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Nous sommes plutôt bien renseignés sur Otte-Guillaume. Né vers 960 d'Adalbert, roi d'Italie, dont les ancêtres étaient bourguignons et de Gerberge, probablement fille d’un comte de Chalon, Otte-Guillaume devient à son tour un puissant comte de Bourgogne.

 

En 1002, héritier universel de son parâtre, le duc Eudes-Henri, frère d’Hugues Capet, il se heurte au fils de ce dernier, le roi Robert II le Pieux, qui n’entend pas se priver de la Bourgogne qu’il destine à l’un de ses cadets. Otte-Guillaume renonce très rapidement à ses prétentions.

 

Les relations d'Otte-Guillaume avec son voisin Rodolphe III, roi de Bourgogne Transjurane, n'ont pas toujours été des plus cordiales et ne s'améliorent que vers 1020 alors que les deux hommes sont d'âge mûr.

 

Enfin, il est probable qu'Otte-Guillaume n'ait jamais abandonné l'espoir de ceindre la couronne transalpine que son père n'a pu lui transmettre.

 

Si les faits et gestes d'Otte-Guillaume sont rapportés dans les chroniques du Xe et XIe siècle, il n'en est pas de même pour sa famille sur laquelle plusieurs historiens, et non des moindres, se sont penchés. En effet, les médiévistes se divisent encore sur l'identité des ancêtres de sa mère.

 

Plusieurs auteurs se sont intéressés à Otte-Guillaume et nous renseignent efficacement sur le personnage et ses plus proches parents. Citons :

  • Christian Settipani : les origines maternelles du comte Otte-Guillaume [1] ;
  • Thierry le Hête : les comtes palatins de Bourgogne [2] ;
  • Laurent Theis : Robert le Pieux [3] (pas encore consulté) ;
  • Maurice Chaume : les origines du duché de Bourgogne [4] ;
  • René Poupardin : le royaume de Bourgogne [5] ;
  • Christian Pfister : études sur le règne de Robert le Pieux  [6].

 

L'ascendance d'Otte-Guillaume :

Les parents d’Otte-Guillaume ne souffrent d’aucune contestation. Il s’agit d’Adalbert II, roi d’Italie, et de Gerberge de Bourgogne. Si plusieurs quartiers généalogiques d’Adalbert II ont été définitivement déterminés, l’ascendance de Gerberge reste, en grande partie, à découvrir et plusieurs médiévistes s’y sont essayés sans que leur travaux ne permettent de trancher la question.

 

L’ascendance agnatique du comte Otte-Guillaume
Les ancêtres paternels d’Otte-Guillaume, bourguignons d’origine, parviennent à monter sur le trône d’Italie : Otho qui et Vuilliemus comes, filius Adalberti, nepos Berengerii regis (MGH [7] III p 380).

 

Il faudrait un article complet pour étudier l’histoire et la généalogie des ancêtres paternels d’Otte-Guillaume. Rappelons juste l’essentiel sans développer.

 

Amédée, comte d’Oscheret :
Il est la souche de la famille des marquis d’Ivrée. Nous l’avons déjà rencontré dans la page consacrée aux Milonides.

 

Il joue un rôle important dans le comté de Langres dans les années 870-880 (Demotz [8] p 252).

 

Anchaire/Anchier d’Ivrée :
Anchaire d’Ivée est le fils (ou le petit-fils selon M. Chaume) d’Amédée, comte d’Oscheret.

 

Anchaire est conseiller du roi Boson mais, par la suite, il se brouille avec lui (T le Hête).

 

En 888, Anchaire, son frère Guy et son parent Milon, mécontents de la politique menée en Bourgogne par l’empereur Louis le Gros, complotent en faveur de Guy de Spolète qu’ils font sacrer roi de Françie occidentale par l’évêque de Langres. Le coup de force échoue et Anchaire se refugie en Italie à la suite de Guy de Spolète.

 

Anchier se taille un fief important en Italie et devient marquis d’Ivrée dès 889.

 

Nous n’avons aucune information sur l’épouse d’Anchier mais elle a au moins mis au monde :

  • Adalbert/Aubert qui suit.

 

Anchier est mort en 902.

 

Adalbert d’Ivrée :
Adalbert est né vers 870. Il conspire contre son beau-père Bérenger I, roi de Lombardie, et fait appel au carolingien Louis III dit l’Aveugle, éphémère roi d’Italie, pour un échec retentissant.

 

Adalbert se tourne alors vers Rodolphe II, roi de Bourgogne Transjurane. Après maintes péripéties, Bérenger I est battu mais c’est Hugues d’Arles qui est élu roi d’Italie.

 

Adalbert d’Ivrée a épousé Gisèle du Frioul, fille de Bérenger I, roi d’Italie, d’où :

  • Bérenger qui suit ;

Puis s’est remarié avec Ermengarde de Toscane d’où :

  • Anchier II, marquis de Toscane.

 

Aubert est mort en 923 ou 924 (T le Hête).

 

Bérenger d’Ivrée :
Bérenger est né vers 900. Il poursuit la politique de son père et s’oppose à Hugues d’Arles en sollicitant l’aide d’Otton, roi de Germanie.

 

Devenu roi d’Italie en 951, son caractère tyrannique lasse rapidement ses vassaux qui se tournent vers son ancien allié. Otton retourne en Italie et se fait couronner empereur le 2 février 962.

 

Les deux hommes se mènent une guerre sans merci qui tourne à l’avantage d’Otton. Bérenger est capturé et envoyé en prison en Allemagne.

 

Willa/Guille, l’épouse de Bérenger II, est une Bosonide. Elle est la fille de Boson, comte d’Arles et d’une autre Willa, fille présumée de Rodolphe II de Tranjuranne. Elle est la nièce d’Hugues d’Arles, roi d’Italie avant Bérenger.

 

Les enfants de Bérenger et de Willa sont :

  • Adalbert sui suit ;
  • Gui, marquis d'Ivrée mort en 965 ;
  • Conrad, comte de Milan, mort après 998 ;
  • Suzanne-Rosala femme d'Arnaud, comte de Flandre puis, en 888, épouse le roi Robert II. Ils se séparent en 996 ;
  • Gerberge femme d'Aledramn, comte de Montferrat.

 

Adalbert II :
Adalbert est né vers 930, peut-être un peu plus tôt. Adalbert est couronné roi d’Italie en même temps que son père le 15 décembre 951 à Pavie puis dépossédé par Otton le Grand en 963 (S Vajay [9] p 154).

 

Adalbert épouse Gerberge de Bourgogne vers 960. De cette alliance nait un fils unique prénommé Otte-Guillaume.

 

Adalbert cherche vainement des alliés qui lui permettraient de récupérer la couronne d'Italie avant de rejoindre son épouse réfugiée en Bourgogne.

 

Adalbert meurt à Autun le 30 avril 971 (T le Hête).
 

 

L’ascendance cognatique du comte Otte-Guillaume :
L’origine de Gerberge, mère d’Otte-Guillaume, est controversée. Aucune charte ni même aucune chronique de son temps ne nous donne directement le nom de ses parents.

 

Gerberge est née vers 945. Elle épouse successivement Adalbert d’Italie puis, avant 974 (Pfister), se remarie avec Eudes-Henri, duc de Bourgogne et frère du roi Hugues Capet. Aucun enfant ne nait de ce mariage. Gerberge décéde entre 986 et 991.

 

Apparemment, deux sources anciennes se contredisent à propos de la famille de Gerberge :

  • La geste des évêques d’Auxerre nous apprend que la femme d’Henri, duc capétien de Bourgogne, est la sœur d’Hugues de Chalon, évêque d’Auxerre entre 999 et 1039. L’auteur anonyme tire son renseignement du cartulaire de Paray-le-Monial (Paray [10] n°184). Cette charte non datée a été écrite avant qu’Hugues de Chalon soit comte, c’est à dire avant 999. Otton, qui signe après l’évêque Hugues S Otton nepos suus, ne peut être que son neveu Otte-Guillaume. Les deux hommes qui, par la suite s’opposent, n’étaient pas encore adversaires.
  • Une charte du comte Otton II de Macon, petit-fils et héritier d’Otte-Guillaume, précise que le donateur avait pour ancêtre le comte Léotaud de Macon : Ego Otto, comes maticensis…pro peccatorum… meorum abolitione, anime etiam mee et prtris mei Guidonis, necnon avi mei Ottonis cognomento Wilelmi … remedios… donon Santo Petro, ad locum Cluniacum quendam villam…que ex hereditate … obvenit, sicut jam ante comes Lataldus, atavus meus, per testamentum … fecerat (CLU [11] n° 2712).

 

Les historiens ont déduit de la première source que les parents de Gerberge étaient Lambert, comte de Chalon, et Aelis/Adélaïde et de la seconde que les parents de Gerberge étaient Léotaud et Ermengarde de Chalon.

 

Remarquons que si la seconde hypothèse était la bonne, Otte-Guillaume aurait épousé sa tante par alliance ce qui, au Xe siècle, relevait de l’inceste.

 

En 1962, Szabolcs de Vajay tente de démontrer que Gerberge est la descendante de Léotaud et d’Ermengarde de Chalon.

  • Pour que la chronologie soit respectée, et suivant les écrits de Chifflet [12], l'auteur suggère que Gerberge soit une fille d’un certain Otton, lui-même fils de Léotaud ;
  • Il remarie en troisièmes noces Eudes-Henri à Mahaut/Mathilde, sœur de l’évêque Hugues de Chalon qui, aux dires de la geste des évêques d’Auxerre, était le beau-frère du duc lorsque celui-ci décède en 1002.

 

Le procédé est ingénieux mais, selon divers médiévistes, la piste suivie par S de Vajay, souscrite par Y. Sassier [13] et B. Vregille [14], est une impasse (H. de Chizelle [15], C. Settipani…).

 

Pour Christian Settipani, les deux informations  ne s’opposent pas obligatoirement pour peu qu’on suppose que Béatrix, grand-mère d’Otton II de Macon, soit une fille issue d’un premier mariage d’Alberic (tableau ci-dessous).

 

Reste que la chronologie est très serrée ! Lambert et Aelis se sont mariés vers 945 et on ne peut guère reculer la naissance de leur fille Gerberge au delà de 947 pour qu’elle puisse enfanter Otte-Guillaume vers 962. Lambert est mort en 978. Aelis se remarie avec Geoffroy Grisegonelle et enfante au moins un fils nommé Maurice (voir à ce sujet Henry de Chizelle [16]) et probablement une fille nommée Mahaut (d’où les sires de Donzy). Or, en 980, Aelis approche les 50 ans.

 

N’est-il pas envisageable de reculer simplement la naissance d’Otte-Guillaume de quelques années afin d’assouplir cette chronologie ?

 

Malgré toutes ces tergiversations, et en attendant plus ample information, nous tenons pour acquis que les  parents de Gerberge sont Lambert et Aelis. Notons toutefois que Laurent Theis qui a écrit en 1999 n'a, semble-t-il, pas adhéré à cette thèse.

 

La famille de Lambert, grand père maternel d’Otte Guillaume :
Commencons par étudier la famille de Lambert, grand-père supposé d’Otte-Guillaume pour laquelle les médiévistes sont parvenus à un consensus. Les prénoms Lambert et Robert nous suggèrent une ascendance robertienne (rupertide) mise en évidence par M. Chaume (Origines... annexes tableau V).

 

Lambert, comte de Chalon, grand-père maternel d’Otte Guillaume :
le cartulaire du prieuré de Paray-le-Monial nous apprend que Lambert était le fils de Robert et Engeltrude : nobilissimus strenuissimimusque Lambertus filius vicecomitis, Igeltrude matre ortus, obtinuit comitatum Calilonensem primus, assente rege primoribusque Francia.

 

Selon Maurice Chaume et Ferdinand Lot [17] (p 328), Lambert avait au moins deux frères Raoul, évêque de Chalon (970 - après 984) et Robert, vicomte de Chalon.

 

Lambert est nommé par Lothaire avant juin 959 en remplacement de Gilbert/Giselbert fils de Manasses mort en 956 (J. Richard [18] et Sassier p 27). Il apparait pour la première fois avec le titre de comte dans les signataires d'une charte de Saint-Marcel-les-Chalon, en juin 960, juste après ses parents : ... S Fratgarii episcopi et Roberti comitis et uxore sua Ingeltrudis. S Lamberti, comitis, qui consentit.... (Saint-Marcel [19] n° 104). Cette considération amoindrit la thèse de F. Lot qui supposait qu’Aelis était la fille de Giselbert car elle paraissait avoir apporté ce comté à Lambert (Sassier p 27).

 

La mention Lamberto, Allobrogum comite dans une charte de Saint-Benoit-sur-Loire pourrait convenir à Lambert, comte de Chalon. Il s'agit d'un acte de donation de Bernard et de Lambert, comte des Allobroges, de biens à Perrecy ayant appartenus à leur parent Léotaud, tué au combat contre les Arvernes à Chalmoux vers 955 (Saint-Benoit [20] n° 51). Il faut placer cet évènement dans l'opposition qui anime Hugues le Grand et Guillaume Tête d'Etoupes, comte d'Auverne (Chaume Origines... I p 446).

 

En 973, Lambert fonde le monastère de Paray pour recevoir sa sépulture et celles des siens (J Richard p 91).

 

Entre le 12 novembre 981 et le 12 novembre 982, Lambert et son épouse Aélis font donation à l’abbaye de Cluny (CLU n° 1444 bis).

 

Lambert et Aélis ont eu plusieurs enfants dont :

  • Gerberge femme d’Adalbert d’Ivrée et mère d’Otte-Guillaume ;
  • Mahaut mariée à Geoffroy de Semur ;
  • Hugues, comte de Chalon et évêque d’Auxerre (999 - 1039) ;
  • Lambert mort jeune (Paray n° 195 selon C Settipani) ;
  • Atto mort jeune (Paray n° 195 selon C Settipani) ;
  • Ingeltrude (Paray n° 195 selon C Settipani).

 

Lambert est mort le 2 février 978 (C. Settipani).

 

Robert, père de Lambert, vicomte d’Autun :
Robert est né vers 900. Il est vicomte mais les médiévistes hésitent encore sur la ville où il exerce son pouvoir. C’est Autun pour Jean Richard (voir arguments dans S Vajay p 156), Maurice Chaume hésite entre Autun et Dijon, Christian Settipani penche en dernier ressort pour la vicomté de Dijon comme cela semble noté dans la charte n° 52 de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire.

 

D’après Jean Richard (p 90), Robert est possessionné dans la vallée de l’Arroux probablement au voisinage de Perrecy, entre Toulon sur Arroux et Digoin. En réalité, nous le verrons un peu plus loin, c'est probablement son épouse qui détenait des biens dans cette région.

 

En 936, Robert, vicomte, apparait dans une charte de donation d’Hugues le noir, comte et marquis, à l’abbaye de Saint Symphorien d’Autun pour l’âme de ses parents Richard et Adélaïde (Saint-Symphorien [21] n° 7).

 

En 942, Robert apparait comme un fidèle de Giselbert, comte de Dijon : Ego Gislebertus … cum … Rotberti Divionensis nostrique per omnia fidelissimi … S Rotberti qui hanc precariam studuit poposcere, S Hengeltrudis, S Rodulfi filio predicti Rotberti (Saint-Etienne [22] n° 38).

 

Le 11 décembre 942, Gilbert accorde, à la requête d’un de ses vassaux nommé Guibaud (Guitbald), un manse et demi de terres, sises au pagus de Chalon et dépendant de l'abbaye de Saint-Etienne de Dijon. L'archidiacre Rathier consent à cette précaire. Dans cet acte apparaissent Adélaïde, fille de Gilbert/Giselbert, Ingeltrude, femme Robert de Dijon et, enfin, son fils ainé Raoul (F Lot p 324 et Saint-Etienne n° 38).

 

En décembre 958, avec sa femme Engeltrude et son fils Lambert, Robert, vicomte de Dijon, donne à Saint-Benoît-sur-Loire, pour le repos de l'âme de Raingarde, la chapelle Notre-Dame sur l'Arroux, au pays d'Autun, avec ses serfs et ses dépendances, et ce qu'il possédait à Mauny (Saint-Benoit n° 52).

 

De Robert et Engeltrude sont nés :

  • Lambert qui suit ;
  • Robert, vicomte de Chalon. Il apparait en 955 : Rodbertus vicecomis in Cabilon civitatem… (CLU n° 979). Entre 994 et 999, Robert fait une donation à l’abbaye de Saint-Marcel-lès-Chalon. Elisabeth, son épouse y souscrit (Saint-Marcel n° 9) ;
  • Raoul cité en 942 (chronique de Saint-Benigne [23] et Saint-Etienne de Dijon n° 38).

 

Robert possédait l’abbaye de Saint-Marcel de Chalon. A ce titre, il permet en juin 960 à Frotaire, évêque de Chalon, de concéder à Bernard et Evrard, une chapelle située dans le comté de Lyon, au village de Savigny, et dépendant de Saint-Marcel (Lot p 326 et Saint-Marcel n° 104).

 

Robert est mort après juin 960 (Saint Marcel n° 104).

 

La famille d'Engeltrude :

La famille d'Engeltrude reste à découvrir. Deux éléments qui devraient aboutir au même résultat sont à la disposition du généalogiste :

  • Les Engeltrude de cette époque appartiennent à la famille des Allard/Adalhard (voir Chaume [24]) ;
  • Léotaud, comte de Macon, proclame que Lambert est son parent : Lambertus consanguineus meus (CLU n° 655).

 

R. Poupardin se demande si elle n'est pas la belle-soeur d'Alberic I, autrement dit la fille de Raculfe, vicomte de Macon, mentionné en 905 (Poupardin p 234).

 

D. Jackman [25] suggèrent, pour des raisons purement onomastiques, qu'elle soit la fille d'Eberhard, comte en Oberlahngau, mais cette perspective paraît peu probable d'un point de vue géographique.

 

M. Chaume, suivi par C. Settipani, la croit de la famille des Allard/Adalhard installée en Bourgogne. Les informations données par l'abbé ne permettent pas de reconstruire une famille.

 

Engeltrude est décédée après juin 960 (Saint Marcel n° 104).

 

Les ancêtres de Robert  :
En remontant le temps, les liens généalogiques deviennent de plus en plus incertains. Cette lignée n'échappe pas à la règle...

 

Selon C. Settipani (en accord avec le chanoine M. Chaume (Origines... Annexes tableau V), il faut rapprocher ce Robert de la famille des comtes de Troyes où sont véhiculés les prénoms Robert et Raoul. Ils ont une souche commune avec les Robertiens qui finissent par s’imposer sur le trône de France.

 

En 901, le comte de Dijon Adhemar, époux de Lampagia fait donation de biens à Ruffey. Son frère Robert et son neveu Aledramn sont témoins de la charte (Pérard [26] p 160).

 

La famille d’Aelis, grand mère maternelle d’Otte Guillaume :
La famille de la princesse Aelis, que les historiens nomment dame de Donzy, n’est pas fournie par la documentation. Il faut donc la reconstruire à partir de preuves indirectes plus ou moins convaincantes.

 

Nous savons qu’Hugues, évêque d’Auxerre et comte de Chalon, était parent avec la reine Constance, dernière épouse de Robert II le Pieux. Christian Settipani reconstruit cette parenté de la façon décrite dans le tableau ci-contre.

 

D'autre part, Aelis, possédait des biens dans le Beaunois, à Gevrey-Chambertin (CLU n° 2722) et la vita de son fils Hugues, évêque d’Auxerre, nous apprend que les châteaux de Varzy  et de Cosne lui venait de sa mère : Castrum Varziacum, sue [matris] et antecessorum proprium … in Conada similiter castello sue matris sedis (Duru [27] I p 193).

 

Pour les anciens médiévistes, Aelis se rattache à la famille de Giselbert, comte de Chalon. L’argument avancé est que son mari, Lambert aurait hérité du comté de Chalon appartenant naguère à sa belle-famille. Nous pouvons rajouter que Giselbert possédait lui aussi des biens à Gevrey-Chambertin (Chronique de Saint-Bégnine p 115).

  • Ferdinand Lot (p 325) et Henry de Chizelle proposent qu’Aelis soit la fille de Giselbert, comte de Chalon et d’Ermengarde. Selon ces auteurs, Giselbert et son épouse pourraient avoir mis au monde Adélaïde Werra femme de Robert de Vermandois, comte de Troyes et une seconde Adélaïde, femme de Lambert de Chalon) ;
  • Adélaïde est fille de Robert et de Adélaïde Werra (S de Vajay p 158 n° 3). Du point de vue chronologique, cette hypothèse est plus séduisante ;

  • M. Chaume (Origines... I p 447) considérait Aélis comme une descendante de Charles-Constantin et de Garnier, vicomte de Sens et comte de Troyes, pour tenir compte de la parenté évoquée ci-dessus entre la reine Constance et l'évêque-comte Hugues ;

Christian Settipani compose une généalogie d’Aelis (que lui-même considère comme fragile) par une étude presque purement onomastique sur son prénom, ceux de ses enfants (Gerberge, Mathilde, Hugues et Maurice) et ceux de ses petits-enfants (Thibaut et Otte-Guillaume). Voici un résumé succinct de son étude :

  • Les prénoms Gerberge, Mathilde et Otte font supposer qu'Aelis est apparentée à Henri l’Oiseleur et son épouse Sainte Mathilde. D'ailleurs, Constance Bouchard [28], qui montre que toutes les Mathilde et les Gerberge  descendent d’Henri et de Mathilde, s’étonne qu’il n’en soit pas de même pour les filles d’Aélis ;
  • Thibaut fait allusion au Viennois ;
  • Hugues et Aélis dirigent vers Adélaïde, fille d’Hugues de Tours et femme de Conrad d’Auxerre souche des Rodolphiens, famille dans laquelle l’anthroponyme Adélaïde/Aélis se véhicule de génération en génération.

 

Quoi qu'il en soit, la contesse Aélis épouse en premières noces Lambert et en seconde, le comte d’Anjou Geoffroy Grisegonelle (Chronique de Saint-Bénigne p 115). Ce second mariage du comte d’Anjou peut être vu comme un rapprochement de Grisegonelle avec le roi Lothaire dans la guerre qui l’oppose à Otton II. En effet, le lignage des Chalon semble proche de Lothaire (Guy Jarousseau [29] p 335). Aelis et Geoffrroy Grisegonelle ont eu un fils Maurice et peut-être, une fille Mathilde ancêtre de l’illustre lignage des Donzy.

 

En mars 979, Geoffroy, son épouse Aelis, et Hugues fils de Lambert, font une donation à l'abbaye de Cluny (CLU n° 1474). En octobre 984, le couple comtal souscrit à une autre donation à Cluny (CLU n° 1701).

 

Otte Guillaume et son temps :

Otte-Guillaume est contemporain des rois capétien Robert II le Pieux et transjuran Rodolphe III. Les deux souverains ont tout intérêt à minimiser les ambitions et les véléités de leur puissant voisin. Il est probable qu'Otte-Guillaume vise aussi la couronne d'Italie que son père n'a pu conserver et lui transmettre.

 

Vie privée :
Otte-Guillaume est né vers 962. Il est le fils Adalbert d’Ivrée, roi d’Italie, et de Gerberge de Bourgogne. Alors que la guerre fait rage entre Otton, roi de Germanie, et les rois d’Italie, Otte-Guillaume est arraché de sa famille et enfermé dans un monastère italien. Heureusement, un moine fidèle à Adalbert le tire de sa geôle et le conduit en Bourgogne où sa mère s’est déjà réfugiée (Poupardin p 220, Pfister p 253…).

 

Adalbert meurt en 971 alors qu’Otte-Guillaume n’a pas encore atteint l'âge des dix ans. Quelques mois plus tard, sa mère Gerberge se remarie avec Eudes-Henri, duc de Bourgogne, et frère d’Hugues Capet.

 

Vers 982, Otte-Guillaume épouse Ermentrude de Roucy, fille de Renaud et d’Alberade du Hainaut, veuve d’Alberic II de Macon (Saint-Vincent [30] n° 7). Elle est la sœur de Brun/Brunon de Roucy, le puissant évêque de Langres.

 

Gerberge décède entre 986 et 991 (T le Hête). Son mari, se remarie ave Gersende de Gascogne.

 

En 994, Le comte Otte et son épouse, la comtesse Irvis (= Ermentrude ?), souscrivent à la donation de Milo et de sa femme Ermengarde (CLU n° 2267).

 

En 1004, le comte Otte cède à Saint-Bégnine de Dijon le domaine de Veuvrey-sur-Ouche pour l’âme du duc Henri qui l'a adopté, celle de sa mère Gerberge femme d'Henri, pour celle de son fils Gui et celle de sa femme Ermentrude (Chronique de Saint-Bégnine p 163 et Pfister p 253).

 

Entre 996 et 1015, Otte et sa femme Adila (= Adélaïde) font donation à l’abbaye Saint-Vincent de Macon . L’acte est souscrit par son fils Renaud (Saint-Vincent n° 471 et 490).

 

En 1015, Otte-Guillaume, son épouse Adélaïde, son fils Renaud et son petit fils Otton font donation à Cluny (CLU n° 2694 ci-contre).

 

Le 28 octobre 1019, à Port sur Saône, Otte-Guillaume, comte de Bourgogne, donne à l’abbaye de Saint-Bégnine de Fruttuaria des terres situées entre les Alpes, le Pô et le Doria Baltea (Poupardin p 427).

 

Ermentrude de Roucy est probablement plus âgée d’une douzaine d’années que son mari (il s’agit d’une alliance politique) ce qui ne l’a pas empêché d’enfanter plusieurs enfants (selon Raoul Glaber) .

  • Guy mort avant son père ; Il apparait en 994 : S Otto comes, S Ermentrude comitissa, S vuidoni (CLU n° 2265) et en 997 avec le titre de comte: S Willelmi comitis, S Widonis comitis (CLU n° 2387) mais en 1004, c’est son fils qui le porte (Saint-Vincent n° 487) ;
  • Renaud, comte de Bourgogne après son père ; Il est marié à Judith Adélaïde de Normandie fille de Richard le Bon et Judith de Bretagne ;
  • Mathilde femme de Landry de Nevers ;
  • Gerberge épouse de Guillaume de Provence ;
  • Agnès x Guillaume III de Poitiers et x Geoffroy Martel, comte d’Anjou ; religieuse après la séparation avec son second époux.

Ermentrude est décédée en 1003. La seconde épouse d’Otte-Guillaume se nomme Adélaïde. René Poupardin a suggéré qu’Otte avait épousé Adélaide d’Anjou, femme de Guillaume le libérateur, comte de Provence. Cette hypothèse, reprise par plusieurs médiévistes, n’a aucun fondement sérieux.

 

Otte-Guillaume est mort le 21 septembre 1027
 

 

Vie publique :
Otte-Guillaume est l’un des principaux fondateurs de la puissance de la Bourgogne moyen âgeuse et son long gouvernement a permis de jeter les bases de la puissance de ses successeurs.

 

Entre 971 et 986, Otte-Guillaume souscrit à une restitution faite par Bego à l’abbaye de Saint-Vincent de Macon (Saint Vincent n° 409).

 

En 982, Guillaume comte, signe un titre de l’abbaye de Cluny (CLU n°1580).

 

En 987, Otte-Guillaume signe un diplôme en qualité de comte de Nevers (Pfister p 254).

 

Selon F. Demotz (p 436), Rodolphe III, roi de Transjurane, tente de contrôler au tout début de son règne (993 - 995) des régions dominées par Otte-Guillaume, ouvrant des hostilités qui allaient durer presque trente ans. Rodolphe intervient en Maconnais, au coeur des possessions d'Otte-Guillaume, avec ses grands laïcs, son épiscopat et les Clunisiens (p 440). En 994, il a peut-être même essayé de prendre pied à Besançon par l'intermédiaire d'une élection épiscopale (au décès de Léotaud fils d'Alberic et d'Ermentrude femme en secondes noces d'Otte-Guillaume).

 

En 1002, la mort sans descendance légitime du duc de Bourgogne Eudes-Henri ouvre une crise de succession entre le roi Robert et Otte-Guillaume. Ce dernier revendique le duché, se disant héritier par adoption du défunt. Déjà titulaire des comtés de Macon, de Beaune, d’Auxerre, d’Autun et de Nevers, et de vastes territoires dans l'archidiocèse de Besançon, on comprend quel danger pouvait constituer, pour le roi de France, Robert II, mais aussi pour Rodolphe III, roi de Transjuranne, la formation d’un état entre les deux royaumes (Poupardin p 225).

 

Otte-Guillaume se met à la tête d’un puissant  parti de nobles attachés au maintien des intérêts acquis sous le duc Eudes-Henri. Les comtes de Nevers Landri et de Sens Fromont sont ses plus fervents soutiens laïques. Il compte aussi dans ses rang son beau-frère Brun de Roucy, évêque de Langres qui souhaitait conserver l'une des possessions les plus importantes de la seigneurie épiscopale de Langres, le comté de Dijon, obtenu du roi Lothaire par l'évêque Achard en 967) et encore l’abbé de Saint-Bégnine de Dijon, Guillaume de Volpiano, son parent (Moranvillé [31] p 35). Par contre, il se heurte à l’hostilité de son oncle Hugues, évêque d’Auxerre, qui avait bénéficié de la bienveillance royale lors de son élection en 999 (M Chauney [32] p 389). Jean-Luc Chassel émet l'hypothèse que l'évêque craint aussi pour son comté qu'il destine à son neveu Thibaut ( [33]).

 

Le duc Eudes-Henri et son prédécesseur Otton étaient les oncles du roi Robert qui pouvait aussi se prévaloir du protectorat exercé sur la Bourgogne par son grand-père Hugues le Grand. La Bourgogne était à ses yeux, un bien de famille (Chassel). De plus, Robert pouvait craindre que ses adversaires permettent un retour des Carolingiens évincés du pouvoir depuis peu. En effet, par l’intermédiaire d’Alberade de Roucy, Otte-Guillaume et ses principaux lieutenants sont les neveux du défunt roi Lothaire. Moranvillé écrit que Brun de Roucy obtient son siège à Langres grâce à l'affection que lui porte Lothaire (Moranvillé).

 

Otte-Guillaume ne tarde pas à reconnaitre la suzeraineté de Robert sur ses possessions en Bourgogne (Poupardin p 226). Dès le mois d’août 1005, il reconnait tenir du roi l’église de Saint Etienne près de Beaune (RHFG [34] X p 585). Otte-Guillaume accompagne Robert, en 1006, lors de l’entrevue qu’il a avec l’empereur Henri II sur les bords de la Meuse (RHGF X p 588)

 

Il est possible qu’Otte Guillaume ait très vite renoncé à ses pretentions sur le duché de Bourgogne car il a senti en Robert II un adversaire déterminé et intransigeant. Il change alors de stratégie et se tourne vers la Bourgogne Transjurane  gouvernée par le faible Rodolphe III (Poupardin p 227). François Demotz évoque la possibilité d'une intervention d'Otte Guillaume en 1006 du côté de Bâle, vite stoppée par Henri II de Germanie, neveu de Rodolphe.

 

En 1016, l'élection de l'évêque de Besançon se fait avec le soutien d'Otte-Guillaume, réactivant le conflit existant entre lui et Rodolphe III. A la même époque, la mort d'Ardouin d'Ivrée, usurpateur du trône d'Italie entre 1002 et 1004, crée une agitation dans la péninsule dont Otte-Guillaume, fils de roi d'Italie et grand propriétaire en Piémont, ne peut que se réjouir (F. Demotz p 588). Rodolphe III, roi faible, ne peut rivaliser avec Otte-Guillaume. Henri II de Germanie, empereur d'Italie, et successeur programmé du roi de Transjurane se charge de contenir Otte-Guillaume dans ses états.

 

Durant les dernières années de sa vie, Otte-Guillaume se reconcilie avec le roi Rodolphe puisqu’il intervient dans un précepte royal le 13 juillet 1026 (RHGF XI p 549).
 

Otte-Guillaume et Hugues de Chalon ont un nouveau contentieux peu avant 1020. Hugues s'empare de Renaud, fils du comte de Bourgogne. Richard, duc de Normandie et beau-père de Renaud, envoie un contingeant conduit par son fils Richard afin de délivrer Renaud. Hugues doit s'incliner (M. Chauney).

 

Otte-Guillaume meurt le 21 septembre 1026. Son fils Renaud lui succède à la tête du comté de Bourgogne.

 

 

Bibliographie :

[1] Les origines maternelles d’Otte Guillaume 1994 Christian Settipani

[2] Les comtes palatins de Bourgogne 1995 Thierry le Hête

[3] Robert II le Pieux 1999 Laurent Theis

[4] Les origines du duché de Bourgogne 1925 - 1938 Maurice Chaume tome 1

[5] Le royaume de Bourgogne (888 - 1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles 1907 René Poupardin

[6] Etudes sur Le règne de Robert Le Pieux (996-1031) 1885 Christian Pfister

[7] Monumenta Germaniae Historica tome III (désormais MHG)

[8] La Bourgogne dernier des royaumes carolingien (855 - 1056) 2008 François Demotz

[9] A propos de la guerre de Bourgogne : note sur les successions de Bourgogne et de Macon aux Xe et XIe siècles 1962 S deVajay dans Annales de Bourgogne tome XXXIV

[10] Cartulaire de Paray-le-Monial (désormais Paray)

[11] Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny (désormais CLU) 1876 - 1903 Alexandre Bruel

[12] Bibliothèque nationale de Paris : Papiers du Père Chifflet Mss. lat. 9866

[13] Recherches sur le pouvoir comtal en Auxerrois du Xe au début du XIIIe siècle 1980 Yves Sassier

[14] Hugues de Salins, archevêque de Besançon (1031 - 1066) 1978 Bernard de Vregille

[15] Aperçu sur le comté de Chalon-sur-Saône au Xe siècle : à propos de la comtesse Aélis 1986 Henry de Chizelle dans Annales de Bourgogne tome 58

[16] Notes complémentaires concernant Aélis, comtesse de Chalon 1996 Henry de Chizelle dans Annales de Bourgogne tome 68

[17] Les derniers Carolingiens : Lothaire, Louis V et Charles de Lorraine 1901 Ferdinand Lot

[18] Aux origines du Charolais : vicomté, vigueries et limites du comté en Autunois méridional (Xe - Xe siècles) 1963 Jean Richard dans Annales de Bourgogne tome XXXV

[19] Cartulaire de Saint-Marcel-lès-Châlon (désormais Saint-Marcel) 1894 Paul Canat de Chizy

[20] Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire 1907 Prou et Vidier (désormais Saint-Benoit)

[21] Recueil des actes du prieuré Saint-Symphorien d'Autun 1936 André Delage dans société éduenne (désormais Saint-Symphorien)

[22] Cartulaire de Saint-Etienne de Dijon (désormais Saint-Etienne)

[23] Chronique de Saint-Bégnine 1875 abbé Bougaud

[24 ] Criticism and Critique, sidelights on the Konradiner 1997 Donald C Jackman

[25] Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire, essai de synthèse sur l'histoire de la Bourgogne 1922 Maurice Chaume dans Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon

[26] Recueil de plusieurs pièces servant à l'histoire de Bourgogne 1664 Pérard

[27] Bibliothèque historique de l'Yonne 1850 Abbé L.M. Duru tome 1

[28] Those of My Blood: Creating Noble Families in Medieval Francia 2002 Constance Bouchard

[29] Eglises, évêques et princes à Angers du Ve au début du XIe 2015 Guy Jarousseau

[30] Cartulaire de Saint-Vincent de Macon 1864 M.C. Ragut (désormais Saint-Vincent)

[31] Origine de la maison de Roucy 1922 H. Moranvillé dans bibliothèque de l'école des chartes

[32] Deux évêques bourguignons de l'an mil : Brunon de Langres et Hugues Ier d'Auxerre Martine Chauney Cahiers de civilisation médiévale Volume 21

[33] A propos de quelques documents de Saint-Bénigne de Dijon au XIe siècle 1993 Jean-Luc Chassel dans Annales de Bourgogne

[34] Recueil des historiens des Gaules et de la France (désormais RHGF) tome X et XI

 

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