Hervé IV de Donzy et son épouse, Mahaut de Courtenay, ont éveillé notre curiosité car ils ont été, entre autres, seigneurs de Cosne-sur-Loire (la ville où nous habitons) et de ses alentours.
Hervé, seigneur de Donzy, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, est né vers 1175 et mort en 1222. De nombreuses chartes et chroniques en font mention. Il est décrit comme un seigneur pieux mais intrépide, qui administre ses états avec impétuosité. Il crée de nombreux litiges avec ses principaux voisins (Pierre de Courtenay, Blanche de Champagne...) ainsi qu'avec les autorités religieuses locales (l'abbé de Vézelay, l'évêque d'Auxerre...) qu'il ne ménage pas toujours.
Le château de la Motte-Josserand (à quelques kilomètres de Donzy) : Josserand de la Rivière, vassal d’Hervé, prête hommage pour son château à Mahaut de Courtenay en 1248
Hervé est un homme de guerre qui assiste le roi Philippe-Auguste contre les Albigeois et les Anglais. Il est aussi présent à Damiette lors de la cinquième croisade (mais les historiens ont remarqué son retour précipité dans le Nivernais).
Hervé rassemble entre ses mains un patrimoine très important (seigneuries de Donzy et de Montmirail, Alluye, Brou, Authou et Bazoches dans le Perche, ainsi que les comtés de Nevers, Auxerre et Tonnerre...) qui fait de sa fille unique une princesse très convoitée. Le roi Philippe-Auguste la demande en mariage pour son petit-fils Philippe, frère ainé de Saint-Louis. Sans la mort de Philippe un an après leurs fiancailles, Agnès aurait pu devenir reine de France au détriment de Marguerite de Provence.
Pour découvrir les existences aventureuses et quelques peu rocambolesques d'Hervé et de Mahaut, nous avons principalement consulté les ouvrages de :
Les ancêtres d’Hervé :
Les barons de Donzy sont issus des plus anciens seigneurs de Semur. Les premiers degrés ont été déterminés grâce au cartulaire de Marcigny-sur-Loire [4].
Les diverses générations des seigneurs de Donzy qui se succèdent ne semblent pas bien identifiées (il y a de sérieuses divergences entre les auteurs). Par contre, les ancêtres maternels d'Hervé sont à chercher dans la haute noblesse. On y retrouve deux rois d'Angleterre et un comte de Champagne.
Nous nous appuyons principalement sur E de Saint Phalle [5] pour proposer un essai de reconstruction généalogique de la famille des Donzy jusqu’à Hervé IV, dernier mâle de sa lignée.
D'après l'abbé F. Cucherat [6], le premier seigneur connu de Semur-en-Brionnais est un certain Guillaume surnommé le Lion, comte d'Auvergne (858 - 864). Quelques auteurs anciens ont tenté de relier ce Guillaume à Frédelan, ancêtre des Donzy. Aucun document ne le permet et nous ne nous y risquerions pas.
Le cartulaire de Marcigny, monastère fondé par l'abbé de Cluny, Hugues de Semur (1024 - 1109), fournit les quatre générations qui précèdent ce haut dignitaire ecclésiastique.
Frédelan I :
D'après le cartulaire de Marcigny, le plus vieil ancêtre connu d'Hugues de Semur se nomme Frédelan, seigneur du château de Chamelet, au sud du Beaujolais (J. Richard [7]).
Les historiens consultés ne fournissent pas d'anectode au sujet de Fredelan.
On connait plusieurs enfants de Fréledan :
- Artaud signalé en premier (fils ainé) dans la généalogie de saint Hugues (Marcigny p 1) ;
- Jausserand qui suit.
- Frédelan II qui succède à son père comme seigneur de Chamelet (988 – 1000) ; Marié en premières noces à Richoara (Savigny [8] n° 435) et en secondes à Adélaïde (CLU [9] n° 2471) ; la généalogie de saint Hugues le qualifie d'abbé (confusion avec son frère Hugues ?) ;
- Hugues, abbé de Savigny en 984 ;
- Dalmas cité dans la généalogie de saint Hugues (Marcigny p 1) ;
- Adeline (?) : à la veille de sa mort, vers 1030, Adzelena abbatissa donne des biens à Savigny pour l'âme de son frère Fédelan. Son frère Rotbalt (non cité dans la généalogie de saint Hugues) et Raymond fils de Frédelan approuve la donation (Savigny n° 645) ;
- Rotbalt (?) si l'abbesse de Peloges Adeline est bien la fille de Frédelan I.
Jausserand x Richoara :
Josserand Bers est né vers 935/940 et il est décédé en 992. Il est surtout possessionné en région lyonnaise (à l'ouest de Villefranche-sur-Saône). C'est sûrement lui le premier qui est chargé de la protection de la forteresse de Semur par le comte de Chalon.
D'après Henri Chizelle [10] qui, probablement, se trompe, on peut confondre Josserand de Semur avec Geoffroy second mari d’Aélis femme en premières noces de Lambert de Chalon mais, outre les prénoms différents, rappelons que pour un grand nombre d’historiens, ce Geoffroy mari d’Aélis est Geoffroy Grisegonnelle, comte d’Anjou. En fait, Aélis et Geoffroy Grisegonnelle ont tous deux un fils prénommé Maurice qu’une majorité des médiévistes identifient au même individu alors que quelques-uns supposent, comme Henri Chizelle, qu’il s’agit de deux personnages distincts.
Il est fait mention de la femme de Josserand, Richoara, dans une charte de Geoffroy son fils concernant une donation de la seigneurie de la Roche-Millay en faveur du prieuré de Marcigny (Cucherat).
Jean Richard nous informe que Jausserand possédait des biens en Forez. Il en déduit que son épouse Richoara appartenait à la famille des comtes de Lyon et du Forez surtout que son fils ainé se nomme Artaud, prénom phare de la famille de Lyon. Toutefois, il semblerait, d'après la généalogie de Saint Hugues, qu'un Artaud soit déjà frère de Josserand (à moins qu'il y ait confusion de personne et de génération dans le cartulaire de Marcigny). Le lien avec les Artaud de Lyon s'effectue plus probablement un peu plus tôt (faut-il penser que les Semur sont une branche cadette des Artaud de Lyon ou qu'un mariage a uni les deux familles ?).
A une date indéterminée, Jausserand donne Saint-Laurent d’Oingt, proche de Chamelet, à l'abbaye de Savigny (Savigny n° 915).
Vers 1000, Richoara, veuve de Jausserand, et son fils Artaud donnent à l'abbaye de Savigny, une terre située dans le comitatu Rodonensi (comté de Roanne) qui a fait l'objet d'une querrelle entre son mari Jausserand et le frère de celui-ci l'abbé de Savigny Hugues (Savigny n° 527).
Les enfants de Jausserand et de Richoara sont :
- Artaud (Savigny n° 527) ;
- Etienne (qui pourrait être le fils de Frédelan II) : vers l030, Stéphanus cléricus donne à l'abbaye de Savigny pour l'âme de sa mère Richoara. Son neveu Geoffoy approuve l'acte (Savigny n° 716) ;
- Geoffroy qui suit.
Jausserand est mort entre 992 et 994. Le site FMG [11] suggère, d'après la charte de Savigny n° 435 datée d'août 1000, (... Fredelandus, frater Gauzeranni, et uxor mea Richoara...), que Richoara a épousé en secondes noces Frédelan, frère de Josserand. Richoara est décédée après 1000.
Geoffroy de Semur :
Geoffroy (°975 +>1015) épouse sucessivement une fille de Dalmas de Brioude (d'où Dalmas et Renaud) puis Mahaut de Chalon fille de Lambert et d'Aélis qui lui apporte la seignerie de Donzy (l'abbé Cucherat dédouble ce personnage : le père marié à Ne de Brioude et le fils à Mahaut de Chalon).
La donation de Gevrey à l'abbaye de Cluny permet de conclure que Geoffroy, seigneur de Semur, a épousé Mahaut soeur d'Hugues, comte de Chalon et évêque d'Auxerre. En effet, l'an 1015, Gausfredus et uxor mea Mahaldis et filii mei Gausfredus, Herveus, Oddo, Tethbaldus, Lanbertus donnent leur part de la villa de Gevrey (CLU n° 2693). Puis, en 1019, Hugues, évêque d'Auxerre, pour l'âme du comte Lambert, son père, et de la comtesse Adélaïs, sa mère, donne l'autre moitié du village de Gevrey, situé dans le comté de Dijon, et confirme le don de sa soeur Mahaut (CLU n° 2722).
Les enfants issus de la seconde épouse de Geoffroy sont :
- Geoffroy de Saint-Aignan-sur-Cher qui suit ;
- Hervé mort après 1015 ;
- Eudes mort après 1015 ; Il est cité dans une charte de son oncle Hugues, comte de Chalon (Paray [12] n° 184) ;
- Thibaud, mari d'Ermentrude, mort en 1065. Il est cité avec son frère Eudes dans une charte de son oncle Hugues, comte de Chalon (Paray n° 184). Il succède à la tête du comté à son oncle Hugues, évêque d'Auxerre (999-1039) ;
- Lambert mort après 1015.
Geoffroy de Saint-Aignan :
Certains auteurs sautent cette génération et Geoffroy de Saint-Aignan-sur-Cher n'est que le frère d'Hervé de Donzy qui suit.
Geoffroy est vassal d’Hugues de Chalon, évêque d’Auxerre
pour sa baronnie de Donzy (185 fiefs dont la châtellenie
de Cosne-sur-Loire) et de Eudes II de Blois-Champagne
pour Saint-Aignan-sur-Cher (Racines & Histoire [13]).
Né vers 990/995, premier baron de Donzy, Geoffroy est un fidèle d’Eudes II, comte de Champagne et de Blois. Il soutient son suzerain dans sa guerre contre le comte d’Anjou Foulques Nerra. Aux mains de ce dernier, il meurt au donjon de Loches en 1037.
D’après les Chroniques des comtes d’Anjou et des seigneurs d’Amboise (Halphen [14] p 80), Gaufridus juvenis aurait reçu du comte Eudes de Blois la seigneurie de Saint-Aignan-sur-Cher (Sassier [15] p 82).
D'après le site Racines & Histoire, Geoffroy est marié à Adélaïde de Vergy, fille de Gérard et d'Elisabeth de Chalon mais André Duchesne [16], qui a étudié la généalogie des Vergy, ne cite pas cette Adélaïde.
Le seul fils que l'on connaisse de Geoffroy est (à moins qu'il ne s'agisse de son frère) :
- Hervé qui suit.
La famille de Saint-Vérain qui, selon Yves Sassier, est une branche cadette des Donzy, de même que Savaric, oncle de Geoffroy III de Donzy, doivent se raccrocher au corps principal du lignage. Il n'est donc pas exclu que Geoffroy puisse être le père de quelques personnages, masculins ou féminins, non connus des historiens. La famille de La Rivière, installée sur le territoire de Couloutre, dont Josserand de la Motte-Josserand est un représentant, est aussi probablement issue lu lignage des Semur-Donzy. Le prénom Josserand en accrédite l'hypothèse.
Geoffroy est mort en 1037.
Hervé I de Donzy :
Fils ou frère de Geoffroy de Saint-Aignan, Hervé est, d'après certaines sources, l'époux de Ne de Saint-Vérain. Selon Y. Sassier, les Saint-Vérain et les Donzy sortent plus probablement d'une même souche (indice onnomastique et imbrication de leurs fiefs).
Hervé est cité le 26 mars 1055 lorsqu'il donne à Cluny (son parent Saint-Hugues en est alors l'abbé), l'église du Vieux-Donzy avec l'approbation de ses fils Renaud, Geoffroy, Hervé et Hugues (CLU n° 3348).
Au milieu de XIe siècle, l’abbaye de Cessy le Bois, au cœur de la forêt de Donzy est tenu d’Hervé I par un membre du lignage (Sassier p 84 d’après la Geste des abbés de Saint-Germain d’Auxerre).
Les quatre fils d'Hervé sont donc :
- Renaud ;
- Geoffroy ;
- Hervé qui suit ;
- Hugues.
Hervé serait mort après 1055 d’après la charte de Cluny n° 3348.
Hervé marié à sa cousine Mahaut de Chalon (+1080)
Mahaut de Chalon semble être la troisième fille de Thibaud, comte de Chalon et d’Ermentrude (Canat [17] et Bazin [18] ). C’est par son intermédiaire que son fils Geoffroy hérite du comté de Chalon. Thibaud (mort en 1065) est le fils de Geoffroy de Semur et de Mahaut de Chalon.
Par absence de descendance mâle, le comté de Chalon passe, à la disparition d'Hugues II fils de Thibaud, à ses neveux Guy de Thiers et Geoffroy de Donzy.
Pour Henri Chizelle, Hervé marié à Mahaut de Chalon est le fils d'Hervé I. Nous n'avons pas de réelles assurances de l'existence de cet Hervé qui pourrait être confondu avec son père. Toutefois, Hervé est marié à sa cousine Mahaut de Chalon et nous savons que l'église interdisait les mariages de parents trop proches. L'introduction d'une génération supplémentaire a l'avantage d'éloigner quelque peu la parenté (mais l'inconvénient d'introduire des soucis de chronologie).
Hervé est probablement décédé avant son épouse Mahaut qui apparait jusqu'en 1080. Ils ont mis au monde un fils et, peut-être, une fille (qui pourrait appartenir à la génération précédente) :
- Geoffroy qui suit ;
- Ne x Robert de Châtillon d'où Renaud (présent en 1086) d'où Narjot.
Geoffroy III
Geoffroy III est né vers 1050 et mort le 4 août 1105. Il est comte de Chalon en 1083 et se croise vers 1100. Il vend sa part du comté de Chalon à son oncle Savaric. Savaric est un prénom qui rapproche les Saint-Vérain et les Donzy car il est utilisé par les deux lignages. Geoffroy et Savaric ont sensiblement le même âge mais le terme utilisé, avunculus, permet de supposer que Savaric est d'une génération antérieure à celle de Geoffroy. Savaric et les Donzy étaient coseigneurs de Châtel-censoir à la fin du XIe siècle (Pallier [19]).
Geoffroy apparait dans une charte non datée qu'Henri Chizelle suppose de 1080 ou à peu près. Sa tante Aélis, veuve de Guillaume de Thiers, fait donation au prieuré de Paray (Paray n° 87)
En 1086, un certain Geoffroy d'Ouanne donne au prieuré de la Charité une série de biens et de droits. Geoffroy de Donzy, comte de Chalon, sa femme, ses enfants et son neveu Renaud de Châtillon rattifient la donation car Geoffroy tient Ouanne d'eux (J. Richard [20]).
En 1093, le comte Geoffroy de Donzy abandonne au prieuré Saint-Marcel des droits qu’il possède à Batuens (Saint-Marcel [21] n° 96).
En 1093 (Chizelle), le prieur de Saint-Marcel porte plainte devant les comtes Guy [de Thiers] et Geoffroy [de Donzy] contre le chevalier Boniface qui se voit contraint de rendre des biens tenus injustement (Saint-Marcel n° 105).
En 1095, Geoffroy s'empare de la seigneurie de Varet et du chateau de Varzy, appartenant à l'église d'Auxerre (J Bierre).
Geoffroy II vend sa part du comté de Chalon à son oncle Savaric, seigneur de Chatel-Censoir (Duchesne) pour pouvoir financer son départ en croisade vers 1100.
Plusieurs enfants sont nés de Geoffroy :
- Hervé II cité dans une charte de la Charité en 1086 (J Richard p 118) qui suit ;
- Renaud cité dans une charte de la Charité en 1086 (J Richard p 118) ;
- Guillaume cité dans une charte de la Charité en 1086 (J Richard p 118).
- Ne x Arnoul II de Vierzon.
Geoffroy est mort un 4 août (1105). Il est mentionné dans l’obituaire de Saint-Etienne d’Auxerre (Sassier).
Hervé II :
Hervé est né vers 1080 et décédé après 1120. Il fonde l'abbaye Notre Dame des Prés vers 1107. Pour certains auteurs, il est le frère du précédent mais la chronologie rend l'hypothèse peu crédible. Par contre, il a pu posséder un frère ainé aussi nommé Geoffroy qui a décidé de se faire moine ou qui est mort prématurément et qui a laissé l'adminisration de la baronnie à Hervé.
D'après une ancienne histoire de l'abbaye de Vezelay, Hervé de Donzy et Savaric (son cousin) coseigneurs de Châtel-Censoir, vendent avant 1108 des terres à Artaud, abbé du Vézelay (Duchesne).
Selon Duchesne qui n'en donne ni la preuve ni la raison, Hervé entre en conflit avec Hugues, seigneur d'Amboise. Une paix est scellée par le mariage conclu entre sa fille Agnès et Sulpice d'Amboise fils de Hugues.
Hervé épouse Mahaut de la Ferté-Milon, fille d'Hugues le Blanc (descendant des seigneurs de Montlhéry ?). Une charte du prieuré de La Charité-sur-Loire datée de 1151 nous apprend que le château d'Ouche, appartient à Geoffroy de Donzy, petit-fils par sa mère d'Hugues de la Ferté surnommé le Blanc (La Charité [22] n° LVIII).
Plusieurs enfants sont nés de ce mariage :
- Geoffroy qui suit ;
- Agnès qui épouse en 1129 Sulpice d'Amboise (1105 - 1153). D'après C Settipani [23], la Geste des seigneurs d'Amboise rapporte que la mariée descend de l'ancienne famille auvergnate des Palladii et que du sang royal coule dans ses veines (Duchesne p 86).
Geoffroy III :
Né vers 1105, Geoffroy épouse, avant 1135, Clémence de Bourgogne dont il a une fille nommée Mahaut-Félicité puis B[éatrix] de Cosne, fille probable d'Hugues le Manceau selon le Nobiliaire du Nivernois (Villenaut [24]).
Le 9 novembre 1120, un Gauterus de Donziaco est témoin d’une donation aux moines de Pontigny. N’est-ce point un Geoffroy plutôt qu’un Gautier de Donzy ? (CY [25] II n° XLIII).
En 1127, Geoffroy déclare tenir de l'évêque d'Auxerre une terre donnée à Reigny (CY II p 48 et 50).
En 1127, Gofridus de Donziaco rattifie, avec de nombreux autres témoins, un don aux moines de Fontenoy (CY II n° XLV).
Vers 1136, Geoffroy de Donzy rattifie une donation effectuée aux moines de Fontenoy (CY I n° CLXXXV).
En 1145, Geoffroy fait une donation à l’abbaye des Roches (Lespinasse [26] II p 3).
En 1145, Geoffroy de Donzy, du consentement de ses fils Hervé et Geoffroy, concède ce qu’il possède sur les territoires de Vax, de Vieux-Champ et de Bourdoiseau à proximité de la Celle-Sur-Loire (GC [27] XII preuves col 119 n° XXVI).
Le 23 août 1147, le pape Eugène II prend sous sa protection l’abbaye de Reigny et confirme les dons qu’elle a reçus dont une terre de Gofridus de Dunziaco (CY I n° CCLXXXII).
En 1149, Geoffroy approuve une dpnation à l'abbaye des Roches par Gimon de Châtel-censoir et ses fils. Ils reçoivent à ce titre 60 sols d'Orléans et un cheval (GC XII preuves col 119).
Vers 1149-1150, une contestation à propos de Bonny-sur-Loire survient entre Guillaume comte de Nevers et Geoffroy de Donzy qui avait des intérêts dans cette localité ( RHGF [28] XV p 519).
En 1151, Hugues de La Ferté donne aux religieux de La Charité, pour son anniversaire, une rente de 40 sous établie sur le château d’Ouche, appartenant à Geoffroi de Donzy, petit-fils par sa mère de Hugues de La Ferté. Geoffroi de Donzy, suivi de ses deux fils Hervé et Geoffroi, approuve la donation et revêt la charte de son sceau (La Charité n° LVIII).
En 1151, Le pape écrit à Geoffroy afin qu’il soutienne l’abbé de Vézelay dans la révolte des habitants de la commune (Lespinasse II p 3).
En 1151, Hugues, évêque d’Auxerre, atteste que la contestation qui existait depuis longtemps entre Gervais, abbé de Saint-Germain d’Auxerre, et Geoffroy de Donzy, au sujet du droit de garde sur le nouveau bourg de Diges, bâti du temps de cet abbé, est réglée, et que Geoffroy avec le consentement de sa femme B... et de ses deux fils Hervé et Geoffroy, fait abandon de ses prétentions au monastère, dans la personne d’Ardoin, successeur de l’abbé Gervais (CY I n° CXXXVIII).
Il est possible que Geoffroy ait demandé de l'aide contre le comte de Nevers à Etienne de Sancerre en lui promettant sa fille et la ville de Gien [29]. Etienne de Sancerre enlève Alix, la fille de Geoffroy, le jour de son mariage avec Anseau du Trainel. L'engagement de Geoffroy pourrait ne pas avoir été tenu... Le roi Louis VII est obligé d'intervenir contre Geoffroy en 1153, assiégeant les châteaux de Saint-Aignan et de Gien (Duchesne).
Geoffroy III est en lutte perpétuelle avec le comte de Nevers Guillaume III. D'après une chronique de l'église de Saint-Etienne d'Auxerre, Guillaume ruine le château de Châtel-Censoir le 7 mars 1157 (Duchesne).
Geoffroy est présent, en 1161, à l'accord entre les moines de la Charité et Rodolphe des Bois qui se plaint des dommages causés à son moulin par ceux que les moines ont construits à la Marche (La Charité n° LXI).
De sa seconde épouse naissent :
- Hervé III qui suit ;
- Geoffroy (La Charité n° LVIII) ; En 1162, Geoffroy de Donzy apparait dans un accord entre Rodolphe du Bois et les moines de la Charité portant sur des moulins (La Charité n° LXI) ;
- Gautier (mort jeune d’après Bierre) qui aurait accordé de nombreuses donations à Notre-Dame-Du-Pré ;
- Alix/Adélaïde femme d'Etienne de Sancerre avant 1170 (La Charité p 159 note 1).
Selon René de Lepinasse, Geoffroy est mort en 1161
Hervé III :
Né vers 1140, Hervé décède en 1187. Lui aussi lutte contre les comtes de Nevers afin de maintenir l'intégrité de ses domaines.
Lorsqu’Hervé, à la mort de son beau-père, veut entrer en possession de l’héritage de son épouse, il se heurte à Thibaud de Champagne qui s’en est emparé et qui, fort de la protection de Louis VII le Jeune, refuse de s’en séparer. Hervé s’adresse alors au roi d’Angleterre Henri II Plantagenet qui est déjà en litige avec le roi de France. Louis VII réagit avec une violence inacoutumée. Le 11 juillet 1170, les troupes royales, secondées par celles du comte de Nevers, emportent les défenses de Donzy qui subit de nombreuses dégradations. Henri II n’apporte aucun secours à Hervé qui, dès le mois d’août, se réconcilie avec le roi de France et les comtes de Champagne et de Nevers (J Bierre p 49 et 50).
En 1187, Hervé de Donzy, avec l'approbation de ses fils Philippe et Guillaume, fait don aux religieux de La Charité d’un pré situé à Rochefort et d'autres biens qu’ils y possédaient du temps de son père. Geoffroi de Vêvre et ses frères, qui en contestaient la propriété, renoncent à leur réclamation sur tout ce qui reviendra aux moines. Eudes de Frasnay, tenancier supérieur, consent aussi à la donation (La Charité n° LXXVI).
En 1187, Hervé de Donzy, seigneur de Gien, et ses fils Guillaume et Philippe, exemptent les moines de Saint-Benoit-sur-Loire de tout péage pour les vins et grains, les bois et pierres à leur usage, passant sur ses domaines, soit par eau soit par terre, moyennant quoi ils célébreront son anniversaire ainsi que ceux de son père Geoffroy III de Donzy le 28 avril et de sa femme le 22 janvier (Saint-Benoit [30] n° CCLXIV).
En 1187 ou 1188, Hervé donne divers droits à l'abbaye de Fontmorigny. Son fils Hervé est témoin (Fontmorigny [31] n° CIII ci-contre).
Entre 1177 et 1189, Hervé de Gien exempte de péage les moines de Fontmorigny à condition qu'ils l'associent aux mérites de leurs prières durant son voyge à Jérusalem et qu'ils célèbrent pour lui un service s'ilmeurt en pélerinage (Fontmorigny n° CVII).
Par son mariage avec Mahaut, fille de Guillaume Goeth de Montmirail et d'Isabelle, Hervé accroit considérablement ses territoires qui lui sont disputés par le comte de Blois. Mahaut apporte en dot les seigneuries de Montmirail, Alluye, Brou, Authou et Bazoches du Perche (J Bierre). Une paix est conclue entre Hervé et le comte de Champagne en 1071 (Duchesne).
Hervé III et son épouse ont eu 7 enfants :
- Guillaume (La Charité n° LXXVI) qui perd la vie en croisade ; Guillaume Goet, seigneur de Gien, fait une donation à l'abbaye de Rigny avec l'accord de ses frères Philippe, Geoffroy, Hervé et Renaud (Duchesne preuves, p. 89) ; En 1187, Guillaume, fils de Geoffroy de Donzy, donne au prieuré du Pré, pour le remède de son âme et de celle de Matilde sa sœur. Hervé, son frère, confirme la donation (Marolles) ;
- Mathilde d'après la charte précédente ;
- Philippe (La Charité n° LXXVI) mort en 1194 après 3 ans de règne. Il était marié à Alix/Adèle fille d'Aymar, dame de Cours-les-Barres dans le Cher ;
- Hervé IV x Mahaut de Courtenay qui suit ;
- Geoffroy, prieur de la Charité ;
-
Renaud, tué à Constantinople ; En 1200, Renaud de Donzy, seigneur d'Alluyes, du consentement de son frère Hervé, comte de Nevers, et de ses deux sœurs Marguerite et Alix donne aumone à l'abbaye du Gué de Launay (Tiron Sainte-Trinité [32] II p. 80).
Marguerite épouse de Gervais de Châteauneuf citée dans le cartulaire de la Sainte-Trinité de Tiron (décédée après 1200) ;
Alix citée dans le cartulaire de la Sainte-Trinité de Tiron (décédée après 1200).
Hervé III est mort en 1187.
Le mariage entre Hervé IV et Mahaut de Courtenay :
Dès son avènement, alors qu’il n’a pas encore 25 ans, Hervé doit faire face à Pierre de Courtenay, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, son encombrant voisin qui ambitionne d’agrandir ses états à son détriment. Entouré de ses guerriers et de cottereaux (pirates de la Loire installés dans un quartier de Cosne), Pierre se dirige tranquillement vers Donzy, sûr de sa force et de sa victoire. Il fait étape à Saint-Laurent l’abbaye, établissant un camp dans lequel ses troupes trouvent un peu de repos. Mais, Hervé, connaissant ses faiblesses, prend l’initiative et attaque le camp de Saint-Laurent. Il taille en pièce l’armée adverse et rattrape Pierre qui, désarmé, a pris la fuite à cheval.
Vainqueur, Hervé n’hésite pas à dicter ses conditions : il veut la main de Mahaut, fille unique de Pierre, et le comté de Nevers en dot. Pierre n’a d’autres ressources que d’accepter. Le roi entérine l’accord, surtout qu’Hervé lui cède la seigneurie de Gien... (CY n° CDXCII ci-dessus).
Cependant, Hervé et Mahaut sont parents à un degré prohibé par l'église (4e degrés canonique) ; En 1208, le duc de Bourgogne fait parvenir au pape une demande d'enquête concernant leur mariage.
Mahaut et Hervé obtiennent, le 27 février 1213, la dispense nécessaire pour faire réhabiliter leur mariage. Innocent VI accorde la grâce sollicitée, mais à la condition qu'Hervé fasse construire trois monastères sur ses terres. Le comte de Nevers se soumet, et le premier monastère fondé à cette occasion est celui de l'Epeau près de Donzy, de l'ordre du Val-des-Choux. Les deux autres seront ceux de Bellary et de Coches (tous les deux dans la Nièvre).
Les actes d'Hervé :
En 1197, reconnaissance par Hervé, seigneur d'Alluyes, que le prieur de Saint-Jean de Brou a toute justice dans les terres qu'il possède en la seigneurie d'Hervé. Son frère Philippe rattifie l'accord (Saint Jean en Vallée de Chartres [33].
Dès son avènement, Hervé IV affranchit ses sujets de Donzy et, en 1198, les habitants de Cosne.
En janvier 1200/1201, Eudes, duc de Bourgogne, promet d'appeler à sa cour Guillaume de Champlitte s'il s'entête à refuser de prêter hommage à Hervé pour les terres qu'il tient de lui (Teulet [34] I p 225).
En 1200, le comte et la comtesse de Nevers font remise perpétuelle d’une exaction, dite maltote, sur les vignes des environs de La Charité au prieuré de La Charité (La Charité n° XCIII).
A une date non déterminée (1200 d'après Duchesne preuves p 94), confirmation des biens et immunités du couvent et du bourg de Saint-Etienne par Hervé, comte, et Mahaut, comtesse de Nevers, son épouse et petite-fille du comte Guy, de la fondation du comte Guillaume, de l’abandon de la redevance de 3000 sols exigée par le comte Guy pour le cas de sa rançon comme prisonnier. Maintien des deux autres en cas de mariage et de voyage à Jérusalem pour réclamer la redevance. S’il a un fils, il lui fera prêter le même serment. Le pape, le roi de France, les évêques de Nevers et d’Auxerre seront garants de l’exécution des conditions. (Saint-Etienne [35] n° XXIII).
En octobre 1202, Hervé donne au couvent de Fontevraud 300 sous nivernois sur les péages de Nevers puis, en 1203, Hervé donne aux religieuses de Fontevraud 100 sous de rente sur les péages de Brou, dans le Perche (cartulaire de Fontevraud d'après R de Lespinasse).
En 1202, le titre de chanoine de Saint-Martin de Tours est accordé à Hervé (R de Lespinasse).
En 1202, Hervé et Mahaut décident la construction d’une collégiale à Tannay qui, placée sous la dépendance de l’évêque de Nevers et du chapitre de Saint-Cyr, reçoit 12 chanoines et un prévôt.
En 1203, Hervé, alors comte de Nevers au dépend de son beau-père, confirme les chartes d'immunité et de franchises octroyées par Guillaume I de Nevers au monastère de Saint-Etienne de Nevers.
En juillet 1203, Hervé, comte de Nevers, et plusieurs autres seigneurs promettent de secourir le roi de France contre le pape et l'Angleterre (Teulet I p 243).
En 1205, Hervé participe à la campagne contre les Anglais de Jean sans Terre. Il est accompagné de Pierre de Courtenay, du comte de Sancerre et bien d'autres...
En 1206, accord fait par le roi entre Hervé, comte de Nevers, et Aalis, dame de Cours-les-Barres, veuve de Philippe, seigneur de Donzy, pour le douaire de la dite Aalis qui obtient 300 L de rente (INV [36] I p193).
En 1208, Jean, comte de Brenne, vend la Marche, avec toutes ses appartenances, à Hervé, comte de Nevers (INV I p 517).
En juin 1209, l'évêque d'Auxerre exige l'exercice de son droit sur plusieurs forteresses appartenant à Hervé et lui donne un délai pour celle de Cosne (RHGF XVIII p 736)
En 1209, Hervé s'achemine à la guerre des Albigeois, accompagnant Eudes III, duc de Bourgogne, Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Paul, Simon de Montfort... Il a l'honneur d'être élu par ses pairs de l'armée pour devenir seigneur du pays conquis sur Raymond VI de Toulouse mais il refuse.
Ruines de l'abbaye de l'Epeau
Vers 1210, un accord survirnt entre Hervé et l'évêque d'Auxerre à propos de la seigneurie de Cosne et de la dîme d'Entrains (Lebeuf IV n° 108).
En juin 1210, Mahaut, comtesse d'Auvergne, abandonne à Hervé, comte de Nevers et seigneur de Donzy, toute la terre de Lienois, qui était son héritage, et qui lui avait été donnée en mariage, ce qu'elle fit à la prière d'Eudes, duc de Bourgogne (INV I p 205).
En juin 1210, Hervé, comte de Nevers, abandonne aux religieux de La Charité tous les droits qu’il avait à Dompierre, sur les hommes, les terres et les forêts, en sorte que les habitants dépendront désormais du prieuré depuis Dompierre jusqu’au ruisseau du Mazou (La Charité n° C).
En 1210, échange entre le comte de Nevers et le duc de Bourgogne du château de Grignon, contre Rougemont, Asnières et autres lieux (Pérard [37] p. 309).
Parfois, Hervé de Donzy est aveuglé par son propre intérêt. En 1213, il entre dans la coalition de Jean sans Terre, roi d’Angleterre, avec les seigneurs de Flandres et de Boulogne. Habile, l’Anglais lui fait miroiter les fiefs de Sens et de Montargis, en plus d’une union de sa fille Agnès avec l’héritier au trône d’Angleterre. Battus à Bouvines, les Anglais se dispersent et Hervé rentre chez lui. Philippe-Auguste ne semble pas lui en vouloir. Peut-être que Pierre de Courtenay est intervenu en sa faveur auprès du roi…
En 1212, s'élève une querelle entre Hervé et les religieux du Vezelay au sujet de certains droits qu'Hervé possède contre la protection de l'abbaye. Hervé se rend coupable d'exaction sur les terres des religieux qui demandent réparation au pape. Un accord intervient entre les deux partis. Hervé se soumet au règlement du pape et, en contrepartie, l'enquête sur l'illégitimité de son mariage cesse (R de Lespinasse).
En 1212, Geoffroy de Donzy, prieur de la Charité et frère d'Hervé, n'accepte pas les remontrances de son supérieur au sujet de sa gestion. Hervé prend le parti de son frère et organise la défense de la Charité assiégée par l'abbé de Cluny. Le pape, alerté, demande à Philippe-Auguste de désarmer les rebelles. Le roi se tourne vers Hervé qui est obligé de déposer son frère (R de Lespinasse).
En 1212, Raoul, seigneur d'Issoudun, du consentement de Marguerite sa femme, vend au comte Hervé, le fief de Montfaucon qu'il tenait de lui, pour 1500 L, monnaie de Gemiege (INV I p 517).
En 1213, échange entre Milon, comte de Bar, et Hervé, comte de Nevers, de la terre de Pothière contre celles de Vergigny et de Rebourseaux (CY n° 122).
En 1213, Hervé et son épouse Mahaut accorde une charte de franchise à leurs sujets de Clamecy. Ils supprime le droit de Mainmorte et donne aux bourgeois de la ville le droit d'élever des remparts à leur guise (Née de la Rochelle Histoire du Nivernois et Donzyois p 388 d'après R de Lespinasse).
Statue de Mahaut dans une scène représentant l'affranchissement de trois serfs (église Sain-Adrien de Mailly-le-Château)
27 décembre 1213, lettre du pape Innocent III accordant à Hervé la dispense nécessaire à la validation de son mariage (Lespinasse).
En 1214, lettres touchant la fondation du prieuré de l'Espau, desquelles il appert qu'Hervé, comte de Nevers, a, du consentement de Mahaut, sa femme, donné pour le remède de son âme et de celles de ses parents, sa maison de la Traiche, maintenant nommée le prieuré de Balneolis, à frère Constantius et aux autres frères qu'il avait amenés du Val-des-Choux, et, pour dix muids de froment qu'il leur avait assignés sur ses revenus d'Entrains, il leur donne ses moulins du bas étang d'Entrains avec le vivier et l'usage des bois de Fretay pour la réparation des dits moulins... (INV I p 370).
Hervé, comte de Nevers, reconnaît tenir en fief, de la comtesse de Champagne, Châtel-Censoir, Pierrepertuis, Uchon et la terre d’Uchon. Il déclare ne rien préjuger par là aux prétentions féodales de l’évêque d’Autun sur ces terres (CY n° 139).
En août 1214, accord entre Guillaume, évêque d'Auxerre et noble Hervé, comte de Nevers, pour la forteresse de Murat, près de Billy, suivant le jugement qu'en avait porté Mannassès, évêque d'Orléans, disant en outre que si Hariodus, frère d'Itherius de Toucy, qui était en voyage à Constantinople, retournait et en voulait faire quelques facheries à l'église d'Auxerre, le comte de Nevers serait tenu à tous les dommages et intérêts et le dit comte fait hommage de la dite forteresse (INV I p 545).
Juste avant la bataille de Bouvines, le roi d'Angleterre Jean-sans-Terre annonce son alliance secrète avec Hervé, lui demandant sa fille en mariage pour un de ses enfants. Hervé, prudent, ne participe pas à la bataille (RHGF XVII p 229).
En 1214, Philippe-Auguste, soucieux de l’héritage des biens d’Hervé, propose de marier son petit-fils Philippe, héritier au trône de France, à Agnès, la fille unique d’Hervé et de Mahaut.
En mai 1215, le comte de Nevers donne au couvent de Saint-Romain de Brou, en raison d'un échange, une rente de 40 sous tournois et un droit de deux chars de bois par jour. Approbation de l'évêque de Chartres, oncle du comte (Saint Père de Chartres II [38] n° LXXXVIII)
En 1216, Erard de Brienne se révolte contre son suzerain, le jeune comte de Champagne Thibaud, au nom de sa femme Blanche, tante de Thibaud. Utilisant cet incident à ses fins, Hervé réclame pour le prix de sa neutralité les terres d'Ouchy et de Neuilly qui, à ses dires, lui appartiennent. En fait, ces terres étaient passées aux mains des comtes de Champagne au moment du mariage d'Agnès avec Anseau du Trainel. Quand Hervé apprend les circonstances qui ont modifié l'état de ces terres, il consent au compromis et fait la paix avec Blanche et Thibaud son fils et jure de les aider contre Erard de Brienne (CY n° 208).
En octobre 1217, à Troyes, Eudes, duc de Bourgogne, Blanche, contesse de Troyes, Thibaud son fils comte de Champagne et Hervé, comte de Nevers, contractent ensemble une alliance pour se servir mutuellement si quiconque s’efforce de vexer les sujets de l’un d’entre eux (INV).
En juillet 1218, Hervé, comte de Nevers, donne à Ithier de Toucy autant de terre dans le comté de Nevers que vaut moitié du revenu du fief qu’il possédait dans la garde de Saint-Germain d’Auxerre, qui relevait de Blanche, comtesse de Troyes et de son fils Thibaud, comte de Champagne (E Petit [39] n° 1426).
En juillet 1218, Hervé, comte de Nevers, cède à perpétuité à l'abbé de Saint Benoit-sur-Loire tous ses droits sur le tènement d'Hasnon, à charge pour l'abbé et le couvent de célébrer chaque jour une messe pour le repos de son âme et celle de ses ancêtres (Saint-Benoit n° CCCLV)
En 1218, le comte Hervé et son épouse assignent à la chapelle du château de Druye un revenu annuel de dix livres, pour fonder leur anniversaire ([40] p 404).
Sans doute à la fin de l'été 1218, Hervé, acompagné de son épouse, se rend à Damiette, dans le cadre de la cinquième croisade. En septembre, à Gênes, Hervé et de Mahaut font leur testament, avec de nombreuses donations aux couvents et aux habitants du Nivernois. Hervé participe à de durs combats. Une nuit, les musulmans attaquent la porte de la ville dont il a la responsabilité de la garde. Le légat du pape le lui reproche amèrement et le tient loin de toute décision. Hervé abandonne la partie et rejoint son épouse à Acre, ville dans laquelle ils patientent quelques semaines. A la fin de l'été 1219, ils reprennent le chemin du retour et atteignent le Nivernais pour la Noël.
Au retour de la croisade, Hervé se rend à Auxerre pour prendre possession des domaines de son beau-père. Il est repoussé dans ses prétentions par l'évêque de la ville et par Robert de Courtenay que Pierre avaient chargés d'administrer ses biens. Plusieurs seigneurs lui prêtent hommage...
En 1219, Hervé, comte de Nevers, et Mahaut, sa femme, donnent à leurs hommes, habitants de Donzy, et aux religieux, prieurs et couvent du Val-de-Choux, l'usage du bois de Bellefaye, qui est voisin des bois des religieux de Cuffy, qui sont d'un côté, et des bois de Chevrauly, qui sont de l'autre (INV I p 279).
En août 1220, Hervé, comte de Nevers, règle un différend qui s’est élevé entre quatre frères juifs, dont deux lui appartenaient à Tonnerre et deux dépendaient de la comtesse de Champagne. Il s’agit de biens meubles à partager entre eux (CY n° 254).
En 1221, en présence de l'abbé de Saint-Satur, Giraud Basset, chevalier, Ermengarde sa femme, Béatrix, mère d'Ermengarde, et Guillaume Porret vendent au comte Hervé l'eschoette qui leur était échue de la dame de Milliset, autrefois femme de Gui de Arcu (INV I p 517).
Hervé et Mahaut ont eu deux enfants :
- Guillaume né en 1207. il est immédiatement fiancé à Béatrix fille du comte d'Albon. Guillaume est mort très jeune ;
- Agnès, mariée à Philippe de France, fils de Louis VIII le Gros puis à Guy de Châtillon en 1221. Elle meurt, âgée de 21 ans, en 1225.
Hervé décède le 21 janvier 1222 au château de Saint-Aignan-sur-Cher, près de Bourges, d'une mort brutale. On prétend qu’il a été empoisonné mais aucune preuve n’a jamais confirmé cette affirmation.
Après le décès d'Hervé :
A la mort de son mari, Mahaut le remplace à la tête du comté et se plie aux usages féodaux. Elle revouvelle et reçoit de nombreux hommages. Elle continue d'accorder ses bienfaits aux divers monastères de la région.
D'après H Verneret, c'est le roi Louis VIII qui propose à Mahaut de se remarier avec Guy du Forez. Comme Hervé, Guy est au service du roi et combat à ses côtés.
La lutte contre les Cathares se poursuit et Gaucher de Châtillon, beau-fils de Mahaut, en est une victime. Mahaut assure donc l'éducation de ses petits-enfants Agnès et Gaucher. Elle célèbre les fiancialles de sa petite fille Agnès avec Archambaud de Bourbon en 1229.
A la mort de Louis VIII, Guy et Mahaut soutiennent le roi Louis IX et sa mère Blanche de Castille.
En 1229, Guy et Mahaut apparaissent ensemble pour prendre sous leur protection une famille appartenant au chapitre de Nevers (Saint-Cyr n° 103).
En 1231, Mahaut accorde des franchises aux villes du Nivernais et de l'Auxerrois. Elle et son mari profitent de quelques années de repit, sans guerre ni croisade.
En 1235, Mahaut donne le premier coup de pioche de l'abbaye de Réconfort, un couvent de nones situé sur la paroisse de Monceaux-le-comte. C'est dans ce monastère qu'elle est inhumée.
En 1236, Gaucher de Chatillon, petit-fils de Mahaut est uni à Jeanne de Boulogne fille de Philippe Hurepel de Clermont en Beauvaisis et de Mahaut de Boulogne.
Ordonnance rendue par Gui, comte de Nevers et de Forez, et Mathilde, sa femme, de concert avec leurs barons, contre les incendiaires dans les comtés de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre (CY n° 423).
En 1238, Guy part pour la sixième croisade. Dès son débarquement, il est fait prisonnier des infidèles qui réclament une rançon. Après 18 mois d'incarcération, il est libéré mais rédige son testament sur le chemin du retour et meurt le 11 août 1241.
Les deuils continuent de frapper Mahaut. Archambaud de Bourbon, son épouse Yolande et Gaucher de Châtillon ne reviennent pas de la septième croisade.
Mahaut décède le 29 juillet 1257. C'est son arrière petite fille Mahaut de Bourbon-Dampierre qui hérite du Nivernais...
Bibiographie :
[1] Hervé de Donzy 1868 René de Lespinasse
[2] Les vies extraordinaires de Hervé IV, seigneur de Cosne, baron de Donzy, comte de Nevers et de Mahaut de Courtenay son épouse 1977 Jack Bierre
[3] Mahaut de Courtenay (1188 - 1257) contesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre 2007 Hubert Verneret
[4] Le cartulaire de Marcigny-sur-Loire (1045-1144) : essai de reconstitution d'un manuscrit disparu 1953 Jean Richard
[5] E de Saint Phalle dans Héraldique et Généalogie désormais H&G n° 182
[6] Semur-en-Brionnais, ses barons, ses établissements civils, judiciaires et écclésiastiques depuis l'an 860 jusqu'à nos jours par l'abbé F. Cucherat, Mémoires de la Société Eduenne, Tome 15 (1887) et tome 16 (1888)
[7] Les origines du Charolais 1963 Jean Richard dans Annales de Bourgogne tome XXXV
[8] Cartulaire de Savigny désormais Savigny 1853 Auguste Bernard
[9] Recueil des chartes de Cluny désormais CLU 1876 - 1903 Alexandre Bruel
[10] Nouveaux aperçus sur la succession du comte Hugues II de Chalon sur Saone au XIe siècle 1988 Henri Chizelle dans annales de Bourgogne tome LX
[11] Fondation of Medieval Généalogie (désormais FMG)
[12] Cartulaire du Prieuré de Paray-le-Monial désormais Paray
[13] Les seigneurs de Donzy et de Vergy 2007 Etienne Patou Site Racines & histoire
[14] Chroniques des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Amboise 1913 Louis Halphen et René Poupardin
[15] Recherches sur le pouvoir comtal en Auxerrois du Xe au début du XIIIe siècle 1980 Yves Sassier
[16] Histoire généalogique de la maison de Vergy 1625 André Duchesne
[17] Origines du prieuré de Notre Dame de Paray-le-Monial 1876 Canat de Chizy
[18] Les comtes héréditaires de Chalon-sur-Saône (880 -1237) 1911 Jean-Louis Bazin dans mémoire de la société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône tome 12
[19] Recherches sur l'histoire de Chatel-Censoir 1880 M.E. Pallier dans Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne Volume 34
[20] Origines féodales : les Chalon, les Vergy et la Puisaye d'après une charte du XIe siècle 1946 Jean Richard dans Annales de Bourgogne
[21] Cartulaire du prieuré de Saint-Marcel (désormais Saint-Marcel)
[22] Cartulaire du Prieuré de la Charité désormais La Charité 1887 René de Lespinasse
[23] La noblesse du Midi carolingien 2004 C Settipani
[24] Nobiliaire du Nivernois 1900 Adolphe de Villenaut
[25] Cartulaire général de l'Yonne (désormais CY) 1854 -1860 M Quantin
[26] Le Nivernais et les comtes de Nevers (1909 – 1914) R Lespinasse
[27] Gallia Christiana (désormais GC)
[28] Reccueil des historiens des Gaules et de la France (désormais RHGF) 1840-1864 Martin Bouquet et Léopold Delisle
[29] Les comtes de Blois et de Champagne et leur descendance agnatique 2004 Thierry le Hête
[30] Recueil des chartes de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire désormais Saint-Benoit, Paris, tome 2, 1912
[31] Le chartrier ancien de Fontmorigny, abbaye de l'ordre de Cîteaux. Étude générale et catalogue des actes antérieurs au XIVe siècle (1135-1300) Albert Huchet.
[32] Cartulaire de l'abbaye de la Sainte-Trinité de Tiron. Tome 2 1883 publié par Lucien Merlet
[33] Cartulaire de Saint Jean en Vallée de Chartres 1906 publié par René Merlet
[34] Layettes du trésor des chartes tome I 1863 Alexandre Teulet
[35] Les chartes de Saint-Étienne de Nevers désormais Saint-Etienne 1908 René de Lespinasse dans Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts tome XII
[36] Inventaire des titres de Nevers désormais INV 1883 Abbé de Marolles
[37] Recueil de plusieurs pièces curieuses servant à l'histoire de Bourgogne 1664 Estienne Pérard
[38] Cartulaire de Saint Père de Chartres II 1811 M Guerard
[39] Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne 1885-1905 E Petit
[40] Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts (1876)
Lu
Commentaires
origines de la famille de Donzy
La généalogie actuelle du lignage croule sous les schémas contradictoires et les désaccords sont très nombreux depuis très longtemps. A juste titre.
J'invite à tenir compte des faits suivants :
- interdiction formelle des mariages consanguins. Donc pas de mariage d'Hervé avec une cousine Mahaud. On a mis des royaumes en interdit pour moins que celà ! La conséquence sur la construction des arbres fera qu'il ne restera plus grand chose de la forêt généalogique.
- la première attestation de la famille de Saint-Vérain est de 1107. Autant dire que tout ce qui est échauffaudé avant cette date n'a aucune substance. Même Sassier l'a rappelé (il a depuis cessé de travailler sur l'Auxerrois, son sujet ayant été une solution de repli universitaire : il s'intéressait primitivement à la Champagne mais le sujet de thèse venait d'être pris).
- la famille de Donzy est ligérienne depuis a fin du Xe siècle au moins. Il faut totalement cesser d'en prétendre les origines en Bourgogne et changer de paradigme. Les biens de Bourgogne leur viennent tous d'une alliance des environs de l'An Mil avec une Bourguignonne. Des cadets récupèreront l'héritage chalonnais de leur mère. Cet héritage a complètement occulté les attaches ligériennes initiales des Donzy. Le poids de saint Hugues a fait chavirer la fragile barque de la généalogie du Haut Moyen Age ! Les aînés ont préféré le val de Loire et sont constamment restés fidèles aux comtes de Blois (et Sancerre).
Bien entendu, la lecture globale de la situation du lignage, résulte d'une compréhension de la situation politique de l'ensemble du comté d'Auxerre (et de ce fait de Nevers). Or, malgré les apparences, elle n'a jamais été réalisée.
Une publication prochaine sur la chevalerie de l'Auxerrois illustrera cette démonstration.
Cordialement
E. Meunier
Origine de la famille de Donzy
Votre commentaire est très intéressant et nous en déduisons que vous détenez des informations sur les origines des Donzy et des Saint-Vérain que nous ne possédons pas. Vous nous donnez l'occasion de rappeller que ces articles sont sans prétention. Très généralement, nous n'effectuons qu'une synthèse des écrits des historiens et des érudits qu'il nous est possible de consulter même si, parfois, un historien nous donne une piste ou un conseil.
Je prends note de l'origine ligérienne de la famille de Donzy et du mariage d'un de ses membres avec une Bourguignone.
C'est dommage que vous n'ayez pas laissé dans votre commentaire un moyen de vous contacter car nous restons avec des interrogations supplémentaires. Qui est notre interlocuteur ?
C'est avec un vif plaisir que nous découvrirons la publication sur la chevalerie de l'Auxerrois mais dans quelle revue apparaitra-t-elle ? Sans plus de précision, seul le hasard nous permettra peut-être de la lire.
Cordialement
Hélène et Thierry
le nom d'Hervé
Adélaide et Lambert étaient cousins issuent de germains et auteurs de l'introduction du nom d'Hervé par leur proava Agnès, fille de Manassès l'Ancien et d'Alexandra, fille de Boson née de la fille de Gui, comte de Troyes, qui apporta ce comté au beau-frère de charles II le Chauve.
Je travail sur les erreurs chronologique de l'histoire carolingienne. J.M. +ZAT
Origine des Donzy..
Les seigneurs de Donzy, comme tous les seigneurs de l'époque sont dans des lignées qui peuvent transmettre la titulature par les femmes ..
Nous avons donc, suivant les anciens termes, plusieurs "Maisons de Donzy" dont les ancêtres agnatiques pouvaient être d'origines très diverses... : sans doute nivernaise pour la première, ligérienne pour la seconde, brionnaise pour la troisième qui est issue de Geoffroy de Semur (en-Brionnais) qui transmettra Donzy en ligne agnatique directe jusqu'à Hervé +1223 père d'Agnès dame de Donzy
Le plus ancien titulaire de "Donzy" était sans doute d'origine Nivernaise .. une certaine Adélaïde pouvait être sa fille au milieu du X° siècle.
Adélaïde X.....dont on sait qu'elle fût d'abord l'épouse de Lambert I comte de Chalon (+ 979) puis celle du "ligérien" Geoffroy dit "Grisegonelle'', comte d'Anjou (+ 987) eût une fille nommée Mahaut/Mathilde.
Mahaut/Mathilde, dame de Donzy, fille d'Adélaïde est bien fille d'un "ligérien" (ceux qui la disent fille du comte de Chalon auront sans doute mal pris les mesures du temps car une fille de ce "calibre" se marie bien avant 20 ans et non pas après).
Mahaut/Mathilde (+ 1015), épouse vers l'an mil de Geoffroy de Semur (en-Brionnais) tenait Donzy du chef de sa femme d'où une nouvelle "Maison de Donzy" .....
Etablir d'une manière assurée les lignages des X-XI° siècles serait présomptueux ; le plus souvent les auteurs les plus chevronnés qui publient ou ont publié des filiations de cette époque, émettent quelques hypothèses qui ponctuent leurs filiations (leurs stemma contiennent alors des tirets remplaçant les traits).
Ce qui peut être soutenu de manière affirmative est la filiation qui va de l'épouse de Geoffroy de Semur à son fils Hervé qui transmet Donzy en ligne directe (agnatique) jusqu'à Hervé +1223 qui épouse en 1199 de Mahaut de Courtenay qui ne laisse qu'une fille Agnès, dame de Donzy
JBLG
Origine des Donzy
Merci pour toutes ces précisions. Nous vous invitons à prendre contact avec nous, grâce à notre adresse mail (page acceuil), afin que nous puissions établir une discussion sur ce sujet particulièrement intéressant.
Hélène et Thierry