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Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

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Thierry III est un des derniers rois mérovingiens. Il appartient à la fameuse et peu glorieuse série des "rois fainéants", expression qui symbolise la dépendance totale de ces princes à leur maire du palais, ministre qui gouverne à leur place.

 

Thierry III est né vers 654 et décédé en 691. Il a eu un long règne, de presque deux décénies, même si un débat entre experts a eu lieu pour savoir à quelle date il a commencé.

 

La bibliographie est assez abondante et se recoupe bien. De nombreux articles sont consacrés à cette période de notre histoire car la montée des Pépinides, ancêtres des Carolingiens, a déjà débuté. Il faut consulter, en particulier, les écrits de L Levillain [1] et [2], E Vacandard [3] et [4], C Settipani [5] et K F Werner [6].

 

Extrait du diplome du roi Thierry III qui maintient Amalgaire dans la possession de sa terre située à Bailleval, revendiquée par une dénommée Acchilde (679/680)

 

La famille de Thierry III :

Thierry III est le troisième fils de Clovis II et de son épouse, l'esclave d'origine anglo-saxonne, Bathilde. Il est un des petit-fils du célèbre Dagobert I.

 

Thierry III est marié avec Chlotilde Dode, fille supposée d'Angésisel et de Sainte-Begga (Calmette [7], Chaume [8] puis Settipani ) formant ainsi un noeud entre les rois régnants et les Pépinides qui annocent les Carolingiens. Le 30 octobre 688, Theudericus rex Francorum donne une propriété, à la requête de regine nostre Chrodochilde … et … Berchario maiorem domos nostre à l'abbaye de Saint Denis (Medlands [9] d'après MGH DD Mer (1872), Diplomata Regum Francorum, n°66 p.58). A la mort de son époux, Clothilde est régente du royaume franc jusqu'en 692.

 

Le nécrologue de l'abbaye Saint Vaast d'Arras nomme : Theodericus rex Galliæ, Doda uxor regina... (Medlands d'après MGH DD Mer (1872), Diplomata Regum Francorum, n° 66  p.58)

 

 

La carrière de Thierry :

En 673, à la mort de Clotaire III, roi de Neustrie, Ebroïn, maire du palais, qui a mis la royauté sous tutelle afin d'exercer lui-même le pouvoir, intronise le nouveau roi, Thierry, dernier né de Clovis II et frère de Clotaire III. Afin de tenir le prince dans sa dépendance, il prend soin d'écarter du palais les officiers qui lui portent ombrage. Il en interdit, par exemple, l'accès aux seigneurs burgondes, qui paraissent avoir dès lors formé un parti d'opposition sous la conduite de Léger, évéque d'Autun, et de son frère Warin/Garin, comte de Paris (Vie de saint Ouen).

 

Une vive opposition s'organise alors autour de Saint-Léger et de son frère qui font appel à Childeric, roi des Austrasiens et frère de Thierry. Quelques mois après leur prise de pouvoir, Thierry et son maire du palais sont tonsurés et emfermés dans une abbaye, le roi à Saint-Denis et son ministre à Luxeuil.

 

Mais bientôt, les Grands de Neustrie, déçus par la politique austrasiene, se débarasse de Childeric. Débute alors une période d'anarchie et le parti de Léger se hâte de restaurer Thierry III sur le trône de Neustrie avec, pour maire du palais, Leudésius, fils d'Echinoald. La mort de Childéric rend  la liberté à Ébroïn qui lève des troupes en Austrasie et, se dirigeant vers la Neustrie, surprend l'armée royale qui campe sur les bords de l'Oise, à Pont-Sainte-Maxence, près de Compiègne. Leudésius et Thierry peuvent s'échapper mais sont poursuivis. A Baizieux, Ebroïn met la main sur le trésor royal et, à Crécy en Ponthieu, Thierry est obligé de se rendre. Leudésius échappe à ses poursuivants mais Ébroïn finit par le rattraper et le tuer (Vie de Saint Ouen).

 

Après la mort de Leudésius, en 676, Ebroïn répand la rumeur du décès de Thierry et proclame roi un enfant nommé Clovis qu'il présente comme le fils de Clotaire III. Toutefois,  la supercherie est rapidement dénoncée par Ebroïn lui-même qui s'est reconcillié avec Thierry III. L Levillain suppose que le rétablissement de Dagobert II, cousin germain de Thierry et fils de Sigebert III, sur le trône d'Austrasie a pu inquiéter le maire du palais neustrien.

 

Maître de la Neustrie et de la Bourgogne, Ebroïn jette des regards de convoitise sur l'Austrasie. Son parti s'est affaibli par la défection de quelques Grands qui n'ont pas apprécié les manoeuvres de leur chef mais il espère bien ramener toute la Gaule franque sous le sceptre de Thierry.

 

Imitant leurs ancêtres mérovingiens, Thierry et Dagobert entrent en guerre. Ebroïn bat les Austrasiens près de Langres en 677. Dagobert II est toutefois maintenu sur son trône.

 

Le 4 septembre 677, un précepte de Thierry III confisque les biens d'Aldaric-Ethic, comte d'Alsace, ancêtre d'Hugues le Peureux de Tours et père de Sainte-Odile. C'est le signe de la profonde division des Francs. Aldaric appartient au clan de Saint Léger et de son frère, qu'Ebroïn a arrêtés, torturés et exécutés. Aldaric a choisi l'Austrasie plutôt que la Neustrie et en paye le prix. Après la mort d'Ebroïn, Aladaric se réconcilie avec le roi Thierry [10].

 

Le 23 décembre 679, Dagobert est assassiné, probablement par le parti arnulfien de Pépin d'Herstall, père de Charles Martel. Des négociations en vue d'établir Thierry comme roi du regum Francorum sont entreprises mais n'aboutissent pas. Le succès d'Ebroïn dure peu et il est à son tour assassiné en mai 680. Son meurtrier trouve étrangement refuge auprès de Pépin.

 

Warathon, nouveau maire du palais, s'empresse de conclure la paix avec les Austrasiens. Du coup, l'autorité de Thierry s'étend enfin à l'intégralité du royaume franc. Giselmar, qui renverse et remplace son père Warathon, reprend la guerre contre les Austrasiens. Il bat Pépin en 684 mais meurt peu après. Son père revient au pouvoir remplacé deux ans plus tard par son gendre Berchaire.

 

Berchaire succite de nombreux mécontentements et les Grands de Neustrie, désirant en finir avec les guerres civiles, font appel à Pépin qui lève des troupes et bat celles de Thierry en 687. Thierry est alors aux mains de Pépin qui est bien décidé à se faire respecter par toute l'aristocratie du royaume (P Riché [11] p 36). Thierry conserve son titre et ses résidences autour de Paris mais il est chapeauté par un représentant de Pépin (Nordebert puis un fils de Pépin nommé Grimoald).

 

D'après le continuateur de Frédégaire, Thierry est mort après dix-sept ans de règne (Medlands d'après MGH DD Mer (1872), Diplomata Regum Francorum, n°14 p16) tandis que le Liber Historiæ Francorum lui en donne dix-neuf (Medlands d'après MGH DD Mer (1872), Diplomata Regum Francorum, n°18 p19). 

 

Thierry III et les abbayes
Les diplômes des rois mérovingiens ont été compilés par Bauer et Samaran [12]. Nous n’avons malheureusement pas consulté cet ouvrage mais, à partir des écrits des historiens que nous avons cités, et tout particulièrement L Levillain, nous savons que Thierry III a eu affaire avec les abbayes suivantes (liste non exhaustive) :

  • Abbaye de Corbie (en Picardie) :
    • Thierry confirme la charte de fondation de l'abbaye d'après les confirmations de Pépin le Bref et Charlemagne ;
    • Le roi Thierry III ordonne aux moines de Corbie d'élire Chrodegarius comme abbé de ce monastère d'après l'acte qui suit ;
    • Thierry confirme l'élection d'Erembert comme abbé, à la mort de Chrodegarius.
  • Abbaye de Saint-Vaast d’Arras :
    • Vers 679, après le meurtre de Saint Léger, Thierry III dote richement l'abbaye dans l'intention d'apaiser la colère divine (Cartulaire de Saint-Vaast [13] p 15) ;
    • Vers 680, Thierry accorde des privilèges à l'abbaye de Saint-Vaast ;
  • Abbaye de Saint-Denis en ile de France
    • Diplôme de Thierry III en faveur de l'abbé Chaino de Saint-Denis le 12 septembre 677 (Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie) ;
    • Vers 681, exemption de Tonlieu, accordée à l'abbaye de Saint Denis par Thierry III (Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie) ;
    • Entre 680 et 688, Thierry III exempte à perpétuité, dans ses trois royaumes, les chariots et navires de Saint-Denis, qu'ils partent de l'abbaye ou d'un de ses domaines, tant à l'aller qu'au retour, des tonlieux, pontaticus, portaticus, pulviraticus, rodacus, salutaticus, cispetaticus, et de toute autre redibicio, que les agents du pouvoir public et les receveurs de ces taxes ont coutume de lever dans la traversée des villes et des bourgs, dans les ports et au passage des ponts, et en tous autres endroits. Le roi attribue les profits que le monas­tère tirera de cette exemption à l'entretien du luminaire de la basilique [14] ;
    • Le 30 octobre 688, donation, par Thierry III, de Lagny sur Marne à l'abbaye de Saint-Denis (Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie).

 

Les enfants de Thierry III :

Thierry III et son épouse, parfois nommée Clothilde, parfois nommée Dode (les historiens ne font qu'une et même personne de Clothilde et de Dode) ont eu (d'après les plus éminents médiévistes) trois fils et une fille :

  • Clovis IV, roi des Francs de 691 à 695. Chrotechildis regina est nommée comme mère de Clovis dans le cartulaire de Saint-Bertin (Medlands d'après MGH DD Mer (1872), Diplomata Regum Francorum, n°70 p.62).
  • Childebert III, roi des Francs après son frère, règne de 695 jusqu'en 711 sous la férule de Pépin d'Herstall.
  • Clotaire IV (?). En 717, Charles Martel, maire du palais d'Austrasie, le fait proclamer roi d'Austrasie. Il meurt en 719.
  • Bertrade, fondatrice de l'abbaye de Prüm, mère de Rolande mariée à un certain Bernier et grand-mère d'un Thierry. Elle est probablement la souche des Guilhermides.

 

Bibliographie :

[1] La succession d'Austrasie au septième siècle L Levillain dans Revue Historique 1913

[2] Examen critique des chartes mérovingiennes et carolingiennes de l'abbaye de Corbie 1902 Levillain

[3] Vie de Saint Ouen, évêque de Rouen (641-684); étude d'histoire mérovingienne 1902 E Vacandard

[4] Le règne de Thierry III et la chronologie des moines de Fontenelle E Vacandard dans Revue des questions historiques (tome 59) 1896 p 491 à 506

[5] La préhistoire des Capétiens 1993 C Settipani

[6] L'histoire de France 1. Les origines 1984 K.F. Werner

[7] La famille de Saint Guilhem et l'ascendance de Robert le Fort J Calmette dans Annales du Midi 1933

[8] La famille de Saint Guillaume de Gellone 1929 Chaume dans annales de Bourgogne 1929

[9] Foundation of Médiéval Généalogy

[10] Le premier duché de Bourgogne ses titulaires, leur famille leur politique L Dupraz Mémoires et documents publiés par  Société d'Histoire et d'archéologie de Genève tome 40

[11] Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe 1985 P Riché

[12] Les diplômes originaux des Mérovingiens 1908 Lauer et Samaran

[13] Cartulaire de l'abbaye de Saint-Vaast d'Arras rédigé au XIIe siècle par Guimann et publié pour la première fois... par le M. le chanoine Van Drival

[14] Études sur l'abbaye de Saint-Denis à l'époque mérovingienne L Levillain dans Bibliothèque de l'école des chartes 1930

 

 

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