et petit-fils Aldaric-Ethic (tableau ci contre).

 

Les enfants connus de Leuthard sont :

  • Engeltrude épouse d'Eudes d'Orléans ;
  • Girard qui suit ;
  • Adhalard sénéchal de Louis le Pieux. Il prend le parti de Charles le Chauve alors que son frère Girard choisit celui de Lothaire ;
  • Rotrude citée au nécrologue de Saint-Germain des Prés (Chrotruda filia Leutharii).

 

Le tableau ci-dessous regroupe les données de C Settipani (p 193), R le Jan (p 442) et L Levillain.

 

 

La carrière de Girart :

En 819, Gerardus et son épouse Alboara cèdent au comte Gerardus et à son épouse Berta le village de Flei, dans le pagus d'Avallon, en échange de biens situés dans le pagus de Tonnerre et pour une somme de 50 livres (Meyer 1884 d'après Bandini n° III).

 

En 827, Constantius et Ataila, son épouse, vendent au comte Gerardus, un pré situé près de Fontenai pour la somme de trois sous (Meyer 1884 d'après Bandini n° V).

 

En 828, Ermengaudus vend au comte G[érardus] un pré situé à Fontenai pour la somme de cinq sous (Meyer 1884 d'après Bandini n° VI).

 

L'empereur Louis le Pieux choisit Girart pour porter un message à son fils Lothaire qui s'est mis à la tête des grands révoltés (Longnon).

 

D'après R Poupardin, Girard remplit quelques temps de rôle de missus en Italie avant de devenir comte de Paris.

 

En 837, le comte de Paris, Girart, et l'abbé de Saint-Denis Hilduin, jurent fidélité au roi Charles que son père vient d'investir d'un immense territoire entre Seine et Meuse dont le Parisis.

 

Girart obtient le domaine de Vézelay par échange fait avec l'impératrice Judith et confirmé par Louis le Pieux (avant 840).

 

En 840, lorsqu'éclate la guerre entre Pépin, roi d'Aquitaine et Charles le Chauve, ce dernier envoie trois ambassadeurs à son frère Lothaire afin de s'assurer de sa neutralité. Il s'agit de Girart, d'Adalard son frère et de l'abbé Hilduin. Quelques mois plus tard, Girart abandonne le parti de Charles le Chauve pour rejoindre celui de son frère ainé Lothaire (Longnon). Il empêche Charles, revenant d'une expédition en Aquitaine, de traverser la Seine en détruisant les barques et en coupant les ponts du fleuve.

 

Le 25 juin 841, Girart II participe, dans le camp de Lothaire, à la bataille de Fontenoy en Puisaye où s'opposent les héritiers de Louis le Pieux. Les rois Charles le Chauve et Louis le Germanique bénéficient, aux yeux de leurs comtemporains, d'un véritable "jugement de Dieu". Alors qu'il a perdu le titre de comte de Paris, Girart revêt (probablement) celui de comte de Palais Impérial (Longnon).

 

Girart de Vienne est un des trois exécuteurs testamentaires, les deux autres étant Bivin (père de Boson, roi de Mantaille) et un certain Basin, parent de Lambert et Guy de Nantes, du comte Richard, ostiaire de Louis le Pieux, mort avant le 12 novembre 842.

 

En 846, Girart aparait dans une liste de Grands qui doivent à l'empereur Lothaire un service militaire, à la suite d'un certain nombre d'évêques de la région bourguignone et provençale en compagnie du comte d'Arles Fulcrad et d'un comte Aldric. (Poupardin).

 

Dans les années 850, Girart est investi par Lothaire du gouvernement du "duché le Lyon".

 

En 852, Roclinus et son épouse Teutildis vendent au comte Gerardus et à son épouse Berta certains biens situés dans le comté d'Avallon et sur le territoire de Domeci et qui lui avaient été concédés par le roi Charles (Meyer 1884 d'après Bandini II).

 

Entre 840 et 875, Berilus vend au comte Gerardus et à son épouse Berta certains biens situés dans le pagus d'Avallon et dépendant du fisc de Fontenai pour le prix de douze sous (Meyer 1884 d'après Bandini IV).

 

Vers 853, à la prière de Girart, comte et marquis, l'empereur Lothaire restitue le village de Luzinay, près de Vienne, et les églises de Saint-Gervais et de Saint-Didier, en Lyonnais, à l'église cathédrale de Lyon (Longnon).

 

En 858, il figure à la tête d'une assemblée composée des principaux personnages du royaume qui rend justice à l'archevêque de Vienne Agilmar contre son avoué, le comte Wigeric (Longnon).

 

A cette même époque, Girart fonde, avec son épouse Berthe, deux abbayes dans l'Avalonnais : celles de Pothières et celle du Vézelay.

 

En 859, des pirates normands remontent le Rhône, dévastent les villes et les monastères qu'ils renconcrent sur leur passage. Girard remporte quelques succès contre ces dangereux envahisseurs qui abandonnent leurs refuges situés dans les îles du delta du fleuve.

 

En 860, Girart est en Provence et chasse  les Sarrazins de ce pays (P Meyer p 176 d'après l'histoire générale du Languedoc I p 577).

 

En 860, l'évêque de Vienne Agilmar décède et l'élection de son successeur, Saint Adon, soulève quelques difficultés qui oblige Girard à se saisir de l'affaire. Dans une lettre restée célèbre, Loup de Ferrieres vante les mérites d'Adon auprès de Girard...

 

Fin 861, Charles le Chauve pille les domaines que Girart possède en Bourgogne. En représailles, Girart menace de s'en pendre aux biens que l'église de Reims possède en Provence (Poupardin).

 

En 862, à la requête de Girart, qualifié dans l'acte d'illustris comes ac magister noster,  le roi Charles donne à l'église de Viviers une île sur le Rhône.

 

En 863, Girard écrit une longue lettre au pape Nicolas I afin de placer les abbayes de Vezelay et de Pothières sous le contrôle direct du Saint-Siège. Les historiens supposent que Girart a utilisé ce stratagème afin de contrer les visées de Charles le Chauve sur ses domaines dépendant de la Francia occidentalis.

 

C'est encore à la requête de Girard que le roi fait un don important à l'église cathédrale de Carpentras (Meyer p 176).

 

En 863, le jeune roi de Provence, Charles, meurt d'une crise d'épilepsie. Dans les querelles intestines que se livrent les Carolingiens, l'héritage de Charles de Provence est divisé en deux parts à peu près égales. L'ancien duché de Lyon est attribué à Lothaire (et régi par Girart) et l'autre partie à l'empereur Louis.

 

Le 7 janvier 868, Charles le Chauve accorde un diplôme au monastère du Vezelay (Poupardin).

 

En 869, Lothaire II meurt et Charles le Chauve s'apprête à annexer une partie des états de son neveu. Il se fait couronner à Metz comme successeur du roi défunt mais son frère ainé, Louis, le contraint de partager avec lui le royaume de Lothaire. Girart refuse son acquiessement à ce traité (870). Charles assiège Vienne aprement défendue par Berthe, l'épouse de Girart, alors absent.

 

Le 24 décembre 870, le roi entre dans la ville alors que Girart et sa fidèle épouse descendent le Rhône pour s'installer à Avignon.

 

Berthe et Girart (mariés avant 819) ont eu au moins deux enfants :

  • Thierry mort dans sa première année ;
  • Eve, qui signe l'acte de fondation de Pothières. Elle est décédée prématuremment.

 

Il est probable que Berthe soit décédée en 874 et son mari, Girart, au début de l'année 877.

Lu

Bibliographie :

[1] Girart de Roussillon chanson de geste traduite par P Meyer 1884

[2] La légende de Giart de Rossillon P Meyer Romania  tome VII p 161

[3] Etudes sur les légendes épiques françaises II Gérard de Roussillon dans Romania 1926

[4] Girart, comte de Vienne (…819-877) et ses fondations monastiques 1946 René Louis

[5] Lacaze Yvon. Le rôle des traditions dans la genèse d'un sentiment national au XVe siècle. La Bourgogne de Philippe Le Bon .. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1971, tome 129. pp. 303-385.

[6] Les comtes de Paris sous la dynastie carolingienne Joseph Depoin dans Memoires de la société historique de Pontoise et du Vexin 1912

[7] Les Comtes de Paris à l'époque franque, Léon Levillain dans le Moyen Age, 1941, p. 137-205

[8] Famille et pouvoir dans le monde franc 2003 R Le Jan

[9] La noblesse du midi carolingien C Settipani

[10] Girard de Roussillon dans l'histoire A Longon dans la revue historique 1878

[11] L'Alsace et les origines lointaines de la maison de France Léon Levillain dans Revue d'Alsace 1947

[12] Le royaume de Provence sous les Carolingiens 1901 R Poupardin

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