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Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

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Nous avons visité avec plaisir les ruines du château de Penne perché sur un éperon rocheux au dessus de l'Aveyron, entre Albi et Montauban, dans le Tarn. Une jeune guide nous a fait découvrir l'architecture du château (voir plus bas sa maquette) et les principaux faits qui se sont déroulés dans son enceinte au cours du moyen-âge et pendant la croisade albigeoise.

 

En 2005, monsieur Axel Letellier, architecte, rachète les murs du château et tente de réhabiliter le site classé monument historique depuis 1902. Des travaux d'envergure ont débuté et, depuis deux ans, des visites sont organisées.

 

Ce castel est surtout connu pour sa résistance à l'envahisseur, à l'époque de la croisade des Albigeois (1208 - 1209). Pendant presque 40 ans, les frères Olivier et Bernard de Penne ont combattu contre les forces françaises avant d'abandonner le château à Alphonse de Poitiers, frère du célèbre roi Saint-Louis.

 

La suite des seigneurs du Château de Penne n'est pas connue avec certitude, même si Courcelles [1] et l'Ainé [2] présentent une seule et même généalogie. Ils sont, dans un premier temps, vassaux des vicomtes d'Albi puis des comtes de Toulouse. Au début du XIIe siècle, ces seigneurs, qui tiennent une place forte importante, la donnent aux vicomtes d'Albi pour la reprendre en fief comme l'imposaient alors les lois féodales, mais sont obligés de la céder à Alphonse de Poitiers un peu plus de cent ans plus tard.

 

Les nombreuses donations des seigneurs de Penne aux templiers de Vaour [3] entre 1140 et 1203 ne permettent pas de forger les liens familliaux entre eux et, surtout, ne semblent pas "coller" à la généalogie présentée par Courcelles et l'Ainé.

 

Nous avons consulté plusieurs documents relatifs au château de Penne sans pouvoir reconstruire la généalogie de ses seigneurs. Sans doute nous manque-t-il quelques-unes des pièces les plus importantes... Il est dommage que ni Courcelles, ni l'Ainé n'aient pensé à corroborer leurs écrits par des sources contemporaines !

 

Les premiers seigneurs de Penne, de la légende à l'histoire :

Une tradition voudrait que le château de Penne ait été édifié par Frédégonde (vers 545 - 597), épouse du roi de Neustrie Chilperic et celui de Bruniquel  par sa rivale Brunehaut, épouse du roi Sigebert d'Austrasie (ces places fortes ne sont situées qu'à quelques kilomètres l'une de l'autre). Rappelons que les deux reines mérovingiennes se sont livrées à une guerre sans merci qui s'est terminée par le suplice de Brunehaut.

 

Une première mention du château de Penne est faite en 825 à l'occasion d'une visite de la vallée par Pépin I, roi d'Aquitaine.

 

D’après la chanson de Sainte-Foy (Livre I-11), la châtelaine de Castelnau-Bretonoux en Quercy, Doda, détenait injustement l’église d’Alos près de Castelneau-Montmiral appartenant à l’abbaye de Conques. Elle restitua le fief à l’heure de sa mort mais son petit-fils, Hildeguier, fils de sa fille et seigneur de Penne en Albigeois, a eu l’audace de revendiquer le domaine et d'en chasser les religieux. Doda apparaît au cartulaire de Beaulieu en 975 (CB n° 75 [4]) en compagnie de son mari Gerbert et deux de ses fils (Bernard et Rigaud) et dans le cartulaire de Conques (CC n° 480 [5]) avec une partie de sa famille. L'acte n’est pas daté mais le prénom Aldiguier/Hildeguier se perpétue ensuite dans la famille de Penne donnant un certain poids à l'histoire de Doda.

 

Entre 1058 à 1072, les donations de l'église d'Helt par Guillaume-Amiel de Penne, de Geraud, de Bernard son frère et plusieurs autres seigneurs et celle d'Adalbert Raines et son fils Bernard de plusiers manses et de la combe de Cabéou sur le territoire de Penne en faveur du monastère de Moissac (CM n° [6]) nous transmet une première information sur cette famille.

 

Notons encore que trois évêques d'Albi (1055-62), (1100-1103) et (1108-1114) ont porté l'anthroponyme d'Hildeguier dont le dernier est le frère de Raymond de Penne. Deux Amiel (975-990) et (1020-1040) ont aussi été élus évêque de la même ville. Ces prénoms se sont largement diffusés dans la famille des seigneurs de Penne.

 

Une généalogie controversée :

A titre indicatif, nous rapportons la généalogie des Penne selon Courcelles et l'Ainé, mais elle ne nous semble pas clairement établie.

 

 

Geoffroy (° Ca 1060)

Geoffroy de Penne est mieux connu que ses prédéssesseurs (!) car il a participé à une croisade auprès de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse. D'après Minard [7], il est né vers 1060 et décédé en 1115. Ce même auteur affirme, sans qu'on sache d’où il tient ses informations, que la mère de Geoffroy se nomme Mandina de Cardillac et sa femme Guillemette.

 

En 1096, Geoffroy suit, en 1096, son suzerain en Palestine. Il participe à la prise de Nicée en 1097 et à celle d’Antioche en 1098, et à celle de Jérusalem en 1099. Geoffroy aurait reçu une flèche dans la cuisse au siège de Tripoli.

 

Le 13 janvier 1105, au mont Pélerin, en Syrie, Geoffroy signe une déclaration du comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, en faveur de l’évêque d’Arles.

 

Nous n'avons pas plus d'informations sur Geoffroy dont on remarquera qu'il ne porte pas exactement un prénom typique des seigneurs de Penne (Aldiguier, Olivier, Guillaume, Ameil, Bernard...). Certains historiens ont même pensé que le Geoffroy de la croisade n'était pas un seigneur de Penne en Albigeois mais plutôt un Provençal des Pennes près de Marseille...

 

D'après Courcelles, Geoffroy (et Guillemette) ont eu au moins cinq fils (voir le tableau ci-dessus) mais il n'y a, à notre connaissance, aucune raison de penser que Raymond, Aldiguier, Pierre, Pons et Guillaume forment une même fratrie. Seuls les deux premiers cités ont les même père et mère d'après les preuves que nous détenons.

 

Le douzième siècle :

Plusieurs chartes relatives au XIIe siècle ont été mises en avant pour bâtir la généalogie les seigneurs de Penne. Leur analyse chronologique ne permet pas de lier entre eux les divers personnages.

 

La donation du château de Penne :

Entre l’an 1108 et 1121 (en 1109 d'après E Cabrié [8]), Raimond donne le château de Penne à Bernard-Aton, vicomte de Béziers et le reprend en fief de lui, avec le consentement de ses fils et d’Aldiguier, évêque d’Albi, son frère (voir ci contre) mais, d'après la seconde brève, le château appartient aussi à trois autres frères : Pierre, Bernard et Hugues.

 

Entre 1115 et 1133, on cite Pierre-Raymond, Aimard et Arnaud Allaman comme fils de Raymond (s'agit-il du Raymond cité la brève ci contre ?), possédant le lieu d'Oms dans la région de Cordes. Ils possèdaient aussi le château du Castel-Vieil et des patus dans Albi mais nous ignorons s'ils avaient des parts dans celui de Penne (Cabrié). Ce Raymond là est mort en 1127. Ses fils Aimar et Arnaud abandonnent aux religieux du cloitre de Sainte-Cécile d'Albi le lieu de sépulture de leur père situé en face de ce cloitre.

 

Peut-on confondre les Raymond cités dans ces deux chartes ? Leurs enfants sont différents et celui de la charte d'Oms ne semble pas concerné par le château de Penne.

 

L'hommage de 1139 :

En 1139, Pierre Guillaume (fils de Guitberge), Raymond Amiel et Olivier (fils de Béatrice et Guillaume), et Amiel (fils de Bérengère) rendent hommage à Roger de Bézier, vicomte de Carcassonne et à sa mère Cécile, pour tout ce qu’ils possèdent en commun dans le château de Penne (HGL [9] tome 3 p 820).

 

Les deux fils de Béatrice seraient aussi ceux de Raymond d'après les érudits qui ont étudié la fialiation des seigneurs de Penne, tout comme Pierre Guillaume serait fils de Pierre (ce qui semble corroboré par une charte du cartulaire de Vaour). Enfin, Guillaume et Amiel auraient pour parents Guillaume et Bérengère.

 

A peu près à la même époque, apparait un Pons de Penne. En effet, d'après l'Histoire Générale de Languedoc, Pons de Penne est présent à l'hommage d'Ayméric et Rigaud fils de Godainae reçu par Frotaire, évêque de Nimes. La charte est mal datée (1062) et les historiens l'ont replacée en 1139. la présence d'un certain Matfred de Montels comme témoin confirme l'erreur de datation en supposant, qu'en 1139, exista un évêque du nom de Frotaire (HGL V preuves n° 264).

 

En 1141, le conflit entre le comte de Toulouse et celui de Barcelonne bat son plein. Les Trancavel prennent résolument le parti de Barcelone. En 1142, le vicomte Isarn de Saint Antonin envahit le château de Penne. L’année suivante un traité de paix entre Alphonse-Jourdain, comte de Toulouse, et Roger I Trancavel restitue le château de Penne à son propriétaire (Debax [10]).

 

Enfin, Olivier est présent à la vente du château de Brusque en Rouergue faite en juin 1156 à Raymond Trancavel, vicomte de Bézier, par Adhémar et Arnaud, vicomte de Bruniquel (HGL V preuves n° 613).

 

Les templiers de Vaour :

Peu avant 1140, des templiers s’installent au prieuré de la Madeleine des Albis appartenant à l'abbaye de Septfonds [11]. Les terres autour de l’église des Albis appartiennent aux seigneurs de Penne et ceux-ci vont devenir les grands bienfaiteurs de la communauté templière.

 

Un grand nombre de chartes datées de 1143 à 1202 et issues du cartulaire de Vaour citent des chevaliers de Penne. Malheureusement, les liens familiaux manquent pour pouvoir établir une généalogie claire et sans faille de cette vaste famille. Il est probable que ce sont en particulier les enfants des auteurs des chartes de 1139 (voir ci dessus) qui sont les donateurs du Temple. D'après E Cabrié, qui a étudié ces chartes avec précision, il ressort que P. Guillaume, Amiel, Audiguier, Raymond Amiel et Guillaume possèdaient une part de la haute juridiction de Penne.

 

 

Il est sans doute possible d'identifier P. Guillaume, Amiel, Raymond Amiel et Guillaume avec les seigneurs de Penne qui font hommage en 1139 à Roger de Bézier. Audiguier (dont le nom rappelle celui de l'évêque d'Albi) est le beau-fils de Guillaume de Penne.

 

Les données en notre possession sont trop lacunaires pour pouvoir donner une suite généalogique des seigneurs du château de Penne. Probablement apparentés, rien ne permet de déduire leurs liens familiaux.

 

Le temps des Cathares :

Dès la seconde moitié du XIIe siècle, une crise de la foi catholique se déclare dans la région toulousaine. En Juin 1209, la croisade des Albigeois débute avec, à la tête des troupes françaises, le fameux Simon de Montfort.

 

Raymond-Guillaume de Penne :

Raimond-Jourdain, vicomte de Saint-Antonin, célébre l'épouse de Raymond de Penne sous le nom d'Adélays. D'après Nostradamus, Raymond-Jourdain est blessé au cours d'une bataille en 1203 et passe pour mort. La dame de Penne, poussée par son chagrin, embrasse la religion cathare.

 

Raimond-Guillaume est présent à l'engagement du pays de l'Arsaguès, fait à Raymond, comte de Toulouse, par Guillaume, comte de Rodez, au mois de mars 1207 (HGL).

 

En janvier 1213, Pierre II d'Aragon reçoit l'hommage des chevaliers de Penne dont celui de Raymond Guillaume.

 

En septembre 1213, Les frères Olivier et Bernard de Penne, Gaspard et Raymond Guillaume, protègent le château (Minard).

 

Il est aussi difficile d'identifier Adélays que Raymond-Guillaume qui pourrait être, comme le suggère Minard, un frère d'Olivier et Bernard ou, plus simplement encore, un chevalier de Penne. Certains auteurs (n'ont-ils pas raison ?) le confondent même avec Raymond Amiel d'après le troubadour (?) qui a rapporté l'histoire (Malrieu p 50).

 

Quoiqu'il en soit, l'épisode d'Adélays montre que le château de Penne a été touché par le catharisme dès le début du XIIIe siècle.

 

La résistance d'Olivier et Bernard :

Olivier et Bernard de Penne organisent la résistance au château de Penne dès le début de la croisade. Là encore, il est difficile de donner des parents à ces valeureux chevaliers, mais nous notons que le prénom Olivier est présent dans une seule branche des donneurs de Vaour.

 

En 1212, Guy de Montfort assiège inutilement le château. Penne reste libre mais est ravagée. En se retirant, les chevaliers français dévastent les campagnes environnantes.

 

En janvier 1213, Olivier fait parti des chevaliers de Penne qui rendent hommage à Pierre II d'Aragon (Minard).

 

En septembre 1213, Olivier et Bernard sont alliés du comte de Toulouse à la bataille de Muret (Minard).

 

A Gailhac, en 1219, Olivier et son frère Bernard rendent hommage au comte de Toulouse.

 

En 1223, Amaury de Montfort, fils de Simon, prend Penne par surprise et installe une garnison de Croisés. Olivier et Bernard réinvestissent le château l'année suivante (Minard).

 

En 1229, après la victoire française sur Raymond VII de Toulouse et le traité de Meaux, les seigneurs de Penne refusent de livrer leur château au roi de France.

 

Olivier et son frère Bernard partagent les biens de leur maison en décembre 1230.

 

En 1243, nouveau refus des seigneurs de Penne de livrer leur château à Saint Louis après la tentative manquée de soulèvement de Raymond VII et ce n'est que six ans plus tard qu'Olivier et Bernard de Penne se soumettent.

 

Dans l'échange qu'Olivier et Bernard font en 1251 avec Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis et comte de Toulouse, auquel il cède le château de Penne, Olivier obtient le château de Cestayrols avec les honneurs du château d'Ambialet.

 

Maquette d'après la photo d'un panonceau prise à l'entrée même du château de Penne.

 

D'après Courcelles, Olivier a épousé vers 1245 Alpaïde de Balaguier, fille du seigneur de Vabres et soeur de Lombarde femme de Dieudonné de Barasc, seigneur de Montbrun. Eugène Vasseur [12], qui semble s'appuyer sur des études de la famille de Gourdon dont nous n'avons pas eu accès (A Navelle: Familles nobles et notables, Limyrac : Gourdon de castelneau, R Bulit : La maison de Castelneau...), considère qu'Alpaïde pourrait être la femme de Bernard (tout en notant que le fait n'est pas certain).

 

Les enfants d'Olivier et de Bernard sont mal identifiés par les historiens et les généalogistes. D'après Eugène Vasseur, Olivier est père de :

  • Frottard décédé après 1258 ;
  • Bernard (ou Roger d'où postérité)

et Bernerd est père de

  • Agnès femme de Vedian III de Lancure ;
  • Raymond-Amiel, seigneur de Lagueypie (mort après 1294) d'où
    • Bernard, seigneur de Lageypie x Marguerite de Gourdon d'où
      • Olivier, seigneur de Lagueypie x Gaillarde de Gourdon  et Yolande de Barrière d'où
        • Catherine mariée le 10 août 1338 à Ratier de Gourdon seigneur de Castelneau Peyralès (voir la page consacrée au château de Brousse) ;

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Bibligraphie :

[1] Histoire générale et héraldique des pairs de France Article Penne-Villemur IV 1822 Courcelles

[2] Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France Vol 3 1830 L Lainé

[3] Le cartulaire des Templiers de Vaour 1894 Portal et Cabrié

[4] Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu 1858 Delaroche désormais CB

[5] Cartulaire de Conques 1878 Desjardin désormais CC

[6] Cartulaire de Moissac désormais CM

[7] La saga d'un rocher 1991 Minard

[8] Les seigneurs de Penne aux XI et XIIe siècles E Cabrié dans Revue historique, scientifique et littéraire du département du Gard 1908

[9] Histoire Générale du Languedoc de Vic et Vaissette désormais HGL

[10] La féodalité Languedocienne XIe - XIIe siècles 2003 Hélène Debax

[11] Penne en Albigeois 1986 Malrieu

[12] Les nobles aïeux de trois seigneurs rouergats du XVIIème siècle 2002 E Vasseur

Commentaires

alliances Penne-Gourdon

Bonjour Madame et Monsieur,

C'est Raymond Amiel de Penne, sgr de Laguépie, qui épouse, avant 1289, vers 1280, Marguerite de Gourdon. Son fils Olivier épouse quant à lui sa parente Gaillarde de Gourdon, en 1309.

en 1289, date d’un acte de cession consenti par Raymond-Amiel de Penne d’une créance de 1000 livres qu’il avait sur Fortanier de Gourdon, lequel avait donné cette somme en dot à sa sœur Marguerite "femme dudit Raymond Amiel" (source : AD82 A 297, d'après les travaux de Pierre Hocquellet, publié sur le site Jérôme Saurel).

Bien cordialement

Jean Bunot

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