Nous pouvons être étonnés de la brêve puissance des Bosonides dont on ne connait pas exactement les origines et qui disparaissent rapidement après avoir défrayé l'ensemble des chroniques de la fin du IXe siècle et du début de Xe.
Si le personnage central de ce groupe familial est le roi Boson, le lignage s'est scindé en trois rameaux qui ont chacun leur importance (Ripart [1]) :
- Boson et son fils Louis qui parviennent à créer un petit royaume dit "royaume de Provence", autour de Vienne qui en est la capitale (nous faisons dans cet article l'étude détaillée de cette branche) ;
- Richard le Justicier, frère de Boson dont un fils, Raoul, a été élu roi de Francie Occidentale et qui hérite de l'ancien royaume Bosonide de son cousin Louis en 928 ;
- Hugbert, oncle de Boson, dont la carrière est essentiellement lothariengienne et qui, peut-être, est à l'origine des comtes de Provence. Duc de Transjuranne par la volonté de son beau-frère Lothaire II dès 855, Hugbert est un personnage aussi puissant que peu recommandable (F Demotz [2]). Alors qu'il s'est rapproché de Charles le Chauve, il est éliminé par le Welf Conrad, ancêtre des rois de Bourgogne (864).
La bibliographie sur cette famille est riche mais disparate et d'inégale valeur. Nous avons consulté plusieurs ouvrages ou articles dont certains sont anciens et parfois contestables :
- Le royaume de Provence, R Poupardin [3] ;
- Aux origines du royaume de Provence, R-H Bautier [4] ;
- René Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens, L Levillain [5]
- Mémoires pour servir l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne Juranes, Gingins la Sarra [6] ;
- Les ancêtres des Capétiens, C Settipani [7] ;
- Famille et pouvoir dans le monde franc, Régine Le Jan [8] ;
- Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Pierre Riché [9].
Les origines :
L'origine des Bosonides est encore bien controversée. Les diverses contructions de leur généalogie diffèrent d'un historien à l'autre et aucune des solutions ne semble plus probable qu'une autre.
Ascendance agnatique de Boson :
Nous savons que Bivin/Beuves/Bouin, père de Boson, est le frère de Richard, ostiaire de Louis le Débonnaire. Il est un de ses exécuteurs testamentaires : Richardus, quondam comes illuster, pro remedio animae suae ... per Bivinus fratrem suum (Settipani p 366). L'autre exécuteur testamentaire de Richard n'est autre que Gérard de Roussillon, nécessairement un proche parent, commente l'historien Bautier. A notre connaissance, cet indice n'a jamais été exploité...
Les biens patrimoniaux de Boson s'étendent surtout en Champagne et en Bourgogne du nord où était possessionné son parent Gérard de Roussillon, en Omois, en Lassois et autour de Pothières, la grande fondation monastique de Gérard (Bautier).
L'historien Richer, en parlant de Charles-Constantin, petit fils de Boson (voir ci dessous), dit qu'il qu'il est de sang royal mais entâché de batardise au niveau de son triavus qu'il faut, selon Settipani, prendre dans le sens d'aieul à la sixième génération. D'après cet auteur, il faut comprendre que Charles-Constantin descend par les mâles de Hiéronymus, frère de Charles Martel ;
Gingins, reprenant l'idée de M Chaume (tableau généalogique IX) [10] et J Depoin [11], propose que le père de de Bivin et de Richard soit un comte nommé Richard, proviseur des fiscs royaux de Charlemagne dans l'ouest de la Francia (Gingins p 36). Il faut l'identifier au Richard qui apparait dans un plaid de 782 (Poupardin p 44).
Finalement, la reconstruction la plus classique, est donnée par le tableau ci dessus (Chaume).
D'autre part, Nithard, petit fils de Charlemagne par sa mère, et historien, déclare que son père Saint Engilbert, abbé de Saint-Riquier, Madelgaud et Richard (s'agit-il de l'ancêtre des Bosonides ?) sont issus d'une même famille mais ne donne pas le lien de parenté (frères ? oncles et neveux ?). C Settipani ajoute qu'Engilbert est probablement fils de Nithard et Richarda.
Enfin, R Le Jan écrit que Nithard se rattache probablement à la famille des Nithard-Richard du Rhin Moyen et au comte lotharingien Nithard époux d'Erkanfride (Le Jan p 408).
Selon M Chaune et C Settipani, Richarda et Richard sont frère et soeur, enfants de Hieronymus mais d'autres recontructions sont certainement possibles et la question ne semble pas définitivement tranchée.
Ascendance cognatique de Boson :
La mère de Boson, que nous appellerons pour simplifier Richilde, est la soeur de la reine Teutberge, épouse du roi Lothaire II, du duc Hugbert/Hugobert, marquis de Transjurane, et d'un certain Boson (marié à Engeltrude d'Orléans), tous enfants du comte Boson l'Ancien (Poupardin p 46). Elle pourrait être remariée en secondes noces à Eccard d'Autun. En effet, Eccard, rédigeant son testament en 876, fait un leg à son épouse Richilde espèrant encore qu'elle lui donne un héritier.
Boson l'Ancien reçoit en 826 des biens à Bieille dans le comté de Verceil par Louis le Pieux (Poupardin p 47). Dans une note de son ouvrage (p 83), Parisot [12] écrit que Dümler croit que ce comte Boson est celui que l’on trouve en Italie sous le règne de Louis le Pieux et parmi ceux qui accompagnent Louis II en 844. Dans cette même note, Parisot ajoute qu’un autre auteur, Mülbacher déclare qu’on ne peut affirmer que ce Boson soit le père de Teutberge.
C Settipani ne semble pas douter que Boson l’Ancien soit comte en Italie. Nous ne connaissons ni ses parents, ni son épouse.
En 827, Boson représente l'empereur dans un jugement rendu à Turin (Bougard [13]).
D'après Hicmar, il est mort avant 855.
Enfin, Maurice Chaume propose que le père et le grand-père de Boson l'Ancien se nomment eux aussi Boson, s'appuyant, entre autres sur les travaux d'A de Barthélémy [14].
D'autres Boson, sans avoir été identifiés, ont vécu à des périodes antérieures :
- Un comte de Metz nommé Boson est mentionné au temps de Dagobert (606 - 639) par la vita de Saint Sereni (Poupardin p 46).
- Un Boson souscrit un diplôme de Charles Martel (685 - 741) en faveur de l'abbaye de Maestricht ;
Bivin x Richilde :
Bivin est né vers 820 et décédé après 863. L'anthroponyme Bivin (qui découle de Badilo/Balduinus) semble fort rare à cette époque et il est étonnant que les médiévistes n'aient pas imaginé quelques raprochements onomastiques. Il est souvent nommé, à tord, comte des Ardennes.
Le 12 novembre 842, l'empereur Lothaire confirme la donation d'une propriété in pago Arduennensi sitam…Villantia à l'abbé de Prüm par Richardus quondam comes…per Biuinum fratrem suum, et Gerardum et Basinum qui et Tancredus comites (Medland [15] d'après Mittelrheinisches Urkundenbuch n° 70 p75).
Lothaire II abandonne à Bivin, frère de son épouse Teutberge, les bénéfices que procurent l'abbaye de Saint-Pierre de Gorze près de Metz à la fin de l'année 855 ou au début de la suivante. Apparemment, cette abbaye a beaucoup souffert de l'administration de Bivin. Au cours de cette période, les moines ont été réduits à la misère et la disciplice s'est relachée...
En 863, Bivin perd l'abbaye de Gorze qui est rendue à un abbé régulier nommé Betton (cartulaire de Gorze [16] n° 60 p 106). A cette époque, Lothaire II est brouillé avec Teutberge depuis longtemps et la disgrâce d'Hugbert consommée. La belle-famille du roi de Lotharingie est écartée...
De Richilde, fille de Boson l'Ancien, Bivin a eu plusieurs enfants arrivés à l'âge adulte :
- Boson qui suit ;
- Richilde mariée le 22 octobre 870 au roi Charles II le Chauve. En 874, elle fonde sur ses biens propres une abbaye à Juvigny dans le pagus de Voëvre (A de Barthélemy d'après Gallia Christiana XIII et Instru 311). Elle fait une donation à l'abbaye de Gorze en 910.
-
Richard le Justicier, comte de Bourgogne, décédé à la fin de l'été 921. Il est d'abord nommé comte d'Autun avant de devenir, en 886, comte d'Auxerre à la suite de l'oncle de son épouse, Hugues l'Abbé. Il a épousé Adélaïde de Bourgogne, fille de Conrad II, roi de Bourgogne Transjurane et de Waldrade dont il a eu plusieurs enfants :
- Raoul, roi de France ;
- Hugues le Noir, comte de Bourgogne ;
- Adélaïde femme d'Ermengaud, comte du Rouergue ;
- Boson marié à Berte de Toscane.
- Bivin (?) qui donne la villa de Doncourt à l'abbaye de Gorze entre 883 et 896 (Settipani p 367). Leudoin, abbé de Gorze, affirme que la chapelle de Doncourt a été fondée par son consobrinus Bivin (cartulaire de Gorze n° 77).
Boson, roi de Provence :
Pur produit de l’aristocratie franque, Boson est issu d’une famille dont la puissance s’est développée dans l’entourage immédiat de son oncle, le roi Lothaire II (855-869). Toutefois, Boson doit son parcours politique à un autre Carolingien, le bouillant Charles le Chauve (823-877).
Nous pouvons découper la carrière de Boson en trois parties :
- Avant le décès du roi Charles le Chauve (877) dont il devient le beau-frère, il reste dans l'ombre de ce monarque dont il a manifestement la confiance ;
- A la mort de Charles, et sous la houlette conjuguée de sa belle-mère Engelberge, veuve du roi d'Italie Louis II, et du pape Jean VIII, il hésite à monter sur le trône d'Italie ;
- Après le décès de Louis le Bègue, il accepte la couronne de Provence proposée par un synode d'évêques réuni à Mantaille et la défend jusqu'à sa mort.
Les premiers pas de Boson :
En 860, Boson (à moins qu'il ne s'agisse de son oncle homonyme) accompagne le roi Lothaire II, mari de sa tante Teutberge, à Coblenz où ce dernier rencontre ses oncles Charles le Chauve et Louis le Germanique.
Boson est chargé en 862 d’un message confidentiel du roi Lothaire pour Charles le Chauve.
En janvier 866, il succède au fils de Charles le Chauve comme abbé de Saint Germain d'Auxerre.
Les annales d'Hincmar nomme Bosone filio Buvini quondam comitis dès 869. Les chamailleries entre Lothaire, roi de Lotharingie et Teutberge son épouse sont certainement l'une des raisons de l'éclosion des Bosonides. A cette époque, Boson devient l'homme de confiance de Charles II le Chauve à qui il présente sa soeur Richilde que le roi épouse le 22 octobre 870.
En 869, Boson reçoit l'abbatiat de Saint Maurice d'Agaune et d'autres honores que tenait son oncle Hugbert. Il obtient aussi le monastère de Saint-Gery de Cambrai, l'abbaye de nonniales de Saint-André le Haut de Vienne, et il était probablement abbé de Montiéramey et de Montier la Celle (Bautier).
En 869, au décès de leur neveu Lothaire II, Charles II le Chauve et son frère Louis le Germanique se partagent ses états. Charles obtient la partie occidentale de la Lotharingie mais ne parvient pas à se faire reconnaitre par tous les Grands de Provence. Ainsi, Gérard de Roussillon, marquis du Lyonnais, refuse de se soumettre mais le roi fait son entrée à Vienne le 24 décembre 870 obligeant Gérard et sa femme Berthe à dégerpir. Désirant confier sa nouvelle conquête à un homme sûr, il désigne son beau-frère Boson qui y établit une réelle autorité.
Après le 21 juin 871, il est nommé exécuteur testamentaire d'Eudes de Troyes (Bougard).
Peu après, Boson est envoyé auprès du futur Louis le Bègue qui a été investi du royaume d'Aquitaine. Il est nommé chambrier et maitres des huissiers pour l'Aquitaine. En 872, après la déposition de Gérard, comte en Aquitaine, Boson est nommé comte du Berry.
En 875, Boson accompagne le roi Charles II qui se rend en Italie pour son élévétion au titre d'Empereur. Boson est investi comme dux regni Italici à Pavie en février 876, jouant le rôle de vice-roi en absence de Charles. Rappelé par l'Empereur au début 877, Boson laisse son frère Richard en Italie et devient gouverneur et comte de Provence.
En 877, les Grands de la Francia Occidentalis dont Hugues l'Abbé et Boson se révoltent mais le décès de Charles le Chauve modifie le paysage politique du pays. Une nouvelle erre s'ouvre...
Le temps des hésitations :
Au printemps 876, Boson épouse Ermengarde, fille de l'empereur défunt Louis II. Ce mariage paraît avoir des dessous politiques. Boson a largement prouvé sa fidélité à Charles le Chauve puis à Louis le Bègue et, en 878, il montre peu d'empressement à seconder les projets du pape Jean VIII. On ne peut donc pas affirmer que Boson ait voulu se créer des droits à l'empire mais, par contre, ceux qui ont favorisé son mariage avec Ermengarde, que ce soient Bérenger de Frioul et les comtes italiens, le pape ou l'impératrice douairière Engelberge, ont certainement eu l'ambition de faire de lui un empereur.
Boson participe à la rébellion générale de 877, refusant de prêter allégeance à Louis II le Bègue puis se ravise. Après l'élection du fils de Charles le Chauve, il devient un des personnages principaux du royaume occidental.
En 878, le pape Jean VIII propose à Boson de lui donner, en échange de son intervention en Italie, le pouvoir impérial, et annonce publiquement qu'il adopte Boson comme son propre fils. Cette première tentative échoue car Boson est engagé dans un autre prossessus.
En 879, à la suite d'un arrangement avec Thierry le Chambrier, Boson devient comte en Autunois en échange des abbayes de ce même comté (Annales de Saint-Bertin p 279).
La même année, Louis le Bègue, se sentant mourir, confie la tutelle du royaume à Hugues l'abbé, à Boson et à Thierry le Chambrier. Un autre clan, animé par Gozlin et le Welf Conrad invite le Carolingien Louis le Jeune à prendre la succession de son cousin (Bautier).
La Francia Occidentalis nage en plein désarroi...
Boson, roi de Mantaille :
Après la mort de Louis le Bègue, les circonstances paraissent favorables à Boson pour prendre la couronne royale ; le Lyonnais et le Viennois se trouvent dans une situation mal déterminée ; les couronnements de Louis III et Carloman rencontrent de l'opposition, et les jeunes rois doivent surtout leur trône au comte Thierry, rival de Boson, dans le comté d'Autun. Boson, poussé par sa femme Ermengarde, se décide à profiter de l'occasion.
Les évêques de Bourgogne et de Provence (voir carte ci-contre) réunis en synode élèvent Boson à la dignité suprême à Mantaille, près de Vienne, le 15 octobre 879 et il est couronné à Lyon quelques jours après.
Source de la carte : Aux origines de la Provence, Provenve Historique 1973
Les évêques justifient l'acte en se plaignant d’être privés de tout gouvernement depuis la mort de Louis le Bègue et livrés aux violences de leurs ennemis sans secours ni protection. En s’asseyant sur le trône de Provence, Boson se débarrasse de la tutelle du pape Jean VIII qui semble se préoccuper que de ses propres intérêts.
En France occidentale, les honores de Boson sont neutralisés. L'abbaye de Montiéramey lui est retirée et le comté d'Autun donné à son propre frère, Richard le Justicier (une façon comme une autre de le neutraliser).
Le couronnement de Boson a pour conséquence de resserrer les liens entre les Carolingiens. Louis III et Carloman d’une part, Charles le Gros et Louis le Jeune d’autre part, se réunissent à Gondreville sur la Moselle et s’entendent pour lutter contre Boson mais aussi contre Hugues le Bâtard (fils de Lothaire II) qui cherche à conquérir la Lotharingie (Riché p 208).
Source de la carte : Wikipédia ; on notera que le royaume de Provence (en jaune) correspond plutôt au royaume du fils de Boson qu'à Boson lui même.
A l'entrevue de Gondreville (juin 880), les Carolingiens décident de combattre en commun les usurpateurs. Après une première tentative malheureuse en 880, Vienne tombe aux mains des troupes carolingiennes que commande le propre frère de Boson, Richard le Justicier (septembre 882).
Certains historiens ont pensé que la prise de Vienne n'a pas ruiné la cause de Boson (Levillain) mais ce n'est pas du tout l'avis de R-H Bautier qui constate que plus aucun document me mentionne Boson après la chute de Vienne hormis des faux.
Si la tentative d'asccession de Boson à la royauté de Boson a échoué, notons toutefois qu'elle marque le début de la dislocation de l'empire carolingien (Bautier). L'échec de Boson s'explique par l'union inhabituelle des Carolingiens et par les clans très puissants de la haute aristocratie qui se sont ligués contre lui à commencer par certains membres de sa famille tel que Richard le Justicier (F Demotz).
La famille Ermangarde :
En mars 872, Boson épouse Ermengarde d'Italie, fille unique de Louis II le Jeune, roi d'Italie depuis 844, et d'Engelberge. Ermengarde avait été auparavent fiancée à Constantin fils de l'empereur d'Orient Basile.
Si les parents de Louis II d'Italie sont parfaitement connus (Lothaire petit-fils de Charlemagne et Ermangarde de Tours), il n'en est pas tout à fait de même pour l'impératrice Engelberge. Plusieurs thèses s'opposent :
- Charles Odegard [17] a proposé que l'impératrice Engelberge soit une Supponide (source non consultée), hypothèse reprise par François Bougard [18], qui fait d'Engelberge une fille d'Adalgis, duc de spolète, fils présumé de Suppo I. Nous savons de source sure que Suppo III est le consobrinus d'Engelberge.
-
Une seconde thèse, développée par d'autres médiévistes, s'appuie sur le fait que Charles le Gros, s'adressant à Engelberge et sa fille Ermangarde les traite respectivement de soeur et de nièce.
- Settipani, influencé (p 269) par M Chaume, propose qu'Engelberge soit fille d'Erchanger et de Gisèle, père de Richarde femme de Charles III le Gros.
- Jean Noël Mathieu [19] développe une autre proposition : Engelberge serait une demi-soeur de Charles III le Gros, fille d'Emma et de Thierry fils de Guillaume de Gellone.
Boson a (peut-être) été marié une première fois ( les annales de Fulda accuse Boson d'avoir empoisonné sa première femme) dont :
- Willa femme en 888 de Rodolphe I, roi de Bourgogne puis, en 913, d'Hugues, roi d'Italie ;
Puis Boson a épousé Ermengarde en 876 (peut-être précédé d'un rapt) dont il a eu deux filles et un garçon :
- Louis, roi de Provence, qui suit ;
- Ermengarde femme de Mannassès, comte de Chalon ;
- Engelberge mariée à Guillaume le Pieux fils de Bernard de Septimanie, comte d'Auvergne.
Louis III l'Aveugle :
Louis est né vers 875 et décédé le 10 mai 928 à Arles. A la mort de Boson, Ermengarde devient régente du "Royaume de Provence" au nom de leur fils Louis III. Contrairement à son père Boson, Louis bénéficie d'un ascendance carolingienne sur laquelle il peut s'appuyer.
Par accord du mai 887, Ermengarde obtient l'adoption de son fils Louis par Charles le Gros, accord dirigé contre Rodolphe de Bourgogne-Transjurane qui s'autoproclame roi dès 888.
Le règne de Charles le Gros se termine dans un fiasco (888). L'empire carolingien éclate définitivement et en Italie, Bérenger du Frioul se proclame roi de Lombardie mais il est aussitôt renversé par Guy de Spolète, avec l'aide du pape Etienne V qui nomme ce dernier empereur.
En 890, Arnulf, roi de Germanie et empereur d'Occident, fils batard de Carloman, petit fils de Louis le Germanique, accepte, à la demande de sa mère et des Grands du royaume que Louis devienne roi de Provence. Le projet est alors soutenu par le pape.
Dans les années qui suivent, les relations de voisinage entre Rodolphe, roi de Transjurane (qui a le secret espoir de reconstituer la Lotharingie) et Louis sont marquées par une forte hostilité surtout qu'en 894, l'empereur Arnuf cède à Louis des terres tenues par Rodolphe (F Demotz p 123). Une alliance est d'ailleurs signée entre Arnulf et Louis contre Rodolphe et les Widonides d'Italie dont les intérêts coïncident.
En 896, Louis se bat contre les Sarrazins qui dévastent la Provence. A cette époque, sa soeur Willa épouse Rodolphe de Transjurane, signe d'une détente entre Welfs et Bosonides.
A la mort du jeune Lambert de Spolète fils de Guy, Bérenger de Frioul reprend le pouvoir mais, à l'appel des grands féodaux pour qui Louis est le petit-fils de l'ancien empereur Louis II le Jeune, l'héritier de Boson prend Pavie, chasse le roi Bérenger et se fait couronner roi d'Italie (le 12 octobre 900).
En février 901, le pape Benoît IV ceint Louis de la couronne impériale mais la guerre que se mène Louis et Bérenger n'est pas terminée et, en 902, Bérenger de Frioul, lui aussi carolingien par sa mère, revient avec des forces en nombre et réussit à chasser d'Italie son adversaire qui est obligé de se réfugier en Provence.
En 905, le chassé croisé se poursuit et Louis est de retour en Italie à l'appel des grands féodaux, mais Bérenger, grâce à l'aide des troupes bavaroises, réussit à le faire prisonnier à Vérone. Le 21 juillet 905, Louis est supplicié et a les yeux arrachés. Remis en liberté, il est de retour en Provence, le 26 octobre au plus tard, ne rapportant de son expédition, que le vain titre d'empereur et le surnom de Louis l'Aveugle.
La royauté provençale ressent le contre-coup du terrible supplice infligé à son représentant ; elle s'appauvrit aux dépens de la féodalité laïque et ecclésiastique qui la domine de toute sa richesse. La régence passe d'abord aux mains du tout-puissant comte d'Arles, Hugues, puis du comte de Vienne, Charles-Constantin, lorsque Hugues devient roi d'Italie.
Louis III aurait successivement épousé :
-
Anne de Macédoine vers 900 fille de Zoé Zaustina, concubine de Léon VI dont :
- Charles Constantin qui suit ;
-
Adélaïde de Bourgogne le 18 mars 914 dont :
- Rodolphe qui est nommé Rodulfi filii Ludowici imperatoris dans une subvention d'Adeleydis comitissa soror Rodulfi en faveur de Cluny le 14 juillet 929 (CLU [20] I n° 379 p 358).
Il n'y a aucune certitude sur le mariage de Louis et d'Anne de Macédoine (voir C.W. Prévité-Orthon [21] p 703-6 (non consulté), E Hlawitschka [22] p 272-5 (non consulté) et C Setipanni [23]). O Kesten semble s'opposer avec vigueur à cette idée (C Seppipani 2006 [24]) mais la thèse développée par C Settipani, reprise un peu partout, explique l'introduction de l'anthroponyme Constantin.
René Poupardin fixe la mort de Louis à 928.
Charles-Constantin :
Charles-Constantin est né vers 900, d'Anne de Macédoine, première femme de Louis III ou d'une concubine pour ceux qui ne sont pas convaincus par cette hypothèse et est décédé après janvier 962. Il apparait pour la première fois en 923 avec le titre ambasciator.
Le 3 Juin 924, Hludovicus…imperator augustus donne trois serfs à fideli nostro Bononi à la requête de filius noster Karolus (CLU I n° 242, p 233)
En 926, Charles-Constantin est nommé comte de Vienne par son cousin Raoul fils de Richard le Justicier, roi de France, dans la succession de son cousin Hugues, comte d'Arles, devenu roi de l'Italie. Toutefois ce dernier ne se désintéresse pas totalement de la région et tente d'empêcher Charles-Constantin de succéder à son père.
Charles-Consatantin pert la province de Vienne en septembre 928 qui est accordée à Héribert de Vermandois pour son fils Eudes. Cette manoeuvre, pilotée par Hugues, doit empêcher Rodolphe II, roi de Bourgogne, d'absorber le Viennois. Apparemment, Charles-Constantin conserve ses prérogatives à Vienne.
Le 27 juillet 942, Conrad oblige Charles-Constantin, son cousin, à cesser de détenir injustement des biens cédés par Engelbert, de la famille des vicomtes de Vienne, à l'abbaye de Cluny.
En 943, Charles-Constantin prête allégeance à Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne puis en 951, mécontent que ce dernier accorde sa protection aux Hugonides, reconnait la suzeraineté du roi Louis IV (C Settipani).
Avant 950, Charles-Constantin assisté de sa femme et ses deux fils, accorde à Rotbalt, la permission de vendre certains biens à Bressi le Haut en Viennois.
Charles-Constantin a épousé Teutberge de Troyes, fille de Garnier et de Teutberge. ils ont eu plusieurs enfants dont :
- Constance épouse de Boson fils de Roubaud, comte d'Arles ;
- Hubert : Richardi et Uperti filiorum suorum sont nommés dans une vente de terre in villa Brociano par Karolus comes datée du 19 mai 960 (CLU II n° 1094 p 186) ;
- Richard qui échange des terres avec Sobon en 943. Ces terres passent ensuite à son frère, ce qui suppose qu'il est mort sans postérité. Il est décédé après 960 car il est cité dans la même charte que son frère.
La famille de Teutberge :
Georges de Manteyer [25], au début du XXe siècle, a pensé qu'Hubert ou Richard pouvait être souche de nouveaux lignages qui sont apparus à cette époque dans le sud de l'Empire mais ses conclusions n'ont pas retenu l'attention de ses confrères. Cet auteur a successivement proposé que Frédéburge (°960 +1023), femme de Guigues d'Albon soit fille de ce Richard en remarquant que le couple avait lui-même un fils nommé Richard et qu'Hubert soit l'ancêtre des comtes de Savoie, père de Humbert aux Blanches mains.
Bibliographie :
[1] Les fondements idéologiques du pouvoir des premiers comtes de Savoie (De la fin du Xe au début du XIIIe siècle) 1999 L Ripart (thèse de l'université de Nice)
[2] La Bourgogne dernier des royaumes carolingiens (855 -1056) 2004 François Demotz
[3] Le royaume de Provence sous les Carolingiens 1901 R Poupardin
[4] Aux origines du royaune de Provence R-H Bautier 1973 dans Provence Historique
[5] Mémoires pour servir l'histoire des Royaumes de Provence et de Bourgogne Juranes - 1er partie, Les Bosonides 1851 Frédéric de Gingins-La-Sarra
[6] René Poupardin, Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933?) 1902 Levillain dans Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 63, n° 1, pp. 707-715
[7] Les ancêtres des Capétiens 1993 Christian Settipani
[8] Famille et pouvoir dans le monde franc 2003 Régine le Jan
[9] Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe Pierre Riché
[10] Les origines du duché de Bourgogne 1925-1937 Maurice Chaume
[11] Etudes sur le Luxembourg à l'époque carolingienne : le domaine de Mersch et ses possesseurs 1908 Joseph Depoin
[12] Le royaume de Lorraine sous les Carolingiens (843 - 923) 1898 Robert Parisot
[13] En marge du divorce de Lothaire II: Boson de Vienne, le cocu qui fut fait roi ? 2000 François Bougard dans Francia 27/1
[14] Note sur trois personnages, du nom de Boson, qui sont mentionnés en Champagne au IXe-Xe siècle 1896 A de Barthélemy dans Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 40e année, N. 3, . pp. 201-203
[16] Cartulaire de l´abbaye de Gorze, Mettensia II 1898 publié par A D´Herbomez
[17] The Empress Engelberga 1951 Charles E.Odegaard dans Speculum 26 p 77 à 103
[18] Les Supponides: échec a la reine 2006 François Bougard dans Les élites au haut Moyen Âge: crises et renouvellements (Actes du colloque de Rome, 6-8 mai 2004
[19] Recharches sur les origines de Guille de Bourgogne et de l'impératrice Engelberge 2000 Jean-Noël Mathieu dans Onomastique et Parenté dans l'Occident Médiéval.
[20] Cartulaire de Cluny désormais CLU
[21] Charles Constantine of Vienne 1914 C.W. Prévité-Orthon dans English historical review
[22] Die Verwandtschaftlichen Verbindungen zwischen dem hochburgundischen und dem niederburgundischen Königshaus E. Hlawitschka
[23] Nos ancêtres de l'Antiquité 1991 C Settipani
[24] Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs 2006 C Settipani
[25] Les origines de la maison de Savoie en Bourgogne (910 - 1060) 1899 G de Manteyer dans mélanges d'archéologie et d'histoire T19 ; La paix en Viennois 1904 dans le Bulletin de la Société de Statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'Isère ; Origines de la maison de Savoie Le Moyen-Âge XIV p 257 et 437 ; Manassès comte en Chaumois et Garnier comte en Troiessin 1925