Les échos du site

Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

Dernières minutes

Les comtes du Maine de la famille des Hugonides ne sont pas, loin s’en faut, des inconnus pour les historiens même si quelques points de leur généalogie sont encore discutés. Ils succèdent à une autre famille à laquelle ils sont probablement apparentés, les Rorgonides qui dominent le Maine depuis le VIIIe siècle. 

 

Quelques médiévistes ont éclairé les brumes moyen-ageuses de cette région par leurs recherches et leurs réfexions qui nous sont bien utiles pour reconstruire la généalogie de cette maison. Citons :

  • Robert Latouche dont il nous reste plusieurs écrits. Rappelons le titre de son ouvrage de référence : "L’histoire du Maine pendant le Xe et le XIe siècle [1]" suivi d'un catalogue d'actes des comtes du Maine mais aussi "Les premiers comtes héréditaires du Maine  [2]" ;
  • Christian Settipani dont les tableaux s’enfoncent profondément dans le temps. Il a traité des Rorgonides à plusieurs réprises (Les ancêtres de Charlemagne [3] et son addenda [4]) qui donnent une idée de l'ascendance des comtes du Maine) ;
  • Katarine Keat-Rohan qui a rédigé plusieurs articles sur le sujet (Un vassal sans histoire [5], Comtes, vicomtes et évêques dans le Maine [6], Bilehilde [7]…) ;
  • Régine Le Jan qui évoque les Rorgonides dans "Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle) [8] " ;
  • Jean-Pierre Brunterc'h : "Le duché du Maine et la marche de Bretagne [9]" ;
  • Bruno Lemesle dans "La société aristocratique dans le Haut-Maine [10]" ;
  • Patrice Morel : "Les Comtes du Maine au IXe siècle [11]".

Nous n'avons pu accéder qu'à une partie de cette importante bibliographie.

 

Au cours du haut-moyen-âge, le Maine a joué le rôle d’état frontière, d’abord contre les Bretons, puis contre les Normands et les rois de France ont toujours accordé beaucoup d’importance à cette terre, chacun y installant des fidèles sur lesquels il puisse compter.

 

A la fin du dixième siècle se joue au coeur de la Neustrie une partie d'échec entre Carolingiens et Robertiens dont l'enjeu est le trône de la Francie Occidentale : les Carolingiens, écartés de la royauté en 888 au profit d'Eudes, le Robertien, marquis de Neustrie, cherchent à retrouver leur influence dans l'ouest de la Francie avec Charles le Simple, sacré en  893 et effectivement investi du pouvoir royal à partir de 898. Ils multiplient les actions contre les partisans d’Eudes et soutiennent l'usurpation comtale menée à partir de 893-895 par Roger, souche des Hugonides, comtes héréditaires du Maine au Xe siècle (Annie Renoux [12]).

 

C'est à cette époque que Gauzlin, le Rorgonide, est investi du comté du Maine par Robert, frère du roi Eudes qui l'avait conquis, mais les Carolingiens réagissent en déléguant un de leurs fidèles, Roger, époux de la dernière fille de Charles le Chauve et de Mathilde sa seconde épouse (Settipani), pour s'approprier ce comté frontière.

 

Les Hugonides ont été les bienfaiteurs de l'abbaye de la Couture, au Mans. Fondée par l'évêque Bertrand (586 - 616), cet établissement religieux eu à souffrir des multiples invasions normandes. Une refondation intervient à la fin du Xe siècle sous l'impulsion d'Hugues II qui en confie la responsabilité à un réformateur notoire nommé Gauzbert (Lemesle).

 

Roger x Rothilde de France :
Nous ne connaissons pas les ancêtres de Roger même si l'onomastique permet de déduire que Roger se rattache au groupe des Roger/Hervé/Gauzlin en place dans le Maine dès le VIIIe siècle (R le Jan p 254). J Boussard [13] pense de même en soulignant qu'en 840 apparaissent au Mans deux vassi dominici, Gauzolienus et Rotgarius, et qu'Isaac, frère de l'évêque du Mans Aldric avait un fils nommé Roger.

 

 

Les actus [14] indiquent que Roger venait de loin. Les historiens le rattachent à Roger de Laon qui a lui aussi un fils Hugues mais Christian Settipani suggère un lien de parenté relativement lointain entre ces deux groupes familliaux (La préhistoire des capétiens [15] p 312).

 

En 892, Roger porte secours à son oncle [maternel] Hugues, comte de Bourges. Les médiévistes ne sont pas parvenus à situer cet Hugues dans l'histoire de la ville de Bourges et sa famille demeure pour l'instant dans une obscurité quasi totale.

 

L'épouse de Roger, Rothilde, est aujourd'hui unanimement reconnue comme fille de Charles le Chauve. Elle est née vers 871, décédée en 929 et gratifie les Hugonides d'une ascendance royale.

 

Les Actus relatent qu’à l’époque du roi Eudes (888 - 898), Roger s’approprie le comté du Maine au dépend de Gauzlin, vassal des Robertiens, par la violence.

La ville du Mans, conquise par Robert, frère du roi, est donnée au comte Gauzlin mais ses partisans sont rapidement chassés par ceux de Roger qui emprisonnent l’évêque Gontier (et son clergé). Celui-ci réplique en excommuniant le nouveau maitre du comté. L'usurpateur fait alors amende honorable mais, dans le même temps, ses troupes ravagent les domaines de l’église. Après quelques hésitations, l’évêque Gontier, sur les instances des Manceaux, lève l’excommunication qui pèse sur Roger…

 

Le comte Roger puis son fils, Hugues Ier (900-940/55), relèvent directement et jusqu'en 922 du roi Charles le Simple, leur neveu et cousin ainsi que le suggère une confirmation royale de 900, relative à une donation réalisée par Hugues, fils de Roger, et sa mère Rohaut (Ph.  Lauer  n° 35 [16])


Les enfants de Roger et de Rothilde dont les noms nous sont parvenus sont :

  • [Judith] femme en première noce de Hugues le Grand d'après KF Werner [17];
  • Richilde mariée à Thibauld l’Ancien de Blois d'après Keats-Rohan (O & P p 145) bien qu'aucun document ne prouve cette filiation. Peut-être que Joseph Depoin avait approché la vérité en voyant en Richilde une fille d'Hugues de Bourges et de Rothilde, fille de Charles le Chauve alors que nous savons maintenant que rothilde est l'épouse de Roger du Maine;
  • Hugues qui suit.

Roger est mort avant le 31 octobre 900. Rothilde s'est retirée à l'abbaye de Chelles dont elle est devenue abbesse avant que son neveu, Charles III le Simple lui en retire en 922 la direction en faveur d'un de ses favoris (K.F. Werner).

 

Hugues I (°900 +ca 950) x Billischilde:

Pour une raison qui nous échappe, il est vraissemblable qu’Hugues II se faisait appeler David, créant ainsi des confusions chez les historiens.

 

Nous ne savons rien de l'époque transitoire entre Roger et Hugues. Toutefois, il semble que les Hugonides se soient  réconciliés, dès 914, avec les Robertiens de plus en plus puissants en Neustrie. À cette date, Hugues Ier est le troisème témoin d'une charte robertienne en faveur de Saint-Martin de Tours (BN, ms lat 12875 f° 9v).

 

Un mariage (avant 925) entre Hugues le Grand et une sœur d'Hugues, peut-être nommée Judith, scelle cette union (K. F. Werner  p. 279). Cette hypothèse est déduite de Flodoard [18] qui écrit : Rothildis, amitæ suæ [regis Karoli], socrus autem Hugonis lorsqu'il raconte que le roi prive Rothilde de abbatiam…Golam [Chelles].

 

En  924, le roi Raoul donne le Maine à Hugues le Grand, son  beau-frère, avant de le remettre, la même année, aux Normands de Rouen. La première cession fait d'Hugues le Grand le seigneur direct des Hugonides qui ne sont pas évincés pour autant mais voient leur position affaiblie (Annie Renoux). 

 

Les chartes de l’époque démontrent que le comte Hugues s’est comporté en ami et allié d'Hugues le Grand mais qu’il s’agit aussi d’un personnage d’un certain statut, tant par sa position dans le Maine que par ces attaches familiales avec les Carolingiens (K keats-Rohan).

 

Le 3 mai 930, le comte Hugues I, fils de Roger, souscrit la restitution faites par Hugues, duc des Francs, d’un domaine nommé Mosnes aux chanoines de Saint-Martin de Tours (Catalogue Latouche n°1).

 

Le 26 mars 931, le comte Hugues, fils de Roger, souscrit la donation de l’alleu de Châtillon-sur-Loire faite par Hugues, duc des Francs, aux chanoines de Saint-Martin de Tours ...Hugonis comitis filii Rotgerii comitis...(Catalogue Latouche n° 2 et Mabille : Chroniques des comtes d'Anjou II p CIII).

 

Le prénom de l’épouse d’Hugues, Billischilde, est typiquement Rorgonide et les historiens subodorent une alliance entre Hugonides nouvellement installée dans le Maine et les Rorgonides évincés. Leurs enfants sont :

  • Gauzlin d’où Rorgo (Roricon) d’après une charte du Mont-Saint-Michel donnée en 990, ancêtre d’une famille établie dans le nord-est de la Bretagne (Keats-Rohan).
  • Hugues II qui suit ;

 

Yves Sassier [19] suggère qu'en 937, à la mort d'Ebles Manzer, comte du Poitou, Hugues le Grand, alors maitre de la Neustrie, a tenté d'installer à son nom Hugues, son beau-frère, à Poitiers. Deux chartes attestent de la présence d'Hugues à Poitiers.

 

En 939, Hugues assiste encore à la bataille de Trans livrée par le comte de Rennes aux Normands (Latouche). Son fils Hugues II lui succède entre 939 et 955.

 

Hugues II :

Le 25 juin 954, Hugonis ducis, filiorum eius Othonis et Hugonis, Odonis comitis, Hugonis comitis Cenomannorum, Hervei comitis Mauritaniæ, Lamberti vicecomitis souscrit à une charte dans laquelle Lambertus filius Ansberti cum Girberga sorore mea…donne une propriété in territorio Corbonensi à Saint-Père de Chartres (Cartulaire de Saint-Père de Chartres t. I, p. 199 [20]).

 

Le 25 juin 955, Hugues II souscrit la vente d’un alleu sis à Condé sur Huisne faite par Lambert, fils Ansbert, à Giroard et à son frère Giroard (Catalogue de Latouche n° 3).

 

En septembre 960, Teutbaldi comitis, Teutbaldi junioris, Gausfredi comitis, Hugonis comitis Cenomannorum… souscrivent à une charte dans laquelle Aremburgis donne une propriété à Saint-Florent de Saumur (Catalogue Latouche n° 4).

 

En 967, Hugues II et ses fils Hugues et Fulcoïn souscrivent la donation faite par Girard aux moines de saint-Julien de Tours de l’alleu de Taiseis, situé sur la Dême (Catalogue Latouche n° 5 et Fragments de Chartes du Xe siècle de Saint-Julien de Tours n° 21 [21]). Cette charte, contresignée par le futur Hugues Capet et par Bouchard, comte de Vendôme, confirme la fidélité des premiers Hugoniques aux Robertiens.

 

En février 971, Siefred, évêque du Mans, donne la Villa Vallis-Boana in vicaria Vedacense. Hugues, comte du Maine, Hugues et Fulcoïn ses fils sont témoins de l’acte (Fragments de chartes du Xe siècle provenant de Saint-Julien de Tours n° 23, p. 63)

 

Entre 971 et 992, Hugues, comte du Maine, donne aux moines de la Couture et aux chanoines de la chapelle de Saint-Pierre, des terres au gué Bernusson, à Pré-Fré, Glatigné, Champgarreau, Sainte-Croix et Saint Denis. Hugonis filii eius souscrit à la charte (Cartulaire de Saint-Pierre de la Cour [22] n° 1).

 

Entre 971 et 992, Hugues, fils de David, comte du Maine, donne au chapitre l’église et la villa de Marigné, et libère de coutumes les vignes des chanoines (Cartulaire de Saint-Pierre de la Cour n° 2).

 

Entre 971 et 992, Hugues, fils de David, comte du Maine, confirme au chapitre les dons faits par son père David et lui accorde de nouvelles franchises (Cartulaire de Saint-Pierre de la Cour n° 3).

 

En septembre 976, à Angers, Hugues II souscrit à la vente d’une terre située en Anjou, faites par un certain Arquenoul, aux moines de saint-Aubin d’Angers (Catalogue Latouche n° 7).

 

Le 12 novembre , entre 968 et 992, Hugues donne aux moines de la Couture, les biens propres qu’il possède dans le Sonnois et fait souscrire la donation par ses deux fils Hugues et Foulques et par d’autres personnages, dont l’évêque du Mans Siefrid (Catalogue Latouche n° 8).

 

En 987,  l'accession à la couronne d'Hugues Capet, fils d'Hugues  le Grand, aurait pu être une chance pour les comtes du Maine qui se retrouvent à nouveau en position de «  prince territorial » directement soumis à l'autorité royale. Mais c'est au contraire l'occasion de cristalliser une rupture qui apparaît au premier plan dès 976. Les Hugonides en s'engageant, pour mieux  lutter contre les empiétements normands, aux côtés des Bretons et des Blésois, puissants en Bretagne, basculent dans l'opposition à Hugues Capet, adversaire de la maison de Blois. Le roi donne alors le Maine au comte d'Anjou Foulques Nerra, vers 996, et contrecarre les ambitions mancelles (Annie Renoux).

 

Hugues doit lutter contre l’évêque du Mans, Siefred de Bellême, soutenu par Bouchard, comte de Vendôme, dont il achête l’alliance en lui cédant plusieurs domaines de son église (Latouche). Il est probable que les Bellême tentent d'agrandir leur propre domaine au détriment des comtes (voir notre article sur la famille de Bellême).

 

Avant 992, le comte Hugues II donne en mainferme pour trois vies durant à Anjubaud et à sa fille Ermensende, les domaines de Laval et du Coudray, sis sur la Mayenne, à la charge d’un cens annuel de deux sous payables le premier octobre, sur la demande d’Hugues fils d’Haimon et du fils d’Hugues et du consentement de ses fils Hugues et Herbert (Catalogue Latouche n° 9).

 

Les enfants d’Hugues II sont :

  • Fulcoïn x Rothaïs fille d’Hildeburge père d'Yves fondateur du monastère de l'Abbayette (cette hypothèse est contestée par quelques historiens dont Bruno Lemesle) ;
  • Herbert Bacon (+ 1046) qui a tenté de s’emparer du comté du Maine au dépend de son petit neveu ;
  • Hugues III qui suit.

 

Il est possible qu’Hugues II ait eu deux épouses car Herbert Bacon est nettement plus jeune que ses deux frères (15 à 20 ans de moins). Ce prénom suggère une union des Hugonides avec les seigneurs de Vermandois (Keats-Rohan).

 

Hugues II est mort avant 992 comme le prouve une donation de Guillaume, comte du poitou, et de sa femme Emma à Saint-Maixent d'une propriété qui appartenait à Fulcho frater Hugonis comitis Cinnomanensis (Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, I n° 61  p. 77. A Richard [23] )

 

Hugues III (°970 +1015) :

En 1005, après le décès de sa première épouse Mathilde de Normandie, Eudes II de Blois affronte son beau-frère Richard II car il refuse de rendre la dot de Mahaut alors décédée. Il est battu mais fait appel à d'autres seigneurs dont Galéran I de Melan et Hugues III du Maine.

Guillaume de Jumièges [24] relate à ce propos une anecdote amusante. Convoqué par Eudes II, comte de Blois avec Galeran, comte du Vexin, afin de lutter contre Richard II, duc de Normandie, Hugues arrive au petit matin à Tillières-sur-Avre, château dont les assiégés font une sortie soudaine. L’armée d’Eudes est battue et le comte Hugues, dont le cheval a été tué, se réfugie à pied dans un parc à moutons. Il troque alors son haubert pour un vêtement de patre et, guidé par un berger à travers les forêts, arrive au Mans au bout de trois jours, les mains et les pieds ensanglantés par les ronces.

 

Entre 1000 et 1015, cirographie par lequel Hugues, comte du Maine, fait don à l’abbaye du Mont de trois moulins placés sur la Sarthe, dans le faubourg du Mans. La charte est signée de Herbertus frater comitis. (Cartulaire de Saint-Victeur [25] n° 3 ci-contre).

 

Entre 1012 et 1016, le comte Hugues confirme les donations effectuées par Hugues Doubleau en faveur de l’abbaye Saint-Vincent. Le pape Benoit VIII et Raoul, vicomte du Mans, sont présents à la signature de l’acte (Cartulaire de Saint-Vincent du Mans [26] n° 186).

 

Diplôme de 1014 dans lequel Hugo Cenomannensis comes donne la terre de Verdobris à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. La charte est signée par Roscelini vicecomitis, Hameli de Leido Castello, Haymonis de Medano, Herberti fratris comitis, Droci filii Milonis, Odilarii Drudi (Saint-Victeur n° 4).

 

La situation politique d'Hugues III se fragilise sous l’impulsion de l’énergique Foulques Nerra qui réussit à faire du comte du Maine un de ses vassaux. Orderic Vital [27] affirme que Foulque Nerra  "subjugua" Hugue III par la violence. Du coup, le roi de France perd progressivement son autorité dans la contrée.

 

Comme presque tous ses contemporains, le comte Hugues III fait aux établissements religieux de sa région un grand nombre de libéralités. Parmi celles-ci, il faut signaler l’autorisation qu’il accorde à l’abbé Thiaume de faire transférer à Maillezais les reliques de Saint-Rigomer se trouvant près du Mans dans un monastère placé sous le vocable de ce saint (Latouche).

 

Entre 1000 et 1015, Hugues III consent à la vente que font un nommé Hugues et sa femme Reine des deux tiers de l’église d’Entrammes (Catalogue Latouche n° 18).

 

Entre 1012 et 1015, Hugues III confirme, à la demande d’Hugues Doubleau, son fidèle, la fondation du monastère de Tuffé et l’établissement d’Herment comme abbé de ce monastère (Catalogue Latouche n° 19 et chartes vendômoises n° 31 [28]).

 

On ne connait pas le nom de l'épouse de Hugues III. D'après K. Keats-Rohan, il est probable qu'Hugues ait épousé une soeur de Geoffroy I et Judith de Bretagne, enfants de Conan I et Ermengarde d'Anjou. Aucun document ne confirme cette union qui expliquerait qu'Hugues IV du Maine, encore enfant, trouve refuge auprès de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, son lointain parent si l'hypothèse de K Keats-Rohan s'avèrait juste (O & P p 144).

 

Les enfants d'Hugues III sont :

  • Herbert qui suit ;
  • Hugues mort avant son père. Vers 1013, Doubleau donne le prieuré de Tuffé à l'église de chateau du Loir, charte à laquelle souscrivent Hugonis Cenomannensis civitatis comitis, Avesgaudi episcopi ipsius civitatis…Hugonis ipsius militis qui hoc preceptum fieri iussit, Hugonis filii eius…(Cartulaire du chateau du Loir [29] n° 3). 

 

Herbert Eveille-Chien :
Herbert Eveille-Chien succède à son père vers 1015. Il semble avoir été associé au gouvernement du comté du vivant d'Hugues III car ils souscrivent ensemble, avec le titre de comte, à la charte n° 4 de l'abbaye de la Couture.

 

Les hostilités, jamais interrompues entre les comtes d’Anjou et de Blois, reprennent brusquement au cours de l'été 1016. À cette date, Eudes II de Blois marche sur Montrichard. Foulques Nerra, informé de la manœuvre de son adversaire, part aussitôt à sa rencontre avec le comte du Maine, qu’il envoie à Bourré sur le Cher. Pendant ce temps, Eudes traverse le Beuvron, gagne Amboise et attaque les Angevins près de Pontlevoy.
Les troupes de Foulques plient mais Herbert Eveille-Chien, averti, accourt. L'ennemi, croyant à la victoire, s'est déjà éparpillé et les chevaliers blésois, enfoncés, tournent bride, laissant les hommes de pied aux prises avec les troupes de Foulques et d’Herbert.

 

En juillet 1016, Herbert I, comte du Maine, après sa victoire sur Eudes, comte de Blois, donne à sa chapelle de Saint-Pierre de la Cour, la villa et l’église de Cogners, Venelay, Jupeaux et Montpoule (Cartulaire de Saint Pierre de la Cour n° 4).

 

Le 15 Juin 1023, à Rouen, Herbert Eveille-Chien souscrit la donation que le comte de Meulan, Galéran I, du péage et du tonlieu du château de Fécamp aux moines de Fécamp (Catalogue Latouche n° 21).

 

Quelques années après, sans que nous en saisissions bien les motifs, les rapports entres Foulques Nerra et Herbert s’enveniment. Foulques attire son ennemi dans un guet-apens à Saintes, qu'il voulait, disait-il, lui sous-inféoder pour mettre un terme à leur différend. Herbert s'y rend sans défiance mais le comte d'Anjou, loin de chercher à traiter, le fait prisonnier dans la nuit du 7 au 8 mars 1025.

Au dire d'Adémar de Chabannes [30], la comtesse d'Anjou Hildegarde aurait eu mission de faire subir le même sort à l'épouse d' Herbert. Foulques, dans la crainte de voir les seigneurs manceaux se soulever contre lui sous la conduite de leur suzeraine, n'ose pas se débarrasser du comte du Maine comme il l'avait sans doute projeté. Il remet Herbert en liberté au bout de deux ans, exigeant de lui des otages qui furent repris par Alain, comte de Bretagne, en 1027 (Latouche).

 

Entre 1032 et 1035, Herbert Eveille-Chien ratifie la donation effectuée par Yves de Bellême, évêque de Sées, de Saint Ouen de Villiers, aux moines de Saint Aubin d’Angers (Catalogue Latouche n° 22).

 

Herbert Eveille-Chien et Avesgaud, évêque du Mans, de la famille des Bellême, luttent, l’un contre l’autre pendant une bonne quinzaine d’années reprenant à leur compte des querelles antérieures entre les deux familles. Avant 1025, l'évêque fait construire le château de Duneau dans l'arrondissement de Tuffé sans l'accord du comte qui s'en empare et le détruit. Avesgaud se réfugie à Bellême et excommunie Herbert. En 1027, Herbert envahit les domaines de l'évêque qui réplique par la construction du château de la Ferté-sur-l'Huine que le comte prend d'assaut avant qu'une relative réconciliation dictée par l'évêque de Chartres Fulbert soit acceptée de part et d'autre.

la rivalité des deux familles n'en est pas terminée pour autant et Herbert Eveille-Chien guerroye encore contre le neveu d'Avesgaud, Guillaume de Bellême, qu'il retient pendant une longue période au château de Ballon.

 

La famille de Paule :

D'après Detlev Schwennicke III 724 [31], Paule, épouse d'Herbert Eveille-Chien, citée en 1039 est fille de Gausbert I, seigneur de Preuilly, et d'Adèle. Nous ne savons pas sur quels critères s'appuient l'auteur de cette hypothèse et la présentation de la famille de Preuilly par J Boussard [32] est des plus succintes.

 

Les enfants d’Herbert et de Paule sont :

  • Biotte (diminutif de Billichilde ?) x Gauthier de Mantes, comte du Vexin ;
  • Gersende mariée en premières noces à Thibaud III de Blois et remariée à Azzon d’Este d’où Hugues V qui fera deux brefs séjours dans le Maine sous la houlette de Geoffroy de Mayenne ;
  • Paule x Jean de Beaugency d’où Hélie de la Flèche.
  • Hugues IV x Berthe de Blois qui suit.

 

Herbert est décédé entre 1032 et 1035 (Latouche).

 

Hugues IV (°1018/22-26 Mars 1051) x Berthe de Blois :
Il succède à son père comme comte du Maine entre 1032 et 1035 sous la tutelle de son oncle Hubert Bacon. Les Actus pontificum Cenomannis l’appellent Hugonem… Herberti filium quand ils racontent que Herbertus Baccho a essayé de s’emparer du titre comtal. 

 

Herbert Bacon, reprenant à son compte la lutte contre la famille de Bellême, interdit, pendant deux ans, l'accès du Mans à Gervais du Château du Loir, nouvel évêque de la ville et neveu du précédent.

 

Entre 1040 et 1046, Herbert Bacon et son petit neveu Hugues IV souscrivent à un acte de Geoffroy Martel, comte d’Anjou, par lequel lui et sa femme Agnès confirment, sur le conseil Audejarde, veuve de Foulques Nerra, les donations faites par son mari aux moines de Saint-Nicolas d’Angers (Catalogue Latouche n° 23).

 

Entre 1040 et 1046, Herbert Bacon et son petit neveu, Hugues IV, ainsi que le vicomte du Mans Raoul, souscrivent la donation du torrent de Brionneau et d’autres biens, faites par Geoffroy Martel aux moines de Saint Nicolas d’Angers, sur le conseil d’Audejarde, veuve de Foulque Nerra (Catalogue Latouche n° 24).

 

En 1046, au Mans, Hugues IV confirme la donation de l’église de Saint Constancien, sise dans le domaine de Javron, et celle des églises de Saint Sauveur et de Saint Martin qu’Allaume, fils de Béraud avait faite aux moines de Saint-Julien de Tours (Catalogue Latouche n° 25).

 

Entre 1040 et 1051, le comte Hugues IV confirme, avec le comte d’Anjou, Geoffroy Martel, la donation de l’église de Saint-Pierre des Ormes que le chevalier Herbert avait faites aux moines de Saint Aubin d’Angers (Catalogue Latouche n° 29).

 

Les agissements d'Hubert Bacon incite l'évêque Gervais à demander la protection du roi de France Henri I et celle de l'angevin Geoffoy Martel. Avec l'aide des Manceaux, Gervais élimine son adversaire de la scène politique en l'envoyant dans un monastère, prend le jeune Hugues IV sous sa protection (il était son filleul) et arrange son mariage avec la veuve d'Alain III de Bretagne, Berthe de Blois fille d’Eudes II et de sa seconde épouse Ermangarde d’Auvergne (Latouche). Les noces du couple comtal sont célébrées après le 14 avril 1046.

 

Entre 1046 et 1051, Hugues IV et sa femme Berthe souscrivnt la donation de la moitié d’un ménil appelé Blidinaium faite par Gui, fils de Gui de la Roche, aux moines de Saint-Florent de Saumur (Catalogue Latouche n° 31).

 

Le mariage d'Hugues avec une fille de la maison de Blois indispose le comte Geoffroy Martel et met en péril sa situation dans le Maine. En conséquence, il s'en prend à l'instigateur de l'union, l'évêque Gervais...

 

Dans les années 1046-47 apparait Geoffroy de Mayenne, un personnage destiné à jouer un grand rôle dans l'histoire mancelle. Vassal des Hugonides, il obtient d'eux la reconnaissance d'un ban châtelain qui n'est pas nécessairement très ancien. C'est le moment où Hugues IV, comte du Maine, redresse la tête face aux Angevins et cherche des alliés dans le Bas-Maine où il n'est plus guère en mesure d'intervenir efficacement face à de grands vassaux en mal d'émancipation. 

 

Berthe de Blois :
La maison de Blois est alliée aux Robertiens jusqu'en 960, date à laquelle le futur Hugues Capet n'apporte pas son soutien à Thibaud le Tricheur dans sa lutte contre le duc de Normandie.

 

La famille de Berthe et ses deux mariages sont retracés par Orderic Vital. Son second mariage est confirmé par la Chronicon Ruyensis Cœnobii qui relate le décès en 1062 d’Herbertus Cenomannensium Comes frère utérin de Conani ducis (Les actus p 365). D’autre part, la Flandria Generosa nomme Berta comitissa comme sœur de altera Ermengardis comitissa, pour justifier la consanguinité entre Baudouin VII comte de Flandre et sa femme Hawise de Bretagne et la demande de divorce (Nécrologe du Mans, p. 72). 

 

La Chronique de Quinperlé raconte qu'Alain III, comte de Bretagne, apprenant l'existence de Berthe au cours d'une de ses expéditions dans le Maine, demande sa main à son père Eudes II qui refuse. Berthe est alors kidnappée par son futur mari (Thierry Le Hête [33] qui doute de la véracité de l'histoire) et le mariage est célébré autour de 1027. 

 

Berthe se signale par de nombreuses donations aux établissements religieux, notamment aux bénédictines de Saint-Georges de Rennes.

 

A la mort d'Alain, Berthe est contrainte de quitter Rennes et trouve refuge dans le Maine où Gervais, évêque du Mans, l'acceuille et la marie au jeune comte (R Bur [34] p 199), afin de freiner les visées expantionnistes de Foulques Nerra, comte d'Anjou.

 

Après la mort d’Hugues IV, en 1051, Berthe est obligée de fuir le Mans avec ses deux enfants et se réfugie en Normandie. Le Maine est alors livré au comte d’Anjou par ses habitants.

 

Berthe donne une propriété à l’église du Mans le 12 mai 1069 (Les actus p 365).  

 

La Chronicon Britannico relate la mort, en 1084, de Bertha Comitissa mater Conani (Orderic Vitalis, Vol. II, livre IV, p. 305). 

 

Hugues IV et son épouse Berthe ont eu deux enfants :

  • Marguerite qui est fiancée par son frère à Robert de Normandie fils du duc (Orderic Vital). Elle décède à Fécamp le 13 décembre 1063 âgée de quinze à dix-sept ans;
  • Herbert II qui suit.

 

Herbert II :
A la mort Hugues IV en 1051, les Manceaux chassent sa veuve de leur ville et acceuillent Geoffroi Martel d'Anjou. Berthe et ses deux enfants se réfugient en Normandie. Herbert, comte du Maine, prête alors hommage à Guillaume le Conquérant. Il est fiancé à une de ses filles et consent au mariage de Marguerite, sa sœur, avec Robert Courteheuse, fils du duc.

 

Entre 1051 et 1062, en présence Herbert et ses fidèles, de Robert fils Haimon de Château du Loir, les chanoines de Saint-Pierre-de-la-Tour abandonnent des vignes à Abelin, leur confrère, qui les donne aux moines de Marmoutier (Cartulaire de Château-du-Loir n° 20).

 

Un 14 novembre, entre 1055 et 1062, Geoffroy Martel et Herbert II consentent à la donation faite par Herbert de la Milesse aux moines de saint-Vincent du Mans de Coulangé et Sarcé (Catalogue Latouche n° 32).

 

Herbert II décède le 9 mars 1062 à peine âgé de quinze à vingt ans. La Chronicon Ruyensis Cœnobii relate la mort en 1062 d’Herbertus Cenomannensium Comes et frater uterinus Conani ducis. Le duc de Normandie envahit le Maine au nom de son fils et de la fiancée de celui-ci, Marguerite.
 

 

 

30 ans de trouble dans le Maine :

On peut s’interroger sur l’épaisseur politique des derniers Hugonides qui, finalement, cèdent leur place à Hélie de la Flèche dès 1092 après une courte période de valse hésitation. Ils possèdent sans doute des circonstances atténuantes, coincés entre leurs puissants voisins, le duc de Normandie d’un côté et le comte d’Anjou, de l’autre.

 

Biotte et Gauthier de Mantes :

Au décès d'Herbert II, en 1062, Guillaume le Conquérant franchit la Sarthe pour prendre possession du Maine au nom de Robert. Immédiatement, le parti anti-normand et angevin, surtout représenté par Geoffroi de Mayenne, fidèle vassal du comte d'Anjou, mais aussi par le vicomte du Mans, Hubert de Sainte-Suzanne, lui oppose un prétendant de son choix, Gauthier, comte de Mantes et de Pontoise, époux de Biotte, sœur d’Hugues IV. Appuyé par le comte d'Anjou Geoffroi le Barbu, et grâce à l'avance qu'il a sur son adversaire, Gauthier se rend maitre du Mans mais la lutte est ardente et la victoire revient à Guillaume qui ravage le Maine.

Gauthier et son épouse tombent entre les mains du Normand et, emmenés prisonniers à Falaise, ne tardent pas à y mourir empoisonnés, pendant que les Manceaux et Geoffroi de Mayenne sont contraints de faire leur soumission (1063).

 

Azzo d'Este et son fils Hugues V :

Après l’échec de Biotte et de son époux Gauthier, les Manceaux cherchent un nouveau prétendant à opposer à Robert Courteheuse, comte du Maine de 1063 à 1069. Vers 1068, leur choix se porte sur Azzo, marquis d'Este, en Vénétie, qui, ayant épousé Gersende, fille d'Herbert Eveille-Chien, peut faire valoir des droits semblables à ceux dont Gauthier de Mantes s'était réclamé. Ils le font venir d'Italie avec sa femme et son fils Hugues, le reçoivent au Mans et le reconnaissent pour comte en 1069. 

 

L’accord entre les Manceaux et leur seigneur n'est malheureusement pas de longue durée : le jour où les largesses d'Azzo prennent fin, faute de ressources, ses partisans l'abandonnent. Peu enclin à prolonger l’aventure, Azzo repart pour l’Italie, se contentant de laisser sa femme Gersende et son fils Hugues sous la protection de Geoffroi de Mayenne.

 

Le 6 mars 1070 ou 1071, Geoffroy de Mayenne confirme avec la contesse Gersende et l’évêque Arnaud, au profit des moines de Saint-Vincent, les possessions de tous les biens que les moines possédent dans son fief à Saint-Vincent du Lormer et de ceux qu’ils pourraient acquérir dans la suite. Le même jour, il ordonne l’ensevelissement dans l’église de Saint-Vincent d’Habert, fils de Jean de la Guierche, qui avait été enterré dans l’église de saint-Pierre de la Couture (Catalogue Latouche n° 36).

 

Le 6 mars 1071 ou 1072, au Mans, Geoffroy de Mayenne et la contesse Gersende confirment la donation du monastère de Tuffé faites par Hamelin de Langeais et sa femme Héloïse aux moines de saint Vincent (Catalogue Latouche n °37).

 

Le désaccord entre le parti représenté par Geoffroy et la masse s'accentue au point que les habitants du Mans forment une commune et entame la lutte avec leurs seigneurs, pendant que Geoffroi de Mayenne, devenu l'amant de Gersende, renvoie le jeune Hugues et parvient par surprise à s'emparer du donjon du Mans. Le Maine n'est plus, au milieu de ce désordre, qu'une proie à la merci du premier occupant appelé par le parti populaire. Foulque le Réchin en profite et intervient avec une armée. Il reprend le donjon du Mans d'où Geoffroi de Mayenne s'est enfui (1072) mais, un an plus tard, il est obligé le laisser la place à Guillaume le Conquérant.

 

Guillaume de Normandie reconquiert le Maine en 1073 et le conserve jusqu'à sa mort en 1087. Son décès, intervenant entre deux révoltes des Grands de la région mancelle, sape l'influence de son fils Robert Courteheuse sur cette région et, en 1090, Hugues, fils du marquis Azzo, se rend à l'appel des Manceaux qui lui prêtent hommage au désespoir de l'évêque du Mans Hoël qui implore en vain le secours de Robert Courteheuse. Hugues triomphe mais ne rencontre pas dans le Maine l'accueil chaleureux qu'il espérait et préfère retourner dans son pays. En conséquence, il vend ses droits à Hélie, seigneur de la Flèche, qui, en tant que petit-fils d'Herbert Éveille-Chien, peut prétendre lui-même au comté.

 

Avec Hélie, le Maine échappe complètement à la domination normande pour retomber sous la suzeraineté angevine dont bénébicie Foulque le Réchin (Halphen [35]).

 

Hélie de la Flêche :

Hélie de la Flèche est un descendant des Hugonides par les femmes et profite de ses alliances et de son mariage avec Mabille de Château-du-Loir pour s’emparer du titre de comte du Maine.

 

Le père ou le grand père d’Hélie ont contracté mariage avec Paule fille d'Herbert Eveille-Chien. Cette confusion est due à Orderic Vital qui raconte le mariage de Paule avec Lancelin de Beaugency mais dans un autre passage, il écrit Helias, Johannis et Paulæ filius, Hugonis Cenomannorum consulis consobrinus.  Il marie donc le père et le fils avec la même Paule. Les médiéviste, à commencer par K Keats-Rohan, semblent préférer la seconde version. Pour cette famille, un site en anglais (bien référencé) peut être consulté. Cliquez ici.
 

Soutenu par le comte d'Anjou, Hélie continue la lutte contre les ducs de Normandie jusqu'au départ de Robert Courteheuse en croisade. Le frère de Robert, Guillaume II le Roux, gouverne la Normandie en son absence et fait la paix avec Hélie.
 

Le 27 juillet 1092, Hélie, comte du Maine, souscrit à une charte de Foulque le Réchin par laquelle celui-ci renonce au profit des moines de Saint-Nicolas à tous les droits qu’il percevait sur leur fourrage et à la dîme du passage de Monnais (Latouche n° 43).

 

Entre 1092 et 1099, Hélie consent à une donation de 100 sous faite par son beau-père Gervais en aumône aux moines de Saint Guingalois pour le repos de l’âme d’Elisabeth, mère de Gervais, alors mourante (Cartulaire de Château-du-Loir n° 68).


Le siège de l’église du Mans étant vaquant, le comte Hélie de la Flèche nomme pour évêque un nommé Goeffroi, breton de nationalité. De son côté, le clergé élit par acclamation l’archidiacre Hildebert (évêque du Mans de 1097 à 1124). Hélie est fâché de cette élection mais, pour ne pas provoquer de schisme dans sa province, y consent.
 

Vers 1095, Hélie confirme les donations faites par son père Jean de la Flèche aux moines de Saint Aubin d’Angers (Catalogue Latouche n° 49).

 

Entre 1096 et 1110, jugement du comte Hélie déboutant Maffred des droits féodaux et héréditaires qu’il prétendait avoir obtenus de Normand [Riboul] sur la prévôté du Chapitre. À sa prière, les chanoines accordent à Eudes, fils de Maffred, la gestion de la prévôté de Marigné (Cartulaire de Saint-Pierre de la Cour n° 13).

 

En 1097 ou 1098, pour la Noël, Hélie confirme la donation faite par Gausbert son frère, de l’église de Bossay aux moines de saint Pierre de Preuilly (Catalogue Latouche n° 51).


Hélie de la Flèche remporte dans ses luttes quelques succès estimables contre le duc de Normandie et roi d'Angleterre, Guillaume le Roux, et le comte Robert. Il leur inflige même une cinglante et mémorable défaite au début de l'année 1098 près du ruisseau de l'Orthon dans le triangle Dangeul, Thoigné, René.

 

En avril 1098, Hélie s'égare avec sept de ses chevaliers dans d'épais fourrés en s'approchant de son château fort de Dangeul avec son porte-étendard Hervé de Montfort et tombe dans une embuscade tendue par Robert II, seigneur de Bellême, qui le remet au roi d’Angleterre Guillaume le Roux.
Cet événement est lourd de conséquences pour l'histoire du Maine d'abord, et de la France ensuite. Guillaume le Roux, mettant à profit la captivité du comte du Maine, investit toute la contrée. Il occupe alors Bourg l'Evêque qu'il fortifie et reçoit la soumission des autres places fortes du Maine. Il assiège même le Mans qui résiste sous les ordres de Foulque IV, comte d'Anjou.
Quelques mois plus tard, le roi d'Angleterre étant alors à Ballon, obtient des bourgeois du Mans, moyennant la remise en liberté d’Hélie de la Flèche, la remise des clefs de la ville et des forteresses du Maine.

 

Henri I, successeur de Guillaume le Roux au trône d'Angleterre, laisse la maîtrise incontestée du Maine à Hélie et ne s'oppose pas davantage au mariage de son héritière Aremburge, avec le jeune Foulques d'Anjou, le futur roi de Jérusalem.

 

Entre le 14 avril 1109 et le 11 juillet 1110, Foulques le Réchin, fils de Foulques qui avait déjà épousé Aremburge, et le comte Hélie obligent Robert, seigneur de Rochebaron, à renoncer à une coutume qu’il exigeait des moines de Marmoutier (catalogue Latouche n° 60).

 

À la même époque, Hélie souscrit la renonciation que Foulques V, comte d’Anjou, fait peu après la mort de son père, le Réchin, aux droits qu’il possédait sur les vignes léguées au chapitre de la cathédrale d’Angers par l’archidiacre Garnier (Catalogue Latouche n° 74).

 

Mathilde de Château du Loir, fille de Gervais et d'Aremburge, n’a donné qu’une fille à Hélie :

  • Aremburge mariée à Foulques V, comte d’Anjou.

 

Après le décès de Mathilde, Hélie se remarie avec Agnès d’Aquitaine, divorcée d’Alphonse VI, roi de Castille et de Leon Agnetem filiam Guillelmi Pictavorum ducis relictam Hildefonsi senioris Galiciae regis, fille de Guillaume VIII, duc d’Aquitaine et de Mathilde, sa seconde épouse (Orderic Vital).

 

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[1] Histoire du comté du Maine le Xe et le XIe siècle 1910 Robert Latouche

[2] Les premiers comtes héréditaires du Maine Latouche Revue Historique et Archéologique du Maine 1959

[3] Les ancêtres de Charlemagne 1989 Christian Settipani

[4] Les ancêtres de Charlemagne Addenda (1990 et 2000) Chistian Settipani

[5] Un vassal sans histoire ? count Hugh IIand the origin of Angevin overlordship 1996 in Maine K Keats-Rohan

[6] Politique et parentèle : les comtes, vicomtes et évêques du Maine Francia 1996 K Keats-Rohan

[7] Bilihildis Onomastique et Parenté dans l'occident médiéval 2000 K Keats-Rohan

[8] Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe-Xe siècle) 2003 Régine le Jan

[9] Le duché du Maine et la marche de Bretagne dans la Neustrie. Les Pays au nord de la Loire de 650 à 850, colloque historique international publié par Hartmut Atsma, 1989, tome 1 Jean-Pierre Brunterc'h

[10] La société aristocratique dans le Haut-Maine: XIe-XIIe siècles 1999 Bruno Lemesle

[11] Les Comtes du Maine au IX siècle, in Revue Historique et Archéologique du Maine, Le Mans, 2005, 4° série T.5, tome CLVI de la Collection, p. 177 - 264 Patrice Morel

[12] Mayenne : de la villa au castrum (VIle-XIIIe s.) : Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 144e année, N. 1, 2000. pp. 211-231 2000 Annie Renoux

[13] Les destinés de la Neustrie du IXe au XIe siècle Cahiers de civilisation médiévale 1968 Jacques Boussard

[14] Actus Pontificum Cenomannis in urbe degentium 1902 publiés par l'abbé G. Busson et l'abbé A. Ledru

[15] La préhistoire des Capétiens 1993 Christian Settipani

[16] Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France (893-923), Paris, 1949 Philippe Lauer

[17] Enquêtes sur les premiers temps du principat français (IXe - Xe siècles) 2004 K.F. Werner

[18] Flodoardi annales, Monumenta Germaniae historica SS III p 370

[19] Hugues Capet Naissance d'une dynastie 1987 Yves Sassier

[20] Cartulaire de Saint-Père de Chartres

[21] Fragments de chartes du Xe siècle provenant de Saint-Julien de Tours 1886 Grandmaison

[22] Cartulaire du chapitre royal de Saint-Pierre-de-la-Cour du Mans publié par le Vicomte Menjot d'Elbenne

[23] Chartes et documents pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-Maixent, I 1886 A Richard

[24] Gesta Normannorum ducum Guillaume de Jumièges

[25] Cartulaire de Saint-Victeur, au Mans, prieuré de l'abbaye du Mont-Saint-Michel (994-1400) / complété avec des dessins et une table par Paul de Farcy ; publ. pour la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, par Bertrand de Brousillon

[26] Cartulaire de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans publié et annoté par l'abbé R. Charles et le Vte Menjot d'Elbenne, sous les auspices de la Société historique et archéologique du Maine 1905 L Barrau Dihigo et R Poupardin

[27] Historiae ecclesiasticae Orderic Vital

[28] Chartes vendômoises Charles Métais Société archéologique, scientifique et littéraire du vendômois 1905

[29] Cartulaire du chateau du Loir publié par Eugène Vallée au siège de la Société des Archives historiques du Maine (Le Mans) 1903

[30] Chroniques Adhémar de Chabannes

[31] Detlev Schwennicke

[32] Les origines des familles seigneuriales de la Neustrie Cahiers de civilisation médiévale 1962 Jacques Boussard

[33] Les comtes de Blois et de Champagne et leur descendance agnatique : Généalogie et histoire d'une dynastie féodale Xe-XVIIe siècle Thierry le Hête

[34] La formation du comté de Champagne 1977 Raymond Bur

[35] Le comté d'Anjou au XIe siècle 1906 Louis Halphen

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