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Nous avons remis à jour notre fichier concernant les relevés des notaires de Savines et nous avons divisé le fichier sur les notaires d'embrun en deux parties car il était trop important et se manipulait difficilement. Nous avons commencé à relever des minutes de Saint-André d'Embrun.

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C’est en feuilletant le remarquable ouvrage de P.Y. Laffont [1] que l’idée de jeter un coup d’œil nouveau sur les premières généations des sires d’Albon s’est imposée à nous.

 

Se plonger dans cette filiation ne nous paraissait pas, au premier abord, une problématique dificile à conduire mais, au fur et à mesure de notre étude, ont surgi des obstacles particulièrement ardus à contourner. Finalement, nous nous contentons de "faire un point" sur un lignage dont les racines ne sont pas encore établies avec certitude.

 

Les thèses les plus anciennes, principalement développées par Alfred Terrebasse [2] et Maurice Manteyer [3], conduisent à désigner les seigneurs de Vion comme ancêtres agnatiques des comtes d'Albon, eux-mêmes descendants des Rostaing, puissant lignage en Haut-Vivarais et en Viennois au IXe siècle.

 

Jean-Pierre Poly [4] complète et amende les propositions de Manteyer en affirmant que les Guiguonides sont les descendants d’une alliance entre Aimon, (chef des brigands des Alpes et alliés des Sarrazins du Freinet avant de rejoindre les forces de Guillaume le Libérateur) et des seigneurs de Vion. D'après lui, ce lignage a grandi en usurpant les biens de l'église de Grenoble dès Guigues le Gras avec la complicité de l'évêque Mallen, cousin du seigneur d'Albon.

 

Toutefois, nous devons signaler que les historiens modernes sont très réservés sur les ascendants de ces comtes et se contentent souvent de marteler que leurs origines ne sont pas données par les sources et qu'il faut se contenter de conjectures, les preuves de leur ascendance étant trop peu étayées pour être prises en considération.

 

En fait, pour les médiévistes, peu importe les origines de cette famille car leur puissance dans la région grenobloise repose sur l'habile politique de mariages bien dotés et la collusion avec des évêques membres de la famille pour usurper des biens d’église.

 

G Giordamengo [5] résume la position des auteurs modernes en affirmant que les Guiguonides ne se sont pas embarassés de questions juridiques et se sont purement et simplement emparés des titres et des terres, que ce soit en Grésivaudan, en Viennois ou en Briançonnais. Ils ont cependant tenu à utiliser un vocabulaire aux ascendances publiques – comtes – pour mieux asseoir leur pouvoir.

 

Enfin, Laurent Ripart confirme, dans un ouvrage récent [6], la montée en puissance des Guigonides au cours et après le règne de Rodolphe III, roi de Bourgogne (993 - 1033) : dans ce processus de transformation de la parentèle en dynastie princière, le contrôle du siège épiscopal de Grenoble joua à l'évidence un rôle décisif. Par l'intermédiaire [de l'évêque] Humbert, les Guigonides purent renforcer leur puissance foncière.... (p 261).

 

Nous conservons, dans cet article, la trame du tableau généalogique tracé par P-Y Laffont (p 121) que résume ce tableau :

 

 

Le lignage des Rostaing :

Les remarques restrictives développées dans l'introduction ne doivent pas nous empêcher de présenter la famille des Rostaing dont seules trois générations sont connues, ce qui n'interdit pas de penser qu'elle était établie dans le Vivarais depuis déjà bien longtemps à l'époque où elle sort de l'ombre.

 

En 2009, dans son ouvrage "Châteaux en Vivarais", Pierre Yves Laffont écrit : en 1998, dans notre thèse, nous doutions de la filiation proposée en 1925 par Georges de Manteyer et reprise ensuite par de nombreux auteurs. A la lumière des données nouvelles, nous serions désormais enclin à considérer comme Laurent Grimaldi [7], que l'hypothèse de G de Manteyer est valide, moyennant toutefois un certain nombre de correctifs (note 13 p 111).

 

Rostaing I x Sufficia :
Rostaing I est probablement né à l’aube du IXe siècle.

 

En 842, Rostaing et sa femme Sufficia reçoivent des biens entre Roman et Tain (RD [8] n° 666).

 

Entre 842 et 848, échange de biens entre Rostaing et l’archevêque de Vienne : convention d'échange entre Agilmar, archevêque de Vienne, et Rostanius ; le premier cède ses biens situés in valle Venusca, au pagus de Vienne, et les villae Canalilias, Potiolis, Floviacus et Puxerolas, au royaume d'Aquitaine, contre les villae Calmis et Cungnus, au pagus de Lyon. La charte est confirmée par un diplôme du 11 novembre 848 (RD n° 669).


En 844, Rostaing, venerabilis vir, cède deux églises du Viennois à Archambaud, comte de Vienne (CSM [9] n° 57).

 

Nous ne connaissons pas les enfants de Rostaing et Sufficia sauf :

  • Rostaing II qui suit.

 

Nous ne possédons pas plus de renseignement sur ce couple. Dans le tableau généalogique de la page 104 des "Châteaux en Vivarais", Rostaing I est successivement marié à Sufficia puis à Gomberge. Remarquons encore que l’anthroponyme Rostaing se retrouve sans doute aussi dans la famille voisine de Clérieu.

 

 

Rostaing II x Berthilde:
Le 20 avril 873, Rostaing et sa femme Berthilde font une vente importante à Saint-Maurice de Vienne (CSM n° 48 et RD n° 784). Leurs cinq fils, qui remplacent leur père malade, sont nommés dans la charte.

 

Les enfants de Rostaing et Berthilde sont :

  • Achard ;
  • Eldemannus ;
  • Silvy (Silvion), prénom que l’on retrouve dans la famille de Clérieu ;
  • Guigues (abbé de Saint-Barnard de Roman d’après Grimaldi) ;
  • Rostaing III qui suit.

Les historiens du Dauphinais (Nicolas Chorier en particulier) commencent leur généalogie des Guiguonides par un comte Guigues, présent à l'assemblée des seigneurs bourguignons convoqués à un plaid en 889 à Varennes par Ermengarde, veuve du roi Boson. Chronologiquement, ce comte est difficile à placer car nous ne savons pas son âge à cette époque et nous n'avons aucune information sur sa parentèle. Il pourrait correspondre à Guigues fils de Rostaing II mais il y a certainement beaucoup d'autres possibilités.

 

Rostaing III :

En février 889, donation à l’abbaye de Roman d'un riche domaine dans le pays d’Annonay par Guigues et son frère Rostaing. Leur mère Berthilde signe et confirme (CSB [10] n° C34).

 

En 895, donation par Rostaing à Saint-Maurice de Vienne de l'église Saint-Ferréol située au terroir de Sablons en Viennois (RD n° 914).

 

Maurice Chaume  [11] et Georges Manteyer écrivent que l'épouse de Rostaing III se nommait Valdamode, d'après une charte d'avril 889 : Rostagnus et sa femme Wandalmodis donnent pour un supplément aux chanoines de Saint-Maurice une vigne au comté de Vienne, dans la villa d'Ampuis, à Maurada, confinant aux terres de Saint-Nizier et de Saint-Sévère (RD n° 873).

 

Les Rostaing apparaissent possessionnés en Vivarais viennois à l'époque carolingienne dans les vallées de la Cance et de la Deûme, sur les confins des pagi de Vienne et du Puy, ainsi que, peui-être, sur la façade rhodanienne du Vivarais comme le laisse supposer la donation de l'église des Sablons face à Serrières et celle de la villa de Vion (Laffont p 104).

 

 

Les sires de Vion :

Les historiens, avec les reserves émises dans l'introduction, sont tentés de reconnaitre, dans les sires de Vion, les ancêtres des comtes d'Albon même si les preuves de cette continuité sont ténues.

 

Chantal Mazard [12] s'est appliquée à montrer la fragilité de cette supposition qui ne s'appuie finalement, même si l'argument n'est pas négligeable, sur une continuité de l'anthoponyme Guigues, remarquant entre autres, l’extrême rareté des alleux des Guigues d'Albon dans le Vivarais. De plus, elle rappelle que la Villa de Vion (berceau des Guiguonides d'après Manteyer), de même que le château, n’appartient pas, par la suite, aux comtes d’Albon.

 

L'antroponyme Guigues n'est pas rare dans la région qui nous occupe et il n'est pas certain que tous les Guigues qui apparaissent dans les documents de cette époque soient apparentés, de près ou de loin, aux ascendants des comtes d'Albon. Prenons pour exemple, Guigues, abbé de Saint-Chaffre, probablement le même qui est évêque de Valence en 994, dont on ne connait pas le lien avec les Guigonides.

 

Guigues (?) :

Pour une chronologie cohérente, nous introduisons un Guigues, père de l'époux de Waldamode, qui est peut-être celui que l'on repère en 912. Il serait né autour de 880 - 890 et probablement décédé avant 933 alors que son fils agit comme chef de famille à cette date.

 

En 912, Guigues « comte par la grâce de Dieu », fonde une messe à Saint-Maurice de Vienne pour le repos de l’âme de ses parents et donne des biens à Estressin près de Vienne à cette même abbaye. La charte est souscrite par le comte de Valentinois Boson et par le vicomte Ratburne de Vienne (RD n° 1022).

 

Les enfants de Guigues seraient :

  • Guigues époux de Waldalmode ;
  • Humbert (CLU [13] n° 588).

 

Il est possible que ce soit l'épouse de Guigues qui introduise le prénom Humbert dans la famille.Ce prénom est aussi très utilisé dans les premiers anneaux de la famille de Savoie dont les origines sont tout aussi obscures que celles des comtes d'Albon. Il serait très intéressant de chercher la possibilté d'un lien entre ces deux puissants lignages qui se sont formés à peu près en même temps dans deux régions très proches.

 

Notons encore que, d'après cette généalogie, les Guigues cités en 889 et 912 portent le titre de "comte" au contraire de leur prédécesseurs et de leurs successeurs, ce qui peut paraitre pour le moins curieux.

 

Guigues x Waldamode :

Entre 933 et 937, donation de la villa Vugon à Cluny par Guigues et son épouse Waldamode (CLU  n° 415) ;

 

Vers 940, Guigues et son épouse donnent certaines terres du Champsaur à l’Eglise de Romette (Terrebasse).

 

Entre 942 et 953, Humbert se donne au Monastère de Savigny avec des biens à la villa de Solniaco. Son frère Guigues signe l’acte (Savigny [14] n° 61).

 

Entre 942 et 954, Guigues fait une donation de biens à Verziaco sur le terroir d’Etables à l’abbaye de Cluny après la mort violente de son frère Humbert (CLU n° 588). G de Manteyer y voit les fils de Guigues et de Waldamode, mais il s’agit probablement de la génération précédente car le fils de Waldamode nommé Humbert est évêque de Grenoble jusqu’en 1025.

 

Un acte de janvier 956 relatif à Muzols émanant d’Isarn porte la signature de Guigues (ou celle de son fils). En mai 956, il est aussi témoin, à Vion, d’une charte d’Arlulfe, peut-être vicomte de Marseille (Florian Mazel [15] a récemment émis un doute sur l'identification de cet Arlulfe) : Ego... Arlulfus...pro remedio amine genetoris mei Teodbert et genitricis mei Aimenradane et germanis mei Sigibodo... de rebus meis, in pago Vienense, in agro Annonnacense, in villa... Vinonia... Signum Arlulfi... Signum Isarni, Signum Wagoni...(Manteyer p 99 [16]).

 

Les enfants de Guigues et de Waldamode sont :

  • Guigues qui suit ;
  • Humbert (?), moine à Savigny.

 

la Famille de Waldamode :

Les historiens spécialistes du Dauphiné ont cherché à déterminer la famille de Waldamode mais les diverses propositions n'ont, pour l'instant, pas été rétenues. Plusieurs Waldamode sont connues au dixième siècle dans la région Bourgogne :

  • Waldamode x Eudes de Troyes mort en 871 (Chaume p 254) ;
  • Waldamode x Rostaing mariée avant 889 ;
  • Waldamode x Hugues d'Arles mariée vers 920 ;
  • Waldamode x Humbert de Salins mariée vers 925 ;
  • Waldamode x Guigues mariée avant 933 ;
  • Waldamode x Beraud de Beaujeu mariée avant 957 (probablement vers 945) ;
  • Waldamode x Engilgert III de Brienne mariée vers 990 (Chaume).

Sans doute ces Waldamode sont-elles plus ou moins apparentées mais nous butons sur la chronologie et le peu d'informations que nous donnent les historiens à propos de ces personnages.

 

D'après Manteyer, l’une des épouses d’Hugues d’Arles (il en a eu cinq nous apprend cet auteur) se nommait Waldamode. Elle lui aurait donné deux enfants : Hubert, marquis de Toscane, et Waldelmode, femme de Guigues avant de devenir celle de Bérard de Beaujeu. Cette suggestion, contraignante d'un point de vue chronologique, et qui ne s’appuie sur aucun document, n’a pas été prise en considération par la postérité.

 

La famille des Rostaing est aussi évoquée par Maurice Chaume qui marie Rostaing III à une certaine Waldamode supposée fille d'Eudes de Troyes. Rien ne permet de confirmer cette éventualité qui semble contredire les études plus modernes.Notons que le prénom de Waldamode réapparaitrait ainsi pour la seconde fois dans ce lignage. C'est peut-être l'indice d'un mariage entre cousins ou, plus simplement encore, que ce montage strictement agnatique est plus compliqué qu'il n'y parait.

 

Le lignage des Guigues :

Une querelle d'experts qu'on peut suivre dans les anciens numéros du bulletin de l'académie delphinale [17] s'est développée autrefois pour déterminer quand et comment les Guiguonides ont obtenu leur titre de comte de la région grenobloise. Dans le préambule de la seizième charte du second cartulaire de l'évêque de Grenoble Saint-Hugues [18], il est noté que sous l'évêque Isarn, les Guiguonides n'avait pas le pouvoir dans le diocèse de Grenoble et que les usurpations ont eu lieu sous l'évêque Mallen, cousin de Guigues le Gras. On peut donc en déduire :

  • Les Guigues ne sont pas originaires du Grésivaudan, mais plutôt du Viennois, et peut-être même du Vivarais (à moins de supposer que la famille a grandi très vite, ce qui semble difficile à admettre en considérant les alliances des Guigonides avec les familles de Frédéburge et de Gotolène);
  • Si les Guigues ont porté le titre de comte avant l'épiscopat de Mallen, ce n'était donc pas dans le comté de Grenoble ;
  • La puissance de Guiguonides est due à la spoliation des biens de l'église de Grenoble avec la complicité de Mallen et celle de son prédessesseur Humbert, tous deux appartenant à la famille d'Albon. Elle est donc l'oeuvre de Guigues le Vieux et de son fils Guigues le Gras.

Cette remarque ne permet pas de préjuger de la puissance de cette famille avant le début du XIe siècle, en particulier dans le pays viennois.

 

Guigues et Frédéburge :

Au cours du Xe siècle, à une date indéterminée, Guigues, son épouse Frédéburge et leur fils Sumfred vendent des terres à Saint André le Bas [19].

 

En 996, Humbert, évêque de Grenoble, donne la moitié du château de Vizille, de sa maison et de tout le bourg, avec l’église Sainte-Marie. La charte est signée du donateur, de Frédéburge sa mère, de Guigues son frère, Humbert, évêque de Valence, son neveu (RD n° 1513).

 

Le 7 septembre 996, Guigues et sa femme Frédeburge donnent à l’église de Vienne une vigne et un jardin dans le mandement de Cheyssieu. L’évêque Humbert, Richard et Guigues sont témoins de l’acte et Manteyer supposent qu’il s’agit de leurs enfants (Appendice Saint André le Bas n° 37).

 

Les enfants de Guigues et de Frédéburge sont :

  • Guigues qui suit ;
  • Ne dont le fils Mallen est évêque de Grenoble après son oncle Humbert (on peut aussi imaginer que Mallen soit le fils de Sumfred) ;
  • Sumfred présent avec ses parents dans la charte n° 123 du cartulaire de Saint-André le Bas ;
  • Humbert, évêque de Grenoble, qui assiste, en  995 et 1025, aux conciles d’Anse près de Lyon. En 1012, il rétablit une règle et une discipline dans l’église de Saint-Laurent. Sa mère, Frédéburge, et les fils de son frère Guigues alors décédé, Guigues et Humbert signent l’acte. D’après certains historiens, il serait mort vers 1030, après s’être démis de ses fonctions d’évêque en faveur de son neveu Mallen ;
  • Richard (?) témoin de la charte de 996.

 

La famille de Frédéburge :

La personnalité de Frédéburge est très intéressante. Chantal Mazard la considère comme une femme de haute carrure et de haute lignée, largement possessionnée en Viennois, une régente qui traite au mieux les intérêts de la famille. C'est elle qui donne l'impulsion à cette famille afin de se hisser au niveau des plus grands. Il en découle tout naturellement qu'elle devait appartenir à une puissante famille de la région.

 

Manteyer a voulu faire de Frédéburge une petite fille de Charles-Constantin, car un de ses fils se nomme probablement Richard mais les preuves sont trop faibles pour entériner cette hypothèse qui reste plausible d'un point de vue chronologique. Cette supposition se heurte, aux dires même de l'auteur, au fait que le nom de Frédéburge n'est pas porté dans la famille de Charles-Constantin

 

La thèse la plus originale par sa nouveauté est celle de Jean-Pierre Poly qui lie Frédéburge à une nébuleuse construite autour d'un chef montagnard, dénommé Aimon, allié des Sarrazins du Freinet dans leurs brigandages dans les Alpes. La famille d'Aimon aurait perduré à la disparition des Sarrazins :

  • Peu avant 974, un Aimon, proche parent du chef des montagnard est élu à l'évêché de Valence ;
  • A peu près à la même époque, un Rodolphe, parent d'un Aimon, devient évêque de Gap. Il est possessionné à Vaulnaveyx, près de Vizille comme Frédéburge ;
  • En 992, un Guigues succède à Aimon sur le siège de Valence.

 

L'auteur émet l'hypothèse qu'Aimon, père de Frédéburge, est à identifier à celui qui est possessionné à Dauphin, près de Forqualquier, d'où le surnom que prend un peu plus tard l'ainé de la famille.

 

Nous tirons une autre information de Maurice Chaume (p 240) qui note : le premier archichancelier de Conrad est un Aimon (entre 943 et 950) que l'on sait avoir été évêque de Genève et le dernier (992) est encore un Aimon, évêque de Valence. Nous ne savons rien sur ce dernier mais il semble tout indiqué de le rattacher au premier.

 

Frédéburge est remariée avec Arnoux du Theys après la mort de Guigues (CD [20] n° 27) et ne décède qu’entre 1006 et 1012.

 

Du temps du roi Rodolphe (avant 1033), un certain Barnoin et sa femme Teutberge font une donation de terres et de vignes situées à Virieu à l'abbaye de Saint André le Bas pour le remède de leur seigneur Guigues et de sa femme Frédéburge (Terrebasse)

 

 

Guigues x Gotolende :
Guigues, fils de Guigues et Frédéburge, n'est connu qu'à travers les chartes de son entourage. En 993, Humbert son frère cède, de son consentement, la moitié du château de Vizille.

 

D'après Manteyer, Guigues souscrit en 1001 à une charte d'Artaud de Royans (Il s'agit peut-être de la charte n° 179 de Saint-André le Bas).

 

En 1009, à la prière de son épouse Algitrude et de son frère Burchard, des comtes Rodolphe et Ubert, le roi Rodolphe III donne à Humbert et à sa mère, dame Frédéburge, et à ses neveux, fils de Guigues de bonne mémoire, Umbert, Guigues et Guillaume, la moitié du château de Moiras (RD n° 1591).

 

Les enfants de Guigues et de Gotolende sont :

  • Guillaume qui figure dans le nécrologue de Saint-Robert sous le nom de Guillaume fils de Guigues, mort entre 1009 (RD n° 1591) et 1012 ;
  • Guigues qui suit ;
  • Humbert, évêque de Valence, cousin germain de l'évêque de Grenoble Mallen (1030). Il est mort en 1037.

Guigues est mort entre 1001 et 1009.

 

La famille de Gotolende :

Les Guigues sont étroitement liés aux Clérieu, famille très ancienne (ses racines sont gallo-romaines) et très puissante installée dans la région de Romans. Léger, premier seigneur de Clérieu connu avec certitude (°840 +<923) a pour épouse une certaine Gotelinde dont P Y Laffont, d'après Grimaldi, suggère qu'elle soit fille de Rostaing II.

Une autre Gotelinde, femme de Gelin, comte de Valence, (°900 +>962) est la tante de Sylvion de Clérieu, époux de Willa (°940 +>1026). Il est probable, comme le montre le tableau ci-dessus, que l'épouse de Guigues, est la fille de Sylvion et de Willa.

 

C’est par Gotelène, fille de Silvion et tante de l’archevêque de Vienne Léger que le châtau de Clérieu et d’autres biens entrent dans le patrimoine des Guigues.

 

 

Guigues le Vieux x Adélaïde :
Entre le 20 octobre 1012 et le 19 octobre 1013, Guigues et son épouse Adélaïde donnent des biens dans le comté de Vienne à l’abbaye de Cluny (CLU n° 2683).

 

Dès 1016, Guigues se fait appeler comte dans une charte concernant des biens qu’il possède à Moirans (Cartulaire de Grenoble n° 33 p 77). il est possible, d'après G de Manteyer que le titre de comte est été rajouté à postériori.

 

En 1027, Humbert, évêque de Valence et son frère Guigues sont au nombre des seigneurs et des prélats qui accompagnent le roi de Bourgogne, Rodolphe III, à Rome pour l’élévation de Conrad le Salique au titre d’Empereur. Ils en profitent pour confirmer le don de biens en Champsaur à l’abbaye de Cluny par leur aïeul paternel et le faire rattifier par le pape (Terrebasse et CLU n° 2798).

 

Entre septembre 1029 et octobre 1030, l'archevêque de Vienne, Brochard/Burchard partage le comté du Viennois entre Humbert "aux Blanches Mains" qui en obtient le Nord et Guigues d'Albon qui entre en possession du Sud (Manteyer).

 

Guigues approuve, en 1029, deux dons faits à abbaye de Cluny, l'un de sa grand-mère Frédeburge et de sa famille qui donne un mas et l'autre émanant de deux frères nommés Ismidon et Bournon qui offre une vigne (Manteyer d'après le cartulaire de Domène n° 27 et 37).

 

Vers 1030, sous le règne de Rodolphe, Guigues le Vieux est présent à un acte de donation de l'abbesse Adzelena à l'abbaye de Savigny : S Vuigonis Senioris qui laudavit ( n° 645).

 

En 1033, une dame Léogarde, et ses 7 fils donnent des églises à Saint-Chaffre. Les témoins de l’acte sont : Mallen, évêque de Grenoble, le comte Guigues et sa femme Adélaïde, leurs fils Humbert et Guigues et autres témoins (Saint Chaffre [21] n° 362).

 

Le 18 novembre 1034, Guigues, fils de Gotolène, donne à Cluny une église située à Vizille. Signature de son fils Guigues (Manteyer d'après cartulaire de Grenoble et RD n° 2060).

 

Vers 1040, Guigues le Vieux reçoit l'investiture de l'empereur Henri III du Briançonnais  qui avait été détaché au diocèse de Maurienne par Conrad le Salique et rattaché au diocèse d'Embrun (Glennat [22]) mais d'après C Mazard, cette affirmation ne s'appuie sur aucune preuve et les premiers actes des Guiguonides dans le Briançonnais ne datent que de 1053.

 

C’est probablement Guigues le Vieux qui fait construire le château de Cornillon, aux portes de Grenoble et de la chartreuse, terre où la mouvance savoyarde est proche (Mazard).

 

En 1050, dans un extrait de charte du cartulaire de l’Eglise Saint-Pierre, aujourd’hui disparu, Guigues, qui prend le titre de prince de la province grenobloise, et son fils Guigues donnent un manse à l’église de saint Pierre et à l’église Notre Dame de la Mûre : Ego Guigo, Gratianopolitanœ provinciœ princeps, cum plio meo Guigone, pro redemptione anima meœ, etc Wigoni verà quem stiprà diximus majori, qui posteà effectus est monachus, centum solidos tribus, et Adelaïdi comitissœ quinquaginta, et alii Wigoni, filio illius Wigonis quem suprà diximus, quinquaginta solidos, et uxori ejus Petronillœ (J Pilot [23] d'après le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne).

 

Le 10 octobre 1053, Guigues donne à Saint-Barnard un mas dans le mandement de Génissieux, provenant de sa mère et de son aieul maternel Silvion de Clérieu (Manteyer).

 

En 1053, Guigues le Vieux et son fils Guigues le Gras concèdent un mas avec ses dépendances situé à Césanne dans le Briançonnais, à la prévôté d'Oulx. Ego Guigo comes qui nomine vocor senex, atque filins meus Guigopinguis, dono et confirmo pro anima meœ mercede et pro anima patris mei et matris meœ et parentum meorum, etc. (J Pilot d'après le cartulaire du monastère d'Oulx.)

 

Don à Cluny vers 1059 de l’église de Vizille par Guigues fils de Gotolène signé par Guigues, comte, et Guigues son fils, (RD n° 2060 avec une date probablement fausse).

 

Guigues le vieux et son épouse ont eu au moins deux fils :

  • Guigues qui suit ;
  • Humbert, évêque de Grenoble de 1076 à 1078.

En 1063, le comte Guigues leVieux (senex) et son fils Guigues le Gras (pinguis) donnent et confirment à l'église de St-Laurent (d'Oulx, Plebs martyrum) et à ses chanoines réguliers un manse à Cesana (Sesana), du conseil d'Adam châtelain de Briançon (RD n° 1993).

 

Guigues est mort vers 1063, ayant pris, auparavant, l’habit de moine à Cluny.
 

 

Guigues le Gras x Pétronille :

D'après J.P Poly, les usurpations des biens de l'évêché de Grenoble ont commencé avec Guigues le Gras qui a raflé des terres, des services, plusieurs églises et condamines (Les Féodalités p 124).

 

Trois générations des Guigonides sont rappelées dans un acte de donation faite à la prévôté d'Oulx au temps de Guigues-le-Vieux, par deux habitants de la vallée de Jarente, aujourd'hui la Vallouise, Jarenton de Careria et Hugues de Aurelia, et confirmée plus tard, eu 1101, en présence de Guigues-le-Comte, fils de ce Guigues-le-Gras In tempore Guigonis comitis vetuli, qui fuit monachus Cluniacensis..... in prœsentia Guigonis comitis, ftlii Guigonis pinguis. (J Pilot d'après le cartulaire d'Oulx.)


A Briançon, en 1073, tout bienfaiteur d'une église devant participer aux prières qui s'y font, le comte Guigues donne comme dotation (sponsalicium vel dotalicium) la moitié d'un manse à Oulx à l'église qui va être consacrée par des évêques catholiques près de la basilique de St-Laurent de Plebe martyrum en l'honneur des Saints Pierre, Paul, Jean-Baptiste, Just (qui y fut martyrisé avec 90 autres), Nicolas et Sébastien. Retenu par la maladie au château de Briançon et ne pouvant se rendre à la consécration, il charge ses messagers (missatici) Guigues dit Tronus, Guigues de Bellecombe, Martin et Bernard, châtelains de Briançon, et Bernard dit Pillamultonus, de déposer avec le livre son don sur l'autel de St-Laurent (RD n° 2088).

 

En 1079, Guigues (le Gras, Wigo), comte d'Albon (oppidi Albionis) donne au monastère de Cluny et à son abbé
Hugues, pour la maison de Manthes (locus Mantuae), la chapelle de Moras (Muratio) et l'église de St-Priest (S. Praejecti) aux Combes (in Cambis), avec leurs dépendances, qui faisaient partie de son héritage. Fait avec l'assentiment de son frère Guigues dit Raimond et de ses feudataires Geoffroi de Moirans (Murentio), Artaud de Roussillon (Roscilione), Bermond d'Orel, Atenus de Toli, Eitur de Sassenage (Cassanalio), Antelme de Moras (RD n° 2197)

 

Guigues le Gras fonde le prieuré de Saint Robert de Cornillon vers 1080 (RD  n° 2260).

 

Décembre 1095, stimulé par les lettres apostoliques [qu'il venait de recevoir], le comte Guigues se rend auprès de l'archevêque de Vienne et obtient de lui, par menaces et par prières, la restitution du pagus de Sermorens à l'église de Grenoble, apud capellam Arearum, en présence des évêques Gautier d'Albano et Léger de Viviers, des chanoines de Vienne et de Grenoble, de Guigues et des seigneurs du pays (RD n° 2598).

 

Guigues le Gras a successivement épousé :

  • Pétronille de Royan, sœur d’Ismidon, prince de Royans, et d’Artaud, évêque de Grenoble (1036 – 1058). Elle appartient à une famille qui est une branche des comtes de Valentinois (Mazard). Pétronille est décédée le 9 septembre 1069 (RD n° 2046).
  • Agnès de Barcelone (Voir bulletin de l'académie delphinale 1885 p 369). Le contrat de mariage est daté du 10 mai 1070.

Les enfants de Pétronille sont :

  • Guigues x Mahaud (RD n° 3776) dont l'origine n'est pas déterminée avec certitude ;
  • Alix x Aynard de Domène ;

et celui d'Agnès de Barcelonne, fille de Raymond-Bérenger :

  • Guigues Raymond époux d'Ita Raymondis, fille d'Artaud, comte du Forez .

Guigues est décédé entre 1096 et 1098 (H et G 166 p 61)

 

 

Bibliographie :

[1] Châteaux du Vivarais. Pouvoirs et peuplement en France méridionale du haut Moyen Âge au XIIIe siècle 2009 P.Y. Laffont

[2] Œuvres posthumes de A. de Terrebasse : Notice sur les Dauphins de Viennois ; Histoire de Boson et de ses successeurs 1875 Alfred Terrebasse

[3] Les origines du Dauphiné du Viennois 1925 Maurice Manteyer dans Bulletin de la société d'études des Hautes-Alpes

[4] Les féodalités 1998 Eric Bournazel, Gérard Glordanengo, André Helmis, Soazick Kerneis... [et al.], sous la direction d'E. Bournazel et Jean-Pierre Poly

[5] Le droit féodal dans les pays de droit écrit : l'exemple de la Provence et du Dauphiné, XIIe-début XIVe siècle.1988 Gérard Giordanengo

[6] Du royaume aux principauté 2008 Laurent Ripart dans Le royaume de Bourgogne autour de l'an Mill

[7] Le viennois du monde carolingien au début des temps féodaux, fin du IXe-XIe siècle 2002 Laurent Grimaldi (thèse de doctorat université de Clermont I)

[8] Regeste Dauphinois désormais RD Ulysse Chevalier

[9] Description analytique du cartulaire de Saint-Maurice de Vienne désormais CSM

[10] Cartulaire de Saint-Barnard de Romans désormais CSB

[11] Recherches d'histoire chrétienne et médiévale 1947 Maurice Chaume

[12] A l'origine d'une principauté médiévale 1999 Chantal Mazard dans le Dauphiné, Xe - XIe siècle : Le temps des châteaux et des seigneurs

[13] Recueil des chartes de Cluny désormais CLU (1876 - 1903) A Bernard

[14] Cartulaire de l'Abbaye de Savigny suivi du Petit cartulaire de l'Abbaye d'Ainay 1853 A Bernard

[15] Mazel dans Le royaume de Bourgogne autour de l'an mill

[16] La Provence du I au XIIe siècle 1908 Georges de Manteyer

[17] Bulletin de l'académie delphinale série II t II p 595

[18] Cartulaires de l'église cathédrale de Grenoble dits Cartulaires de Saint-Hugues 1869 Jules Marion

[19] Cartulaire de l'Abbaye de Saint André le Bas de Vienne 1869 U Chevalier

[20] Cartulaire de Domène désormais CD

[21] Cartulaire de l'abbaye de Saint-Chaffre du Monastier 1892 U Chevalier

[22] Dauphins de Viennois et comtes d'Albon 1991 R Glénat dans Généalogie et Histoire n° 65

[23]Notice sur les bustes des anciens Dauphins placés dans le vestibule de la bibliothèque publique de Grenoble J Pilot 1839 dans Revue du Dauphinais T 6

 

Commentaires

Origine genevoise

Bonjour , dans ma généalogie les comtes de Genève, et les barons de Faucigny sont mes ancêtres.
Il est mention de " de Faucigny" dans les titres et possessions delphinale.
Entre autres le château d'Albon et de saint Uze étaient dans les possésions parmis 30 châtellenies.
Il faut prendre le fil rouge des " de Faucigny", .
De mon côté je suis un Clerc( de Gresy) descendant des de Faucigny de Grésyé" eux mêmes issues du lignage des barons de Faucigny. Branche parenté des princes de Faucigny- Lucinge.
Et dans ma généalogie on retrouve le prénom de Rodolphe , Aymon, Pierre notamment.
Bien à vous

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