Au cours de l’été 2010, nous avons visité la région d’Estaing, sur le chemin de Compostelle, et nous avons profité de ce temps libre pour découvrir, à quelques kilomètres de notre gite, le château-fort de Calmont d’Olt perché sur les hauteurs de la commune d’Espalion.
Arrivés trop tard dans la soirée, nous n’avons pas assisté aux animations proposées dans la cour du château (tir à l’arbalète, à la bombarde…) mais, en revanche, nous avons pu voir une équipe de jeunes volontaires en train de restaurer l’enceinte de l’antique forteresse.
Espalion et le Lot vus du château de Calmont
Désoeuvrés, nous avons musardé autour du piton rocheux qui abrite le château et nous avons pris quelques photographies de ce site hautement touristique.
Déjà sensibilisé par notre séjour en Rouergue et cette excursion au château de Calmont d'Olt, la rédaction de cet article est surtout motivée par la lecture de l’impressionnante thèse de Sébastien Fray [1]. Cet auteur donne du relief et complète les recherches que Christian Settipani [2] a déjà menées sur les ancêtres des Calmont d’Olt qui sont aussi les ancêtres des seigneurs de Penne. Toutefois, nous pouvons remarquer que les deux auteurs divergent bien souvent dans leur analyse, ce qui ne facilite en rien la tâche des amateurs et qui démontre une fois de plus, si c’était nécessaire, la fragilité de ces reconstructions généalogiques.
Hyppolyte Barreau [3], le spécialiste de l'aristocratie moyen-âgeuse rouergate, ne commence sa généalogie des Calmont d’Olt qu’à partir d’Hugues I, vivant au XIe siècle, mais les historiens ont fait d’immenses progrès sur l’ascendance de cette famille et tout particulièrement Sébastien Fray qui donne un tableau généalogique remontant en ligne masculine jusqu’au IXe siècle.
En 883 est mentionné pour la première fois l’aice Calvomontensis qui semble alors constituer le pôle défensif éponyme d'une viguerie carolingienne [4].
Les seigneurs de Calmont d’Olt sont les héritiers des vigueries de Calmont et de Valleserga ; Ils exerçaient un droit de patronage sur les abbayes de Conques et de Figeac et contrôlaient le passage du Lot (F Gournay [5] p 245 et CC [6] n° 572).
Sous l'abbé Oldoric (1050-1085), Bégon de Calmont donne le monastère de Figeac à celui de Conques pour — il est vrai — le reprendre et le donner plus tard à Cluny (J. Bousquet [7] p. 290).
L’abbaye de Conques
Si les seigneurs de Calmont d'Olt semble parfaitement identifiés, nous sommes surpris par le très petit nombre de colatéraux. A l'évidence, les fratries qui composent cette lignée sont très imcomplètes. De plus, la plupart des épouses des sires de Calmont n'apparaissent jamais dans les documents.
La méconnaissance de cette famille est peut-être en relation avec le peu d'études dont elle a fait l'objet. En effet, à l'heure actuelle, les bibliographies sur les Calmont d’Olt ne foisonnent pas. Citons :
- le travail remarquable de Sébastien Fray pour les premières générations ;
- Les reconstructions généalogiques de Christian Settipani toujours très prometteuses ;
- L'étude d'Hyppolyte Barreau qui serait peut-être bon de dépoussiérer.
Les Matfredides :
Les Matfredides sont les ancêtres agnatiques des Calmont d’Olt. Ils semblent être, à leurs débuts, les bienfaiteurs de l’abbaye de Beaulieu sur la Dordogne, puis deviennent les "protecteurs" de l’abbaye de Conques.
Cette famille utilise plus spécifiquement les trois prénoms Frotaire, Matfred et Etienne. Elle parait puissante dès son apparition en Haut-Quercy (Lacoste [8] 1883). C Settipani suggère que Frodin, souche de cette famille, soit un proche parent de Frotaire archevêque de Bordeaux (860 – 872), de Poitiers puis de Bourges (876 - 890), un fidèle du roi Charles le Chauve. L'abbaye de Beaulieu a reçu d'abondantes libéralités de cet archevêque (CB [9] n° IX, X, XI).
Frodin et Hildegarde:
Frodin est né vers 830 mais on ne sait rien de lui sauf qu’il est marié à Hildegarde. Il souscrit à une charte d’un certain Datebert en mai 861 (CB n° CLXXII).
En 885, Frotaire fils de Frodin et d’Hildegarde fait une donation de quatre manses in valle Exidense à l’abbaye de Beaulieu en Limousin. Son frère Matfred signe l’acte (CB n° CXXX).
En mai 887, Frotaire augmente sa précédente donation aux moines de Beaulieu, par plusieurs terres situées à Félines, in valle Exidense, avec la chapelle de ce lieu dédiée à la Sainte Vierge, et les biens qui en dépendent. Dans l'acte, il nomme son père Frodin et sa mère, Hildegarde. Son frère Matfred consent à la donation (CB n° XLIII).
Parmi la progéniture engendrée par Frodin et d’Hildegarde, nous pouvons citer :
- Frotaire (°865 +>895) peut-être marié à Godolinde (S. Fray réfute l’argument de C. Settipani) ;
- Matfred qui suit ;
- N/Ne dont une fille Adalgarde épouse de Robert, vicomte de Clermont, et trois fils, Matfred (prénom caractéristique de cette famille), Guy et Eustorge. Dans une charte du cartulaire de Brioude, Etienne II, évêque de Clermont, fils de Robert et d'Adalgarde cite une partie importante de sa parentèle dont son cousin Etienne [sous entendu fils de Matfred], Stephano consobrino meo (CBri [10] n° CCCXXXIV). Remarquons toutefois que C Settipani et S Fray n'ont pas tout à fait la même vision pour accrocher Adalgarde et ses trois frères aux Matfredides. C Settipani en fait les cousins germains d'Etienne (petit-fils de Frodin) tandis que S Fray préfère qu'ils en soient les frères (voir tableau ci-dessous).
Un autre Frodin époux de Volusianna père de Guigues et d'Arnaud apparait à peu près à la même époque (CB n° LI) mais ces deux personnages au prénom identique n’ont pas été reliés ce qui ne nous empêche pas de penser qu'ils étaient des cousins plus ou moins éloignés.
Selon Sébastien Fray, il est possible de voir une parenté entre les Matfredides et les premiers vicomtes de Narbonne. Francon, vicomte de Narbonne, est le grand-père d'un Matfred. Il souscrit pour Frotaire, frère de Matfred, en mai 887 (CB n° XLIII). De plus, il descend probablement d’un vidame appelé Francon qui semble avoir été apparenté à un Étienne.
Matfred x Aitrude :
Matfred est né vers 860 et décédé avant 926.
Matfred souscrit en juillet 885 à une donation d’un certain Frotaire, sans doute son frère (CB n° CXXX).
Une donation d’Aitrude et de son fils Étienne pour l’âme de Matfred, datée d’avril 926, nous apprend le nom de l’épouse et du fils du frère de Frotaire (CB n° XXXVIII). Sacrosauctae basilicae S. Petri Belliloci monasterii. Igiturin Dei nomine Aitrudis femina et filius meus Stephanus, elemosinarii Matfredi quondam defuncti cedimus res nostras ad monasterium qui vocatur Belluslocus, in honore videlicet Dei et S. Petri, et S. Felicitatis martiris, aliorumque sanctorum,ubi vir venerabilis Rodulfus abbas praeesse videtur. Et sunt ipsaeres in valle Exidens,in vicaria Pauliaco,in villa quae dicitur Ad illas Macerias, capella nostra… Une partie de la donation concerne Félines (commune et canton de Bretenoux près de Figeac dans le Lot), où Frotaire avait déjà donné en mai 887 (CB n° XLIII).
Faut-il voir en Aitrude la fille de Boson et d'Aitrude, connus en mars 893 (CB n° CLV) ? Sébastien Fray estime que nous ne possédons pas assez de recoupement pour trancher et ne s’aventure donc pas sur ce terrain.
Les enfants du couple sont :
- Etienne qui suit ;
- Frotaire (?) évêque de Cahors décédé après 942 (C Settipani) ;
- Diafronisse (?) x Aton, vicomte d’Albi (C Settipani p 158, sans réelle justification sauf, sans doute, l'apparition du prénom Frotaire dans la famille des Aton).
Etienne :
Nous n'avons pas de connaissance particulière sur cet Etienne. Il n'apparait qu'à une seule occasion, plus d'un siècle après son décès, en 1100, lors d'une donation d'Hugues de Castelnau-Bretenoux qui rappelle son ancêtre Etienne et ses parents Matfred et Aitrude : En 1100, Hugues de Castelnau, son épouse Alpasie, et ses fils Gerbert, Robert et Bernard donnent à l'abbaye de Beaulieu et à son abbé, Géraud II, l'église de ad Macherias, aujourd'hui Bonneviole, avec certaines possessions qu'ils avaient dans ce lieu. Le seigneur Hugues fait cette donation pour le repos de l'âme de son père Robert et rappelle, avec raison, qu'elle avait déjà été faite au même monastère par ses ancêtres Aitrude et son fils Etienne pour le salut de Matfred, père de ce dernier... (CB n° XXXIX).
S Fray subodore que les Castelnau sont les descendants de Déda, matrone du château de Castelnau-Bretenoux à la fin du Xe siècle via Matfreda, alors que C Settipani pense que cette même Matfreda appartient à la branche des Calmont d'Olt. Dans les deux hypothèses, les auteurs respectent les données apportées par la charte précédente.
Trois, peut-être quatre, fils d’Etienne sont connus :
- Matfred, époux de la sœur de l’évêque Bégon, qui suit ;
- Hugues dont on ne connait pas la destinée, cité en 972 ;
- Etienne aussi cité en 972 et marié à Richarde d’où les seigneurs de Penne ;
- Frotaire (?) père d'un Etienne d'après C Settipani.
Les trois fils d'Etienne signent ensemble une notice de plaid du comte Raimond datée du 13 juillet 966 : ...S. Regimundi comitis. S. Stephani. S. Ugonis. S. Matfredi. S. Rainulfi. S. Genesim. (CB n° XLVII). Étienne avait précédmment souscrit avec son épouse Richarde pour l’abbé Bégon dès août 962 (CC n° 302).
Matfred époux de la soeur de Bégon :
Comme nous venons de le voir, Matfred est présent à une notice de Raymond, comte de Toulouse, époux d'Adélaïde d'Anjou (CB n° XLVII).
Probablement sous l'action de son beau-frère Bégon, Matfred et ses frères portent leur attention sur le monastère de Conques, délaissant Beaulieu.
En octobre 984, Matfred donne à l'abbaye de Conques un manse situé à Mur-de-Barrez, dans la partie rouergate de ce qui n’est pas encore le Carladez. L’acte est souscrit par un Étienne et un Hugues, peut-être frères du donateur : S. Matfredo qui carta donatione ista scrihere vel adfirmare rogavit. S. Arnoldo, Stephano, Hugono, Raimundo. Benedictus scripsit (CC n° 332).
La famille de Bégon, abbé de Conques et évêque de Clermont :
L'écolâtre Bernard d'Angers [11], racontant les miracles de Sainte-Foy entre 1010 et 1020, signale la parenté entre les trois frères (Etienne, Hugues et Matfred) et l'abbé de Conques nommé Bégon plus tard évêque de Clermont. M Boudet [12], dans un article paru dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne (1881), cherche à démontrer les liens qui unissent ces personnages. Pour lui, Bégon est l'oncle des trois frères et appartient à la famille postérieurement dénommée Calmont d'Olt. Un autre indice confirme le précédent : un Bégon fils de Matfred (l'un des trois frères) apparait à la fondation de l'abbaye de Fons en Quercy.
C Settipani puis S Fray, affinant l'étude de M Boudet, confirment la parenté entre les fils de Matfred et Bégon considérant l'un et l'autre que l'évêque Bégon est le beau-frère de Matfred.
De plus, les historiens modernes présument que l'évêque Bégon descend du vicomte Bégon (père de Bégon abbé de Conques de 852 à 878) présent dans l'entourage des comtes de Toulouse Frédelon puis son frère Raymond au milieu du IXe siècle (Belmon [13]).
Le tableau ci-contre illustre la famille de Bégon suivant S Fray. Voici quelques arguments que l'auteur développe pour reconstruire, génération après génération, cette lignée :
- En février 862, Leutard et Bégon (vicomte ?) souscrivent à un acte d'Elian dans la région de Capdenac (ADA [14] 3 G 300 n° 3) ;
- En 914, Arding, fils de Segbald et Gondrade, neveu d’un Élian, frère de Samuel, de Didime, de Leutard et d’Austrin, père d’un Bégon donne une dizaine de manses à l'abbaye de Conques (CC n° 220) ;
- Entre janvier 937 et 954, Bégon et Eustorge, fils de Leutard font une donation Ego enim, in Dei nomen, Bego et Austorgius cedimus vel donamus illo manso et illo caput manso de Mala Calmo, pro anima Lautardo et sancti Salvatoris et sancta Fide quantum nos ibi visi sumus babere vel possidere, totum et abintegrum cedimus vel donamus sancti Salvatoris et sancta Fide, pro anima de patre nostro Lautardo, ut post hune diem habeatis in comunia (CC n° 406).
Il est évident que les antroponymes Bégon et Leutard rattachent cette famille aux comtes de Paris, Bégon et son frère Leutard de Fésensac, vivants aux VIIIe siècle.
D'après S Fray, l'évêque de Clermont, Bégon, et sa soeur, femme de Matfred, sont à raccrocher à cette famille, probablement petits-fils de Leutard.
Le prénom Eustorge qui surgit à la génération précédent Bégon et sa soeur permet de suggérer un lien entre cette lignée et la famille d'Adalgarde femme de Robert de Clermont. L'évêque Bégon et son prédécesseur Robert, tous les deux abbés de Conques, réputés proches parents par l'historiographie, avaient peut-être des liens familliaux plus étroits qu'on ne le pense généralement.
Les enfants de Bégon :
Dans l’acte de fondation de l'abbaye de Fons par Ranulf, datable de la seconde moitié du Xe siècle apparaissent les trois fils de Matfred pro anima mea…pro anima Matfredi amici mei…pro anima Begoni filii Matfredi et pro anima Stephani et Ugonis fratrum ipsius Matfredi (Doat [15] t 126, f° 34v). Ses trois individus sont ceux signalés par Bernard d'Angers comme neveux de l'évèque Bégon.
Vers 1019, Pierre et Etienne de Calmont donnent leur part de l'église Saint Mamet à l'abbaye de Conques (CC n° 80).
Entre 997 et 1031, Bégon, Deusdet, Hugues, Pierre et Rigaud font une donation à leur frère Aicard (CC n° 164).
Entre 1030 et 1052, Stephano de Calmonte et fratres suos souscrivent à une donation à l'abbaye de Conques (CC n° 23).
Les enfants de Matfred sont d'après Fray :
- Bégon (x Raingarde d'après C Settpani) ;
- Richilde (Richeldis) x Astorg de Marcenat (Boudet) ; Ils donnent à l’abbaye de Conques leur part de Saint Mamet en 1019 (CC n° 81) ;
- Hugues mort dans les geôles du château de Gourdon vers 1010, emprisonné par son cousin ; Bégon utilise le trésor de Sainte Foy pour payer la rançon de son neveu (Bernard d'Angers) ;
- Pierre, abbé laïque de Conques, dédédé avant 1020 dans un naufrage en se rendant à Jérusalem avec une grande quantité d'or soustrait à l'abbaye de Conques (Bernard d'Angers) ;
- Etienne qui suit ;
- Rigaud (CC n° 164) ;
- Aicard (CC n° 164) ;
- Deusdet (CC n° 164) ;
- Avierne x Austrin (Boudet et Settipani mais différence avec Fray p 1352).
Etienne :
Il est le premier à porter le nom de Calmont. Abbé laïque de Conque, Etienne et ses frères exercent une autorité sur l’abbaye de Conques, et jouissent par conséquent de son temporel.
Bernard d’Angers décrit la direction de Conques par Bégon et ses neveux nommés Hugues, Pierre et Étienne, comme tyrannique et opposée à la façon de bien gouverner.
Sur ce bas-relief, nous voyons un évêque malmené sous les yeux de trois personnages. La scène pourrait se rapporter à Begon et ses trois neveux : Hugues, Pierre et Etienne.
Au mois de juillet 1019, Pierre et Etienne de Calmont donnent à l'abbaye de Conques leur église de Saint-Mamet et celle de Saint-Jean. D'après Marcellin Boudet, Hugues, fils d'Etienne, signe l'acte (CC n° 80).
Après 1030, Etienne et ses frères souscrivent à une donation d'Austrin : ...S Hugo comite. S Stephano de Calmonte et fratres suos... (CC n° 23).
- Hugues qui suit ;
- Richilde x Eustorge de Marcenat qui donnent leur part de Saint Mamet (CC n° 81) ;
- Philippa née vers 1000, femme de Guillaume II de Clermont, qui nomme un de ses fils Bégon (C Settipani p 323).
Les premières générations :
Les premières générations des Calmont d’Olt n’ont pas laissé beaucoup de souvenirs et nous n’avons que peu d’informations sur cette lignée malgré l'importance qu'elle semble revêtir au moyen-âge.
Hugues I
Hugues et sa femme Engelberge sont rappelés dans une charte accordée vers l'an 1050, par Eustorge de Marcenac, en faveur des églises de Saint-Mamet et de Saint-Jean, en présence d'Odalric, abbé de Conques, et de ses religieux, charte par laquelle Gilbert de Félines devint vassal de l'église de Saint-Mamet, pour une maison qu'il avait fait construire sur le domaine de cette église (Doat t 143, f 106).
Hugues et son épouse n’ont laissé comme postérité connue que :
- Hugues II qui suit.
Hugues II
Hugues épouse vers l'an 1040 Fides/Foi, avec laquelle il fait une donation à l'église de Pomayrols, par charte passée sous le règne d'Henri Ier, vers l'an 1045, en présence d'Odalric, abbé de Conques (Doat t 143 f 135)
Hugues de Calmont d’Olt, sa femme Fides et leur fils Bégon donnent en 1060 le monastère de Perses, avec le tonlieu du pont d’Espalion et divers autres droits (CC n° 572).
D’après H Bareau, Fides est décédée après son mari.
Fides et son mari Hugues ont enfanté :
- Bégon qui suit.
Bégon I x Florence
Vers 1060, les vassaux de Perses obtiennent librement d'Hugues de Calmont d'Olt, leurs terres pour lesquelles ils sont redevables d'une rente (Wikipédia).
Le 5 des nones de janvier, sous le règne de Philippe Ier, vers l'an 1060, Bégon et Foi, sa mère, en présence et avec l'agrément des seigneurs de sa cour, rend à l'ancien monastère de Conques sa prééminence sur le nouveau établi à Figeac. Pour prévenir tous les différents ultérieurs entre les deux monastères, il fait donation de celui de Figeac à l'abbaye de Conques avec la réserve, pour lui et pour sa famille, de concourir à la nomination de l'abbé de Figeac.
Le château des Calmont-d’Olt accroché à son piton basaltique
Entre 1099 et 1107, Bégon de Calmont-d’Olt, sa femme Florentia et leurs fils Geoffroy, Etienne et Guillaume donnent l’église de Saint Saturnin de Lenne avec la chapelle castrale de la Roque Valsergues : Ego Bego de Calmonte et uxor mea Florentia et filii nostri Gauzfredus et Stephane et Willelmus donamus sancto Salvatori et sanctœ Fidei de Conchis et domno Begoni abbatis et monachis praesentibus atque futuris de Conchis illam nostram ecclesiam que vocatursanctus Saturninus cum capello de castello de Roca que pertinet ad eandem ecclesia pro salute anima nostre et omnium parentum nostrorum... (Gournay p 226 et CC n° 556).
En 1074, le même Bégon donne son consentement à la réforme que saint Hugues, abbé de Cluny, établit dans le monastère de Figeac, et avec le consentement de ses barons, il soumet ce monastère à l'abbaye de Cluny, en faveur de laquelle il renonçe à tous les droits qu'il s'était précédemment réservés (GC [16] t 1 instrum. col. 44, 53).
Bégon Ier de Calmont, qualifié noble chevalier, donne son approbation à la cession du monastère de Beaulieu, faite par Hugues de Castelnau au monastère de Cluny, an mois d'avril 1076 (Barreau).
Les enfants de Bégon sont :
- Geoffroy qui suit ;
- Etienne, mentionné avec ses frères, son père et sa mère dans la donation qu'ils font de concert à l'abbaye de Conques, de l'église de Saint-Saturnin, avec la chapelle de La Roque-Valsergues, contiguë à cette église, par charte de la cinquième férie de mars, sous le règne de Philippe Ier entre les années 1092 et l108 (Doat t 143 p. 224.)
- Guillaume, évêque de Cahors vers l'an 1113. Il abdique en 1143 et meurt avant l'année 1161. C'est sur des fonds donnés par ce prélat qu'est fondée l'abbaye de Bonneval ;
- Sibille x Bernard d’Anduze. La charte n° 65 de l'abbaye de Bonneval [17] dans laquelle Bernard, petit-fils de celui-ci, confirme le 8 des calendes de novembre 1184, la donation faite par Huguette de La Coste et Déodat, son fils à l'abbaye de Bonneval, de biens provenant du don que Guillaume de Calmont, évêque de Rodez, oncle de son père. Ego Bernardus de Anduia..., anno … MC.LXXXIV… Uga de La Costa et Deodatus filius ejus dommi Bonevallis dederunt, quod Willelmus Caturcencis episcopus pro allodio et heriditate predicte Uge, nepti sue et Deodato, viro suo, dedit … suisque posteris predictus episcopus, patris mei avunculus, retinens.
Bégon est mort après 1092.
Geoffroy :
Hyppolyte Barreau ne donne aucune information sur Geoffroy si ce n'est qu'il vivaiat vers 1120.
Vers 1100, les seigneurs de Calmont d'Olt perçoivent un droit de péage sur le pont d'Espalion, et participent à la fondation de l'hôpital d'Aubrac (Wikipédia).
Les enfants de Geoffroy sont :
- Bégon II qui suit ;
- Huguette x Déodat de Lacoste ;
- Ebles qui confirme, en 1175, les dons que Bégon, son frère, a fait à l’abbaye de Bonneval (GC I col 258).
Bégon II x Walpurge :
Bégon confirme vers 1169 les donations de Guilhem de Calmont d’Olt son oncle, évêque de Cahors (1113/1143) et fondateur de Bonneval (CBon n° 12).
Le château des Calmont-d’Olt
Vers le milieu du XIe siècle, Bégon, seigneur de Calmont, faisant abandon aux religieux d'Aubrac du mas ou village de Melet, en reçoit en retour, pour rendre cette cession irrévocable, 400 sous rodanais, valant huit marcs d'argent (Gerbeau p 90 [18]).
Bégon est mort avant 1175.
Bégon III :
Bégon de Calmont, fils de Walburge, fait également donation au prieuré du lieu de Montmarty ; il lui donne le droit perpétuel de pacage et de forestage dans toutes ses terres non cultivées, sans autre limite que celle des besoins des religieux, avec faculté d'acquérir tout ce que ceux-ci voudraient dans les territoires que ses vassaux tenaient de lui (Félix Jalenques 1933 [19] p 133).
En 1185, Bégon est choisi pour prononcer comme arbitre sur un différend qui s'est élevé entre les religieux de Bonneval et Bermond de Levedo (Doat t 143 fol. 55).
Le 7 des ides de novembre 1214, Bégon III est présent avec Bernard, seigneur de Calmont-de-Plancatge, à l'hommage que Hugues,comte de Rodez, rendit à Simon de Montfort. (HGL [20] t III, Preuves col. 246.)
Guillaume :
Guillaume fait hommage-lige au roi Louis VII à Espalion, au mois d'octobre 1226, pour ses terres et château de Calmont-d'Olt, Saint-Santin , Montpeyroux, Castelnau de Mandailles , près Espalion, Saint-Cosme, Sévérac (Bedène), Gruéjouls, Boquelaure, Belvezé, Saint-Chély, Salgnes, La Roque-Mialet, Parlan et Sousceyrac, en Quercy , etc. [Regist. curiae Franciae, manuscrits de la bibliothèque du roi, col. n° 8407 D, n° LIII, p. 93).
Guillaume fait don, en 1226, de Masse et de Pussac. La charte de cette donation, qui ne porte pas de date, résume admirablement l'esprit de l'époque : « En Guillaume de Calment donne Massos et Pussac ols mountgés de Bounoval, per me rocheta de mes malesfaches, otal ou mon proutmes et me so signal de moun seing ordinari.
Les enfants de guillaume sont :
- Bégon qui suit ;
- Raymond, évêque de Rodez en 1274. Il est le maitre d'oeuvre de la cathédrale de Rodez. Il succéde à son frère Bégon comme baron et seigneur de Calmont. Raymond teste en 1297 ;
- Walburge De Calmont, épouse de Raymond de Scorailles, chevalier, et mère de Pierre de Scorailles, archidiacre de Rodez, lequel fut substitué aux biens de la maison de Calmont par le testament de Raymond de Calmont, son oncle, évêque de Rodez.
Bégon IV :
Bienfaiteur de l'hôpital d'Aubrac et du monastère de Bonneval.
En 1255, Bégon fait hommage à l'abbé et au monastère de Figeac pour raison notamment de la seigneurie de St-Santin et de ses droits sur le port d'Agres (Félix Jalenque 1934 [21] p 128).
Vers 1267, Bégon est à la tête d'une bande qui fait la guerre à Henri, fils du Comte de Rodez dans la région d'Aurillac. Raoul de Trapes, sénéchal du roi dans les diocèses de Limoges, Périgueux et Cahors, reçoit mission de marcher contre lui. Les habitants de Figeac, invités par lui à le suivre en armes à cet effet, s'y refusent, ce dont il se venge en les condamnant à une amende et en leur saisissant leurs biens (Félix Jalenque 1934 p 128).
Bégon donne des coutumes aux habitants d'Espalion le 23 avril 1266. Pour les obtenir, la ville est obligée de payer à Bégon la somme de dix-sept mille sous rodanois (Barreau).
Bégon est arbitre, en 1276, avec Henri de Bénevent, d'un accord passé entre Henri, comte de Rodez, et l'évêque Raymond de Calmont, frère de Bégon (GC, t 1, p. 214).
Il existe un accord de l'an 1279, entre Bégon de Calmont et l'abbé de Bonneval pour la justice des terres de ce monastère (Titres de Bonneval).
Bégon est nommé immédiatement après le comte de Rodez, dans une requête présentée au roi en 1284 par les principaux seigneurs du Rouergue.
Les quatre filles de Bégon sont :
- Alidie mariée vers l'an 1295 à Matfre de Castelnau-Brétenoux, fils de Hugues, seigneur de Castelnau, dont Hugonet qui hérite, en 1297, des biens de son grand-oncle, Raymond, évêque de Rodez.
- Alixent de Calmont femme en premières noces d'Astorg d'Aurillac puis de Raymond Pelet (CM 01 septembre 1292) chevalier, coseigneur d'Alais, seigneur de Rousson et de Boucoiran. Alixent mourut en 1298, car Guirald, abbé de Bonneval, transigea, cette année, avec Raymond de Pierrefort, prieur de Campagnac, touchant sa sépulture (GC).
- Éléonore mariée avant 1295 à Guillaume III, vicomte de Murat, en Auvergne, dont elle est veuve en 1297, lorsque Raymond de Calmont, son oncle, légue à ses enfants cent livres de rente annuelle à prendre sur la part assigné à Pierre Pelet, l'un de ses héritiers universels.
- Ayceline qui, dès l'année 1266, est religieuse au monastère Saint-Sernin de Rodez, comme il ressort d'une donation que fait, cette année, Bégon, son père, à Jausionde, abbesse de ce monastère (GC).
Bégon meurt vers 1185 en n'ayant eu que des filles qu'il laisse sous la tutelle de l'évêque Raymond, son frère.
La première race des Calmont d'Olt s'éteint avec Raymond, frère de Bégon, en 1298. La seigneurie passe d'abord dans la fafille des Pelet avant de rejoindre celle des Castelneau-Bretenoux.
Bibliographie :
[1] L’aristocratie laïque au miroir des récits hagiographiques des pays d’Olt et de Dordogne (Xe-XIe siècles) 2011 Sébastien Fray
[2] La noblesse du midi carolingien 2004 Christian Settipani
[3] Documens Historiques et Généalogiques sur les Familles et les Hommes Remarquables du Rouergue dans les Temps Anciens et Modernes tome 1 1853 Hypolyte Barreau
[4] Encyclopédie en ligne Wikipédia
[5] Frédéric Gournay
[6] Cartulaire de Conques désormais CC Gustave Desjardin 1879
[7] Le Rouergue au premier Moyen Age (vers 800-vers 1250). Les pouvoirs, leurs rapports et leurs domaines I 1992 Jacques Bousquet
[8] Histoire générale de la province du Quercy 1883 Lacoste
[9] Cartulaire de Beaulieu désormais CB Maximin Deloche 1859
[10] Cartulaire de Brioude désormais CBri Henri Doniol 1863
[11] Les miracles de Sainte-Foy Bernard d'Angers
[12] Qui était Bégon, évêque d'Auvergne 1881 Marcellin Boudet dans Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne
[13] Les vicomtes de Rouergue-Millau (X°-XI° siècles) 2007 Jérôme Belmon
[14] Archives départementales de l'Aude désormais ADA
[15] Collection Doat Bibliothèque nationale de France Paris
[16] Gallia Christiana désormais GC
[17] Cartulaire de Bonneval désormais CBon
[18] Essai historique de la baronnie de Pujols en Agenais 1891 Abbé J.B. Gerbeau
[19] Notre Dame du Pont Félix Jalenques 1933 dans Revue de la Haute-Auvergne fasc 3
[20] Histoire du Languedoc desormais HGL de Vic et Vaissette
[21] La baronnie de Saint-Santin (près Maurs) et ses seigneurs Félix Jalenques 1934 dans Revue de la Haute-Auvergne fasc 3
Commentaires
Erreur Evêque "Robert" au lieu de Etienne II
Bonjour,
1/ J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la généalogie des CALMONT d'OLT.
Au niveau de " Matfred époux de la soeur de Bégon "
- J'ai remarqué une "erreur" de nom tout à la fin de cette section (le Texte juste à gauche de votre Stema "Hypothèse Personelle).
- Vous avez écrit : " ... Le prénom Eustorge qui surgit à la génération précédent Bégon et sa soeur permet de suggérer un lien entre cette lignée et la famille d'Adalgarde femme de Robert de Clermont. L'évêque Bégon et son prédécesseur Robert, tous les deux abbés de Conques, réputés proches parents par l'historiographie, avaient peut-être des liens familliaux plus étroits qu'on ne le pense généralement.
- Il faut changer " Robert " (qui est le comte de Clermont) par "Etienne II" (son frère) qui est l'Evêque de Clermont (et prédécesseur de l'Evêque Bégon).
- Texte à rectifier : " ... L'évêque Bégon et son prédécesseur Etienne II, tous les deux abbés de Conques ...
2/ D'autre part : tout à la fin de la généalogie CALMONT, dans le dernier Stema :
- avant dernière ligne : une fille WALBURGE de Calmont épouse RAYMOND de Scorraille.
- Walpurge devrait être née vers 1200-1210 (son père Guillaume est né vers 1180).
- Je m'appelle Bruno de Scorraille : dans notre généalogie familiale, il y a bien un Raymond qui serait né vers 1210. Mais il s'est marié en 1244 avec Galienne d'Alboy.
- Soit il existe un autre Guillaume de Scorraille (Escorailles, à l'époque), mais il ne figure pas dans ma Généalogie familiale. Soit ce Guillaume s'est marié 2 fois.?
Je suis très intéressé par cette WALPURGE de CALMONT. Pouvez-vous me dire d'où avez-vous eu cette information (mariage avec Guillaume de Scorraille) ?
En tout cas, BRAVO !!! pour votre site vraiment très bien fait et très intéressant !
Toutes mes amitiés, Bruno de Scorraille
Bégon et autres considérations
Bonjour, répondant moi-même au patronyme de "Bégon", j'ai lu avec attention votre article en trouvant des points d'accroche qui m'ont amusés (mon attrait pour l'Aubrac et Bonneval en particulier alors que j'habite en Touraine aujourd'hui). Je serai à Rodez la semaine prochaine et reviens régulièrement dqns l'Aveyron.
Merci pour cette lecture
Jérôme Bégon
jerome_begon@hotmail.com